La nuit était tombée depuis plusieurs heures, plongeant la divine ville de Paris dans une harmonie de lumière diverses. Sur une place, connue pour l'eau jaillissant de ses fontaines et la verdure divinement coupée, son histoire et sa proximité avec le plus célèbre monument de Paris, il y avait cette demoiselle; cette blondinette. Qui, dans sa robe droite noire, perchée sur ses talons haut, semblait défier la vie elle même. Elle semblait si libre, comme si rien ni personne ne pouvait l'empêcher de réaliser ses rêves. Elle semblait se foutre des conventions imposées, elle profitait, elle vivait. Aussi juvénile, âgée seulement de vingt ans, elle refusait de se laisser bouffer par divers problèmes futiles; car son mot d'ordre, c'était Vivre. Et elle le faisait. Elle avait voyagé, pendant un an, parcouru le monde avec un sac à dos et quelques fringues de rechanges. Elle avait découvert de nouvelles choses, travaillés dans des bars pour repartir. Mais elle avait été une véritable aventurière. Et la voila, aujourd'hui, de retour dans sa ville natale, dans sa Paris chérie, la ville qui était ancrée dans ses gènes. Sa divine Paris, celle qu'elle vénérait.
Elle avançait, ou plutôt trottinait, en rythme avec cette chanson qu'elle chantonnait; laissant quelques mèches de cheveux voler à chacun de ses sauts. Il y avait ce lampadaire, sur sa route, qu'elle saisit de sa main droite. Et dû à son élan, se laissait tourner autour à cent quatre vingt degrés. Et le voici, se dessinant dans son champs de vision, éclairés par les lumières de ces fontaines. Un sourire s'étirait sur son visage tandis qu'elle restait là, tenant ce lampadaire alors que des doigts de sa main gauche, elle tenait fermement la lance de son sac. Mais elle ne le quittait pas du regard; Jago, celui qui, il y a encore quelques jours lui était étranger. Aujourd'hui, elle ne le quittait plus, savourant chaque secondes, chaque instant passé avec lui. Il voulait découvrir la ville, ainsi, la blonde lui offrait la plus belle des visites possible, lui proposant chaque lieux de manière à ce qu'ils soient sublimés, et non gâchés par des individus cherchant à prendre la même photo d'un monument sous différents angles. Et c'est pour ça qu'elle avait tant insisté pour venir jusqu'ici après ce diner, pour qu'il voit. Qu'il voit la beauté de ces lieux tel que Valentine les aimait tant. Car en tant que parisienne, il lui en fallait beaucoup plus pour être impressionnée par ces monuments; lieux les plus touristiques. Parce que Valentine, elle connaissait cette ville par coeur, étant née ici. Alors, elle avait apprit à les découvrir, à son tour, mais sous un autre jour. Elle avait visité les lieux, à sa manière; et voila comment elle était tombée amoureuse de ce lieu spécifiquement; le Trocadero. Si de jour il était beau, rien ne valait celui-ci de nuit, lorsque la fraicheur de celle-ci était présente, et que seul quelques habitués parcouraient ces coins. Car quand on choisissait le bon moment, la bonne heure, le bon jour, les lieux étaient pratiquement désert, offrant ainsi un moyen de profiter à deux cent pour cent de cet endroit si divin aux yeux de la blonde.

« Voici mon endroit favoris dans toute cette ville. » avouait-elle tandis que le brun arrivait à son niveau. Enfin, elle délaissait son lampadaire, pour observer la tour Eiffel qui, un peu plus en contrebas, dominait la ville. « J'ai pris une année sabbatique, durant laquelle j'ai voyagé. J'ai vu des choses d'une beauté incomparable. Mais à mes yeux, rien ne vaut cette vision là. » avouait-elle, cet air pensif au visage. Se retournant finalement, elle fit face à la fontaine, désormais totalement souriante. Déposant son sac au sol, elle mit sa main sur l'épaule de l'italien, elle l'utilisait comme appuie pendant qu'elle se mit sur un pieds pour retirer une première chaussure, et réitérer le mouvement pour la seconde. Saisissant de nouveau son sac, elle le regardait, une idée derrière la tête. « Suis moi! » Et la voila s'élançant sur les quelques mètres de gazon, son sac dans une main, ses chaussures dans l'autre.
Ainsi, elle se retrouvait là, au dessus de la fontaine, observant son reflet dans l'eau transparente. Déposant ses affaires sur le rebord de celle-ci, elle détachait ses cheveux qui étaient retenus en une queue de cheval haute pour finalement monter sur le rebord de la fontaine et s'amuser à avancer sur la pointe des pieds, écartant ses bras pour qu'elle tienne en équilibre, telle une funambule. Se retournant pour finalement faire face au jeune homme, elle lui tendit sa main, l'invitant à la rejoindre sur les rebords de la fontaine. « Tu me rejoins ? » demandait-elle, pour appuyer son invitation en souriant. La vérité, c'est qu'à une heure aussi tardive, ils ne risquaient strictement rien. Aucune sécurité ne passait à cette heure-ci, alors ils étaient libre de faire ce qu'ils voulaient. Et heureusement. Car il n'y avait pas plus belle liberté que de pouvoir s'amuser dans des endroits aussi divin. L'idée germait dans sa tête, et si elle même comptait s'amuser à faire un petit saut dans l'eau claire de la fontaine, il n'empêche qu'elle était tenté de le pousser d'abord. C'était une idée plaisante, qui faisait que la blonde était obligée de se retenir de rire. Mais elle avait espoir qu'il saisisse sa main, de manière à l'accompagner dans son parcours, pour finalement atterrir au milieu des jets d'eau illuminés par ces diverses lumières.  Ainsi, elle attendait, main tendue vers lui, qu'il rejoigne celle-ci sur les rebords de cette fontaine. Et qu'il puisse ainsi profiter de cet instant au maximum. Car à l'instant où les deux s'étaient trouvés, elle s'était secrètement promise de faire en sorte que son voyage soit inoubliable; qu'il puisse s'en souvenir jusqu'à la fin de sa vie. Qu'il se souvienne d'elle, d'un moyen ou d'un autre. Parce que même si elle était bien déterminée à garder contact avec lui, elle se doutait qu'un jour ou l'autre, la distance aurait raison d'eux. Alors, elle tentait d'offrir des souvenirs absolument inoubliables, afin que même si un jour, ils perdaient contact, il puisse se souvenir de ce voyage, ainsi que d'elle.      

La douceur du ciel étoilé le faisait rêver. Il avait quitté les rues pavées de l'Italie pour la magie de Paris. Il en avait longuement eu envie, de ce voyage. Ses études plus ou moins terminées, il voulait passer son été éloigné de tout. De sa famille parfois envahissante. Il avait vingt-deux ans à présent. Visage frais d'une jeunesse qu'il voulait vivre avec passion, avec envie. Ses rêves de liberté, il avait choisi de voyager. De découvrir le monde autour de lui. Il s'était découvert des envies d'ailleurs au fil des années. Paris, il en rêvait depuis des années. Il en avait lu des romans, il les avait imaginées, ces rues, grâce aux plumes de ses auteurs préférés. Son amour à la française était venu au fil des lignes. Il avait aimé cette France de son fauteuil, de son lit, de la bibliothèque, de son Italie natale. Il regardait depuis plusieurs jours les rues de cette ville avec admiration, il parcourait la ville avec bonheur. Plus encore depuis que son chemin avait croisé celui de Valentine. Douce parisienne à la longue chevelure blonde. Qu'elle était belle, un véritable rayon de soleil dans ce voyage en solitaire. Nouvelle amie, amante la nuit. Elle lui faisait découvrir la ville sous un oeil différent. Elle partageait sa propre expérience de Paris, de sa ville natale. Elle offrait un regard neuf, doux, différent de tous les guides touristiques. Valentine, elle le faisait rêver simplement en ouvrant la bouche.

Elle lui avait donné rendez-vous dans un de ces endroits dont elle avait le secret. La nuit était tombée, laissant place à une fraîcheur d'été. La ville s'était allumée de mille feux. La lumière s'était faite sur la ville désormais privée de soleil. Jago, il regardait partout où ses yeux pouvaient se poser. La ville de lumières portait bien son nom. C'est dans les jardins du Trocadero qu'il avait retrouvé son guide personnel. A sa vue, il ne put s'empêcher de sourire, la regardant tenir ce lampadaire. Elle avait des airs d'actrices, des airs de françaises aussi. Jago, il avait en tête ces clichés sur les femmes de France. Valentine, elle avait ce chic des parisiennes. Elle avait l'élégance des femmes qu'il avait imaginé avant d'arriver. Plus encore, elle avait cette vie au fond des yeux, cette envie de vivre et de profiter. Elle avait ce sourire qui l'avait fait craquer. Valentine, elle avait tout pour plaire à ce jeune italien qu'était Jago. Cette douceur, cette envie, ce pétillant. Elle avait le croquant d'une meringue, la fondant d'une guimauve et la gourmandise du chocolat. De quoi donner envie de poursuivre ces visites à ses côtés.

Il l'avait rejoint, tout en l'admirant. Il ne perdait pas un instant à la détailler. Il ne perdait pas non plus ce sourire qui étirait ses lèvres. Heureux, rempli d'un bonheur dont il avait rarement eu l'occasion de goûter. Paris avait pris possession de son cœur en quelques jours.  « Voici mon endroit favoris dans toute cette ville. » Il ne s'étonna pas. Il y avait dans ce lieu quelque chose d'apaisant. De beau aussi. La nuit donnait de nouveaux airs à cet endroit. Fraîcheur et douceur. Il se souvenait de ce jardin en journée, envahi par les touristes cherchant le meilleur endroit pour prendre une photo, pour observer la Tour Eiffel. Ils étaient rares les gens, partis. Ils avaient laissé place à ces visiteurs de nuit. A Valentine et Jago. « J'ai pris une année sabbatique, durant laquelle j'ai voyagé. J'ai vu des choses d'une beauté incomparable. Mais à mes yeux, rien ne vaut cette vision là. » Ils s'étaient rencontré par hasard. Hasard qui avait bien fait les choses, Jago en était persuadé. Ils étaient faits pour se trouver, pour s'apprécier. « C'est magnifique. » Les yeux brillants, Jago n'en perdait pas une miette. « Je comprends ce qui te fais aimer cet endroit. » Il prit une profonde inspiration, cherchant à s'imprégner de cette atmosphère magique qu'elle lui faisait découvrir. Jamais il n'aurait eu l'idée de venir ici la nuit tombée pour observer les lumières de la ville et sa grande Tour de fer d'un autre point de vue. Valentine, elle, avait déjà trouvé une autre occupation. Source d'amusement pour cette jeune femme, elle avait détourné le regard vers la fontaine à quelques mètres d'eux. Ses chaussures enlevées non sans l'aide de son appuie, Valentine commençait à s'éloigner. « Suis moi! » Il l'avait suivi, de près. Il suivait ce soleil dans la nuit étoilée. Il restait muet en la regardant, souriant encore. Elle jouait les funambules sur les bords de cette fontaine, douce vision pour Jago. Cheveux lâchés pour une liberté marquée, ils voletaient sous la légère brise d'été. Il était heureux de l'avoir trouvé, cette française. « Tu me rejoins ? » Il était intrigué. Intrigué mais joueur. Il était persuadé qu'elle avait une idée derrière la tête. Pourtant, il s'en moquait. Il était venu sans crainte, le risque ne lui faisait pas peur. Il avait à son tour enlever ses chaussures et ses chaussettes pour la rejoindre. « Je ne sais pas ce que tu as derrière la tête mais ça pourrait se retourner contre toi. » Regard malicieux, sourire en coin, il lui faisait face. « Tu sais ce qui rend ce lieu si beau ? C'est de le voir à travers tes yeux. » Il tentait de la charmer, de la déstabiliser peut-être. Son accent italien couvrait son français quasiment parfait qu'il avait appris au fil des années. Langue de Molière avec le charme de l'Italie, ça devrait fonctionner pour la charmer, Jago en était persuadé.