help me mend my broken heartT'avais retrouvé ta gamine après le match, endormie dans son lit. La baby-sitter payée et partie, tu t'étais cuisiné un truc, vite fait, l'esprit ailleurs. Dans ce bar, à cette soirée. Une catastrophe que t'avais pas réussi à éviter, que personne n'aurait pu éviter. Armani, Borgia, Sorabella. Des noms que t'as fini par détester à force de les entendre dans les plus folles des rumeurs. Des bouches qui parlent sans savoir et qui te regardent d'un air étrange parce que t'as eu la mal-chance de tomber dans une de ces familles. Des maisons que l'on juge, que l'on envie, mais qu'on ne comprend pas. Tu te sens triste, fatigué. T'as les mots d'Ezio qui reviennent sans cesse dans ton esprit. Ceux de Stellina aussi. Ils te perturbent, ils te torpillent l'estomac. Parce que tu te sens coupable d'avoir laissé ton secret sortir comme ça, d'une façon aussi minable. Un abandon de toi que t'aurais pas du faire. T'arrives même pas à manger alors tu pars te coucher, enfin t'essayes. T'essayes jusqu'à ce qu'enfin les cauchemars viennent te rattraper. Tu dors mal depuis si longtemps, tu te souviens pas d'une nuit paisible. Erreur, tu te souviens. Mais que d'y penser te fait mal. Que de penser à cette première nuit avec Toni te rappelle qu'elle est pas là. Qu'elle a pas voulu te parler, et qu'elle veut surement pas te voir. Alors tu rêves d'elle, tu rêves de sa peau claire et de sa haine sans nom. Et t'as pas l'air con, à te faire détester jusque dans tes songes. Tes songes qui s'arrêtent précipitamment alors qu'un bruit te sors de ton sommeil maladroit. Une sonnerie. Ta sonnette. Sur ton téléphone l'écran indique trois heure du matin et l'inquiétude explose soudainement. Parce qu'il a du arriver quelque chose, surement. Parce qu'il ne peut rien arriver de sain, de joyeux, de tranquille dans une nuit froide. Alors que t'enfiles un t-shirt les idées se bousculent dans ta caboche terrifiée. Gabriella est décédée. Sara a eu un accident de voiture. Paolo ou Cesare se sont fait poignardé par un supporter ivre. T'en aurais presque les mains qui tremblent. Alors t'ouvres la porte brusquement, et tu t'arrêtes. C'est Antonia. Elle est là, devant toi. Elle est magnifique. Trempée certes, et immensément triste. Mais sublime. Tu la regardes un moment, sans être foutu de dire le moindre mot, à l'admirer sous les larmes d'un ciel qui ne s'arrête pas. Et puis tu te réveilles, secoué.
“Tu-” Tu te coupes, t'as du mal à prioriser tes pensées. Et puis ça vient.
“Entre, tu vas attraper la mort dehors.” Tu te contentes de ça, la laissant passer. T'oses pas dire autre chose parce que tu sais son amour de la fuite. Parce que tu sais pas pourquoi elle est là. Parce que t'es bien trop content de la voir malgré tout. Quand elle entre enfin tu te pinces les lèvres, tu fermes la porte. T'as pas envie de lui dire qu'il est tard, qu'elle devrait être couché. Et puis tu demandes.
“Ça va ?”