Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

Anonymous

Invité

hello from the other side (jago)
Sam 18 Juin - 2:12



jago, demetra ◊ ”They say that time's supposed to heal ya, But I ain't done much healing. Hello, can you hear me? I'm in California dreaming about who we used to be, When we were younger and free. I've forgotten how it felt before the world fell at our feet. There's such a difference between us, And a million miles.”

Il n'était pas là.
Un soir de plus, le lustre patiné du salon n'éclairait qu'un visage. Seule, perdue au milieu du grand sofa. Un peu perdue dans sa vie aussi. Il n'y avait personne à satisfaire d'une bonne cuisine ni d'un bon verre de vin. Et pourtant, libre de sa journée, Demetra avait passé des heures derrière les fourneaux, à remplir une table parfaitement dressés des plats que son mari préférait. De l'entrée au dessert, elle avait soigné le moindre détail, et s'était même inspirée des présentations culinaires de ces grands restaurants dans lesquels il l'emmenait avant. Quand il l'aimait encore. Dans un quelconque espoir tué dans l’œuf, elle avait même jugé utile de se glisser dans une robe que Jago avait lui-même choisie, la soulignant de quelques bijoux qu'il lui avait offert. Comme si ce simple fait pouvait aider à faire bouger les choses. Sa crinière rousse était bouclée et retombait en cascade sur ses épaules, comme il avait toujours aimé. Tout n'était plus que Jago. La manière dont elle se comportait, dont elle occupait son temps libre, et même ce à quoi elle ressemblait. Il n'était plus question que de faire plaisir à Jago, et le ravir tant que possible. Être une bonne épouse pour Jago. Jago, Jago, Jago.
Et il ne manquait plus qu'une chose au tableau : Jago lui-même.
Le grand absent de l'histoire, l'inconnu de l'équation. Un soir ce plus, il n'était pas là, et Demetra s'enroulait dans un plaid sur le canapé, en espérant pouvoir l'imaginer à ses côtés si elle fermait les yeux. Mais rien ne venait – même quand elle ne faisait jouer que son imagination, il n'était plus là.
Les plats étaient restés toute la soirée sur la table, avec les verres de vin servi et les bougies qui avaient eu le temps de fondre entièrement sur la nappe. De la chambre vide où trônait un berceau qui n'avait jamais servi au salon où se morfondait une femme seule, c'était un triste spectacle qui se jouait à guichet fermé, chaque soir, chez eux.
Le tic, tac incessant de l'horloge qui habillait le dessus de la cheminée l'aurait rendue folle si elle n'avait pas tant eu envie de bruit pour faire vivre sa soirée, quel qu'il soit. Elle fixait le vide, les jambes croisées comme une grande dame qui ne se laissait pas atteindre par les aléas de sa vie – et pourtant son visage trahissait tous ses efforts. Ses yeux n'avaient plus le même éclat, étouffé, malmené; il n'y avait plus de sourire à faire éclore aux commissures de ses lèvres – quand à sa crinière, elle était passée d'un incendie sans pareille à un feu trempé. Demetra n'était plus que la moitié d'elle-même, à la nuit tombée, à attendre en vain son aimé. Une pâle copie de l'amante, la femme et la presque mère qu'elle avait été.
Elle avait l'impression que même l'horloge s'était arrêté de tourner quand la porte s'était ouverte. Et elle, elle avait bondi. Plus comme un chaton maladroit qu'une lionne assurée, mais elle s'était efforcée de porter un sourire, d'adopter cette démarche féminine qu'il aimait suivre du regard pour aller jusqu'à la porte. La lumière présente à l'intérieur était bien trop faible pour les éclairer correctement, et Demetra ne voyait presque qu'une paire d'yeux se détacher de la nuit. Elle brisa le silence de quelques mots, la voix basse mais pas moins brute. Elle n'avait plus la patience de l'accueillir d'un ton mielleux, pas ce soir. Où étais-tu ? Elle se tenait dans l'entrée, bien droite face à Jago qui passait à peine la porte. Il n'était rentré que tard ce soir encore, et il hurlerait bien fort ce soir encore. Elle était fatiguée d'une telle routine, fatiguée de vivre cette vie, mais c'était tout ce qu'elle avait. Faire hurler Jago et l'énerver, c'était tout ce qu'elle avait pour exister. Pour ne pas disparaître. Il avait beau apprendre à la désaimer voire la détester chaque jour un peu plus, il ne l'oubliait au moins pas. C'était un combat à double tranchant. Jago, tu aurais au moins pu me prévenir que tu ne rentrais pas... Elle avait l'air bien idiote, maintenant, glissée dans cette robe et si apprêtée. Sa voix montrait quelque faiblesse, comme ses yeux légèrement humides; elle gardait un espoir, même infime, qu'il vienne l'entourer de ses bras et s'excuse, plutôt que de s'égosiller et venir casser la vaisselle. Elle espérait encore un peu, quelque part au fond d'elle-même, pouvoir avoir une pause dans cet enfer qu'ils vivaient à deux.
Jago Sorabella
Arrivé(e) le : 07/06/2016
Posts : 1126
Avatar : michiel huisman
Crédits : masayume (avatar)

ADMINISTRATION
https://slashlove.forumactif.org/t949-h-apollinaire

Re: hello from the other side (jago)
Jeu 23 Juin - 0:39



jago, demetra ◊ ”They say that time's supposed to heal ya, But I ain't done much healing. Hello, can you hear me? I'm in California dreaming about who we used to be, When we were younger and free. I've forgotten how it felt before the world fell at our feet. There's such a difference between us, And a million miles.”

De cette souffrance qui avait habité son cœur, Jago n'en voulait plus. Il repensait à ce passé. Heureux dans cette vie qu'il était. Heureux d'amour, heureux à jamais. Du moins, il se l'était imaginé ainsi. Douce et belle qu'il l'avait rêvé sa vie. Il était pourtant là, errant. Aveuglé par son chagrin, par son amour, par les déceptions de la vie. Il était mort, Jago. Mort de l'intérieur, brisé. Il ne savait qu'errer, Jago, ces soirs où rentrer lui semblait trop difficile. L'affrontement, il en avait assez. Assez de ces cris, assez de ces larmes. Assez de cette colère qui brisait tout. Des mots trop haut, des paroles regrettées. Dans tous les coins, les verres pouvaient se briser, laissant des fragments de vie sur les murs. Sur le sol. Sur leur amour déchu. Il n'était pas rentré. Il n'avait pas voulu. Il avait choisi son boulot, ses livres, sa solitude. Un verre de vin pour compagnie. Il avait regardé à travers la fenêtre de son bureau, le soleil s'éteindre, laissant place à une nuit noire. Sombre, peu d'étoile pour apporter à ce ciel un brin de lumière. Lumière apaisante d'une lampe. La pénombre autour de lui était étrangement rassurante. Rien ne pouvait lui arriver ici. Pas de cris, pas d'amour. Rien que le tas de copies, son livre et son vin. Les lignes noircies décrivaient de doux paysages dans un parfait français. Et s'il lisait à voix haute, son accent venait dénoter l'exactitude des mots, des syllabes, des sons. Les mots pouvaient rouler sur sa langue, trancher ou se perdre dans un souffle. Il y avait de la douceur dans cette langue, de l'amertume et une franchise. Ces romans français, Jago les dévorait. Victor Hugo n'avait finalement plus de secret plus lui. Les autres, Dumas et autres Zola du genre avaient exercé chez lui une fascination soudaine, infini. Immortel. Son cœur battait à l'unisson des mots. Car pour une mère qui a perdu son enfant, c'est toujours le premier jour. Cette douleur-là ne vieillit pas. Les habits de deuil ont beau s'user et blanchir : le coeur reste noir. Cette phrase avait eu l'effet d'un déclic. Demetra. Perdu dans les limbes de Paris et de sa cathédrale, Jago en avait oublié le monde. Oublié la vie, oublié le vent. Oublié l'enfer du monde et le reste. C'était doux, cette sensation de rêve. Pourtant envolé. En mémoire lui revenait la chevelure de feu, son regard inquisiteur. Sa montre ne faisait que lui apprendre la réalité : le monde avait continué de tourner.
Le bruit du moteur ne cessait de résonner dans cette ville désormais vidée de ses habitants. Endormis, certainement. Les rues désertées n'en paraissaient que plus belles, plus appréciables. Dix minutes lui suffiraient pour rejoindre à pas de loup, la maison. Vide de bruit. Silencieuse dans cette nuit. Musique arrêtée, ne resterait que le bruit sourd de l'horloge pour perturber le calme. Jago, il espérait avoir évité la tempête. Rejoindre son lit, s'étendre et observer comme chaque nuit le plafond de la chambre. Toujours le même, resté inchangé après chaque nuit. Jago ne voulait que se reposer, éviter le conflit qu'il refusait d'affronter. Sans doute qu'il était lâche, sans doute qu'il se comportait comme un salaud. Il était simplement malheureux.
Son pas s'était fait léger pour entrer dans la maison. La lumière était presque inexistante, la maison était plongée dans une pénombre. Pourtant, elle était là. Prête à bondir, elle l'avait attendu patiemment. « Où étais-tu ? » Il était resté muet jusqu'à présent. Immobile face à ce corps dans le noir dont il ne distinguait finalement que de faibles traits. Ses mots brisent le silence, détruisent le calme paisible de la demeure. Adieu, monde parfait. Ton brutal, qu'elle lui avait adressé. Demetra, il la savait fâchée. Furieuse de le voir rentrer si tardivement. Il restait dans la maison une odeur douce, agréable d'un bon repas. Elle avait certainement tout préparé pour lui. Il s'en voulait encore. « Jago, tu aurais au moins pu me prévenir que tu ne rentrais pas... » Il aurait pu, oui. Il ne le faisait que trop rarement. Prévenir, donner signe de vie lorsqu'il s'enfermait encore plus dans son monde parallèle. Jago s'était finalement passé la main sur le visage. A peine avait-il franchi le pas de la porte, qu'elle montrait les griffes. Féline était sa femme. Sournoise aussi, en quelque sorte. Mais finalement, la question qu'il se posait n'avait rien à voir avec elle. « Où est Spaghetti ? » Son chiot, adopté il y a peu de temps. Peu après la mort de Mario pour compenser. Boule de poils affectueuse qui n'était pourtant pas là à l'accueillir. Il ne lui répondait pas. « Il reste de quoi manger ? » Il savait pourtant que son comportement, ce n'était pas le sien. Il s'était forgé une personnalité nouvelle auprès. Pour fuir son amour. Il l'aimait sans doute encore un peu. Parce qu'il ne pouvait pas nier l'amour qu'il avait eu pour elle. Mais aujourd'hui, c'était si différent. Il ne voyait plus en elle celle qu'il avait tant aimé. « J'étais à l'université. Dans mon bureau. J'ai corrigé des copies et je n'ai pas vu l'heure. Plus de batterie sur mon téléphone. » Il s'était justifié, pourtant, devant le regard amer de sa femme. Il aurait voulu la serrer dans ses bras, l'embrasser. Au lieu de ça, il était simplement passé près d'elle, la frôlant dans la pénombre. Il avait rejoint la cuisine pour manger. Goujat qu'il était. Au fond il n'avait rien n'écouté de ce qu'elle avait pu lui dire.
hello from the other side (jago)
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» Look at the bright side ~ (Olaf)
» (jago) I need you right now
» part of me. (jago)
» ships in the night » jago&&valentine.
» (jago) french lesson.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
/LOVE :: Les archives du forum :: Les archives du forum :: Les RPs terminés-
Sauter vers: