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Andrea Giacometti
Arrivé(e) le : 30/01/2017
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Avatar : min yoongi.
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showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Lun 13 Mar - 18:16


ça s'écoule, ça se détache. ça se. ça se. barre, se tire, se vire. ça vient pas, ça vient plus. ça, bouge, ça rate sur ce. ce visage, ce visage là qui sait plus comment faire. ce visage là qui regarde, qui dévisage, qui comprend pas. qui cherche les fonctionnements des muscles, qui veut tirer sur.
les joues.
la mâchoire.
le rire qui, s'effondre. le sourire qui vient. vient pas. qui veut pas. qui. et ça crie, et ça gueule, et ça se coince quelque part dans la gorge. ça carbure à des mille, ça menace de caler, de faire carambolage sur sa propre route. ça se.
craque.
sature.
rature.
rate. rate. rate. les doigts qui attrapent les peintures, les dessins qui se déchirent, la boule dans le ventre qui grandit. le souffle court, le souffle qui brûle, qui arrache la chair. et andrea, andrea, andrea.
y'a l'avenir.
y'a le présent.
y'a lui.
y'a eux.
y'a ceux. y'a, tout ça qui. ronge, qui avale, qui dévore. y'a tout qui fond, qui se craquèle. y'a comme un autre.
et merde.
merde,
merde,
merde,
merde.
ça coule pas, ça coulera jamais. parce que pleurer, parce que pleurer c'est pas digne, pleurer c'est pas beau pour quelqu'un comme lui, pleurer, jamais. pleurer c'est pas. pleurer non. les tremblements qui cumulent, qui se.
y'a tout qui,
ça va pas le faire,
ça va tomber,
il va pas y arriver, hein ?
y'a ça, y'a lui, y'a eux.  y'a les pas de danse. y'a. le sang qui bouillonne, qui explose, la lumière criarde qui lui fait mal aux yeux, qui le fait grincer des dents.
le tiroir qui, s'ouvre.
la boîte qui, s'ouvre.
la bouche qui, réclame.
le corps qui relâche, la flotte pour tout gober, pour pas gerber. pas d'appel. pas de rien. décision prise, adieu sans lendemain. adieu de. qui, de quoi.
andrea,
andrea,
andrea foutu,
foutu gamin,
giacometti.

la lourdeur dans les genoux, la peau qui pâlit, les paupières,
somnifères,
somnifères,
un, deux, trois, quatre, cinq,
dix ?

la pulsion d'ici, de là. la réflexion avortée. la connerie bien montrée. le...
rien,
rien,
rien.
parce que tout va bien, j'te le promets.

le squelette qui se déglingue, entre-ouverte, tout est lent. tout est plus beau, aussi. il avait jamais remarqué cette tache bleue encre sur son plafond,
bleue océan,
bleue ciel,
bleue nuit,
bleue,
bleue,

ça ira, hein ?
bien sûr que ça ira,
bien sûr,
que,
ça,
ira,


et quand il se réveille, ça lui fait comme un marteau dans le front, ça l'envoie contre des briques, ça le laisse con. très con. allongé sur ce pieu. le bip d'à côté qui résonne, un truc qui démange dans le bras. il est pas partie. en plus, ça brûle dans sa gorge, remontée toxique et c'est tout vide dans son ventre.
il fait jour,
mais pas jour comme ça l'était,
plutôt jour du matin très tôt,
le genre de jour qui dissout les rétines.
il aurait dû. il aurait dû se tirer sans valises, se tirer sans son enveloppe. il aurait dû faire face au noir. il aurait dû, andrea. il aurait dû faire des tas de choses. ça tourne tout autour, ça lui file la gerbe et dans le couloir ça s'active, ça claque, ça jette un œil.
c'est blanc, trop blanc.
y'en a une qui se ramène, qui baragouine quelques trucs, qui affiche un smile colgate dentifrice, qui vérifie deux-trois trucs - ce serait con qu'elle abuse sur les doses.
et puis,
ça se rapproche, lentement,
ça panique en lui. il est content de voir flou. il veut pas les capter, ces visages. il veut pas savoir qu'il a merdé.
même pas capable,
de réussir sa propre mort.

chier.
Akira Spinelli
Arrivé(e) le : 21/02/2017
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ATTEND L'AMOUR
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Lun 13 Mar - 20:12



some call it pain, we call it sarang man, middle finger to the hate and the broken minds that cant relate (w/tablo)

ce n'est pas comme ça que ça aurait du se passer. c'est ce qu'akira s'était dit, comme étranger à la scène, lorsqu'il l'avait retrouvé là, juste un corps dans la masse indistincte de son appartement miteux. il s'était dit que ça aurait du être lui ; la déclaration tourne en boucle dans son esprit comme un vinyle détraqué, jusqu'à ce qu'il s'endorme sur une de ces chaises en plastique peu confortables. ça aurait du être moi. pas andrea. ce n'est pas possible. parce qu'andrea, il n'avait pas idée, andrea il n'avait pas cette idée. il est fort, avec ses trente kilos tout mouillé et son regard féroce, il est de cette catégorie de personne qui serre les dents et qui avance. il réussit. il survit. et sa vie n'est peut-être pas digne du plus beau des contes de fées, mais il fait tout comme ;
il fait tout comme.
c'est peut-être ça, le problème, finalement. mais il faudrait déjà en être conscient pour pouvoir aider.
comme si akira pouvait aider. ça tord ses boyaux rien que d'y penser - il n'y pense pas. il a réagi sur pilote automatique, à crever de froid parce qu'il venait de rentrer, le ventre vide et les doigts qui sentent le tabac froid. trois secondes top chrono pour composer le numéro des urgences qu'il a tatoué sur son corps amoché ; qu'il emportera sûrement jusque dans sa tombe, s'il a assez de thune pour pouvoir se payer un cercueil un jour. les gestes de premiers secours, il connait ; être présent et se soucier. il sait les médicaments avalés comme on retient le numéro de téléphone de son crush - comme il a retenu celui des secours, même s'il est du genre à avoir du mal à appeler à l'aide quand il s'agit de lui-même. ça allège le travail des médecins ; ça n'allège pas le cœur, qui reste à même le sol blanc aseptisé. akira, il a l'air d'un chien qui attendrait son maître à la maison, assis devant la porte d'entré. et il pu hurler à la mort quand il a vu qu'il ne revenait pas ; jusqu'à alerter isidore, la seule personne qu'il a pensé à appeler. isidore sur qui il est à moitié endormi, on peut même voir l'esquisse d'un filet de bave depuis longtemps séché sur l'épaule du plus âgé. il a oublié l'heure, akira. il a oublié comment dormir autrement que par à-coups, c'est à se rappeler ses épisodes-cauchemars à l’hôpital et comment il peut haïr cet endroit. il y a un an, il n'aurait même pas osé passer la grande porte d'entrée ; hier soir, il y a couru comme on s'engouffre dans les entrailles de l'enfer ; sûr d'avoir merdé quelque part, mais conscient qu'il n'y a pas d'autre choix possible.
recroquevillé contre isidore, tête baissée sur le portable d'andrea avec qui il a fait sa terrible besogne et qu'il serre entre ses mains comme s'il tenait le monde, il s'est rabattu sur candy crush, mettant toute sa haine à détruire les sucreries qui passent à sa portée, du roses flasy à vomir par les yeux ; c'est toujours mieux que le blanc des draps, le blanc des murs, le blanc du corps allongé à côté d'eux. ça ne lui va pas, à andrea. andrea, il lui faut des couleurs, il est fait pour ça ; les paillettes et le rouge carmin. il jure dans la chambre ; il serait mieux dans une morgue. akira ne préfère pas voir. il laisse échapper un soupir en passant un niveau plutôt difficile. il est calme depuis trois heures, étrangement silencieux. peut-être douze, à bien y réfléchir. ses joues sont sèches, ses yeux juste un peu rouges. vide dans sa tête, vide partout. tout ça a trop le goût du passé pour ne serait-ce qu'un instant lui paraître étranger.

Isidore Renaldi
Arrivé(e) le : 29/01/2017
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MODERATION
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Lun 13 Mar - 21:27


Tu veux comprendre comment ça marche, un cœur ? C'est une multitude de particules. Ensemble, c'est le Tout harmonieux, même si le chaos réside dans leurs interactions. C'est la machine d'un Homme, c'est le moteur de l'âme, sa cage, son socle le plus dur et le plus protecteur.
C'est magnifique.
Mais.
Mais tu sais pourquoi c'est si terrible ?
Tu veux le savoir ?
Laisse-moi l'ouvrir, ta cage. Laisse-moi les réduire en fragments poussiéreux, ces milliers de choses qui composent ta joie, ta peine, ta colère.
Laisse-moi t'montrer ce que c'est, en trois secondes et demi. Comment on passe d'un Courageux à un traceur de cendre. Comment tu peux t'effondrer, après un simple appel, après un brin de voix paniqué, où tu comprends l'impossible.
J'vais tout te montrer. Ouvre-les yeux, c'est maintenant.


J'ai pas les mots.
Je devrais, je pourrais. Mais j'y arrive pas. Tout est parti en quelques secondes, tout les hurlements, toutes les suffocations, toutes les manifestations humaines devant le choc primaire. Tout ça, bim. Balayés par la nuit et son voile de terreur. Il n'y a qu'elle pour apporter ça. C'est la nuit qu'on s'imbibe dans l'horreur et le macabre, c'est la nuit qu'on ne voit plus, qu'on ne verra plus rien. Qu'on refuse de voir ce vers quoi on court.
J'ai peu de souvenirs des dernières heures passées. Un vague spectacle terminé, comme tout les soirs ou presque, des applaudissements d'habitués, la loge calme, la morsures tendre des néons de la coiffeuse où le maquillage s'efface. L'air portait pourtant l'inhabituel. Quelque chose collait pas, sans que je sache, sans que je m'aperçoive de l'inévitable.
Et puis.
Et puis...

J'ai pas couru comme ça depuis longtemps. La voix d'Akira m'a semblé appartenir à une autre réalité. Un endroit, paumé dans le temps, où les gestes les plus invraisemblables sont commis par ceux qui, pourtant, sont dotés de sens. Le lieu où l'impossible devient quotidien. Parce que, franchement... c'était pas croyable.
Ça n'avait rien de vrai.
Pas Andrea.

Pas lui, et pourtant, j'aurais du l'anticiper. Le regret n'étouffe que quand tout est calme. Dans la panique, tu ne vois pas, tu vois rien, t'es juste occupé à prier pour que les médecins fassent ces putains de miracles qu'ils prédisent, forts de leurs belles blouses blanches. Non, tu vois rien, même pas que t'as traversé la ville en robe à paillettes dorées flanqué d'une vieille doudoune, même pas que t'as croisé une autre connaissance d'Andy qui se faisait du mouron pour lui pour ensuite le ramener avec toi, même pas que t'as entraîné le désespoir dans tête et que t'y crois même plus.
Parce que t'es déçu. Et parce que t'es effondré.

J'pourrais détruire les murs qui nous séparent du bonheur. D'un coup de poing dans ce connard de destin.
La colère gronde, sourde, alors que je veille, sans voir le matin qui débarque tout sourire, presque honteux d'apporter de l'espoir aux moins malheureux.

Je le regarde, sans comprendre, à nouveau. Ce corps blanchâtre, élimé, ça n'a rien de normal. C'est pas lui. C'est pas cette chambre, c'est pas nous, c'est pas cette nuit sans secondes et sans heures qui s'étire non sans pitié pour les faibles. Akira est poids-plumes sur l'épaule, il dormait quand moi j'en étais incapable. J'en ai mal aux rétines à force de l'avoir fixé, lui, ce putain de lui. Lui et ses secrets, lui et ses peines que je suis censé partager.
Mais merde, il sait, il savait.
Je suis là.
J'ai toujours été là.
Andrea, putain de toi.
C'est pas aujourd'hui que tu joueras ta dernière carte.
Tu partiras jamais comme la diva que t'es.
Car tu sais pourtant qu'un milliard de fardeaux ne suffirait pas à m'achever, tu sais que tu peux me les donner sans honte, si c'est pour t'alléger.
T'sais, là, je t'implore. Au-milieu des sons d’électrocardiogrammes, au-milieu des tempêtes et des cohues d'hôpital, d'ouvrir les yeux. Rien que pour te foutre de ma tenue, rien que pour sourire, et dire que c'était une mauvaise blague.

… Ouais.

Mais on fait rien, avec les vœux.

Et ça continue de pleurer la poussière dans ma cage thoracique.
Lucio Moretti
Arrivé(e) le : 15/02/2017
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Lun 13 Mar - 22:16



il a les mains qui tremblent un peu, autour de son paquet d’aquarelles toutes neuves, lucio. c’est la moindre des choses, au final. il lui doit bien ça. il a laissé andrea comme un pantin désarticulé, la gueule grande ouverte la dernière fois. à attendre, attendre sans vraiment savoir quoi. que lucio se déride enfin et lui avoue tout, qu’il mette des mots sur ce silence douloureux, sur ses nerfs qui déconnent et ses pattes qui s’agitent sans qu’il le veuille.
il lui doit bien ça. au moins des excuses.
mais alors qu’il remonte la rue, pour se rendre dans l’antre de l’artiste maudit, il aperçoit une boule à facette qui galope entre deux vieilles fiat. il le reconnaît à sa crinière défaite plutôt qu’à ses traits. il a l’air agité, isidore.
et puis, il lui explique, en quelques mots.
et il comprend, lucio.
il comprend les secousses sur les syllabes.
il comprend la voix qui chevrote.
et ses propres pieds se mettent à trembler, pris dans le séisme fou de la nouvelle annoncée.
putain, quel conanrd, ce gosse.
il pouvait pas faire comme tous les jeunes de son âge ? sortir une pancarte et manifester, se raser le crâne ou se tatouer le symbole anarchiste sur la fesse gauche.
il aurait pu lui annoncer qu’il s’en allait vivre à l’autre bout du globe que lucio aurait dit oui.
il aurait pu choisir de rejoindre les bancs de la mafia véreuse et devenir le pègre le moins doué que la terre ait jamais porté qu’il aurait hoché la tête.
il aurait même pu lui assurer que la country c’était de la vraie musique que lucio, il aurait rien dit.
mais pas ça.
pas comme ça.
putain, andrea.
si t’es pas mort, crois moi, je t’achève.
je te sors les yeux à la petite cuillère s’il le faut.


et puis, après, il se rappelle plus trop.
c’est comme si cette saleté de providence beaucoup trop joueuse avait appuyé sur avance rapide.
y a que des bribes qui reviennent. la rage qui l’a saisi au creux de la gorge et qui l’a fait sprinté comme jamais, dans le sillage de l’ambulance. l’affolement, la sueur qui perle au front, le regard vitreux et la gueule désemparée des gens autour d’eux. sa veste qui claque dans le vent, ses phalanges crispées sur la boîte, ses genoux qui craquent à chaque pas. c’est plus de son âge, ce genre de connerie.

et puis, après, c’est l’attente.
interminable.

et le problème de l’attente, c’est que y a pas grand chose à faire.
et lucio, il est pas du genre qui prie.
lucio, il est du genre qui ressasse.
qui rumine.
et il rumine fort, à grimacer dans sa barbe.
à faire les sens pas dans ce couloir froid.
ce couloir qu’il connait si bien, à force de s’y balader, au moins deux fois par mois. à dire 'coucou bernardino, oui, ça va, je te promets, j’ai plus rien pris.
je te promets, j’y toucherai plus.'
putain, andrea.
de toutes les manières de crever, fallait que ce soit ça.

tous les mauvais souvenirs se rappellent à sa mémoire. et ça refait surface, tous les vieux démons qu’il noie dans le mensonge et le whisky. les cadavres poisseux qu’il a pris soin de lester avant de les jeter par dessus bord.
c’est con, lucio.
t’es con, lucio.
les corps, ça finit toujours par flotter.
c’est de la physique. c’est de la logique.
alors il souffle, toujours plus fort. il va battre des records d’apnée.
faut qu’il garde la tête hors de l’eau. faut pas qu’ils soient deux à plonger.
alors il serre les doigts, toujours plus fort. il a déjà bien froissé l’emballage cadeau.
mais il s’y accroche, comme une épave à son ancre.
il s’y accroche.
parce qu’andrea, il doit s’accrocher.
il doit pas faire le con.
il a trop longtemps joué au gamin.

il se fait réveiller sur son petit siège froid, contre le mur froid dans le couloir froid par une infirmière pas trop fraîche non plus. et pendant qu’elle retourne à ses affaires, lucio, il émerge, un peu.
il se frotte les yeux, comme un gamin qui a passé une nuit cauchemardesque. et il prend son téléphone, histoire de.
5h48
bon, de toute façon, il allait passer la journée ici.
alors autant faire un minium preuve de civisme.

au bout de la quatrième tonalité, ça décroche enfin.
- salut, manuele. ouais, vraiment désolé de t’appeler à une heure pareille.
il regarde dans le vide, un voile sur les yeux. il renifle un peu, aussi.
- je, euh, je crois qu’on va devoir annuler, pour midi, je suis à l’hôpital là, y a un de mes anciens élèves, andrea giacometti, il a… enfin, il… enfin, bref, c’est plutôt grave, faut reporter. désolé.

et puis, le cycle se répète.
attendre.
toujours.
jusqu’au retour de madame pas fraîche. celle qui ose. qui rentre dans la chambre.
et lucio trépigne. il en peut plus. les dernières secondes sont les plus palpables, les plus tragiques.
c’est un ouragan qui a balayé tout l’intérieur de son corps pour en laisser qu’une coquille vide.
c’est le palais vide des émotions qui se fait transpercer de toute part par le vent de la peur.
oh putain.
il est en vie, qu’elle lui dit.
et alors, il se lève comme un ressort et il ouvre la porte à la volée, le regard noir sur la gueule.
pas pour très longtemps, qu’il pense.
Manuele Barzagli
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Mar 14 Mar - 1:19


- ok, no problemo, courage lulu. ça percute pas jusqu’au cerveau. 5h48, c’est pas une heure pour appeler. je tire sur la couette, ferme les yeux un court instant.
andrea giacometti.
c’est ça qu’il a dit. ou alors je dormais et il m’a dit. il a reniflé. il a reniflé comme un enfant lucio. au téléphone. si c’était lui.
ou c’est peut-être moi, j’dois pas avoir les idées claires. j’me blottis un peu plus contre illaria. et puis, j’oublie le cauchemar. j’oublie. j’y pense plus. ça tient pas suffisamment la route pour foncer droit dans le ravin. c’est pas cet andrea, le mien, celui que j’cache dans l’fond du tiroir parce que c’est plus arrangeant, le plus facile. pas pour lui mais pour moi. les premiers rayons du soleil finissent de parachever mon encéphale.
il a dit andrea giacometti.
il a dit andrea giacometti et j’me suis recouché. et cette fois-ci, c’est moi qui renifle. et cette fois-ci, comme toujours en fait, c’est moi. c’est moi qui plonge ma main pour le tasser au milieu des orties. et maintenant j’étouffe, j’étouffe comme il étouffe. la gorge étranglée. la corde autour du cou. alors je frotte, je frotte pour que ces chaussures soient flambant neuves. je laisse tout en plan. je me tire. je m’engouffre dans un courant d’air avec le mal de mer.
la main, pudique, cache l’état de détresse. la grimace qui déforme la bouche. je ne regarde ni les panneaux ni les directions, seulement la distance entre les voitures. et je switch sur les deux voies comme un putain de chauffard. parce que je m’en fous de m’prendre une prune aujourd’hui. aujourd’hui, je m’en fous. j’en ai, strictement, rien à foutre.
et l’hôpital est géant, et je préfère penser que c’est pas si grave. c’est plus rassurant. c’est plus rassurant d’être fou ce matin.
et plus j’y pense, plus j’me dis que c’est pas raisonnable.
et plus j’me dis qu’affronter ces regards ‘chiens de faïence’ c’est pas surmontable non plus.
mais faut que j’fasse en sorte que ça fonctionne. faut que j’fasse en sorte de trouver le courage de tout encaisser. soupire. j’ouvre la boîte à gants. j’ai le regard triste et le sourire léger. c’est. totalement. stupide.
stupide et totalement malvenu. c’est vraiment pas le moment de boire du champagne. mais j’ai que ça. c’était pour. l’anniversaire de mariage. l’ironie m’étripe de ses deux mains.
merde, ça fait chier. je malmène le cuir du volant. le regard fixé vers l’entrée. j’peux pas entrer là-dedans. y a une rampe à handicapés.
j’ai peur.
j’ai peur.
peur de rentrer. peur de sentir les larmes dévalées mes joues. peur des médecins. peur de savoir ce qui est...
ce qui était ‘plutôt grave’ à 5h48.
peur de le perdre. définitivement.
andrea giacometti.
petit con. égoïste.
t’as encore pensé qu’à toi.
sale enfoiré.
je.
vais sabrer le champagne. me laisser glisser tout doucement. ça ira forcément mieux après.
pourquoi? pourquoi tu m’fais des trucs comme ça? pourquoi tu fais comme si j’existais pas. je dois bien compter un peu. juste un tout petit peu. j’peux pas être que le mec qui t’allume ta clope quand les chauves-souris sont de sortie. c’est beaucoup trop moche. réducteur. ça va laisser le coeur en éclats de verre. j’ai pas eu le temps; j’ai rien préparer. et j’parle pas forcément des trois mots auxquels on n’fait plus attention. juste un dernier baiser pour l’souvenir. juste que tu saches que, en fait, si, t’es important. t’es comme une putain d’écharde et là, tout de suite, t’es hyper douloureux.
‘t’es un peu mon super suicide’
faut croire.
j’ouvre la portière, crache par terre. j’peux même pas finir la bouteille. ça me donne des vieux relents de mort aux rats. j’fais glisser le cadavre sous la voiture. ça aussi j’préfère oublier. c’est pas glorieux. même si je marche parfaitement droit. même si je m’exprime dans un italien presque correct. tout va bien, c’est pas grave manuele, marche.
je me frotte les yeux, des fleurs. il me faut des fleurs.
des fleurs avec de belles couleurs. je m’arrête. et j’réfléchis pas, je vole les fleurs d’une petite vieille paisiblement endormie. ou morte. on sait pas trop. j’vais pas vérifier son pouls, c’est pas mon boulot. mais j’suis pas à 100% un escroc, je lui ai quand même laissé mes chaussures, pour le troc.
et donc il y a la porte. la porte entrouverte. grande inspiration.
grande inspiration de n’importe quoi, style hélium ou rachacha.
je jette les fleurs sur le lit d’andrea.
- voilà, j’ai ramené des fleurs. que tu meurs ou pas on pourra les utiliser.
y a un flottement. il y a du monde. y a tous ces visages.
mais c’est bon, ça m’fait plus peur maintenant. c’est easy-peasy-lemon-squeezy maintenant. je glousse, imbécile, face à l’autre connard et sa robe de bal.
- merde alors! y avait un code vestimentaire pour ce matin? je crois que j’ai loupé le coche.
Andrea Giacometti
Arrivé(e) le : 30/01/2017
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Avatar : min yoongi.
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Mar 14 Mar - 11:49


autour c'est que,
que des sons.
des sons, des fuites orales qui se répercutent contre les murs. la chaleur des corps se sent un peu, et la porte qui grince sous les ouvertes excessives aussi. andrea, il a à peine les paupières ouvertes. il fronce légèrement les sourcils. il discerne pas encore. pour lui c'est que des figures, et même sa propre carcasse il a du mal à le redessiner dans la lumière légère de la chambre. il déglutit distraitement, ça lui arrache une plainte étouffée. ça brûle. ça brûle putain. ça panique en lui comme la vision d'une planète qui explose. ça laisse très bête, puis ça s'active par la suite, ça prend des retords, ça se retourne, ça fait tout à l'envers. il inspire, il expire, il papillonne des cils. un truc qui se jette sur son pieu. il sait pas ce que c'est. ça s'énerve. ça se gave. les mots forment que des babillements incompréhensibles dans sa tête. il pige juste le timbre ; dépité. c'est de bonne guerre, évident, logique. à quoi il s'attendait ? sans doute pas à foirer. sans doute pas à se réveiller pour de bon. sans doute pas à sentir la lourdeur dans ses doigts, les fourmis dans ses jambes et la crevasse titanesque dans son estomac.
pourquoi,
pourquoi,
pourquoi,
pourquoi,
pourquoi,
pourquoi ?
j'sais pas.
et il plisse des iris, il fait marcher son regard pour enfin affronter. pour enfin se la jouer grand prince qui revient des morts. est-ce qu'il s'est au moins tiré une seconde ? il saurait pas dire. y'avait que du noir. y'avait que de l'encre coulée sous ses orbites, dans ses veines, quelque part au carrefour myocarde. et quand il tourne la tête andrea, quand il tourne la tête, c'est pire que ce qu'il vient de se faire. y'a de l'eau sèche sur des joues pouponnes. y'a la brillance d'une robe dissimulée sous un manteau sombre. y'a des pompes caractéristiques d'un homme qui se refait l'histoire chaque matin. y'a le sourire malsain d'un autre en brisure miroir d'un reflet qui fonctionne plus. ses doigts se serrent, chopent le tissu, mollement.
ils sont quatre,
quatre à,
dévisager, détester, chialer. pour lui. pas pour un autre. parce qu'ici y'a qu'un gros con qui repose dans un couffin immaculé. akira qui joue sur le portable. chacun qui s'occupe comme il peut. y doit ressembler à rien, ou à peu de choses, avec tout qu'est lourd. tout qu'est abandonné au passage. on peut pas quitter son squelette comme ça. la langue passe sur le bout de ses lèvres sèches, il hésite à racler le fond de sa gorge sous peine d'en chier un peu plus. c'est toujours mieux que d'être un légume.
sauvé.
sauvé bordel.
- p'tain... c'est quoi ça... de quoi quoi ? hein ? à peine audible. un andrea vivant c'est un andrea qui insulte. un andrea vivant c'est un andrea qui cumule les saloperies avant d'en faire une utilisation plus ou moins bonne. un andrea ça. ça devrait s'excuser maintenant. mais ça a pas le courage. parce qu'il est terrifié, parce qu'il a pensé qu'à sa gueule. parce que. parce que c'est même pas le drapeau blanc qu'il a sortie, c'est toute la guerre qu'il a laissé sur son champ de bataille parsemé de taches rouges. alerte. piégé dans le huis clos.
bien fait.
bien fait.
bien fait.
putain bien fait.
et c'est pas le moment pour tourner la tête, pour faire comme si. là, là faut être dans le réel. là faut savoir assumer. là faut lever la main et dire c'était moi. là faut se dresser bien droit sur la terre et hurler haut et fort : mes bien chers frères, mes bien chères soeurs, aujourd'hui était une belle journée,
une belle journée pour mourir.
Akira Spinelli
Arrivé(e) le : 21/02/2017
Posts : 190
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ATTEND L'AMOUR
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Mar 14 Mar - 20:24



some call it pain, we call it sarang man, middle finger to the hate and the broken minds that cant relate (w/tablo)

il peut sentir isidore se tendre à côté de lui, à mesure que les minutes passent. il ignore jusqu'où il pourra aller avant l'implosion finale, ça l'intrigue peut-être un peu, de cette façon morbide qu'il a de regarder le monde. il ne parle pas. il voudrait lui dire stop, arrête, j'ten prie. rajouter un ça ne sert à rien, ça serre juste le cœur et les larmes qui ne veulent même plus couler. à la place, il appuie un peu plus fort sa tête contre l'épaule du plus âgé, légère pression d'un vivant à un autre.
ça ne sert pas à grand chose non plus.
ils sont inutiles, tous. les deux danseurs, les infirmiers qui viennent toutes les demi heures pour s'assurer que tout va bien - et repartir quand ce qu'ils voient semble les satisfaire, akira en est venu à la conclusion que les trois quarts du corps médical était aveugle, tandis que le dernier s'en foutait complètement. même le cinquantenaire qui ouvre la porte à la volée n'est qu'un minuscule rouage superflu dans tout ce manège cauchemardesque. il aurait pu avoir les traits du miracle - il n'est qu'un homme qui serre un peu trop fort un cadeau entre ses mains. akira ne perd qu'une demi-seconde à le dévisager d'un œil hagard, avant de se remettre à son jeu. il ne sait pas qui c'est, c'est ce qui lui aspire de l'espoir, espoir qui se fracasse trop vite contre le mur lorsqu'il remarque le regard de l'autre, en tout point semblable à celui d'isidore - ils ont au moins le courage d'arborer une émotion, comme on lève un drapeau blanc. il se demande un instant si ce type est le père d'andrea - merde, il ne sait même pas à quoi il pourrait ressembler. il se demande aussi si c'est normal qu'il ait pu rester dans la chambre de son ami toute la nuit, contrairement au père qui a plus sa place à son chevet que n'importe qui. mais rien n'est normal ici.
rien que les rideaux trop blancs, et la lumière trop criarde, et le visage trop blafard, trop trop trop.
la vieille amertume comme remontée d'acide.
il perd son niveau, encore. il n'a presque plus de vie. ça a l'air terriblement drôle, vu comme ça. tellement drôle qu'il en pleurerait. il ne regarde pas le lit trop grand, l'ombre trop petite qu'on peut distinguer dedans. akira, le gamin qu'on emmène à la morgue mais qui ne veut pas voir - alors qu'il sait très bien à quoi ressemble la mort.
il y a le silence qui persiste, pendant de longues minutes insoutenables. une éternité qui l'affaiblit jusqu'à la dernière seconde. et puis quand la porte s'ouvre à nouveau, il en vient à regretter le néant. parce que si le chaos ne s'annonce pas avant d'entrer, il ne comble pas le vide. akira regarde d'un air détaché le désordre prendre de la place. il y a des fleurs, et des mots. il y a cet homme qu'il voit souvent à poil à défaut de le voir en robe de bal. il aimerait faire une remarque sur le code vestimentaire du père de famille dont il n'a jamais rien vu d'autre que le cul, histoire de défendre isidore qui de toute manière peut très bien se défendre seul. il ne le fait pas. incapable. et quand andrea se fait enfin entendre, trop calme dans cette situation, c'est comme se retrouver dans un téléfilm policier ; la victime dans la pièce, il ne reste plus qu'à trouver le coupable. tous les yeux vont de l'accusé à la victime, de la victime à l'accusé. on essaie de savoir ce qui s'est passé, pourquoi. trouver une explication logique à tout ça. akira pourrait savoir qu'il n'y en a pas ; le manque d'explication est une justification en soi, il en est la preuve vivante. bouffée de l'intérieure. mais il est trop humain pour en avoir conscience, finalement, submergé par ses émotions ; akira le chien errant. akira qui ressent la peine mais qui ne la partage pas. des conneries. il a l'impression d'être andrea, là, dans cette chambre dégueulasse remplies de personnes qui jouent aux adultes. il a le même regard perdu, la même envie de parler sans savoir dire les choses.
il serre le portable dans sa main, sûrement trop fort. l'écran était de toute manière déjà fissuré. et il ignore comment il se retrouve ainsi, mais bientôt il est à genoux au chevet du danseur - peut-être parce que ses jambes n'ont pas tenu le coup. il n'ose pas le toucher, un temps ; il le serre dans ses bras, le cajole comme un gosse avec son chat qui s'était délibérément perdu dans le quartier, à la différence qu'il a conscience que la démarche était délibérer. il n'est plus un gamin, akira. il sait. il sait tout ça, et ça lui fait peur, parce qu'andrea, il n'a pas à garder ce genre de conneries au fond de sa tête, andrea, il n'est pas bon qu'il se taise ; situation vouée à l'échec, c'est l'implosion avant d'avoir accès aux fils emmêlés du détonateur.
- t'es réveillé !
t'es réveillé, babyboy. babyboy est là - comme toujours, la force de l'habitude, qui met un semblant d'ordre dans ses journées chaotiques. il murmure, plus pour lui-même que pour l'autre ; pour les autres, qui de toute manière ne pourrait pas comprendre. il fait office de bouclier encombrant, ses longs bras autour du malade pour le protéger des fleurs qu'on donne aux morts et des adultes et des regards, des questions qui étouffent, jusqu'à l'étouffer lui-même. et ça ne le soulage pas, de répéter l'évident encore et encore, mais ça ne fait rien ; akira est juste un robot qui ferait son travail correctement.
Isidore Renaldi
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Sam 18 Mar - 17:05


Un cœur, ça déchire l'inévitable
Ça murmure à l'oreille de l'espace et du temps.


On aurait pu être simplement deux, Akira et moi, à veiller toute la nuit, à supplier comme deux guignoles manipulés par le destin. A attendre que la bonne idée ne germe dans l'esprit en stase du gamin artiste. Faudrait qu'il ouvre un œil, voire deux, peut-être. Que ça reste entre nous, juste une blague, pas grave si on est les seuls au courant, on garderait le secret, on irait emmerder personne.
Mais non, faut rameuter la foule. Les proches d'Andy, comme si ça y est, c'était l'oraison funèbre, le moment où on rassemble tout le monde avant de partir, même la famille qu'on ne connaît pas, même juste les vagues connaissances qu'on a à peine convoquées par faire-parts. L'enterrement, c'est l'anti-thèse du mariage, mais ça fonctionne pareil. Ça ressemble tout le monde. Même ceux qu'on a oublié. Dans certains cas, ça a quelque chose de beau, mais une fois fini, on ferme l'album photo ou le portail du cimetière, et on se construit d'autres souvenirs.
On vit d'autres souvenirs.
Ça me dégoûte.

S'il n'y avait eu que monsieur Moretti, j'aurais pu comprendre. Aki et moi, on s'est occupés de le ramener malgré nous, courant dans la rue pour éviter le pire. Sa présence est légitime. Je pense que parmi nous, il est aussi là, à l'observer, à se faire un sincère sang d'encre pour le môme décadent. Faut pas se leurrer, on l'aime tous. A notre façon. Et c'est ce qui rend le geste encore plus décalé. Il a du voir des trucs que j'ai pas vu. J'crois que la prétention m'étouffe. Andy, c'est pas moi. J'projette trop. Mais j'voudrais croire que tout est super simple et que le malheur n'arrive qu'aux autres, les lointains, ceux qu'on pointe au JT comme des silhouettes anonymes.

Y'a pas eu que monsieur Moretti. Vers six heures et quelques, il a fallu qu'il se ramène. Lui. Toc toc, salut, c'est le Karma, j'viens te faire ta fête histoire de me marrer un peu. Tu m'en veux pas de faire comme chez moi ?
J'le jauge. J'ai jamais autant foudroyé quelqu'un. Si j'avais eu des éclairs dans les mains j'l'aurais probablement éventré avec. J'suis pas violent, juré. Y'a juste que parfois, ça peut pas, ça sort, ça me transforme en alter égo goupillé comme un être démoniaque qui ne pense qu'à se protéger en grognant.
La colère, et l'amertume. Manuele n'a rien à faire là, si ce n'est aggraver les dégâts qu'il a déjà causé.
- ... J'crois que tu t'es gouré d'endroit. Le local à ordures, c'est au sous-sol. Maintenant tu peux partir, merci.
Ma voix sonne fatiguée. C'est plus rauque et plus dense, c'est rond comme un poignard dans l'oesophage. Sa présence me pousse à me lever, j'boîte pas mais presque, jusqu'à lui. C'est quoi c'est putain de fleurs ? Il se fout de la gueule du monde. J'me souviens, maintenant, de combien je déteste ce type.
Bien sûr, son attitude avec Andrea y est pour beaucoup. J'vais pas le nier, tout part de là, faudrait être débile pour pas le comprendre. J'défend l'autre, le fragile, celui qui est prêt à avaler une boîte de médocs en dépit de tout puisque sa vie flanche comme un navire dont on a brisé la coque, celui dont la carapace est elle aussi en morceaux. 
Mais y'a pas que ça. Barzagli, c'est physique. Il y a quelque chose. De l'animosité, du dégoût, des choses qui s'étiolent autour d'un noyau haineux.
J'voudrais comprendre.
J'voudrais savoir, avant de cogner, pourquoi je m'acharne.
- Barre-toi d'ici. T'as rien à foutre là. Dégage, putain, dégage.
J'suis à sa hauteur. Ma voix reste impériale, violente, des piques pour me, nous protéger. J'ressemble à un animal. Je dévisage la face du type que j'ai piégé quelques semaines plus tôt. La satisfaction et l'amusement de la situation ne refont même pas surface. C'est gravé dans la partie anecdotes, c'est déjà derrière moi, tel un acte légitime.
- Fais pas comme si t'en avais quelque chose à foutre. Tu fais tâche, c'tout. T'es là mais tu veux juste enfoncer l'clou. Il veut pas te v-

Mais.
On m'arrête.
Personne d'autre qu'un murmure éthéré d'un revenant. Littéralement, c'est une voix d'outre-tombe qui ignore ce qu'elle fout là elle aussi.
- … Andy...
Le surnom qui va bien, celui qui reconnecte avec l'instant, celui qui repousse l'envie d'enfoncer mon poing dans la gueule de l'autre. J'me retourne, boum, il existe plus. On s'occupera de son cas plus tard. Pour l'instant je rejoins ma place, plus rapidement, ma main touche celle encore légèrement froide de l'alité. Faut du temps pour que la vie revienne nouer les veines.
- T'es... putain.

C'est, paradoxalement, le moment le plus difficile. Je croyais mes larmes asséchées, ou trop fatigué pour chialer. Mais mes yeux luisent, malgré tout, à croire que j'ai une réserve illimitée, toujours prompt à ouvrir les grandes eaux, j'suis pire qu'une nana d'anime, mais bon sang, là, je m'en fiche.

Il est vivant.

- Tu refais un truc pareil, et c'est moi qui t'achèves, juré. Bougre de con...


J'deviens vraiment trop vulgaire dans les situations désespérées. M'man m'en collerait une.
Lucio Moretti
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Dim 19 Mar - 23:14



à peine rentré dans la pièce, même si elle est lumineuse et blanche,
il a l’impression que c’est la dernière salle de l’enfer.
il sent les flammes lui lécher les joues alors qu’elles se teignent d’un rouge colère,
il sent les braises ardentes sur lesquelles il s’avance alors que les trublions s’agitent dans son dos.
y a des plumes qui s’arrachent, des griffes qui lacèrent, des mots qui font mal,
y a des ailes qui claquent,
y a surtout des claques qui tarderont pas à se perdre, oui.
et puis y a lucio,
c’est comme une sentinelle.
il est là, debout, les pattes enfoncées sur terres brûlées, le regard vissé sur la carcasse.
il fait pas attention au reste, lucio.
il écoute plus rien.
rien à part son coeur.
ça palpite fort là dedans, ça bat vite.
on dirait un taureau paniqué qui veut s’échapper de son enclos,
un étalon sauvage qui tourne en rond,
en rond,
en rond.
et qui attend. encore.
c’est l’avantage des entrailles infernales, l’éternité.
on peut se permettre de s’attarder.
de voir les germes d’étoiles noircir dans les pupilles qui se rouvrent lentement,
de voir les entrelacs bleutés des veines saillir sur une peau lunaire,
de voir la vie qui recommence à irradier un peu plus.
mais pour combien de temps, encore ?
il doit avoir l’air fin, lucio.
avec sa longue barbe pas taillée et ses frisotis, à contre jour dans la lumière claire du petit matin.
c’est qu’il a la silhouette d’un ange, l’ancien.
qui brille autant que l’incorrompu, qui suinte la pâleur et la lumière divine,
le saint, l’âme salvatrice, le bon samaritain.
c’est bien dommage, mais c’est important, de se rappeler que lucifer aussi c’en était un.
et le problème des ailes, c’est que plus elles vous emmènent haut, plus ça fait mal, en bas.
- qu’est-ce qui t’as pris, Andrea ?
il sait pas quoi demander d’autre.
il se dit qu’il commence en douceur.
il faut qu’il se canalise.
mais l’autre il répond rien, il a l’air occupé.
occupé à regarder ce qu’il se passe autour de lui.
mais lucio, il voit pas.
il voit que la tête juvénile de ce petit con.
- hein ?! qu’est-ce qui t’as pris, putain ?!
irresponsable, égoïste, imprudent, lâche, faible.
à force d’avoir les mots qui tournent en carousel dans son esprit, il sait plus trop qui il sermonne, entre andrea et lui.
c’est l’effet de l’hôpital, de cette chambre sans rien. ça lui fait l’effet d’une piqûre de rappel bien trop désagréable pour ne pas grimacer, pour ne pas se laisser aller, à flotter dans le déni et la rage.
et ça continue de bouillonner.
- j’espère que tu te rends compte de tes conneries ! t’es un sacré connard, andrea, un sacré !
il se rappelle pas la dernière fois qu’il a autant juré.
il se rappelle pas la dernière fois qu’il était aussi sérieux.
il se rappelle de rien.
sauf de ça.
- putain, sérieusement ?! de toutes les façon de crever, fallait que ce soit celle-là ?!
il fait les grands gestes, il mouline de l’air. il fait pas gaffe au reste du décor, il a même pas vu qu’avant sa tirade éplorée y a un intrus qui a cambriolé la promiscuité bancale de la pièce.
- je t’ai dit de te battre, je t’ai dit de grandir. je t’ai jamais dit de m’imiter, bordel !
il s’arracherai les cheveux, pour le peu que ça l’empêcherai de vider ses poumons. il est plus vraiment lui-même. c’est les démons qui sont remontés à la surface, en ondulant de façon langoureuse, en l’appelant avec un petit sifflement. en suturant son nom depuis les abimes.
et lui, comme un idiot, il a plongé, tête la première.
c’est qu’en faisait un peu gaffe à l’air blafard d’Andréa qu’il reprend un peu ses esprit et qu’il se retourne enfin.
y a pas que lui qui s’agite et s’énerve.
- qu’est ce que tu fous là, Manuele ?
c'est que le début.
c'est que le premier cercle.
il y en a encore huit.
Manuele Barzagli
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Lun 27 Mar - 4:23



il faudrait pas tout dégoupiller dans la précipitation. couper toutes terminaisons nerveuses pour plus penser. balancer les restes de l’humanité dans un autodafé fumant, allumé à l’essence. ça serait du plus bel effet, ça réchaufferait le coeur au beau milieu de la nuit. y aurait une odeur de cendres immaculés, tapissés à la craie. pas de quoi finir dans une expo. ça resterait sur le trottoir, à se faire piétiner gentiment par de sombres connards. des connards comme l’autre tafiote d’isidore castafiore. il se pense au-dessus d’tout le monde avec sa pauvre dégaine de diva d'opérette. à sa place je la ramènerais pas.
- c’est pas très sympa. j’me suis gardé de t’dire d’aller faire l’tapin moi.
je capte pas pourquoi j’ai à raquer autant. je suis pas blanc comme neige, ok, mais quand même. merde. andrea c’est pas l’genre à se foutre en l’air pour une dispute. j’vois pas pourquoi ça serait moi plutôt qu’un autre dans cette pièce. ils se dédouanent comme des putains. et il peut s’lever l’animal, tenir le bâton bien haut d’une seule main. j’en ai rien à taper, c’est pas à lui d’me dire de partir. il pourra faire ce qu’il veut. il pourra me sortir son stock de saloperies - et encore qu’il en est incapable, parce qu’il est trop occupé à préserver les apparences. de faire le mec mieux que tout le monde. au-dessus du lot. celui sur qui on peut compter contre vents et marées.
mais qui se regarde le nombril, en permanence. comme s’il attendait une friandise pour sa loyauté sans faille.
et pour son soutien. inexistant.
- toi dégage. t’as pas le monopole de la crise de nerfs.
évidemment que ça serait plus facile pour lui de pas m’voir dans les parages. ça lui permettrait d’en remettre une couche. comme d’hab.
et ça laisse sur les roses, sur les pics, s’enraciner pour ramper jusqu’à son chevet. c’est abject, mais peu importe. si ça lui donne bonne conscience, j’suppose que c’est justifié?
s’il boite comme un animal blessé, il a le droit?
s’il cadenasse mes poignets, il a le droit?
s’il fait sa pisseuse, il a le droit?
si les larmes lui viennent.
moi j’ai qu’un puit asséché au fond duquel se cache l’abîme. j’peux pas rivaliser, moi.
alors je m’avance pas. je fais pas un pas dans sa direction. je préfère garder mes distances et l’épiderme rocailleuse qui m’constitue. faudrait pas que je craque sous la pression même si. sa voix fait écho dans l'hémicycle saccagé de mes certitudes.
l’affect disproportionné qui ronge les os et les jointures. secrètement. parce que ça serait trop triste comme spectacle. ça ferait pitié. exactement tout comme lucio maintenant.
lucio et sa vieille carlingue qui coule à pic dans l’fond du lac. qui se plaint de pas être assez bien. je capte mieux l’fond du problème maintenant. c’était évident. ça fait usine à twix.
ils se valent ces deux connards. ils devraient baiser ensemble si c’est pas déjà fait.
- j’vais te dire moi. pourquoi ci. pourquoi ça. parce que c’est une grosse baltringue, andrea. exactement tout pareil que toi. deux baltringues qui se complaisent dans leur médiocrité. y a deux types de gens: ceux qui veulent s’entailler les veines du coude au poignet et ceux qui veulent juste un peu d’attention. qui veulent se sentir exister parce qu’ils sont morts. à l’intérieur. depuis trop longtemps. parce qu’ils acceptent pas de voir le monde tourner sans eux.
silence. j’hésite un instant à faire tomber le couperet mais. est-ce que ça peut être pire que maintenant? vraiment?
- c’est pour ça qu’il baise avec moi. pour s’enfoncer. et c’est pour ça que j’suis là. comme un con. à écouter vos discours merdiques de veuves éplorées. c’est quoi? un putain de concours? vous me dégoûtez. vous me dégoûtez tous putain.
j’vais certainement pas justifier la raison de ma présence ici. pas devant eux. j’ai rien à dire. et si je m’écoutais, je filerais droit jusqu’à l'ascenseur pour ne jamais revenir. j’ai pas besoin de tomber dans le sentimentalisme. de dresser une liste d’adjectifs pour qu’on sache à quel point le sketch offert me file la gerbe.
au moins, andrea va mieux. c’est style, une petite victoire. alors maintenant. maintenant, je vais m’éteindre comme une ampoule basse consommation. j’ai pas besoin qu’on emmène cette relation sur la place publique pour lapider mes bons souvenirs à coup de caillasses. j’ai pas demandé à être là, entouré de toute la misère du monde. heureusement qu’il y a akira pour s’la boucler. pour sublimer le chaos de son silence. comme si andrea avait besoin de le voir aussi clément et miséricordieux. je m’assois pour reprendre mes esprits. la hauteur me donne le vertige. c’est peut-être le champagne. c’est peut-être toutes ces conneries. la peine démesurée ou les trois en même temps.
Andrea Giacometti
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Re: showtime / akira, isidore, lucio, manuele
Ven 31 Mar - 14:07


le silence. le silence manque clairement. et andrea il voudrait pas comprendre, il voudrait parler une autre langue, venir d'un autre coin pour pas avoir à faire face aux mots. lui, lui, égoïstement il voulait juste. juste. disparaître. juste s'entasser quelque part, faire ombre sous un soleil de plomb, grain de poussière sur une rue désertique. se barrer. se tirer. être lâche. terriblement lâche. et peut-être que l'instant juste avant d'avaler ces merdes, il était pas si mal. dans un genre d'état second à peine palpable, dans un microcosme d'acier incapable d'être percé. maintenant réveillé, c'est plus les crachats qui manquent, c'est plus la colère, c'est de la haine déversée sous une vague bourrée d'incompréhensions. et andrea, andrea, il a plus qu'akira à serrer contre lui fort, tellement fort. il voudrait le briser en deux, qu'un crac résonne. il a pas la force qu'il faut, il se contente juste de serrer du bout des doigts ses vêtements qui sentent la clope, le shit et la junk-food. y niche le bout de son nez dans le creux de son cou. dans ses oreilles ça fait comme un ramdam, un petit valhalla infesté de guerriers dégoûtés de leurs destins. con. connard. attention. ces monologues s'entrecroisent, font écho dans le fin fond de son crâne percé façon lobotomie. techniquement il devrait chialer, expulser les larmes pour que ça dégage toute l'anxiété qui commence à lui ronger les nerfs. et pour autant, pour autant andrea il s'en sent pas le courage. il est trop à côté de ses pompes, trop occupé à se concentrer sur le corps qu'il garde contre lui, peu importe les vents et marées, le lâcher ça voudrait dire se retrouver seul. encore une fois, akira fait bouclier, encore une fois il prend les bourrasques à sa place sans se plaindre. un de ces quatre, il finira par affronter la réalité, pour de vrai. tellement de vrai qu'il s'en remettra jamais et changera du tout au tout. tellement vrai que le mot vrai aura un sens tout autre. mais en attendant il préfère se nicher dans les hauteurs ou dans les profondeurs, quelque part où on viendra pas l'emmerder.
son coeur dit fuck,
son coeur dit va chier. son coeur commence à prendre la mécanique vacante et décadente du coin. manuele déballe son sac. il pourrait trouver ça ironique, genre l'hôpital qui se fout de la charité. inconsciemment ça le fait un peu sourire, amer, jaune. ç'aurait été trop faux qu'il vienne en rampant, qu'il chiale et suive le mouvement sans pousser une gueulante. au moins y'a des choses qui changent pas. même si. même si ça fait mal. inspiration profonde, il glisse quelques doigts dans la chevelure du danseur, ébouriffe à peine et reprendre concrètement ses esprits - même si c'est pas totalement ça, et sur une échelle de l'esprit il en serait même pas à la moitié. il ouvre bien ses yeux vaguement rougis, racle à nouveau le fond de sa gorge en s'attendant à recevoir les foudres de zeus. puis il tourne la tête. les dévisage un à un.
- t'aurais pas dû sortir ta plus belle robe pour moi t'sais... et j't'ai interdit de pleurer, y me semble. les mots se fraient un chemin lentement dans sa bouche, c'est pas toujours bien soufflé, n'empêche que c'est là. le bout de sa langue passe sur ses lèvres sèches, il passe à lucio. même le professeur s'est donné la peine de se bouger jusqu'ici. c'est émouvant, c'est terriblement beau. j'sais pas. pourquoi. pourquoi pas. pourquoi. pourquoi pas.
ça lui file la migraine,
ça le fait grincer des dents.
y'a qu'akira qui reste silencieux pour l'instant. y reste allongé, tourne ses iris vers le mec marié totalement paumé. il papillonne des cils, de haut en bas.
- et toi t'as l'air con sans tes pompes. puis y se met à rire andrea. sans trop savoir pourquoi. le fou-rire s'installe dans ses viscères, ça le chatouille ici et là. ça le prend d'un coup sans comprendre pourquoi. c'est nerveux, tellement nerveux que ça doit s'évacuer sous peine d'une crise quelconque. et il rit. il rit. jusqu'à ce que ses deux mains se plaquent sur sa bouche pour empêcher les sons de carburer. ça lui file les larmes dans le coin de ses yeux. sa voix cassée reprend. j'suis désolé.
que j'sois là,
que vous soyez là.
- j'suis désolé.
de vous emporter avec moi.

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