Please don't make any sudden moves
armani

réunion de famille. réunion de crise. un mélange des deux. une angoisse qui te bouffe de l’intérieur. tu rejoins la maison familiale sans conviction, sans envie. tu as l’impression de partir à la morgue. tu sais déjà que tu vas être le centre d’attention. le nuage dans le ciel bleu des armani. le grain de sable qui embête les affaires familiales. ton prénom qui fait la une depuis quelques jours. les journaux de Vérone, de l’Italie toute entière. papier, télévision, internet. tu es partout. ton visage placardé juste à côté du mot « meurtre ». forcément que ça n’allait pas faire plaisir à papa armani. l’héritier de l’empire familial qui se retrouve dans un scandale ? il n’en veut pas de cette publicité-là. ton paternel t’a bien expliqué que tu devais gérer ton image. tu ne peux pas te permettre d’avoir une mauvaise image. tu dois être responsable et être pris au sérieux par les investisseurs et les employés. mais toi, tu te retrouves suspect dans une affaire en cours. le meurtre du plus jeune sorabella. tu n’as rien à voir là-dedans, tu n’es pas coupable. mais tu n’es même pas sûr que ton père te croit. il te pense capable de tout, surtout dans cette haine envers les sorabella. alors tu rentres dans la maison familiale et tu es prêt à accepter les critiques, les reproches, les cris. tu envisages même une gifle. oui c’est fort probable que tu repartes avec la joue rouge. le salon est calme. tes parents sont assis sur le canapé. ton père, un verre de whisky à la main. ta mère qui semble à deux doigts de pleurer. la pauvre. si elle pouvait revenir dans le temps, elle ne signerait pas les papiers d’adoption, c’est quasiment sûr. « assis toi. on attend le reste de la famille. » un ton ferme. ton père ne te regarde même pas dans les yeux. honte, colère. « ravi de te voir aussi papa. tu es un vrai rayon de soleil aujourd'hui ! » un faux sourire se dessine sur tes lèvres. tu ne peux pas t’en empêcher. tu ne peux pas le laisser gagner. il faut forcément que tu ouvres ta bouche et que tu fasses une remarque. « ne fais pas le malin avec moi, ezio. tu t’assois et tu te tais. tu as déjà créé suffisamment de problèmes. » les yeux de ton paternel qui daignent se poser sur toi. enfin un peu d’attention. il te fusille du regard. tu le fatigues. tu l’épuises. il meurt à petits feux d’un cancer et toi, tu l’abats à coup de massue avec tes conneries. alors tu t’assois et tu te tais. tu attends le reste de la famille. tu ne sais pas vraiment qui a été invité mais connaissant tes parents, toutes les branches de la famille ont été invité. ce soir, tu vas avoir le droit à ton procès. et le plus drôle dans tout ça c’est que personne ne risque d’être de ton côté… courage ezio, t’es habitué maintenant.

ACIDBRAIN

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armani

T’avais été surprise de recevoir le message sur ton téléphone. T’étais au courant de tout ce qui se passait en ville, et puis, tu bossais à l’hôpital, les ragots sur la mort du Sorabella avaient vite fait le tour de ton service. On avait cherché à te cacher des choses tout ça parce que tu t’appelais Armani et que t’étais soi disant, l’ennemi. T’avais rapidement remis les choses au clair en leur rappelant que ça faisait dix ans que t’étais pas venue à Vérone. Pas certaine que ça avait calmé les regards indiscrets vers toi. T’es perdue, tu ne comprends pas ce qui se passe. T’as pas compris l’histoire de ce meurtre mais t’as l’impression d’être dans un vieux téléfilm italien. Mais non, là, c’est purement et simplement la réalité qui te rattrape à nouveau. La famille Armani, de nouveau en plein scandale. Parce qu’après tout, toi aussi t’en as fait une bonne en te ramenant dix ans plus tard avec un gamin. T’as préféré demander à Ida de rester à la maison avec Roméo. T’as pas envie qu’il traine dans des évènements pareils qui le dépassent. Il lui faut un cadre, ce n’est pas le bon choix que de l’emmener à une première réunion familiale. Même si, toi à son âge, t’en avais déjà vu plusieurs.  

Tu soupires quand tu ouvres la porte de chez ton oncle. Il ne t’a pas vraiment pardonné d’avoir fait un bébé dans le dos de la famille, mais il sait détendu quand tu lui as dit que c’était un français rencontré pendant ses vacances. Tu ne pouvais pas foutre Jago dans la merde comme ça. Et puis t’avais rien demandé. La querelle entre les deux familles ne te concernait pas. Du moins, t’aurais aimé que tout ça ne te concerne pas. Tu les salues rapidement en remarquant la mine inquiète sur le visage de ta tante. T’es désolée pour elle mais tu files dans la cuisine, chercher un café. Tu sais bien que tu vas en avoir besoin. Quelques minutes passent et t’ose pas revenir dans le salon. T’as peur des questions qu’ils pourraient te poser. Ce n’est pas de leur faute, au moins ils font l’effort de s’intéresser à ton garçon. Tu ne veux juste pas qu’ils posent des questions autour du père. Tu sais qu’autrement, un jour, tu vas craquer et que tout va encore exploser à la gueule des Armani.

La porte claque. T’entends la voix d’Ezio inondée la maison. Tu soupires. Bien sûr, il sait foutu dans une sacrée merde, mais tu le sais, lui c’est un innocent. Il ne ferait pas de mal à une mouche. Enfin, si peut-être, mais il tuerait personne. Tu ne crois pas que c’est possible. T’es certaine que c’est pas possible. Tu bois ton café et puis tu les rejoins dans le salon. Le père et le fils se défient du regard. Tu soupires, lassée par cette guerre au sein même de ta famille. « Vous pouvez pas juste faire un effort ? Histoire qu’on règle ça rapidement au clair ? » T’as l’impression de sermonnée deux gamins, mais t’as l’habitude. Entre ton oncle et ton cousin ça n’a jamais été l’amour fou. C’est l’amour à l’italienne. L’amour qu’on cache, et qu’on brûle. Qu’on fait dissoudre. Tu poses une main sur l’épaule de ton cousin, histoire qu’il comprenne que tu le soutiennes. T’es convaincue qu’il est innocent. Y a pas de doutes possibles. « Tu veux boire un truc ? »

ACIDBRAIN

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T'as été convoquée par la plus haute autorité Armani, ton oncle tyrannique, qui s'affole de la moindre contrariété ou contre-temps. Et quel contre-temps, cette fois-ci. Un Sorabella décédé, retrouvé dans une rue sombre au petit matin, après la fête de la musique jugée réussie car aucune esclandre n'ayant eue lieue. Tu sais qu'au fond ton cher tonton jubile, mais c'est une tâche sur votre réputation car immédiatement vous êtes soupçonnés, et immédiatement Ezio a été convoqué au commissariat. C'est pas bon pour votre image, c'est pas bon pour votre réputation, c'est pas bon pour les affaires, donc c'est pas bon pour le chef des Armani. Alors te voilà à entrer dans cette immense maison, habillée de façon un tant soit peu respectable, une bonne bouteille de vin dans la main de la part de ta mère qui n'a pas pu venir, la chanceuse. Tu représentes donc ta branche de la famille, et tu sais que t'es pas la meilleure pour ce rôle, tu sais qu'à la fin de cette réunion tu auras offensé tonton Armani au moins deux fois. Tout ça t'ennuie d'avance, tu vas devoir t'asseoir et écouter des reproches pleuvoir sur ton pauvre cousin qui n'a rien demandé, des recommandations sur le comportement à adopter dans les prochains jours, des paroles toutes faîtes à lâcher aux journalistes, ça va être horriblement long. T'inspires un grand coup, tu colles un sourire sur tes lèvres, et t'entres dans l'Enfer.

Tu débarques dans le salon, tu poses ta bouteille dans les mains de ton oncle, tu claques un bisou sur la joue de ta tante. "Maman n'a pas pu venir, elle est malade, elle vous transmet ses excuses et ses encouragements pour ce qui va se dérouler." Tu récites ce qu'elle t'a demandé de dire, un sourire poli pour donner l'illusion que t'as pas envie de partir en courant. Tu veux pas faire plus d'efforts envers eux, alors tu te tournes vers les deux autres personnes présentes dans la pièce. Ton cousin et ta cousine, le premier que tu vois très souvent, et la deuxième que t'as pas vu depuis dix ans, et dont t'as presque aucun souvenirs. "Bonjour Julia, comment allez-vous, Roméo et toi ?" T'as été surprise d'apprendre qu'elle avait un fils, qu'elle est revenue d'un coup comme mère alors qu'elle est partie comme une jeune fille innocente. Mais malgré les tensions qui planaient au dessus d'eux deux, tu voulais pas que le petit garçon paie pour la peur que ta cousine a eu de revenir ici. Tu t'affales dans un fauteuil près d'Ezio. "T'as un certain talent pour t'empêtrer dans des situations compliquées, cousin." Tu croises les jambes, et t'attends que le reste de la famille arrive pour que le spectacle commence.

© ACIDBRAIN