J'ai besoin d'une pause. C'est la fin de l'année, les examens sont passés et mon frère est trop occupé pour sortir avec moi. J'ai envoyé un sms à Greta or, il semblerait qu'elle soit également prise. A croire que tout le monde à quelque chose de prévu ce soir, sauf moi. Je suis tranquillement installée dans mon lit, écouteurs dans les oreilles, balançant ma tête de gauche à droite et mes jambes d'avant en arrière. Affalée, je m'empiffre de bonbons Haribo depuis une demi-heure déjà. Non, je ne peux pas rester seule un soir de week-end. Je prends le temps de réfléchir à ce que je veux vraiment et puis finalement, je coupe ma musique pour me lever d'un bond. Je m'admire dans le miroir, tourne sur moi-même avant de grimacer légèrement. Si je veux sortir, va falloir que je me change parce qu'un simple jean et un débardeur uni, c'est pas terrible terrible pour plaire et rentrer où on veut. Je file donc vers mon dressing et j'enfile au moins dix tenues avant d'opter pour une petite robe en dentelle blanche, dos nu, légèrement col en V. Je regarde plusieurs fois avant d'hocher la tête positivement. Ça fera l'affaire pour ce soir ! Je passe ensuite par la salle de bain pour me maquiller et détacher mes cheveux. Je décide de les laisser au naturel c'est-à-dire légèrement ondulés. J'ajoute une touche de rouge à lèvres avant d'attraper mon sac et des escarpins noirs.
Je ne vais tout de même pas aller en boîte toute seule. Non, c'est pas vraiment le bon plan ça. Du coup inutile de dire où je décide d'aller. Il n'y a qu'un bar que je fréquente en ce moment. Non seulement parce que c'est le meilleur de tout Vérone mais aussi parce que Andrea travaille là-bas mais ça, je le garde pour moi. Même lui ne le sait pas enfin, je ne lui ai jamais dit de cette façon. Je ne voudrais pas qu'il prenne la grosse tête. C'est tout à fait son genre en plus. Je m'y rends donc à pieds parce que ce n'est pas super loin de chez moi mais surtout parce que je serais incapable de reprendre le volant si jamais je buvais quelques verres. Et c'est finalement ce que je fais. Je m'installe au comptoir, j'adresse un léger sourire à Andrea malgré moi et je commande un verre. Il n'y a pas mal de monde et j'attends sagement que la fin de son service arrive pour qu'on puisse passer un peu de temps ensemble. En attendant, je profite du lien et des quelques personnes que je connais et qui sont présentes sur les lieux. On parle vite fait mais, chacun finit par vaguer à ses propres occupations. A part moi. Moi qui reste au comptoir. Moi qui joue avec le contenu de mon verre à moitié plein. Moi qui attend patiemment que Andrea en ait fini.
Un jeudi soir comme les autres, un jeudi soir d'étudiants, un jeudi soir festif, un jeudi soir alcoolisé et rythmé par les sons électro qui résonnent entre les quatre murs du Giulietta. Sauf que le jeudi soir, je ne suis pas là pour m'amuser, je n'suis pas là pour boire, pour danser ou pour conclure une belle complicité entre deux murs d'une ruelle escarpée. Le jeudi soir, je travaille. Comme la plupart des soirs de la semaine d'ailleurs. Parce que je refuse d'être dépendant, je refuse de leur devoir quoi que ce soit, si ce n'est mes études qui me passent largement au dessus de la tête. Ma vie, mon appartement - aussi miteux soit-il -, mes bouffes et mes verres à foison, c'est moi qui me les paye, avec l'argent dignement gagné derrière ce bar. Oui, je suis barman. Oui, j'suis un Sorabella et j'suis barman. D'ailleurs, très peu des clients ou collègues présents ici savent mon nom et les rares qui en ont connaissance n'ont surement jamais fait le rapprochement avec la famille d'aristocrates dont je viens. Nous sommes tellement différents, cela doit paraître invraisemblable que je sois un des leurs. Et honnêtement, cela me va parfaitement comme ça. Tout ça pour vous dire que ce soir, je bosse. Je suis derrière mon comptoir et c'est derrière ce comptoir qu'un regard, qu'un sourire, un visage angélique, qu'une silhouette envoutante vient attirer mon attention. Annabella. La jolie Annabella. La fluette Annabella. La petite fille sage qui se risque dans les griffes du loup et qui aime ça. C'est une héroïne de conte qui n'a pas conscience du danger, Anna. Je suis le danger. Elle me sourit, je ne réplique qu'à peine. Pour ne pas lui montrer, pour qu'elle ne sache pas, pour qu'elle doute. Pour qu'elle s'accroche encore plus à l'espoir de me séduire. Parce que si elle est là, assise, devant moi, ce n'est pas pour rien. Je ne suis pas idiot. T'es pas planté là toute seule toute la soirée pour la bonne musique qui passe Princesse, ne me la fait pas à moi.
Alors je ne lui prête que guère attention, ou du moins c'est ce que je lui laisse croire. En effet, je ne croise pas son regard, je ne lui souris qu'à moitié, mais ça ne m'empêche pas d'épier ses faits et gestes entre deux Mojitos servis et de lui en glisser un devant la main sans qu'elle ne sache réellement d'où il vient. Elle croit surement à un cadeau du mec bourré d'à coté la naïve. Et c'est très bien comme ça. L'attention sans avoir les retombées. Ne t'accroche pas à moi, Anna. Tu vas morflé. Et c'est quand la fin de mon service arrive, sur les coups de minuit et demi, que je compte bien lui prouver une fois de plus qu'elle va morflé. Parce que j'aime m'autodétruire. Parce que j'aime faire mal. Parce que je veux qu'elle sache ce qu'elle fait. Je veux la voir s'accrocher à moi alors qu'elle va souffrir. Je veux sentir qu'elle me désire. Je la veux jalouse. Parce qu'elle me rend intérieurement fou à agir ainsi avec moi et j'aime cruellement en jouer. Je frôle donc volontairement sa main après avoir servi mon dernier verre pour attirer son attention, pour qu'elle voit que j'ai fini, puis me dirige vers l'arrière du comptoir, vers la sortie des artistes, pour remettre le pied sur la piste des gens bourrés. Mais j'ai mon idée derrière la tête. Et à peine ai-je posé mon pied sur cette piste que j'attrape un cocktail sur le bar pour le tendre à la première jolie brune qui passe, posant sans aucune gêne ma seconde main sur les courbes généreuses de cette demoiselle. Souris, pétille, et bois ma belle. Je n'ai strictement rien à faire de toi mais tu me dévores surement des yeux depuis une heure et des papillons pétillent dans ton ventre. Alors souris et bois. Souris et rends la folle de jalousie. Parce que c'est ça mon but, la rendre folle, Annabella.
Il fait comme s'il en avait rien à faire. Il fait comme si je n'étais même pas là. Je ne compte pas à ses yeux. Après tout, je suis surement juste une de plus. En y réfléchissant bien, je ne sais même pas pourquoi je m'accroche à lui de cette façon. Je n'ai pourtant rien en commun avec ce type. Y a un tas de mecs et je pourrais trouver mieux. Je sais que je pourrais trouver quelqu'un qui m'aimera vraiment, quelqu'un qui m'apportera tout ce dont j'ai besoin, en particulier de l'attention. J'ai pas ça avec Andrea. J'ai jamais eu ça avec Andrea. Et pourtant, je me suis attachée à lui. Tellement que je n'arrive pas à l'oublier. Je sais que c'est complètement débile parce qu'il n'y aura jamais plus que ce qu'on a actuellement mais, c'est comme ça. Je ne sais pas l'expliquer et je n'ai pas envie d'avoir des explications. Je m'en fous pas mal de ce que je fais, de ce qu'on n'est pas. Tout ce que je veux, c'est passer un peu de temps avec lui ce soir. Parce que chez moi, je m'ennuie. Parce qu'avec lui, je me sens bien, je me sens moi et je sais que je vais forcément passer une bonne soirée ou une bonne nuit vue l'heure avancée. Je discute avec des gens. Certaines personnes que je connais et d'autres qui ne sont que de passage. Je suis une fille plutôt sociable. C'est pas plus mal ! Le temps passe plus vite comme ça. Plusieurs fois, je jette des coups d'oeil en direction d'Andrea mais, il fait toujours semblant d'être occupé. Je souris mais, il me les rend pas forcément, pas comme j'aimerais en tout cas. Mais c'est Andrea. On ne peut pas lui en demander plus. Alors j'enchaîne les verres. Des verres sortis de nulle part. Des verres que je commande et d'autres non. Y en a des forts et puis, des plus doux. En fait à la fin, je ne sais même plus trop ce que je bois. Ma gorge est comme anesthésiée. Je sais que je vais passer une bonne soirée. Je vais m'éclater. J'étais déjà joyeuse mais l'alcool, ça me met dans un état encore au dessus. C'est génial !
Je reviens sur terre quand la main d'Andrea frôle la mienne. Un coup d'électricité qui me parcourt de la tête au pied. Je fais comme si de rien était, je passe ma main dans les cheveux et termine mon verre cul sec et secoue légèrement la tête. J'aurais peut-être du boire un peu moins quand même ! Je rassemble mes affaires vite fait bien fait et j'ai juste le temps de me tourner pour admirer la scène qui se déroule sous mes yeux. D'abord, je souris parce que je ne réalise pas tout de suite. Finalement, mon visage se décompose petit à petit. Il n'a pas osé ? Pas ce soir ? Je me mords légèrement la lèvre en déglutissant. J'ai qu'une envie c'est de me cacher dans un trou de souris et pleurer toutes les larmes de mon corps. La déception. Le fait que je pensais passer la soirée autrement qu'à devoir mater Andrea en train de draguer la première venue. Je baisse légèrement les yeux mais je suis figée sur ses mains sur son corps et son rire de pétasse qui résonne dans mes oreilles alors que je me trouve à plusieurs mètres de là. Je sais que je devrais en faire autant, montrer que cela ne m'atteint pas. Après tout, y a pleins de beaux mecs dans cette discothèque. Sauf que je n'y arrive pas. Je ne suis pas lui. Je suis différente. Trop différente. Et puis, y a l'alcool aussi. L'alcool qui me donne mal au crâne quand je me lève de mon tabouret. Je m'accroche quelques secondes au comptoir, juste le temps de reprendre mes esprits. Une fois que la terre est stable je détache mes yeux de ce charmant petit couple pour le poser sur la sortie. J'attrape mon sac et je faille un chemin parmi la foule. Sortir de cet endroit trop oppressant, respirer l'air pur et frais de ce jeudi soir, voilà le but. Voilà ce que je dois absolument faire. Oublier Andrea. Apprendre à avancer. Sans lui. Sans son caractère de merde. Ça ne devrait pas être si difficile. Je vivais bien avant, sans lui. Putain qu'est-ce qu'il me gonfle. Je me déteste d'être aussi naïve. Je me déteste de placer autant d'espoir en lui. Je ne lui demandais pas grand chose. Je voulais juste quelques minutes d'attention. Une discussion. Une danse. Un sourire. Tout. N'importe quoi. Mais plus le temps passe et plus il me détruit.
Parce que je joue, constamment. Parce que j'adore ça. Parce qu'elle en souffre surement mais parce qu'elle était prévenue. Je ne me suis jamais caché de la personne que je suis, du sale type que je me plais à être, de cette mauvaise réputation qui m'colle à la peau. J'suis pas quelqu'un de bien Annabella, j'suis pas pour toi, j'suis pas une bonne fréquentation pour une princesse de ton ordre. Et pourtant, elle semble s'accrocher. Peut-être parce qu'elle aussi à ce besoin de s'évader, de sortir des sentiers battus de sa famille, parce qu'elle veut vivre tout simplement. Se sentir vivre. Et bien croyez-moi, avec ma présence dans les parages, ce qu'elle va sentir de la vie ne va pas ressembler aux contes de fée. Parce que je ne sais pas faire de bien aux autres - hormis dans un lit, évidemment -. Je ne fais que du mal, de la souffrance, de la peine. Et je ne changerai pas. Alors combien de temps va-t-elle encore résister ? En voilà une bonne question. Toujours est-il que ce soir, elle a résisté. Du moins jusqu'à un certain point. Elle m'a attendu, elle m'a regardé, elle m'a dévoré des yeux. Elle m'a suivi, elle me voulait, elle a bu de nombreux verres et doit à ce moment même avoir un taux d'alcool dans le sang bien supérieur à ce que ces veines princières ont l'habitude de recevoir. Et c'est là que j'attaque. A ce moment là. Au pire moment pour elle. Au moment où l'espoir de m'avoir dans ses bras vient enfin frôler son esprit. Juste frôler. Simplement frôler. Parce que je profite de la première occasion pour tout envoyer en fumée.
Sauf qu'au moment où je me retourne, quelques secondes après le début de mon petit jeu, je ne vois plus la demoiselle. Ou du moins, je ne la vois plus où je voudrais la voir. En effet, la seule chose que je distingue sont ses cheveux bruns s'éloigner dangereusement de moi et passer le virage qui donne à l'extérieur de la discothèque. Merde. C'est pas le but. C'était pas dans mes plans. Parce que jouer, c'est bien. Lui remettre les pieds sur terre, c'est encore mieux. Mais si elle fuit, cela perd tout intérêt. Je n'ai pas joué encore assez longtemps. Je n'ai pas profité. Je n'ai pas vu cette lueur mitigée entre la rage et l'attirance dans ses yeux. Et je veux voir tout ça. J'aime voir tout ça. Alors c'est sans aucune pointe de galanterie que je récupère le verre que je viens de tendre à ma fausse proie, que je le bois d'une traite avant de le reposer sur le comptoir. Accompagné d'un clin d'œil à l'idiote quand même, je ne suis pas un goujat ! Enfin... Bref ! C'est à présent vers l'extérieur que j'amène ma petite personne, sur un pas engagé, ne désirant absolument pas perdre la trace d'Anna. Et je ne la perds pas. Je parviens même à la récupérer avant qu'elle ne sorte de mon entre, de mon domaine, de mon terrain. Je l'attrape alors sans ménagement par la taille, afin de venir coller son dos frêle contre mon torse. Perdu ma belle, t'es à moi ce soir. " Bah alors ? Tu t'es pas bu trois litres de Mojitos pour lâcher l'affaire aussi vite quand même ? " Demandais-je avec une voix suave et provocatrice au creux de l'oreille d'Anna avant de déposer mes lèvres furtivement non loin sous ce lobe. Essaye de résister ma jolie, essaye encore. J'adore te voir te débattre, te voir essayer de départager équitablement tes envies et ta raison. Aller, débats toi. Ou du moins essaye. Parce qu'une de mes mains reste franchement posée sur ta taille alors que l'autre vient à la recherche de ton avant bras. Ne nie pas, tu es juste bien, là. Tu me hais, tu me détestes, mais t'es bien.
J'y crois pas. J'ai fait l'effort de venir jusqu'ici pour pouvoir passer un moment avec lui. J'aurais pu aller n'importe où ailleurs ou rejoindre n'importe qui mais au lieu de ça, je l'avais choisi lui. En y réfléchissant bien, je m'en voulais plus à moi-même que je ne lui en voulais à lui. J'étais beaucoup trop naïve et ça, la majeure partie de la population de Vérone était au courant par conséquent, on n'hésitait pas à en jouer dans certaines circonstances. Je le connaissais con Andrea, y a pas à dire. Je ne me faisais pas de films, je savais qu'il était incapable de changer. Mais tout de même, je trouve que ça va un peu trop loin pour le coup. Il me montre qu'il a terminé son service au lieu de m'envoyer balader dès le départ ou encore, de quitter son post sans m'en informer et au final, il me laisse en plan. J'étais vraiment l'air d'une débile. Encore heureux que je n'avais dit à personne que j'attendais cet homme pour continuer ma soirée. Je ne saurais décrire le sentiment qui m'a parcouru à l'instant même où j'ai posé mes yeux sur eux. Je crois que c'était un mélange entre la haine, le dégoût, la tristesse et un brin de honte aussi parce qu'une fois de plus, je me faisais avoir comme une débutante. Je lui en voulais, je m'en voulais et je n'arrêtais pas de me dire que c'était une très mauvaise idée d'être venue ici ce soir.
Rentrée seule, c'est pas vraiment ce que je préférais surtout que j'étais venue à pieds. Dieu seul sait quel genre de types traîne dans les rues italiennes à une heure aussi avancée de la nuit. Moi et ma petite robe sans doute un peu trop courte, moi et mes talons trop élevés pour courir, moi et ma pochette remplie de billets. Le gros lot pour le coup. Mais j'en avais rien à faire. Je ne réfléchissais même pas à tout cela. Tout ce qui m'importait, c'était de regagner la sortie dans le but d'effacer cette image de ma tête mai également de m'enfuir le plus loin possible de cet homme. Et cette conne qui souriait comme si l'homme parfait se tenait à ses côtés. Il fallait peut-être que je la prévienne, que je lui dise que ce n'est pas un gars bien, qu'il ne fera rien dans son sens. Son but dans la vie, c'est juste de briser tout ce qui l'entoure. Je me demande quand est-ce qu'il en aurait marre ou même qu'est-ce qu'il fera quand il n'y aura plus rien à briser. Je secoue la tête en me refusant de penser à lui. A la place, je trace mon chemin, difficilement parmi la foule. Les gens trop bourrés pour se pousser, ceux qui te crient dans les oreilles qu'ils n'ont pas compris alors que tu demandes juste à sortir. Je lève les yeux au ciel et tente malgré tout de faire au plus vite.
Ce n'est pas assez vite. Pas assez vite pour lui échapper. Je ne suis même pas sortie de la boîte que ses mains viennent déjà se poser sur mon corps et mon dos se reposer sur son torse. Je le déteste. Je déteste l'emprise qu'il a sur moi. Je déteste sa façon de me toucher. Je déteste les mots qui sortent de sa bouche. Je déteste lorsqu'il me fait frissonner en une fraction de seconde, juste le temps de réussir à poser son souffle contre ma peau. J'ai l'impression que ce moment dure des heures. Je perds la notion du temps. Quand je comprends ce qu'il est en train de faire, je pousse mon bras pour ne pas qu'il me touche et retire la pression qu'il exerce sur ma taille de l'autre main avant de faire volte face. Ne me touche pas ! Plus jamais, t'as compris ! Je pointe un doigt accusateur dans sa direction avant de prendre une grande inspiration. Faut pas que je pleure. Faut pas que je m'énerve non plus, même si j'ai juste envie de le frapper à l'heure qu'il est. Y a l'alcool qui pourrait me faire faire n'importe quoi d'ailleurs, un mot plus haut que l'autre et je sens déjà ma tête tournée. Je plaque une main contre mon front pendant quelques secondes tout en fermant les yeux pour retrouver mes esprits. Lorsque je les ouvre de nouveau, il est toujours là et ça me rend dingue. Qu'est-ce que t'attends ? T'as eu ce que tu voulais nan ?! Maintenant dégage, va t'éclater avec la première venue ! De la jalousie. De la jalousie super mal placée en plus. Je sais que je vais le nier en long, en large et en travers et pourtant, c'est bel et bien de la jalousie. Ça pue la jalousie. Il doit être content Andrea, y a pas à dire. La totale ce soir. J'ai l'impression d'être incapable de me battre contre lui, ni même pour lui. Je rêve du fait qu'il me reprenne dans ses bras et en même temps, il me dégoûte. J'ai juste envie de l'effacer de ma vie. En fait, y aurait mieux fallu qu'il n'y rentre jamais.
Je ne suis évidemment pas accueilli comme un prince dans les bras d'Annabella mais je mentirai en disant que c'était le but. Je savais très bien qu'elle ne voudrait ni de moi, ni de mes caresses et encore moins de mon affection après la petite scène que je viens de lui faire. Et c'est exactement ce que j'attendais. Les histoires romantiques avec des papillons dans le ventre, des étoiles dans les yeux et des roses sorties de nulle part pour faire plaisir, ce n'est vraiment pas moi. Annabella, elle me plait. C'est évident. Mais ce n'est pas pour ça que je vais lui mener la vie facile ou lui servir du rêve sur un plateau. Ce n'est pas moi. Ce n'est pas ce que je veux, ce que je recherche. Est-ce que je suis simplement dans l'auto-destruction ou est-ce que c'est un vrai moyen de rendre toute cette attraction charnelle encore plus intéressante ? Je n'ai jamais réussi à répondre clairement à cette question mais je sais que ça ne changera pas. Soit elle ne supporte pas ce jeu et il vaut mieux qu'elle sorte réellement de cette boite de nuit, soit elle se rend bien compte que l'attirance est encore plus grande à chaque scène de ce style et elle décide de jouer, avec moi. Effectivement, pour le moment, elle crie, ce qui pourrait faire penser qu'elle choisit la première proposition. Mais n'oublions pas que c'est une femme, et une femme a sa fierté. Qui dit fierté dit égo et qui dit égo dit qu'il était impossible pour elle de me tomber dans les bras après le coup de bâtard - clairement - que je lui ai fait. Alors je la laisse crier, s'énerver, me repousser, me pointer du doigt. Elle veut que je parte, que je foute le camp, que je sorte de sa vie. Mais je finirai par lui manquer, je le sais... Alors c'est tout naturellement que je réagis à ma façon, exactement comme je sais le faire pour la rendre folle. Dans tous les sens du terme...
Je la laisse finir sa petite crise qui s'amuse largement et rétorque par la suite en passant le revers de mes doigts sur sa joue : " Tu sais que t'es encore plus jolie quand t'es jalouse ? " Voilà une bien belle question. Une question qui va surement avoir l'effet contraire à ce que j'attendais. Ce n'est pas un vrai compliment, je le sais, elle le sait aussi. C'est une simple taquinerie de plus pour la faire sortir de ses gongs. Je pourrais tout simplement la laisser fuir, la laisser prendre ses distances, la laisser s'envoler vers son petit imaginaire de conte de fée. Elle mérite peut-être le prince charmant, Anna. Elle mérite même surement de vivre dans son monde enchanté. Mais il ne fallait pas que le destin la mette sur ma route. Il ne fallait pas qu'elle me croise. Il ne fallait pas qu'elle me plaise. Sauf que tout ceci est arrivé et que je n'ai clairement pas l'intention de la laisser filer. Je me rapproche alors de nouveau d'elle, posant ma main sur sa douce joue, sa joue angélique sur ce visage angélique. Tellement différente de moi. Nous sommes tellement opposés. " Fais pas semblant, tu meurs d'envie de finir ta soirée ici. Autant que moi d'ailleurs.. " Ouais, je lui dis que j'ai envie qu'elle reste. Je l'avoue. Je lâche un petit bout; Va-t-elle le prendre au sérieux ou à la dérision ? Va-t-elle accepter l'évidence ou va-t-elle faire sa têtue comme elle sait si bien le faire. Mon regard reste plongé dans le sien, juste dans le sien, juste sur elle. Littéralement dans notre bulle. Plus rien n'existe autour, elle est mon seul but de la soirée, ma seule cible, ma seule proie. La seule que je veux pour ce soir. Même si bien sur, elle n'en a aucunement conscience... C'est toi ce soir, Anna. Et je te souhaite bon courage pour essayer de t'enfuir.
Je devrais le détester et le fuir. Je devrais le faire parce que le pire dans tout cas, c'est que je sais qu'on ne vient pas du même monde lui et moi. La petite fille parfaite, un peu naïve, qui obéit toujours à ses parents, qui découvre petit à petit le monde extérieur et qui tente de créer sa propre vie. Opposé à cela, un jeune homme qui n'en fait qu'à sa tête, qui s'amuse constamment, le bad boy au caractère rebelle et au sang chaud. On a rien en commun lui et moi si ce n'est cette attirance inévitable qui nous pousse chaque fois à revenir l'un vers l'autre. Moi en venant dans ce bar et en cherchant inévitablement son regard. Lui en jouant avec mes nerfs avant de me courir après dans le but que je reste à ses côtés. On finira forcément par se détruire et surement qu'il réussira son coup en premier. Pourtant personne n'abandonne et c'est sans doute ce que j'aime le plus.
Il ne peut faire autrement que de poser une nouvelle fois ses mains sur moi alors que je montre clairement un élan de jalousie incontrôlable. J'aimerais rétorquer face à sa phrase ou même dégager sa main de ma joue. Seulement voilà, si j'agis ainsi, je lui prouve qu'il a raison. Pourtant, on dit qui ne dit rien approuve. A ce stade, je ne sais plus trop comment agir alors, je préfère me taire et me dire intérieurement qu'il a tort. Après tout, il ne m'appartient pas. Je ne lui appartiens pas non plus. Pourquoi est-ce que je serais jalouse ? Non, y a pas de raison. On est rien l'un pour l'autre si ce n'est le jouet, la distraction de chacun. C'est ce que je me tue à essayer de me convaincre. Je me dis qu'à force de me le répéter, ça finira bien par entrer dans ma petite tête bien remplie. De nouveau il s'approche en me faisant comprendre que j'avais clairement envie de rester ici. Oui je voulais passer ma soirée ici. Oui, je voulais rester à ses côtés. Non, je ne lui dirais pas de cette façon pour qu'il en tire toute la satisfaction. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de sourire. Ouais t'as raison, je meurs d'envie de rester ici ! Je meurs d'envie de me venger. Faut se méfier des apparences. J'ai beau être une jeune femme toute mignonne et sans défense, je suis aussi super rancunière et si la balle est de son côté en ce moment, je compte bien la renvoyer dans mon camp assez rapidement.
Je lui fais signe de me suivre alors que je rentre de nouveau à l'intérieur. J'ai l'impression que la musique raisonne de plus en plus fort mais, je crois que c'est à cause de l'alcool. D'ailleurs, ce dernier me donne carrément confiance en moi du moins, plus que d'habitude. J'ai trop envie d'aller danser ! Sans plus attendre, je me dirige vers la piste et évidemment, comme j'aime bien me sentir entourée et à l'abri des regards, je préfère me faufiler au milieu de tout ce monde. Je me retrouve à bouger sur la piste, dans un premier temps toute seule mais, je trouve rapidement un mec plutôt mignon et je décide d'en faire mon jouet pour ces quelques prochaines minutes. Il passe ses mains sur ma taille, je fais comme si de rien était et entoure sa nuque de mes bras en me tortillant au rythme de la musique. Tu veux jouer Andrea et bien, jouons ! C'est carrément débile, enfantin, immature mais, je joue sur son terrain et surtout, je vais dans sa direction. Prouve qu'il ne t'intéresse pas et il reviendra en rampant. Ça marche pas comme ça ? A toi. Suis-moi ou tires-toi.
Je devrais le détester et le fuir. Je devrais le faire parce que le pire dans tout cas, c'est que je sais qu'on ne vient pas du même monde lui et moi. La petite fille parfaite, un peu naïve, qui obéit toujours à ses parents, qui découvre petit à petit le monde extérieur et qui tente de créer sa propre vie. Opposé à cela, un jeune homme qui n'en fait qu'à sa tête, qui s'amuse constamment, le bad boy au caractère rebelle et au sang chaud. On a rien en commun lui et moi si ce n'est cette attirance inévitable qui nous pousse chaque fois à revenir l'un vers l'autre. Moi en venant dans ce bar et en cherchant inévitablement son regard. Lui en jouant avec mes nerfs avant de me courir après dans le but que je reste à ses côtés. On finira forcément par se détruire et surement qu'il réussira son coup en premier. Pourtant personne n'abandonne et c'est sans doute ce que j'aime le plus.
Il ne peut faire autrement que de poser une nouvelle fois ses mains sur moi alors que je montre clairement un élan de jalousie incontrôlable. J'aimerais rétorquer face à sa phrase ou même dégager sa main de ma joue. Seulement voilà, si j'agis ainsi, je lui prouve qu'il a raison. Pourtant, on dit qui ne dit rien approuve. A ce stade, je ne sais plus trop comment agir alors, je préfère me taire et me dire intérieurement qu'il a tort. Après tout, il ne m'appartient pas. Je ne lui appartiens pas non plus. Pourquoi est-ce que je serais jalouse ? Non, y a pas de raison. On est rien l'un pour l'autre si ce n'est le jouet, la distraction de chacun. C'est ce que je me tue à essayer de me convaincre. Je me dis qu'à force de me le répéter, ça finira bien par entrer dans ma petite tête bien remplie. De nouveau il s'approche en me faisant comprendre que j'avais clairement envie de rester ici. Oui je voulais passer ma soirée ici. Oui, je voulais rester à ses côtés. Non, je ne lui dirais pas de cette façon pour qu'il en tire toute la satisfaction. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de sourire. Ouais t'as raison, je meurs d'envie de rester ici ! Je meurs d'envie de me venger. Faut se méfier des apparences. J'ai beau être une jeune femme toute mignonne et sans défense, je suis aussi super rancunière et si la balle est de son côté en ce moment, je compte bien la renvoyer dans mon camp assez rapidement.
Je lui fais signe de me suivre alors que je rentre de nouveau à l'intérieur. J'ai l'impression que la musique raisonne de plus en plus fort mais, je crois que c'est à cause de l'alcool. D'ailleurs, ce dernier me donne carrément confiance en moi du moins, plus que d'habitude. J'ai trop envie d'aller danser ! Sans plus attendre, je me dirige vers la piste et évidemment, comme j'aime bien me sentir entourée et à l'abri des regards, je préfère me faufiler au milieu de tout ce monde. Je me retrouve à bouger sur la piste, dans un premier temps toute seule mais, je trouve rapidement un mec plutôt mignon et je décide d'en faire mon jouet pour ces quelques prochaines minutes. Il passe ses mains sur ma taille, je fais comme si de rien était et entoure sa nuque de mes bras en me tortillant au rythme de la musique. Tu veux jouer Andrea et bien, jouons ! C'est carrément débile, enfantin, immature mais, je joue sur son terrain et surtout, je vais dans sa direction. Prouve qu'il ne t'intéresse pas et il reviendra en rampant. Ça marche pas comme ça ? A toi. Suis-moi ou tires-toi
Elle change subitement d’attitude. Imprévisible, incontrôlable, inattendu. Encore plus quand on sait le statut de la demoiselle et sa façon habituelle d’agir. Chez les princesses, chez les aristocrates, il faut que tout soit prévu, que tout soit écrit, et surtout que tout se déroule dans les règles de l’art. Pas de place pour les changements, pour les surprises, pour les imprévus. Les retournements de situation, les réactions d’urgence, elle n’aime pas trop ça, ma princesse. Et pourtant, ce soir, à ce moment précis, elle semble avoir l’envie de se rebeller, de change les règles, de ne pas réagir comme on attend qu’elle réagisse. Elle veut surprendre. Elle se fait violence. Non, elle ne part pas en pleurant, en ravalant ses sentiments, en m’obligeant à la suivre pour la faire de nouveau craquer. Non, elle me réagit pas comme ça. Elle prend les devants, elle se rebelle, elle cache ce visage triste et touché pour laisser apparaitre une jeune femme sure d’elle, un léger sourire narquois aux lèvres et des mots qui résonnent tout droit dans ma poitrine. Elle veut rester, elle veut danser, dit-elle en me défiant du regard. Pourquoi est-ce que je sens l’embrouille ? La révolte ? La vengeance ? Parce que c’est comme ça que j’aurai réagi ? Sans aucun doute. Mais est-ce vraiment ce qu’Anna a derrière la tête ? Anna n’est pas comme ça. Elle a peut-être tout simplement décidé de passer l’éponge, de craquer, de se faire plaisir dans mes bras ce soir. Mais j’ai quand même cette ombre de doute qui me parcourt… C’est bizarre, ce n’est pas elle. Elle est fière, orgueilleuse, sensible, jalouse. Elle ne va pas me laisser m’en tirer aussi facilement, je le sais. Et c’est surement pour cette raison que je ne tarde pas à la suivre, pousser par la hâte et la curiosité de découvrir sa réaction.
Et cette réaction ne se fait pas attendre bien longtemps. En effet, à peine ai-je rejoint la jolie demoiselle sur la piste que je l’aperçois en train de se trémousser dans les bras d’un homme. Surement le premier venu. Surement pour se venger, pour me rendre la monnaie de ma pièce, pour titiller ma jalousie comme j’ai titillé la sienne. A un détail près. Un gros détail. Un détail auquel elle n’a surement pas penser avant d’agir, dommage pour elle. Très vite, je rejoins sur tourtereaux improvisés sur la piste de danse, et sans les couper dans leur slow plutôt sensuel, je m’immisce entre eux, posant une main dans la nuque de la brune et l’embrasse. Tout simplement. Au culot. Sans gêne. Sans hésitation. Sans peur. Juste je l’embrasse. Fougueusement, passionnément, attirant elle et son visage angélique vers moi. Un baiser qui me servait en premier lieu de surprise, pour montrer qu’elle m’appartient au petit brun sur lequel elle a jeté son dévolu mais je ne peux cacher que ce baiser a aussi un bon effet sur moi. Un frisson, un éclair me parcourt. Parce que les baisers de cette brune sont rares. Parce qu’ils sont toujours attendus. Parce que celui-ci est volé. Parce qu’il a une saveur toute particulière… Evidemment, le pauvre gringalet retire bien vite ses mains de la demoiselle, me lançant d’abord un regard tueur puis se calmant bien vite après quelques mots : « Un problème ? Tu veux qu’on aille régler ça dehors ou tu vas aller poser tes pattes ailleurs ? » Aller régler ça ailleurs. Ce qu’il ne veut surement pas. Pas que je fasse peur, bien sur. Mais juste qu’aucun homme alcoolisé en boite de nuit n’a envie d’aller se battre plutôt que de finir sa soirée bien accompagnée. Avec une fille comme Anna, par exemple. Sauf qu’Anna, elle est à moi. Je redirige alors bien vite mon attention sur elle, négligeant totalement le phénomène qui lui a servi de proie. Un regard narquois, provocateur, taquin, fier apparait dans mes yeux. Remettant ma main dans sa nuque, je viens lui murmurer quelques mots : « Bien essayé princesse… T’as juste oublié que moi, contrairement à toi, je ne me défile pas, j’ose tout quand je veux quelque chose. » Un sourire furtif vient prendre sa place sur mes lèvres, un sourire à la fois victorieux mais aussi heureux de l’avoir près de moi, je dois l’avouer. Ma poigne se resserre légèrement dans sa nuque, comme un signe de possession, comme un signe d’appartenance. Je ne te laisserai pas partir Annabella. Toi et ton regard perçant, ton sourire discret et ta personnalité de princesse. Vous ne partirez pas. « Et je te veux. » Alors ? Vas-y, réagis face à ça. Essaye de réagir. Essaye de résister.
Je suis comme ça. J'aime pas me faire avoir. Je suis jalouse, c'est vrai. Et je suis rancunière aussi alors, s'il n'a pas envie que je lui fasse la gueule toute la nuit, il va falloir que je me venge. Derrière mes airs de petite fille parfaite se cache tout de même un vrai caractère qui ne demande qu'à s'affirmer. Souvent, j'ai peur de me laisser déborder par mes sentiments et les émotions que je perçois. J'essaie de tout garder à l'intérieur de moi parce que c'est ce qu'on m'a appris à faire depuis des années. Il faut faire comme cela, il faut aller dans ce sens bref, toute mon enfance a été contrôlé au doigt et à l'oeil par mes parents si bien qu'aujourd'hui, j'ai l'impression d'être un robot. Petit à petit, je tente de prendre le chemin de mon frère. Je veux lui ressembler davantage. Je veux connaître la vraie vie et ce qui m'entoure même si ça fait mal. Je ne dirais pas que je m'en fous de souffrir, je veux juste le ressentir. J'ai besoin de ressentir ces choses. On ne peut pas me préserver jusqu'à ma mort tout de même ! Quand je suis avec Andrea, c'est ce que je ressens. Il a beau m'en faire voir de toutes les couleurs, je me sens libre. Pas quelqu'un de bien certes mais, quelqu'un de vivant. Alors, j'en profite.
Je profite du temps passer avec lui mais avant toute chose, je veux lui montrer ce que ça fait quand on vous tourne le dos de la manière dont il l'a faite quelques minutes auparavant en tournant autour de cette fille. Moi aussi je peux me montrer super chiante et collante envers les personnes que je ne connais pas. Surtout que si la boîte c'est son terrain, la piste de danse, c'est quand même le mien. Je m'y sens bien, trop bien et trop confiance. C'est pour cette raison que j'ose tout, même collée un parfait inconnu qui finalement a l'air d'apprécier cela. Ça fait toujours plaisir de savoir qu'on plait. Je me rapproche un peu trop près de cet homme que je ne connais pas. D'ailleurs, je ne connais même pas ses intentions envers ma personne. Après tout, on sait tous que les hommes dans les boîtes de nuit, après quelques verres, ce sont des vrais chiens. Moi, j'ai un peu trop bu et je sens mon coeur battre un peu plus fort à cause de l'adrénaline.
Je redescende très vite sur terre quand finalement, Andrea s'insère entre nous deux pour passer sa main derrière ma nuque et plaquer ses lèvres contre les miennes. Ok, je m'attendais vraiment pas à ce qu'il agisse de cette façon. Si je savais qu'il en fallait si peu pour le pousser à l'action. Moi évidemment, je lui rends son baiser qui se finit un peu trop vite à mon goût. Ça n'a pas l'air de plaire au gars mais, il s'en occupe. Je fronce d'abord les sourcils et finalement je souris lorsqu'il m'avoue que c'était bien tenté. C'est vrai que pour une débutante, je trouve ça vraiment pas mal. Moi, j'ai pas l'habitude de faire ce genre de trucs. Je sais me tenir en société tout de même. Et puis ces endroits, très peu pour moi. Mais finalement, j'apprécie et je suis vraiment ravie que Solal m'ait fait découvrir ce monde. On dirait que c'est toi qui est jaloux. Tu sais, c'est un vilain défaut. Il sourit de nouveau, resserrant l'emprise qu'il a déjà sur moi. Je me mords légèrement la lèvre et finalement il avoue qu'il me veut. Il me veut moi. Moi pas une autre. Pas la fille de toute à l'heure. Non, moi. Je sais que je devrais me sentir flatter mais, je peux pas. Ça serait trop facile de lui avouer cela. A la place, je bas des cils et finalement, je me hisse sur la pointe des pieds pour murmurer à son oreille : Le truc c'est que je ne suis pas un objet et que j'appartiens à personne. Je me décale légèrement en haussant les épaules, faisant comme si tout cela ne me faisait ni chaud ni froid alors que j'avais juste envie de lui sauter au cou et de l'embrasser de nouveau. Je voulais sentir ses lèvres contre les miennes, son coeur battre au rythme du mien, ses mains sur mon corps et ses mots aussi crus soient-ils temps qu'il ne s'adressait qu'à moi.
Accueil
Un jeudi soir comme les autres, un jeudi soir d'étudiants, un jeudi soir festif, un jeudi soir alcoolisé et rythmé par les sons électro qui résonnent entre les quatre murs du Giulietta. Sauf que le jeudi soir, je ne suis pas là pour m'amuser, je n'suis pas là pour boire, pour danser ou pour conclure une belle complicité entre deux murs d'une ruelle escarpée. Le jeudi soir, je travaille. Comme la plupart des soirs de la semaine d'ailleurs. Parce que je refuse d'être dépendant, je refuse de leur devoir quoi que ce soit, si ce n'est mes études qui me passent largement au dessus de la tête. Ma vie, mon appartement - aussi miteux soit-il -, mes bouffes et mes verres à foison, c'est moi qui me les paye, avec l'argent dignement gagné derrière ce bar. Oui, je suis barman. Oui, j'suis un Sorabella et j'suis barman. D'ailleurs, très peu des clients ou collègues présents ici savent mon nom et les rares qui en ont connaissance n'ont surement jamais fait le rapprochement avec la famille d'aristocrates dont je viens. Nous sommes tellement différents, cela doit paraître invraisemblable que je sois un des leurs. Et honnêtement, cela me va parfaitement comme ça. Tout ça pour vous dire que ce soir, je bosse. Je suis derrière mon comptoir et c'est derrière ce comptoir qu'un regard, qu'un sourire, un visage angélique, qu'une silhouette envoutante vient attirer mon attention. Annabella. La jolie Annabella. La fluette Annabella. La petite fille sage qui se risque dans les griffes du loup et qui aime ça. C'est une héroïne de conte qui n'a pas conscience du danger, Anna. Je suis le danger. Elle me sourit, je ne réplique qu'à peine. Pour ne pas lui montrer, pour qu'elle ne sache pas, pour qu'elle doute. Pour qu'elle s'accroche encore plus à l'espoir de me séduire. Parce que si elle est là, assise, devant moi, ce n'est pas pour rien. Je ne suis pas idiot. T'es pas planté là toute seule toute la soirée pour la bonne musique qui passe Princesse, ne me la fait pas à moi.