Les jours passent et se ressemblent. Il faut dire qu'il a tout fait pour ça. Il a supprimé un par un ses loisirs pour que les jours restent inlassablement les mêmes. Rien d'étonnant à broyer du noir. À croire que c'est ce qu'il cherche, rester enfermer dans son marasme. C'est pathétique. Il est pathétique.  C'est un fait. Il le sait. Assis sur son fauteuil fétiche, les yeux perdus dans le vide, il pense. Les souvenirs se bousculent dans son esprit et les idées noires s'enchaînent. Il sait très bien qu'il ne devrait pas rester seul, mais c'est plus fort que lui. La compagnie des autres l'insuporte et sa paranoïa ne l'aide pas vraiment à se mêler à d'autres personnes. Alors il reste en tête-à-tête avec lui-même. Un bruit le sort de ses pensées. Il grogne. Le bruit persiste. Quelqu'un frappe à sa porte. Qui ose venir le déranger dans son antre ? Il faut être fou pour venir jusqu'à chez lui. Il se décide quand même à se lever et aller voir. Dernier soupçon de curiosité. La porte s'ouvre et ne cache rien de sa carrure impressionnante. Avec la tronche qu'il tire, ce n'est pas compliqué à comprendre. Mieux ne vaut pas l'embêter trop longtemps. Il allait dire qu'il n'avait pas besoin d'encyclopédie quand ses yeux se posent sur une silhouette frêle. Une gamine. Qu'est-ce qu'elle lui veut, à Fausto ? Elle s'excuse la gosse, pour le dérangement. Fallait pas frapper comme ça, si elle ne voulait pas déranger, si elle ne voulait pas avoir besoin de s'excuser. Un peu de logique. Il a l'air d'n gardien de prison, le gars, il reste là, stoïque à la toiser de sa hauteur. C'est qu'elle semble toute petite, toute frêle à côté de lui. Il n'ouvre même pas la bouche, Fausto, il la laisse se dépatouiller avec ses explications. Il comprend vite. Elle est en panne, Cendrillon, son carrosse a rendu l'âme et elle a besoin d'un prince charmant pour venir à son secours. Elle a frappé à la mauvaise porte. Ce n'est pas un prince charmant, Fausto. Loin de là. Il aurait plutôt tendance à jouer les dragons, dans les contes de fées. Il hésite un instant. Il pourrait très bien lui claquer la porte au nez et retourner à ses pensées sans plus y faire attention. Après tout, il ne lui doit rien, il ne la connaît même pas. Pourtant, quelque chose l'en empêchant quand son regard croise celui d'la gamine. Il se stoppe dans son geste. Les doigts crispés sur le bois de la porte.  Il fait pas dans la demoiselle en détresse d'habitude, mais là, c'est une question de mécanique et il aime bien ça, Fausto, la mécanique, alors pourquoi pas.  « j'vais voir ce que j'peux faire » qu'il lâche simplement, parce qu'il n'est pas des plus bavard le gars. Il sort enfin de sa grotte, l'ours, pour se diriger vers la petite merveille. Le carrosse est loin d'être une citrouille. Le capot est encore ouvert et il s'approche, une légère étincelle au fond du regard. Étincelle qui s'est éteint depuis quelques temps. Et là gamine, elle est là, avec sa trace de cambouis sur le front, on pourrait croire une guerrière, miniature la guerrière. Il ne lui faut pas longtemps pour capter d'où vient le problème. C'est qu'il a l'oeil expérimenté, maintenant, Fausto.  « faudrait l'amener jusqu'à mon garage, que je puisse arranger ça... faut pousser » il la détaille un instant et un petit sourire en coin se dessine sur ses lèvres alors qu'il ricane. « occupe-toi du volant et d'la direction » parce que si c'est elle qui pousse, ils y sont encore demain matin

La mécanique est encore l'une des rares choses qui fait s'illuminer les yeux du Borgia. Il aime ça, avoir les mains dans le cambouis, le nez dans l'moteur. On a pas l'temps de se laisser submerger par ses pensées quand on travaille sur une voiture et c'est ce qui l'intéresse. Il ne veut plus penser. Il ne veut pas avoir à se remémorer les bons moments passés en compagnie de Lamia, parce qu'il sait qu'ils sont révolues et que plus jamais aucun bons souvenirs de ce genre ne viendra s'ajouter à sa mémoire. Et ça, ça fait mal. Alors forcément, c'est une bonne occasion de chasser ses idées noires qui s'offrent à lui quand la gamine débarque avec son petit bijou enrayé. Au moins, il aura quelque chose de plus intéressant à faire, que de se morfondre, seul dans son salon. Puis y a quelque chose chez cette gamine qui l'empêche de la laisser se débrouiller toute seule. Il ne lui doit rien. Il ne la connaît pas. Et pourtant, il est sorti de son antre pour lui venir en aide. Il doit être dans un bon jour. Après seulement quelques minutes d'observation, il comprend d'où vient le problème, mais il ne peut pas réparer ça sur le trottoir. Ça ferait tâche et puis, ça serait surtout une attraction pour les touristes qui passent parfois par là et il ne tient pas à être une attraction, Fausto. Il ne veut pas se socialiser. Autant se planquer dans son garage. En plus d'y avoir tout son matos, il y a aussi sa tranquillité là-bas. Ce qui est un gros plus. Il envoie la gamine s'occuper de la direction alors qu'il se met en tête de pousser la voiture. Quitte à avoir des gros bras, autant que ça serve à quelque chose. Stellina, qu'elle se présente. C'est jolie, ça lui ressemble. Quelle connerie de penser à une chose pareille. Il se reprend alors qu'elle lui demande comment lui il s'appelle et il hésite. Après tout, à quoi ça peut bien lui servir de savoir comment il s'appelle ? Puis, il soupire. Concède. « fausto » faut pas trop lui en demander non plus. C'est déjà un exploit qu'il accepte de l'ouvrir, alors si en plus on s'attend à ce qu'il lâche de longs discours... la voiture s'arrache à sa léthargie et avance jusqu'à l'entrée du garage qu'il ouvre à l'aide d'une télécommande. Il est bien aménagé. C'est qu'il n'a pas fait les choses à moitié le bougre. Sa moto repose tranquillement sur sa droite. Sa petite merveille. La voiture se stoppe et il se redresse. Repose ses yeux une nouvelle fois sur la gamine. « tu peux aller faire un tour dans le quartier y a pleins de trucs à voir » ouais, il l'a prend un peu pour une touriste, mais c'est surtout qu'il ne veut pas l'avoir dans les pattes pour travailler « j'vais en avoir pour une petite heure » il se dépêche de détourner le regard, parce qu'il se sent bizarre quand il l'a voit la gosse et c'est une sensation étrange. Il préfère ne pas s'y attarder. Il fait le tour de la voiture pour retourner au niveau du capot. Se plonger là-dedans, c'est une bonne idée.

Son garage c'est une bulle d'oxygène pour lui. Un moyen de s'éloigner de toutes ces choses qui lui bouffent l'esprit. Il peut y passer des heures. À retaper des voitures de collection ou à bricoler sur sa moto. Il fini par avoir mal au dos, mais ça n'a pas d'importance. Pas pour lui en tout cas. Aujourd'hui n'échappe pas à la règle. Malgré son air renfrogné ça lui fait plaisir de pouvoir passer du temps ici. Dans son havre de paix. Ce qui lui fait moins plaisir c'est la gamine. Elle n'a pas l'air de vouloir le laisser travailler en paix et ça a tendance à l'énerver plus qu'autre chose. « tu connais mon adresse. J'peux pas m'enfuir » qu'il lâche quand elle semble réticente à le laisser seul avec sa voiture. Il est chez lui. Elle sait où il habite. Il ne peut pas faire grand chose et puis il ne voit pas où serait son intérêt là-dedans. Il soupire. Elle n'a pas l'air de vouloir lâcher le morceau la gosse. C'est bien sa veine. Il peut la sentir près de lui, appuyé contre la carrosserie. Sa peu est chaude contre la sienne. C'est déstabilisant. Si bien qu'il est content quand elle s'éloigne. Peut-être qu elle a changé d'avis et qu'il va pouvoir être tranquille. Faux espoir. Elle touche à tout et ça l'irite. Il n'aime pas qu'on touche ses affaires. Il sert la mâchoire. Ses yeux se perdent un instant à la contemplation du corps frêle de la gamine. C'est qu'elle est mignonne. Belle même. Il faudrait être aveugle ou de mauvaise foi pour ne pas s'en rendre compte. Mais il se reprend vite et passe une main contre son visage alors qu'elle lui demande de lui apprendre. Il est surpris. Ça doit se voir sur sa face. Qu'est-ce qu'une gamine comme elle peut bien vouloir apprendre de lui ? Il soupire. Elle insiste. Quelle connerie il a fait d'ouvrir cette foutue porte. Elle va même jusqu'à lui proposer de ne pas ouvrir la bouche pour l'écouter. Elle n'a pas compris qu'il ne parle pas ? Il n'en a pas envie. Il n'à rien à dire. Rien à raconter. Seulement en l'observant du coin de l'oeil il comprend qu'elle ne lâchera pas l'affaire aussi facilement, même face à son mutisme. Il soupire. Bordel. « t'as pas mieux à faire ? » une manucure, du shopping, aller voir ailleurs s'il y est. Tout sauf rester là à respirer son air. Il fini quand même par céder. T'façon c'est ça ou il attrape son petit corps frêle pour la jeter dehors. Non. Mieux vaut ne pas la toucher. « ne touche pas à tout. » il accroche une lampe sur le capot pour voir un peu mieux ce qui s'y cache et se lance dans une explication du problème avec sa voix grave. Il ne se demande pas si elle comprend. Il explique juste. Elle a l'air concentré sur ce qu'il dit. Ça lui donne un air attachant. Faut qu'il arrête de la contempler comme ça. Ça ne lui ressemble pas, mais c'est est plus fort que lui. Il n'arrive pas à s'en empêcher. Son regard est attiré vers elle, comme un papillon vers la lumière.  

Les rouages de la mécanique, il connaît bien et ce n'est pas vraiment difficile pour lui de lui expliquer ce qui cloche et aussi comment le réparer. Il faut dire qu'il en a passé des heures le nez dans les pièces pour pouvoir en arriver là. Il a tout appris tout seul, Fausto. À force de persévérance et d'expériences. Il a connu ça bien avant Lamia, mais ça n'avait pas autant d'importance dans sa vie, puis quand Lamia est arrivée dans son coeur, il a un peu délaissé cette passion, pour vivre la leur. Seulement, quand elle a disparu, la mécanique s'est avérée être la seule chose qui arrive à le dérider, à lui faire oublier la douleur lancinante dans sa poitrine. C'est peut-être pour ça qu'il ne tient pas à ce quelqu'un d'autre que lui vienne ici, parce qu'il ne veut pas perdre cette bulle d'oxygène. Parce qu'au fond, malgré ce qu'il peut dire, il n'a pas envie de s'asphyxier totalement. Et c'est peut-être ce qui le perturbe le plus avec cette gamine, c'est qu'elle a l'air à sa place ici, bien plus que toutes les personnes qui ont pu s'y échouer. Elle a l'air à l'aise, comme si c'était tout à fait normal. Et c'est pas normal, elle devrait faire tâche dans le paysage. Mais non. Elle se dégonfle même pas quand il lui conseille de faire autre chose. Non, elle se contente de lui dire qu'elle est là où elle veut être. Il lève les yeux au ciel, exaspéré puis se fait une raison et commence à lui expliquer ce qui ne va pas. Il ne fait pas dans la dentelle et va droit au but, parce que c'est aussi ça la mécanique, y a pas de place pour les fioritures. Les minutes passent et d'abord absorbé par son exposé, il ne sent pas la brûlure du regard de la gamine sur lui. Il n'y fait pas attention et continue à lui expliquer ce qui se passe sous le capot. Il aurait pu continuer comme ça longtemps s'il n'avait pas capté qu'elle avait lâché la gosse. Il lui raconte n'importe quoi et elle continue de hocher la tête. Le coup classique. Etrangement, ça le fait sourire plus que râler. Fait nouveau chez lui. Puis son regard le trouble, il ne peut pas le nier, il sent bien qu'elle l'épie. Elle fini par reprendre la parole, brisant le silence qu'il avait laissé s'installer quelques secondes auparavant « parler dans le vide ? depuis que tu ne m'écoutes plus» il ne peut pas s'empêcher de lui signaler qu'il avait capté qu'elle a décroché. Rien de bien méchant dans sa voix, bien au contraire, elle n'a jamais paru aussi amicale. « la mécanique, depuis que je suis adolescent, donc je suppose que ça date maintenant » il est sur son terrain ici, dans sa zone de confort, il peut se permettre de parler de la mécanique, parce que c'est quelque chose qu'il aime. C'est autour de ses yeux à lui de la détailler la gosse. C'est plus fort que lui. Elan de curiosité certainement. Il ne peut pas s'empêcher de la trouver belle. Simple. Fraiche. Rayonnante. Elle donne l'impression d'illuminer tout ce brouillard qui ne cesse de le suivre. C'est étrange, mais pas désagréable.   

L'âge. Il parait que c'est une histoire de mentalité. Qu'on peut rester jeune une éternité, si on l'reste dans sa tête. Pendant longtemps, il s'est considéré comme un gamin. Il en était certainement un. Seulement, la mort de Lamia a changé beaucoup de choses. Son âge surement. Il a vieilli d'un coup. Toutes les années se sont accumulés et il est devenu un vieux con. Il s'y est fait depuis. Enfin, c'est ce qu'il croit. « je ne suis pas né de la dernière pluie, on va dire» il ne veut pas dire son âge, parce qu'il ne veut pas qu'elle croit qu'il est trop vieux. C'est con. Puis il peut bien garder un peu de mystère. Elle a l'air toute jeune, la gamine, il ne veut pas creuser un peu plus le fossé qui les sépare. L'âge peut parfois faire des dégâts et l'écart de génération aussi. Il lui demande même pas le sien, parce qu'il veut pas le savoir. Il risque de se sentir mal. Il se trouve déjà assez coupable de ne pas pouvoir s'empêcher de la regarder, alors si en plus il apprend que c'est vraiment une gamine... non, il ne préfère pas y penser. La gosse change de sujet et elle lui explique pourquoi elle est là, pourquoi elle persiste à rester là alors qu'il a tenté de le mettre dehors « évites de casser quelques chose alors » maladroite, il ne manquait plus que ça. Il espère juste qu'elle ne va pas se prendre les pieds quelque part et tout casser. Se serait plutôt sympa que tout ça reste en ordre. Il détourne le regard et replonge les mains à travers les différents composants pour le faire cliqueter. Il avance bien. Il mettra certainement moins de temps que prévu. « et ça t'arrives souvent de jouer le coup d'la panne à des inconnus comme ça ? »

Il sait éviter les questions qui ne lui plaisent pas. Il en a l'habitude maintenant. Les gens ont la fâcheuse tendance à lui poser beaucoup trop de questions. Alors forcément il faut apprendre à les envoyer gentiment sur les roses, trouver un moyen de les éviter. Ça devient un moyen de survie. Il lui demande si ça lui arrive souvent de tomber en panne devant chez des inconnus. Il arque un sourcil en l'entendant répondre, mais finalement un sourire se dessine sur ses lèvres. Alors comme ça elle le trouve mignon. C'est plutôt flatteur, il doit l'avouer, mais il perd vite son rictus. Il ne doit pas se laisser aller à ce genre de choses. Il faut rester concentré. Elle bafouille, galère à trouver les mots et là, son sourire revient sur ses lèvres. Ça le fait rire de la voir galèrer comme ça. Ça t'amuses. Il faut bien se divertir comme on peut. Il peut bien s'amuser un petit peu, lui aussi. « si tu le dis... » il prend un air faussement convaincu. Il est d'humeur taquine. Ça le change un peu. Il allait continuer à la taquiner, quand il la voit reculer, sans prendre attention à là où elle met les pieds. Il l'a voit basculer et sans réfléchir, il se précipite pour la récupérer avant qu'elle ne touche le sol. Un bras dans son dos, pour l'empêcher de basculer d'avantage. Son autre main sur son bras pour la stabiliser. Il la redresse doucement. « fais attention à là où tu mets tes pieds » c'est juste un conseil « parce que quand je te dis de ne rien casser, ça tient aussi pour toi » il ne tient pas à devoir passer le reste de la journée aux urgences parce qu'elle s'est casser une jambe ou quelque chose comme ça. Merci bien. Son regard se plonge dans le sien et l'espace d'un instant il est plutôt déstabilisé par cette proximité. Il peut sentir sa peau chaude contre la sienne. Il n'est plus habitué au contact physique, encore moins avec une charmante jeune femme. Il se mord l'intérieur de sa joue et l'aide à se redresse, se séparant vivement de la jeune femme. Il doit garder ses distances. « j'crois bien que ta voiture est réparée » c'est peut-être une porte de sortie. Il risque de se perdre si elle reste près d'elle. Elle l'attire, il ne peut pas nier. Il y a quelque chose en lui qui s'est déclenché quand il l'a découvert sur le pas de sa porte. Il ne pourrait pas vraiment l'expliquer, mais c'est comme ça.

Sa courte promiscuité avec la jeune femme le trouble encore. Il a envie de la retoucher encore. Sentir sa peau chaude sous ses doigts. L'espace d'un instant il s'est senti revivre à nouveau. Ce qui ne lui était pas arrivé depuis qu'il avait dit adieu à Lamia. C'est étrange, il ne pourrait pas expliquer pourquoi, mais ça s'est bien passé. Il a senti cette sorte de connexion bizarre entre leurs deux corps. Il peut encore sentir la chaleur du corps frêle de la gamine. Il préfère changer de sujet et lui affirme que sa voiture est réparée. Il faudrait la redémarrer pour en être sûr, mais techniquement il a réparé la nature du problème, donc tout devrait être opérationnel. Il hausse les épaules quand elle le remercie. Pas besoin. Il a fait ça pour se changer les idées plus que pour l'aider au début. Donc c'était purement égoïste, pas besoin de remerciements. Il lève les yeux au ciel quand elle lui demande si elle peut utiliser ses toilettes. Décidément, il n'est pas prêt de s'en débarrasser. L'espace d'un instant, il est tenté de l'envoyer bouler. De la claquer dans sa voiture et lui dire d'aller se faire voir. Seulement, encore une fois, ses yeux se pose sur la gamine et il craque. « ouais, j'vais te montrer où c'est » après ça, il pourra la remettre dans sa voiture et la laisser repartir. Il pourra retourner à ses idées noires. Il aura fait sa bonne action de l'année. Il se dirige vers le fond du garage et ouvre une porte. Il invite la gosse à le suivre et la fait passer devant lui, galanterie oblige.  Son regard se pose sur ses courbes. Elle est mignonne la gamine. C'est un fait et il se surprend à vouloir lui défaire ses vêtements pour en connaître plus de ses formes. Il secoue sa tête pour remettre ses idées en place. Penses à autre chose. Il essaye de penser à autre chose, mais ce n'est pas forcément facile avec la gosse devant lui. Il l'amène jusqu'à un couloir et lui indique une porte. « les toilettes c'est là, la salle de bain à côté, tu vas pouvoir t'en sortir toute seule ? » il ne va quand même pas lui donner la main, elle est assez grande pour se débrouiller seule. « j'suis dans le salon au bout du couloir » ouais, parce qu'il ne va pas attendre devant la porte. Il la laisse derrière lui et file jusqu'au salon. La pièce n'a pas vraiment changé depuis la mort de Lamia, mis à part que toutes les photos ont disparu de la déco. Les miroirs aussi. Il se sert un vert de whisky pour se changer les idées. Il faut qu'il arrive à virer l'image du corps de Stellina de son esprit. Ça l'entête. Il s'installe dans son fauteuil club en cuir, face à la baie vitrée et se perd à nouveau dans la contemplation du jardin immense en dehors.

Il se mord l'intérieur de la joue quand les mots claquent dans l'air. À toi. Bordel, elle n'aurait pas pu choisir un autre terme ? Peut-être qu'elle l'a fait exprès. Il en sait rien, mais ça a clairement allumé quelque chose en lui. Quelque chose d'éteint depuis bien trop longtemps. La porte claque. Il s'éloigne rapidement de la jeune femme. Il faut qu'il mette le plus de distance possible entre elle et lui. C'est ce qui est le plus sûr. C'est qu'une gamine. Il ne peut pas se laisser aller à ce genre de choses, encore moins avec elle. Non. Il se perd dans la contemplation du dehors, essayant d'oublier les courbes de l'étoile filante. Il ferme les yeux un instant et pince l'arrête de son nez pour essayer de revenir à la raison, mais c'est la chaleur  de son genou contre le sien qui le ramène à la surface. Elle est juste là, à quelques centimètres de lui. Il n'a qu'à tendre le bras pour l'attirer à lui et l'embrasser avec toute l'envie qui est entrain de doucement croitre au creux de son ventre. Ce n'est pas raisonnable, mais bordel qu'est-ce qu'il en a envie. Sa peau doit être tellement douce. Il se mord l'intérieur de la joue pour redescendre sur terre. Heureusement pour lui, elle s'éloigne d'elle-même. Il arque un sourcil, comprenant soudainement les mots qui sont sortis de sa bouche.  « combien pour quoi ? » il pige pas tout de suite. Puis ça fait tilt. Il a l'esprit trop encombré pour comprendre autre chose. « rien c'est bon » il n'aura qu'à mettre ça sur le compte des bonnes actions annuelles. Il sera tranquille pour le reste de l'année. C'est déjà une consolation. Ses yeux se posent sur la gamine. Elle a l'air d'une danseuse étoile ainsi installée sur le canapé, la gosse. Il soupire. Qu'est-ce qu'il a bien pu faire au karma pour qu'on lui envoie une gamine déranger sa tranquillité. « j'ai pas besoin d'frics »  bon si elle ne l'avait pas compris en voyant où il habite c'est qu'elle est un peu lente à la détente, mais il préfère le lui dire. En tant que Borgia, il a de quoi vivre tranquillement et Lamia lui a aussi laissé une somme plus que confortable à sa mort, mais il n'y a jamais touché. Il n'y arrive pas. Le fric dort quelque part à la banque et il préfère faire comme s'il n'avait jamais existé.   « puis tu devrais peut-être essayer de la faire démarrer avant de vouloir me remercier pour quoique ce soit tu ne crois pas ? » c'est plutôt logique, après tout peut-être qu'il s'est foiré et que la voiture est toujours incapable d'avancer. Il en doute. Il connaît son talent pour la mécanique, mais elle, elle n'est pas sensée le savoir. Elle n'a aucune raison de lui faire confiance. D'ailleurs, elle est plutôt inconsciente de rester là, seule avec lui. Elle ne le connaît pas, elle ne sait pas de quoi il est capable. Il pourrait très bien lui sauter dessus et lui arracher ses fringues sans qu'elle n'y puisse rien. Elle est tellement frêle comparée à lui.  elle doit être inconsciente ou aimer jouer avec le feu. Il ne sait pas vers quelle hypothèse pencher. Il se mord la lèvre à l'idée de découvrir ses courses sous ses fringues. Bordel, ce n'était pas forcément la bonne idée de penser à ça. La tentation n'est que plus forte. Il détourne le regard, parce qu'il se dit qu'il risque de la brûler à force de la détailler de la sorte et il ne tient pas à passer pour un gros pervers, parce qu'il n'en est pas un. Elle l'ensorcèle la gamine. Il ne sait pas comment elle fait ça, mais clairement elle doit être une sorcière pour le faire tomber comme ça sous son charme. Parce qu'il ne veut pas l'avouer, mais il est conquis. tout son être l'incite à se rapprocher, à la toucher. S'en deviendrait presque une idée fixe depuis qu'il l'a empêché de se retrouver étalée sur le sol de son garage. Il se lève soudainement, conscient qu'il ne peut pas rester là à ne rien faire s'il ne veut pas se laisser submerger par ses idées lubriques. « on devrait aller vérifier d'ailleurs, tu dois avoir d'autres choses à faire que de traîner avec un inconnu » ouais, certainement. Lui, il ne se pose pas la question, parce qu'il sait très bien qu'il n'a rien de mieux à faire que de broyer du noir, mais elle, elle n'a pas l'air d'une dépressive, elle devait bien aller quelque part avant d'arriver chez lui.

fausto se lève abandonnant son fauteuil. c'est certainement la meilleure des solutions. une voiture les attends. Quand ils décident de retourner vers le garage, elle reste derrière lui, il peut sentir sa présence dans son dos. Dans le couloir, il a bien envie de se stopper, pour la forcer à lui rentrer dedans. Il a envie de sentir son buste se presser contre son dos, ses mains caresser son torse, son souffle contre son épaule. Il passe une main sur son visage pour reprendre ses esprits. Bordel, ça ne lui ressemble pas de penser ce genre de choses. Bon, il n'a pas eu l'occasion de toucher une femme depuis un moment, mais ce n'est pas une raison. C'est juste que cette gamine elle a quelque chose de particulier qui lui donne envie d'explorer son corps, de partir à la conquête de son épiderme. Il hausse les épaules quand elle ajoute que lui aussi doit avoir mieux à faire  « pas vraiment » qu'il lâche alors qu'il sent qu'elle le frôle, réveillant de nouveau ses sens. Il faut qu'il se calme. Qu'il pense à autre chose, sinon son trouble risque d'être bientôt visible. Au fond, ce n'est peut-être pas si mal qu'elle reste derrière lui. « venir où ? » il ne comprend pas, peut-être qu'il ne cherche pas à comprendre en réalité. Son cerveau est déconnecté. Le sang va finir par affluer ailleurs s'il continue à se laisser submerger par toutes ses idées pas très catholique. Il passe une main dans ses cheveux blonds. Il retrouve son garage et son élément. Il lui fait signe de le suivre et ferme le capot de la voiture. Ses doigts caressent la carrosserie. Il se demande si la gamine ne serait pas encore plus belle allongée là-dessus, la carrosserie contrastant avec la pâleur de sa peau. Il sert les dents.  Putain concentre-toi ailleurs il pose ses yeux sur elle « t'essayes de mettre le contact qu'on voit ce que ça donne ? » pour la première fois depuis qu'elle a tapé à sa porte, il lui offre un sourire, pas énorme, mais c'est déjà un bon début. Il s'en va ouvrir la portière et attend qu'elle s'installe avant de la refermer et s'appuyer contre la vitre ouverte pour observer la réaction de la voiture. À cette distance, il peut sentir son parfum et ça aurait tendance à le rendre dingue. C'est qu'il est sensible à ça, fausto. Son odeur est sucrée, fleuri, c'est frais et agréable, ça lui donnerait presque envie de goûter sa peau pour savoir si elle a le même goût. Il se mord la lèvre inférieure, ses dents s'accrochant à sa peau alors qu'il se perd dans la contemplation de sa nuque. il a l'impression qu'elle lui parle « heum qu'est-ce que tu disais ? J'avais l'esprit ailleurs » carrément ailleurs même, perdu au cours de son épiderme. Il se demande s'il va pouvoir penser à autre chose une fois qu'elle sera partie. Peut-être ferait-il mieux de céder, ne serait-ce que pour se débarrasser de cette envie qui l'obsède. Seulement, il n'est pas seul dans cette histoire et il n'oserait clairement pas s'approcher d'avantage de la gamine, parce que c'est qu'une gamine et que ça ne se fait pas. Il le sait. Alors il mord d'avantage sa lèvre pour s'enlever cette idée de la tête. « alors, elle tourne comme avant ? » parler mécanique, ouais, c'est peut-être la meilleure chose à faire

Au début, il pensait que retourner dans le garage serait une bonne idée. Ça aurait pu l'être, s'il ne s'était pas décidé à se rapprocher. Ce n'était même pas préméditer, à croire que c'est plus fort que lui. Il a besoin de s'approcher. De la sentir près de lui. Il aime son parfum. ET lui seul sait à quel point les odeurs sont importantes à ses yeux. Et il aime la sienne. Elle est sucrée, envoutante, entêtante et il a du mal à s'en détacher. Tellement qu'il n'arrive pas à se concentrer assez longtemps pour écouter ce qu'elle dit. Ce n'est pas vraiment poli, mais là tout de suite, il se fout plutôt de la politesse et si ça ne tenait qu'à lui, il l'aurait déjà attiré hors de la voiture pour parcourir son corps frêle de ses mains. Juste pour voir. Il soupire et sort de ses pensées alors qu'elle reprend la parole. Elle l'effleure. Il se mord l'intérieure de la joue, pour faire comme si de rien était. Il se demande si elle ne prend pas un malin plaisir à l'effleurer comme ça, pour lui donner envie d'en avoir plus ou peut-être juste pour le frustrer, qui sait. Elle lui parle d'être redevable et il détourne le regard, au risque de laisser ses pensées dévier une nouvelle fois trop loin. Il pourrait lui demander ce qu'il veut, mais il n'est pas comme ça. Ce n'est pas son genre, pourtant, ce n'est pas l'envie qui lui manque. Puis elle est si proche, qu'il peut sentir son souffle contre sa peau. Elle est trop proche, beaucoup trop proche. Il doit faire quelque chose. Son regard couleur océan se plonge dans le sien et l'espace d'un instant il en oublie tout le reste.

Puis finalement, il reprend contenance. Elle s'éloigne et sans vraiment y réfléchir, il ouvre une nouvelle fois la portière.  « tu veux me remercier ? » il laisse un silence planer, plein de sous-entendus. Elle pourrait le remercier de temps de façon différentes. Même ici dans ce garage. Sans gêne, il vient la soulever, pour la faire quitter le siège. Ce n'est pas vraiment difficile, elle est si légère. Il lui offre un grand sourire quand leurs regards se croisent. Elle est belle, même de près. C'est affolant, la gamine. Il la repose contre le bitume sans pour autant la relâcher. « laisse-moi faire un tour avec cette petite merveille »  il profite un peu de ce contact, elle est si proche de lui. Il peut sentir la chaleur de ce petit corps contre le sien et clairement, il adore ça. Seulement, il ne peut pas se laisser aller comme ça. Il s'éloigne donc, un peu à contre-coeur pour aller s'asseoir du côté conducteur, la portière toujours ouverte, il tourne la tête vers la jeune femme « tu vas t'asseoir à côté ou t'as l'intention de venir sur mes genoux ? » ce qui est censé être une boutade peut très bien passer pour une invitation au final. Ça ne le dérangerait pas tant que ça, si elle se décidait à venir contre lui, même si ça ne risque pas de l'aider à garder les idées claires.

Il cherche une diversion, quelque chose pour détourner son attention de la peau chaude de la gamine. Il la garderait bien contre lui plus longtemps. Ça fait tellement longtemps qu'il n'a pas touché une femme, qu'il n'a touché personne en réalité. Il se refuse tout contact physique. Seulement, avec elle, il y a quelque chose de différent. Quelque chose qui l'attire sans qu'il puisse y résister. Toutefois, il essaye de reprendre le contrôle et se détache de la gosse pour aller s'installer derrière le volant. Voilà quelque chose qu'il maîtrise déjà plus. Les voitures. Il adore ça. Il est plutôt déçu de voir qu'elle contourne la voiture pour venir s'asseoir côté passager. Bon, il se doutait bien qu'elle n'allait pas venir s'asseoir sur ses genoux, mais il pouvait bien rêver un peu. Il glisse ses doigts contre le volant alors qu'elle lui demande où ils vont « je ne sais pas encore, on verra bien où le vent nous emmène » le moteur ronronne alors qu'il fait marche arrière, il réfléchit à l'endroit où aller. Le soleil est entrain de baisser à l'horizon. Avec tout ça, il n'a pas capté que l'après-midi s'était évaporée. C'est qu'il a dû passer du temps à la réparer sa voiture. Peu importe. Il roule, laissant la route défiler sous les roues. Il reste silencieux, jetant parfois une oeillade à la gamine à côté de lui, se perdant sur ses cuisses avant de revenir sur la route. « on dirait qu'elle roule plutôt bien » il se sent obligé de briser ce silence, ça devenait trop lourd. Il fini par s'arrêter alors que le jour a fini sa course. La nuit tombe à son tour sur la ville qui s'illumine. Il s'est arrêté un peu à l'écart de l'effervescence de la ville. Il coupe le contact pour profiter du calme.  Il tourne enfin la tête vers la jeune femme « tu dois préférer les endroits plus mouvementés, à ton âge » encore une fois, il se sent obligé de marquer la différence qui les sépare « mais je n'aime pas vraiment ça et puis, il n'y a pas plus belle vue de la ville qu'ici. J'voulais partager » il n'est pas si égoïste que ça, Fausto quand on apprend à le connaître. Et puis, au moins ici, il n'a pas de raison de se séparer de la gamine. Il peut profiter de la vue, que ce soit celle de la ville que celle de la gamine. Il reste un moment derrière le volant avant de finalement quitter sa place pour sortir de la voiture. Il vient se poser contre le capot, chauffé par leur petit voyage«c'est beau, non ?» demande-t-il en désignant la vue. Il ne s'est pas foutu de la gamine, c'est vraiment la plus belle vue qu'on peut avoir sur la ville, au-dessus de tout, à l'abri du brouhaha du centre. Un petit coin de paradis.

Fausto n'a pas vraiment réfléchi, il s'est simplement laissé guider. Cet endroit, il l'aime particulièrement et depuis bien longtemps. Alors forcément, il a atterri là, en compagnie de la jolie étoile. Ça lui a paru totalement naturel de l'amener ici. Il ne sait pas encore pourquoi.  Il sort de la voiture, l'endroit paraît bien trop exigu une fois le moteur arrêté. Il n'y a pas assez d'espace qui le sépare de la gamine et il préfère fuir. Il va s'appuyer contre le capot de la voiture, s'offrant une jolie vue sur la ville. L'espace d'un instant, il en oublierait presque la présence de Stellina et ce n'est qu'à l'entente de sa voix qu'il se souvient. Il ne détourne pas la tête quand elle lui dit que c'est un bon choix, il se contente de sourire. Ça lui fait plaisir. Il sent le capot bouger quand elle s'installe dessus. Elle peut bien faire ce qu'elle veut, c'est sa voiture. Il perd une nouvelle fois son regard fans l'horizon. Le vent caresse sa nuque. C'est agréable et rafraichissant. Il hausse les épaules quand elle lui reparle de l'âge. Avant ça, il n'a jamais vraiment fait attention à l'âge des gens qui l'entourent. Sauf qu'avec la gamine c'est différent. C'est tellement flagrant qu'elle est plus jeune que lui. Tellement plus fragile. Il ne peut pas fermer les yeux cette fois-ci. Un frisson parcourt son dos quand il sent son souffle caresser son oreille. Elle lui demande qui il est. Il passe une main dans son cou, mais ne se recule pas pour autant. Une chaleur empli doucement son corps en la sentant contre lui, même dans son dos. « Je t'ai déjà dis qui je suis » la réponse est simple. Il ne voit pas trop quoi dire d'autre. Il a abandonné son identité quand Lamia l'a quitté. Il fini par tourner la tête, se retrouvant nez-à-nez face à la gamine. Ses orbes océanes se plongent dans les pupilles de miel de son vis-à-vis. Il se mord la lèvre l'espace d'un instant. « et toi, qui es-tu ? » une sorcière ? Une ensorceleuse ? Il n'a plus l'impression d'être le même depuis qu'il a ouvert cette porte. Le souffle chaud de la petite étoile caresse son visage. Il résiste, mais plus pour longtemps. Elle est trop proche et n'a pas l'air de vouloir se reculer. Ses yeux dérivent un instant sur ses lèvres avant de franchir les quelques centimètres qui les sépare encore. Il ne veut plus réfléchir, parce qu'il sait très bien que ça le forcerait à reculer et partir à toutes jambes. Une main glisse doucement dans la nuque de la jeune femme pour la garder contre lui, même si elle n'a pas l'air de vouloir partir, elle non plus. Peut-être qu'elle aussi à les idées qui s'embrouillent à cause de la proximité. Qui sait.