La douceur est sans aucun doute ta caractéristique principale, et celle qui te différencie le plus de ton frère aîné. Vous êtes deux opposés, toi toujours dans l'ombre du grand, fort et si intelligent Caleb. Tu possèdes pourtant les mêmes qualités, elles sont seulement masquées par l'intérêt toujours croissant que l'on porte à ton aîné. Tu es plus artiste que lui, et très clairement plus indépendant. Marginal suite aux rejets à répétition de tes parents, éternel romantique malgré le chaos de ta vie sentimentale, tu es ce qu'on peut appeler un battant. Evidemment, tu as tes défauts, à commencer par ta manie de l'ordre, ton côté perfectionniste, et le fait que tu ne sors pas de ton atelier tant que tu n'es pas satisfait de ta création -ce qui peut prendre beaucoup de temps. Tu es également du genre jaloux, sans doute un effet secondaire de ton caractère protecteur. En résumé, tu es principalement pacifiste et solitaire, avec une tendance à être attiré par tout ce qui touche à l'art, toutes les sortes d'art. En plus de la sculpture, tu es également mélomane: tu joues du piano et de la guitare depuis très longtemps, des talents peu reconnus par ta famille puisqu'ils ne touchent pas au monde des affaires. Tu es le vilain petit canard des Tatcher. Toujours le mauvais frère.

« Jade, sérieux ? Tu veux que je t'appelle Jade ? » Tu lèves les yeux au ciel. « Jad, idiot, y'a pas de e. » Ton frère t'assène une tape sur la tête. « Je suis le plus intelligent de nous deux, idiot. » Tu commences à le poursuivre dans la maison, vous avez sept et neuf ans. « Les garçoooons, venez dire bonjour à madame Quincy. » Vous vous précipitez à l'appel de votre mère, ravis de l'arrivée de votre nourrice (elle, au moins, s'occupe de vous) mais ton attention est retenue par une présence inconnue dans le salon devant lequel tu passes en courant. Tu fais demi-tour et tombe nez à nez avec une petite fille blonde, à qui tu tends la main par réflexe, un air sérieux sur le visage, imitation parfaite de ton père. « Jad Tatcher, enchanté. » Elle ne semble pas surprise par le surnom, ni intimidée par ta tentative de paraître grand. Du haut de ses cinq ans, Lizbeth Quincy te serre la main, souriant de toutes ses dents, et tu en tombes amoureux. Instantanément.
Les années passent, Caleb et toi devenez les meilleurs amis de Liz. Ses protecteurs, aussi. De toutes manières, il a toujours suffit de prononcer le nom Tatcher pour intimider les gens. Non pas à cause de la confusion avec Margaret Thatcher, mais bien car votre géniteur est un aristocrate presque aussi connu qu'elle. Car vos comptes en banque débordent, et que vos gardes du corps font peur, même à vous. Tu ne fais que tomber de plus en plus amoureux de Liz, et puisque tout ce qui tombe se brise: tu t'éclates en mille morceaux. L'ombre de Caleb a toujours plané sur toi, dans quelque compétition que ce soit. Pour plaire à vos parents, en sport, en cours. Ou en amour. Au bout d'années et d'années d'amitié, il la demande en mariage. Tu n'as jamais eu le courage de dire quoi que ce soit, d'avouer à ta Lizzie que tu l'aimes depuis le premier jour. Romantique débile, incurable, condamné. Un mariage heureux, en tout cas en apparence, qui donne encore et toujours lieu à des comparaisons. Où en es-tu, toi ?
La tâche, la déception, presque la honte de la famille, c'est là que tu en es. Le mauvais frère, à chaque fois. Sculpteur, qu'est-ce que cette vocation ? Tes parents sont très doués pour décorer leur immense maison d’œuvres en tout genre, mais incapables d'accepter que c'est ce qui a inspiré une telle idée. Sans doute s'en mordent-ils les doigts en se demandant ce qu'ils ont fait pour mériter un fils pareil. Ce qu'ils ont fait de travers pour que tu deviennes marginal et indigne de ton patronyme. Le fait est qu'ils auraient aimé avoir deux Caleb, deux monsieurs parfaits. Mais tu es l'opposé de ton grand frère, et tu y puises malgré tout une certaine fierté. Après des années à le suivre, à le prendre modèle, tu es parvenu à te forger seul, et c'est bien plus gratifiant que si tu avais été aussi poussé par vos parents qu'il l'a été. Influencé, conditionné, qu'est-il réellement ? Tu aurais presque de la peine pour lui.
Pourtant, c'est bel et bien lui qui a l'amour de Liz. Qui partage la vie de celle que tu aimes, depuis toujours. De celle grâce à qui tu rencontres enfin quelqu'un capable de te la faire oublier, d'ailleurs. Charlotte, tu mets un peu plus de temps à l'aimer que tu n'en as mis à aimer Liz, mais tu étais petit. Vous faites les choses correctement, tu l'emmènes au restaurant, au cinéma, lui fais rencontrer tes parents sans oublier de la prévenir qu'ils te rabaisseront sans doute à longueur du dîner (ce qu'ils font évidemment), et l'épouses. Vous demeurez mariés trois ans et demi, de quoi faire des projets, vouloir des enfants, se projeter. Mais à peine les choses prennent-elles forment, qu'elles prennent fin. Qu'elle prend fin, Charlotte, dans un accident banal, quotidien. Au mauvais endroit au mauvais moment, un chauffard certainement saoul que l'on ne retrouvera pas. Tu es inconsolable. Il te faut deux mois pour recommencer à sortir de chez toi, et cinq pour reprendre une vie normale. Tout cela grâce à Liz et son soutien indéfectible. C'est peut-être ce qu'il y a de pire, pourtant, la présence de la femme que tu n'as jamais cessé d'aimer. Tu aimais Charlotte, de tout ton cœur, mais la réapparition de Liz dans ta vie te fait prendre conscience que tu n'as jamais, jamais cessé de l'aimer elle. C'est ignoble, te poser des questions sur ton mariage après le décès de ton épouse.
Il y a un peu moins de huit mois, la mauvaise idée d'entrer sans frapper chez ton frère et ta meilleure amie, celle-ci t'ayant donné la clé il y a des années, donne lieu à une mauvaise surprise aussi bien pour Caleb que pour toi. Tu le confrontes face à l'adultère que tu viens de découvrir, et tout ce que tu vois est un sourire amusé s'afficher sur ses lèvres. « Jad... » Tu soupires: « Quoi ? » Son sourire s'élargit. « Tu es amoureux de ma femme. » Tu ouvres la bouche pour répondre, la referme. Déglutis. « La ferme, Caleb. Je dis seulement que Liz mérite mieux que ça, elle t'aime, au point qu'elle te laisse gâcher sa vie. Son avenir. Tu ne la respectes même pas. » Tu fais un geste dédaigneux en direction de sa conquête, sans doute pas la première. « En quoi est-ce que cela te regarde ? » Tu secoues la tête, et ton regard se plante sur l'amante de ton frère. « Bon, elle dégage elle ? » Caleb hausse les épaules. « Elle était là avant toi. » Tu commences à faire les cent pas. « Ta FEMME va revenir. » Il ricane, tu le foudroies du regard. « Que sais-tu des femmes, Jaden ? » Tu vois rouge. Ton propre frère te balance au visage le décès de ton épouse, sans la moindre considération pour toi, ou pour elle. « Je t'interdis de parler de Charlotte. » Ton frère se fait cruel, tu ne le savais pas aussi insensible. Tu lui sautes dessus, sans hésiter, sans réfléchir. La jeune femme avec laquelle tu l'as surpris s'éclipse pendant que vous vous battez, et ce n'est qu'une fois immobilisé au sol par Caleb que tu te calmes. « Lâche-moi, je m'en vais. » Tu te débats, mais il est trop fort pour toi. Il l'a toujours été. « Ne dis rien à Liz... » Tu le foudroies du regard. « Lâche-moi. » Cela sonne comme un grognement. Il roule sur le côté, te libérant de son poids, et tu te lèves précipitamment. « Jaden, je suis désolé. » Tu ne prends pas la peine de te retourner, rejoignant la sortie et claquant la porte derrière toi. Tu fonces tête baissée en direction de ta voiture, et la voix de Liz t'interpelle. « Jad, tu vas bien ? » Tu lèves la tête, la laissant découvrir ton visage où trône un magnifique hématome. Immanquable. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Inquiète, elle jette un regard en direction de la maison. Un sourire amer étire tes lèvres. « Va le voir. Mais ne t'en fais pas, il a toujours été plus fort que moi, il n'a presque rien. » C'est sur ces paroles que tu t'envoles pour Vérone. L'Italie, tu en as toujours rêvé, et cette dispute constitue une cassure dans ta relation avec ton grand frère. Un point de non retour, tu te sais incapable de pardonner ce qu'il fait à Liz, et ce qu'il a osé te dire. Tu te sais incapable de regarder ton amie en face en sachant ce qu'il fait dans son dos. Vérone est un bon point de départ, de nouveau départ.

Type de personnage : inventé

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