i won't give up on us
Mélancolie qui lui pèse sur la poitrine. Sentiment de vide qu'il ne parvient à combler. Détresse qu'il tente d'étouffer, sans succès. Sa fille est absente, chez sa soeur. Pour qu'il se repose, à-t-elle dit. Pour qu'il pense à autre chose, qu'il prenne soin de lui. Des conneries. Il n'a pas envie de prendre soin de lui, comme elle dit. Il n'y arrive pas. Il préfère se perdre parce que c'est tout ce dont il est digne de toute façon. Se perdre et abandonner comme l'homme qu'il est. C'est si facile de sombrer, plus facile que de se remettre sur ses pieds et de se battre. Sombrer, c'est laisser ses envies s'emparer du reste de lui même. Sombrer, c'est finir par quitter son domicile pour le Populus Romanus, comme à chaque fois que que l'occasion le permet. En y allant, il n'espère qu'une chose. Voir Antonia, serveuse aux courbes sensuelles et au sourire qui continue de le troubler. C'est si bon d'être à ses cotés, de se perdre dans son parfum. Une liaison qu'il tait, qu'il n'ose avouer. Parce que leurs familles ne sont pas faites pour s'entendre. Parce qu'elle est si jeune. Parce qu'il croque la le fruit interdit sans espoir du moindre pardon de la part d'une Vérone puritaine qui cache sous son tapis des luxures qu'il n'oserait nommer. Une ville hypocrite dans laquelle il se complait et qu'il n'oserait quitter. Il appartient à son vice, à sa force. Il respire ses erreurs et ses cauchemars. Il ne vaut pas mieux qu'un autre, Francisco. Il le sait bien. Il s'est laissé avaler parce la haine de la citée italienne et ne vit plus que dans sa soif d'excès. Entrer dans ce bar, c'est succomber au péché. Poser les yeux sur la peau pâle de la jeune Sorabella, c'est tomber dans le piège du Diable. Elle est si belle, Antonia. Avec ses yeux de biche et sa bouche mutine. Bouche qu'il a envie d'embrasser avec une violence qui ne lui ressemble pas. Passion destructrice, obsession nouvelle. Elle efface le reste, elle s'impose sur le tableau. Francisco n'a jamais été comme ça par le passé. Il n'a jamais autant senti son corps vibrer d'un appetit nouveau qui vient le noyer dans une mer de sensations délicieuses. Toni, c'est l'impression qu'il est jeune à nouveau, qu'il peut décrocher la lune du bous de ses doigts. Pas de l'amour non, plus ce sentiment éreintant. Autre chose. Un désir qu'il ne parvient à nommer. Une impression d'avoir trouvé une part de lui même encore inconnue jusque là. Bashert. Il s'assoit au comptoir en la dévorant des yeux, distrait alors que les quelques habitués le saluent. À force, il a fini par faire parti des murs. Il attend qu'elle vienne vers lui, l'esprit encore ailleurs. Dans son lit, partagé quelques instant la nuit passée. Une douce chaleur dans son corps. Il fini par lui sourire lorsqu'elle s'approche, enfin. Il voudrait toucher sa peau douce mais il se retient. Pas en public, jamais. Ils se l'ont interdit. Et ça l'énerve, mais c'est comme ça. “Tu finis à quelle heure ?” Direct. Impatient. En manque. Déjà ivre de sa présence.

francisco & antonia
Les verres qui s'entrechoquent. Les rires qui résonnent. Un brouhaha monstre. Tellement que tu en avais mal à la tête. Tu voulais qu'ils se taisent. Tous. Tu ne parvenais à rien. Tes gestes mécaniques, tu ne réfléchissais même plus. Tu n'y arrivais pas. Tout ce bruit remplissait tes pensées. Encore et toujours des rires. Pourquoi? Pourquoi étaient-ils heureux alors que toi, tu étais misérable. Toi qui n'arrivait même pas à sourire. Injustice. Tu n'avais rien fait pour mériter un tel traitement. Innocente jusque là, tu avais été soudainement frappée par la punission divine. La pire qu'elle soit. Perdre son tout. Et depuis, tu essayais d'oublier. De guérir. Guérir d'une blessure qui saignait encore. Pourtant, il y a lui. Lui qui semblait pouvoir cicatriser tes plaies. Lui qui venait d'apparaître dans ton champ de vision. Et l'espace de quelques secondes. Tu oubliais. Tu respirais. Tout ce poids envolé. Cette tristesse évaporée. Bashert. Tu te retournais alors. Les yeux fermés, tu inspirais un grand coup. Tes tremblements s’arrêtèrent. Il n'avait fallu qu'un regard pour qu'il éveille en toi des émotions oubliés. Sensations nouvelles. Les souvenirs de la veille ressurgirent. Tu pouvais encore sentir ses doigts sur ta peau. Ses lèvres. Son corps contre le tient. Un nouveau frisson. Et une gorgée. Tu essayais d'oublier. De te contenir. Pas ici. Jamais à la vue des autres. Promesses tenues jusque là. Et puis, sa voix. À nouveau, tu te retrouvais submergée par ces émotions. Trop. Tu te sentais étouffée. Alors, tu t'éloignais, sans même prendre la peine de lui répondre. Sans même jeter un dernier regard. Tu ne devais pas.

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Il se surprend à être impatient de revoir le corps tant serré. Voilà longtemps qu'il n'avait plus ressenti ce besoin d'être avec quelqu'un. Un quelqu'un à enlacer, à embrasser, un quelqu'un pour se perdre. Encore blessé d'un mariage terminé dans le sang, sa confiance réduite à néant alors qu'on l'abandonnait dans un mot. Il avait fini par faire un trait sur l'idée d'une quelconque relation. Jusqu'à ce baiser échangé avec Antonia quelques semaines plus tôt, privé, interdit. Une révélation, comme un nouveau souffle d'air dans son corps asphyxié. Une gamine croisée des centaines de fois, ignorée, et puis d'un coup une femme. Perturbante parce qu'inattendue. Et magnifique. Il a fini par ne plus résister, il a fini par laisser tomber ses dernières barrières et par sombrer. Une idée exécrable qu'il n'arrive pas à regretter alors que son regard est posé sur elle. Elle semble triste, c'est indéniable. Francisco n'est pas fou, il sait. Il sait l'histoire de l'Armani qui lui était promit et de la fin de leur amour. Parfois, l'homme s'en veut de profiter d'une situation qui l'attriste. Après tout, le gamin était le cousin de Paolo, une personne qu'il connaissait. Oui, il aurait du se retenir de revenir vers elle, d'insister. Mais il n'a pas pu. Il n'a fait que penser à lui et à l'envie qui le dévorait. Il continue son manège d'égoïste en se montrant là, sur son lieu de travail. Il n'arrive pas à se raisonner quand il s'agit d'elle. Il lui parle, il lui dit des mots d'une banalité sourde alors qu'autour les gens vivent. Mais ses mots ne semblent jamais parvenir jusqu'à l'oreille de la jeune femme qui s'éloigne. Le temps s'arrête et Francisco n'entend plus les corps qui s'agitent. Il ne voit plus le brouhaha alentour. Ce qui compte, c'est Antonia qui l'ignore. Vexant, le geste. Troublante, l'attitude. Blessant, le silence. Alors il attend, il remercie distraitement l'homme qui vient lui apporter une bière et il fixe la brune. Dieu qu'il aimerait la prendre dans ces bras à cet instant. Il réagi toujours de la même façon lorsqu'il l'a voit. Son sérieux s'en va, sa raison s'échappe. Il perd le contrôle. Il se lève et vient se mettre non loin de son nouveau point de chute. “J'ai fais quelque chose de mal ?” Qu'il lui demande, espérant une réponse négative. Mais l'espoir ne sert à rien, il sait déjà qu'il est foutu.

francisco & antonia
Tu avais essayé. Tu avais espéré. De t'en sortir toute seule. Et tu avais échoué. Lamentablement. Tu t'étais perdue en cours de route. Plongée dans les méandres de l'alcool. Doux poison qui te faisait perdre la raison. Un peu plus chaque jour. Puis, il est arrivé dans ta vie. Souvenir du passé, garçon oublié. Il était réapparut comme une lueur d'espoir. Une promesse d'un avenir meilleur. Deux coeurs brisés, recollés ensemble. Tu n'osais pourtant. L'amour. Tu t'étais déjà trop donnée. Toute ta personne. Tu n'avais plus rien à lui donner, si ce n'est cette enveloppe charnelle. Coquille vide d'âme. Tu ne t'attendais pas à recevoir plus de sa part. Tu savais qui il était. Tu connaissais son histoire. Tout comme il connaissait la tienne. Un Borgia. Une Sorabella. Cette impression que l'histoire se répétait. Mais les rôles étaient différents. Tu n'étais plus Juliette, comme il n'était pas ton Roméo. Roméo est parti, laissant sa Juliette seule à affronter ses démons. Et elle s'était perdue. Retrouvée par un autre. Redécouverte. Pourtant, tu n'osais l'affronter. Peur irrationnelle de perdre à nouveau. De souffrir une seconde fois. Une fois de trop. Alors, tu ignorais son existence. Tu retrouvais la raison. Ton travail. Un travail que tu t'étais trouvé pour ne pas te retrouver seule avec tes pensées. Pour essayer de vivre à nouveau normalement. Tu l'oubliais pour te concentrer sur d'autres. Des réguliers et des nouveaux. Plus souvent de nouvelles têtes. Surtout des étrangers. Tu avais partagé des nuits avec les visiteurs d'ailleurs. C'était plus simple. Pas d'engagement. Pas de promesse non plus. Pas de lendemain. Avec Francisco, il y avait un lendemain. Et ça te donnait envie d'espérer. Sa voix ressurgit à nouveau, dans ton dos cette fois-ci. Il s'accuse d'une erreur inexistante. À ses mots, tu ressens le regret. Regret de l'avoir ignoré. Et cette envie surtout. De t'oublier dans ses bras, à nouveau. Mais tu te contenais. Avec violence. Tu te retournais. « Non, je n'ai juste pas envie de te voir. » Mensonge. Pour qu'il s'éloigne de toi. Tu en avais déjà tué un. L'autre ne méritait pas la même sentence.

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Francisco ne comprend pas. Un peu plus et il croirait qu'elle le fuit. Comme si soudainement il était devenu un poids, un déchet dont la femme ne veut plus. Non, il doit se faire des films. C'est juste impossible qu'Antonia se mette à le détester, comme ça, subitement. Pas explicable. Pas après la nuit passée. Une nuit plus tendre, plus douce. Différente. Il reste là, perplexe, à regarder son verre en essayant de se refaire le film de la soirée passée. Il n'a rien fait de mal. Arrivée discrète pour ne pas se faire remarquer des voisins, caresses tendres, départ dans la nuit -comme elle le lui a demandé plusieurs fois. Il a obéit à ses règles tant bien que mal, malgré des envies parfois différentes. Malgré un désir parfois trop fort. Il a tout fait comme il le faudrait. Mais non, voilà qu'elle fuit. Et ça le blesse, Francisco, quand bien même il n'en montrerait rien. Il s'attache dangereusement. Il s'habitue trop vite. Il se met à avoir de l'affection, de la tendresse. À vouloir plus. Et Ça lui fait peur, une peur silencieuse qui lui tord le bide. On fini toujours par le quitter de toute façon. Plus il aime, et plus la douleur est grande. Il n'a pas envie d'aimer. Il n'a pas envie d'avoir mal. Mais les yeux d'Antonia l'appellent et il la rejoint, un peu plus loin. Il lui demande ce qu'il se passe. Il parle doucement, histoire de ne pas la brusquer. De ne pas la fâcher. De ne pas la faire fuir, encore. Et puis là, elle parle enfin. Elle l'envoi chier, sans même prendre le temps d'être douce. Une gifle que le brun ne comprend pas. Un instant il fait un mouvement, comme pour la toucher. Mais il se retient. Ils n'ont pas le droit de se montrer en public. Ils n'ont pas le droit d'être ensemble. Elle ne leur en donne pas le droit. “Attends, quoi ?” Il fronce les sourcils. “On peut parler ailleurs, au calme ?” Il n'a pas envie de se montrer en spectacle. Il n'a pas envie de se faire larguer en public. Mais la vérité, c'est qu'il ne sait même pas si ils sont ensemble ou non. “... Ou tu préfères qu'on fasse ça là ?” Qu'il fini par dire, fausse menace d'homme sanguin.

francisco & antonia
T'étais loin de lui. Trop loin. Mais tu pouvais pas t'approcher. Tu voulais pas donner raison à ces émotions qui te submergeaient. Qui te bouffaient totalement. Tu devais rester sous contrôle. Et l'ignorer t'aidait. Ça t'aidait même si tu sentais ce vide. Vide qui ne pouvait être comblé que par sa présence. Depuis que tu l'avais vu, le mois dernier. Depuis qu'il s'était emparé de tes lèvres pour la première fois. Depuis que tu t'étais offerte à lui. Mais tu portais malheur. Ton amour. Ton affection. Un poison, qui allait le tuer à petit feu. Tu le savais. Il le méritait pas. Personne ne le méritait. Alors, tu préférais être seule. T'éteindre seule. Alors que t'avais vu la lumière avec une autre. Tu le rejetais tout comme tu la rejetais. Parce que t'allais finir par les détruire. Une seule suffisait. Regard d'incompréhension. Souvenirs ressassés. Il voulait comprendre. Une veille remplie de tendresse. Un lendemain similaire au froid sibérien. N'importe qui pourrait être perturbé. Toi aussi. Mais tu ne devais pas céder. T'allais pas lui en donner l'occasion. Et il n'oserait pas te faire une scène ici. Pas en public. Jamais. Sinon, tu ne le pardonnerais pas. Mais peut-être que, justement, s'il le faisait, ça t'aiderait à te libérer de cette emprise qu'il avait sur toi? De toutes ces sensations qui surgissaient? Peut-être. Mais tu ne t'y risquais pas. Les rumeurs courent trop vite ici. Surtout au sein de vos familles. La vie des privilégiés de Verone. Une guerre sans merci. Telle la tragédie de Shakespeare. Tableau déjà peint à travers des mots. « Il n'y a rien à dire, laisse moi tranquille. J'essaie de travailler. » Ces sifflements sortis d'entre tes lèvres. Regard froid. Posture fermée. Tu ne le laisserais pas t'atteindre. Il allait te remercier. Un jour. Il comprendra. Il le devait. Et à nouveau, tu mettais de la distance entre vous. Cette distance qui pourtant, te serrait le coeur. Tes tripes. Tu retournais à tes occupations. Sourire aux lèvres. À l'écoute de ceux qui voulaient. Imperturbable. Et sans aucun regard sur lui.

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Il ne comprend pas cette soudaine fuite d'Antonia. Il sait que ce n'est pas le lieu pour se montrer ensemble mais enfin, elle n'a jamais refusé jusqu'à là de lui adresser la parole dans ce bar. C'est même ici qu'ils ont commencé à discuter, à faire connaissance. À sombrer. Bordel, Francisco voudrait la prendre dans ses bras. Sa peau, son odeur, ses lèvres, tout lui manque. Déjà. Ça le surprend, ça lui fait peur. Plus leur histoire avance et plus l'impatience règne. Moins il n'accepte le temps entre deux rencontres. Moins il s'habitue au refus potentiel d'une Toni qui ne refuse pas. Enfin qui ne refusait pas. Elle est distante, elle est ailleurs. Elle évite jusqu'à son regard l'italienne au caractère de feu, et ça fini par l'agacer. Il évite les mouvements brusques, les mots sortis trop hauts. Mais ses doigts ne peuvent s'empêcher de taper sur le comptoir du bar qui sépare leurs deux corps. Son verre, il ne l'a même pas touché. Il essaye de faire bonne figure pour ne pas que les autres habitués le remarquent, mais il est nerveux. Il n'aime pas le jeu que jour la jeune femme. Un jeu dangereux du chat et de la souris qui le transforme en prédateur insupportable. Le genre dont on se débarrasse dans les larmes et le sang. Et voilà qu'elle le rembarre, qu'elle lui dit de la laisser tranquille. Un coup dans l'estomac. Il perd son sourire habituel, son regard se fait sombre. Il attrape son verre, et part s'asseoir dans la salle, amer. Les doigts enroulées autour du verre qui perle doucereusement. De là, il l'observe. Non, il la fixe. Une présence qu'il espère pesante. Lui ça le tue de ne pas pouvoir dire quoi que ce soit. Une marionnette obéissante, qui reste dans l'ombre. Il la fixe, il l'admire. Il a le coeur qui fait des bonds. Doucement, il commence à boire le liquide ambré, à laisser l'alcool s'inviter dans son corps. Si il faut qu'il reste là toute la soirée à boire comme un trou pour qu'elle le regarde alors soit. Il refuse de partir sans savoir la vérité.

francisco & antonia
Ton regard. Ton sourire. Destinés aux occupants du bar. Pourtant, ta tête était ailleurs. Tes pensées étaient tournés vers lui. Lui qui s'était éloigné. Lui qui avait pris place à une table plus loin. Lui qui ne cessait de te regarder. Tu sentais ses yeux sur toi. Te percer à travers tout ton corps. Chacun de tes gestes étaient analysés. Tu en ressentais des frissons dans le dos. Tu essayais de ne pas y prêter attention. Impossible. Pendant de nombreuses minutes, tu te retenais. Et tu n'avais pas encore cédé. Tu savais que si tu croisais son regard, tu serais perdue. T'aurais plus la force de te tenir loin de lui. Alors, tu te retenais de toutes tes forces. Tu te concentrais sur les commandes. Sur les boissons. Sur la préparation des cocktails. Percy n'était pas de service ce soir. Dommage. Tu étais certaine qu'elle aurait pu te distraire. Elle aurait pu te changer les idées. Peut-être. Ou peut-être pas. Moment de distraction. On te rappelait à l'ordre. Tu enchaînais tes actions. Toujours la même chose. Gestes mécaniques. Tu ne voyais pas le temps passé, occupée par la foule. Le bar ne cessait de se remplir. De touristes. De Veronais. Et puis enfin, le calme. Rush terminé. Tu étais fatiguée. Un coup d'oeil à travers la salle. Il était toujours là. Un soupire. Pourquoi? Pourquoi était-il resté? Pourquoi ne voulait-il pas comprendre. Tu passais une main dans tes cheveux. Il fallait qu'il s'en aille. Pourtant... Tu étais fatiguée. Tournée vers un collègue, tu échangeais quelques mots. T'avais besoin d'une pose. Elle te fut accordée. Tu contournais alors le bar. Porte arrière. Celle du staff. Un regard sur lui. Tu sortais finalement du bar. L'air frais sur ton visage. Tu t'adossais contre un mur. Les yeux fermés, tu respirais. Plus sereine.

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Le temps semble s'effriter au fur et à mesure que les minutes passent, se transformant en heures qu'il occupe à ruminer. Au fond, qu'est-ce qu'une soirée de plus à se perdre dans les méandres d'un excès qui l'habite ? Il ne comprend pas ce qu'il lui prend. Elle se fait distante, dure. Ailleurs. Et plus les verres passent et plus l'incompréhension devient colère. Alors quoi, n'est-il qu'un bout de viande que l'on utilise et que l'on jette ? Une sensation passagère qui démange après coup ? Voilà que l'histoire se répète à nouveau. Et Francisco déteste ça. Toujours abandonné sans raison, sans un mot. Toujours laissé de coté par des yeux bruns ravageurs. Il ne sort pas de son modèle de tentatrices qui viennent le désabuser jusqu'au fond de son coeur. Leonora. Tilde. Et Antonia. Des pièges dans lesquels il tombe les pieds joints. Comme pour suivre un lapin blanc immaculé, qui se transforme au fil du voyage en reine de coeur aux crocs acérés. Il pourrait être chez lui, sa fille doucement endormie à ses cotés, à se perdre dans des pensées plus saines. Il pourrait se guérir de ce mal qui le ronge depuis des mois. Mais non. Antonia est devenu un cauchemar dans lequel il s'emprisonne, se délecte. Perdu dans une passion destructrice qui l'obsède. On pourrait croire à un fou là, assit à sa table, observant aux alentours. Il se ferait peur lui même en vérité. Et puis, soudain, la lassitude. Il perd le nord. Il devient dingue. Ses yeux la quittent et le verre devant lui fini par le dégouter. Il est déjà vaseux, il résiste pourtant. À force d'enchainer les soirées noires il a fini par apprendre à le contrôler. La colère a laissé place à une tristesse étrange. Comme un dégout de soi. Sans faire attention au départ de la brune il se lève d'un bond, faisant se retourner quelques touristes surprit du bruit soudain de la chaise raclant le sol. Il balance quelques billets sur sa table et quitte l'endroit. Un furie qui, arrivée dehors, se fait surprendre par le temps encore chaud de la soirée Véronaise. Un corps qui décide de rentrer chez lui comme il est venu, à pied. Il longe le bâtiment, prêt à ne plus jamais adressé la parole à son addiction sensuelle. Mais voilà, son oeil la capte là, dans la rue adjacente. Un moment il hésite. Ce serait une connerie d'aller la voir. De franchir la ligne de son consentement. Mais Francisco n'est pas le genre de type bien qui accepte le non. Francisco, il n'accepte rien de personne. Quelques pas seulement, juste une maigre distance... “Alors quoi, c'est fini ?” Il reste loin, il ne veut pas l'effrayer. Il ne veut pas se faire détester pour de bon. Il ne peut pas partir pourtant. Une moule accrochée à son rocher. Un addict en manque de crack. Un déchet. “T'es de ce genre, Sorabella ? Qui utilise puis qui jette ?”

francisco & antonia
Verone. La belle Verone. Cette ville qui t'avait vu naître. Qui t'avait vu grandir. Tu t'étais promise de la quitter. Quitter ta famille pour te faire un nom autre part. Pour te faire connaître du monde entier. Découvrir les horizons. Tu l'avais quittée pendant une longue année. Escapade dans d'autres contrées. Puis, Milan t'avait accueilli en son sein pendant tes années universitaires. Tu t'étais décidée à rester dans la ville de la mode. Mais tu étais revenue. Parce que Verone. Et surtout parce que tu avais trop de souvenir de lui. À Milan. Verone était ton passé, et sans doute ton futur. Parce que tu l'avais revu lui. Ici. Francisco. Qui avait réussi à te faire revivre l'espace de quelques nuits. Son regard. Sa présence. Son corps. Tu aurais pu guérir dans ses bras. Mais cette relation n'était qu'éphémère. Elle n'était pas faite pour durer. Relation physique. Sans véritable lendemain. Impossible. Ton coeur était mort. Éteint avec ton amour. Tu ne pouvais rien lui donner. Rien promettre. Il avait souffert. Comme tu avais souffert. Alors, tu avais décidé d'arrêter. Mieux vaut arrêter tout maintenant, au risque de se brûler totalement les ailes plus tard. Tant pis s'il te détestait. Il le fallait. Tu devais le laisser. Le libérer. Ce mois ensemble t'avait suffi. Ces quelques nuits dans ses bras avaient été comme de l'eau fraîche. Eau revivifiante. Tu devais arrêter d'être égoïste. Pourtant, sa voix. Tu rouvrais les yeux. Il était là. Plus loin. Comme s'il avait peur de t'approcher. De te toucher. Sa voix. Tu pouvais ressentir toute sa colère. Mais aussi, peut-être, une pointe de détresse? C'était fini? Est-ce qu'il y avait eu un réel début entre vous? Puis ton nom, craché avec colère. Poigne au coeur. Toi qui pensait ne plus ressentir. Pourtant. Tu venais de ressentir le contraire. « Tu ne le savais pas? Ma réputation me précède pourtant. » Oui, depuis ton retour. Depuis que tu l'avais perdu. On t'avait compté des amants. Par dizaine. Tu te perdais dans les bras du premier venu, pour essayer de ressentir quelque chose. Peine perdue. Jusqu'à ce que tu tombes dans son étreinte. À lui. Mais ces mots. Prononcés avec indifférence. Plus vite c'était fini, moins vous souffrirez. Tous les deux.

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Il n'en peut plus de ce jeu du chat et de la souris que la brune lui propose. Un piège dans lequel il est tombé par dépit peut-être, pas envie, par bêtise surtout. Une situation à laquelle il s'est habitué et qu'il ne veut plus fuir. C'est pas raisonnable et c'est pas bon pour lui mais ce qu'il se sent bien lorsqu'il est dans ses bras, avec elle. Comme vivant à nouveau. Il a vécu le grand amour, la vie de famille et les rêves à deux. Et puis tout c'est effondré. Disparue sans laisser de trace, la femme parfaite. Envolé le rêve de second bébé. Plus rien que du désespoir et de la solitude. Alors il avait attendu, en vain, que la douleur parte. Essayé l'alcool, l'excès, la gourmandise pour oublié. Et puis voilà qu'elle était arrivée. Et qu'elle repart, tout aussi vite. Boomerang inversé qui n'a pas voulu rester plus longtemps. Ce refus il le prend comme une fin. Parce qu'il ne sait pas ce qu'il pourrait être d'autre. Une fin qui l'emmerde. Qui pourtant pourrait le sauver. Mais ça, il refuse de l'entendre. Comme une obsession, un toc dont il ne parvient à se défaire. Antonia est un souffle d'air pur dans sa tête fatiguée. Un visage qu'il admire jusque dans ses rêves les plus lointains. Il ne sait pas ce que c'est, le garçon. Juste que c'est fort et extreme et douloureux. Une addiction dont il n'arrive à se défaire. Et voilà qu'elle est là, si belle dans la pénombre. Un désir personnifié pour un homme sans vie. Flamme qui lui brûle la peau. Tentatrice aux yeux de charbon. “Fais ce que tu veux de ta vie j'en ai rien à foutre.” Menteur. “Utilise le monde comme t'en as envie, j'en ai rien à foutre.” Menteur. “Mais n'essaye pas d'être cette personne que tu n'es pas, Antonia. Ça te va foutrement mal de jouer la salope.” Les mots sont durs comme sa colère, comme son désarroi. Comme le son de ses pas sur le goudron sombre alors qu'il s'en va, qu'il se casse. Épuisé. Mais étrangement plus léger. Et la courte entrevue repasse encore et encore dans son cerveau embrumé alors que son coeur se met à battre plus fort sans raison. Abimé.