Ben x Gaïa

Tu sais, ces étoiles là-haut, elles n’existent peut-être même pas. Je veux dire, ça prend tellement de temps à la lumière de venir jusqu’ici que les étoiles elles-mêmes pourraient avoir disparu. C’est juste... c’est juste étrange, mais c’est comme un message du passé.

Elle replaça correctement son badge tout en vérifiant que le groupe de français la suivait toujours. Elle n'était pas pressée. Habituée à ce que les touristes s'arrêtent presque tous les deux mètres pour prendre des photos, Gaïa profitait du soleil brûlant sur sa peau en espérant qu'elle n'allait pas être une véritable tomate le soir-même. Elle releva ses lunettes de soleil en arrivant devant la noble maison de Juliette. Elle sentie son coeur battre un peu plus fort. Elle aimait cette maison, elle aimait cet endroit. Durant des années elle avait appris par coeur tout ce qu'il y avait à connaitre sur la célèbre tragédie. De plus, elle avait étudié la pièce durant toutes ses années de lycée et elle l'avait encore travaillé cette année. Jamais elle ne s'en lassait. La tragédie, l'amour, la peur et la mort. La stupidité de la finalité. Elle massa ses tempes avant de se retourner vers les touristes qui attendaient ses explications. Elle savait pertinemment que c'était un lieu emblématique de Vérone. Les arènes c'étaient bien jolies mais aucune n'offrait l'histoire que portait cette maison. Un instant, ses pensées dérivèrent vers Leila. La tragédie, et l'horreur. L'abandon. Elle offrit son plus beau sourire à ses voyageurs en reprenant sa visite. " La célèbre maison de Juliette ! Comme vous le remarquez, le lieu a bien changé depuis le roman." En effet, la beauté du lieu avait été détruite par différents tags et autres dessins qui rendaient la façade complètement... sans aucune âme "Malheureusement, elle ne ressemble plus réellement à la construction d'origine appartenant à Dal Cappello. Bien que ce soit toujours un lien emblématique de Vérone, il est aujourd'hui défiguré par les dessins de rue ajoutés à la façade.  " Elle présenta ensuite ensuite le blason de la famille et continua ses explications. Habituellement, elle mettait plus d'entrain et d'envie dans sa visite. Mais aujourd'hui, le coeur n'était pas là. Elle avait du mal à se souvenir de tout son blabla habituel, la pauvre Gaïa n'avait pas réellement l'esprit tranquille. Elle savait que ses français se verraient rien. Ils ne se pressaient que pour voir encore et toujours les mêmes choses. De la lassitude. Voilà, c'était un semblant de lassitude qu'elle ressentait dans sa vie.

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