don't get too close it's dark inside ; it's where my demons hide (antonio)

Cela faisait des semaines que Lorenzo voulait retourner dans cette discothèque où il avait rencontré cet Antonio qui quittait difficilement ses pensées depuis la soirée passée en début d'été, torride à souhait. Ne souhaitant pas s'y rendre seul bien qu'il partirait sans doute accompagné, mentant à nouveau sur son jeune âge, Lorenzo dû faire preuve de patience jusqu'à ce que l'un de ses (rares) amis homosexuels consente à l'accompagner. Ce soir là et dans l'espoir de revoir cet amant d'un soir, Lorenzo choisit méticuleusement sa tenue. Afin de pouvoir duper le personnel comme les danseurs éphémères, il devait choisir quelque chose qui le vieillissait et bannir ses vieux tee-shirt Marvel qu'il adorait et que sa mère rêvait de transformer en chiffon pour le ménage. Il opta pour un simple jean noir ainsi qu'un tee-shirt de la même couleur, plutôt moulant, ce que son ami, Octavio, remarqua au premier regard. Ce dernier ne se gêna pas d'ailleurs pour lui mettre une main au postérieur, fait que ne releva pas Lorenzo.

Les deux amis cheminèrent joyeusement jusqu'à la discothèque gay la plus réputée de Vérone. Ils passèrent les contrôles d'identité sans problèmes du moins pour Lorenzo, Octavio ayant déjà fêté sa majorité. Ils se dirigèrent automatiquement vers le bar ; Lorenzo le savait, il ne fallait pas aller dans l'excès. Son diabète lui imposait une consommation limitée. S'il ne parvenait pas à se mesurer dans sa consommation de chocolat et autres sucreries, pour l'alcool, Lorenzo faisait un effort et ce, malgré son jeune âge. Lorsqu'il tourna la tête pour parler à son ami, le brun constata qu'il n'était déjà plus là mais au milieu de la piste, en train de se déhancher. L'adolescent sourit, amusé. Il but d'une traite son verre de vodka avant de le poser un peu brutalement sur le comptoir pour aller se mêler à la foule des corps dansants, les imitant. Rapidement, quelques gouttes de sueurs perlèrent sur son front, trempant les premières mèches brunes de sa chevelure. Malgré son jeune âge, c'était un jeune homme libre qui assumait déjà pleinement son corps tout comme sa sexualité ; de ce point de vue, Lorenzo faisait preuve d'une grande mâturité. Il fit volte face lorsque le morceau changea mais se figea lorsqu'il vit une silhouette, se découpant dans la foule, familière.

Il s'était senti stupide à ne pas prendre son numéro, pourquoi avait-il oublié ce léger détail qui avait viré à l'obsession ces derniers jours ? Un simple numéro, pour le joindre, sur son portale, pour qu'ils se revoient à boire un verre ou plus. D'un côté, il avait aussi des doutes, il s'imaginait que si Lorenzo ne lui avait pas laissé son numéro de téléphone, c'était parce qu'Antonio semblait trop vieux, ou qu'il était un mauvais coup au lit, ou qu'il ne souhaitait tout simplement pas le revoir. Le jeune homme avait encore du mal avec ce concept de 'one shot', ou 'one night', traduit en 'coup d'un soir' qui consistait à prendre son pied avec un inconnu sans jamais le revoir ensuite ; lui, il trouvait cela dommage, si on tombait sur une personne plutôt sympathique et avenante, pourquoi ne pas garder le contact pour se revoir ? Était-ce au moins autorisé dans les règles de l'art ? Dans tous les cas, il aimerait bien le revoir et son impulsion lui dictait de retourner dans cette boite. Il y était retourné plusieurs fois mais sans jamais rester plus d'une heure alors aujourd'hui, il devrait rester toute la soirée, il le croiserait bien, c'était un jeune et le public était plutôt ciblé pour lui.

Dans sa tenue décontractée, il avait commandé une boisson alcoolisé, s'installant dans l'un des recoins de la discothèque, de sorte à voir une vue d'ensemble sur la piste de danse. Buvant doucement son cocktail, il fixait chaque personne, espérant retrouver le jeune homme d'il y a plusieurs semaines auparavant. Mais personne de reconnaissable et pourtant au moins deux hommes vinrent le draguer tour à tour et poliment, le Pedrotti déclina les offres, préférant attendre que ce visage du passé apparaisse dans la foule. Ses prières furent entendues après une vingtaine de minutes et tout excité à l'idée de le revoir, il fit un cul sec du reste de son verre avant d'aller sur la piste de danse et rejoindre le jeune homme. Commençant à se déhancher au rythme de la musique, il vint rapidement à la hauteur du plus jeune, lui adressant un grand sourire et en lui susurrant à l'oreille « Je pensais jamais te revoir, mais ça fait plaisir... » Continuant ses pas de danse, il vint à se synchroniser au plus jeune, se collant peu à peu près de lui. Avec quelques pas bien placés, il vint se placer derrière le jeune homme, essayant de cacher en vain le grand sourire de son visage. « Je voulais te contacter mais je n'avais aucun moyen. »

Un sourire victorieux s'afficha sur les lèvres naturellement rosées de Lorenzo lorsqu'il vit dans la foule la silhouette familière d'Antonio, qu'il avait étreint pendant une nuit charnelle et délicieuse, plusieurs semaines plus tôt. Son sourire s'agrandit lorsque leurs regards se croisèrent et qu'il vit que l'homme souriait également. Dans sa bouche, un goût de victoire et le souvenir du sucre de sa peau qu'il avait embrassé et leché avec ferveur, cette nuit là. Il l'observa s'approcher sans cligner des yeux, attentif au moindre de ses mouvements, gracieux et calculé. Ce mec était doté d'une classe naturelle indéniable. Et dieu que ses fesses semblaient délicieuses lorsqu'il se déhanchait ainsi au rythme de la musique techno qui transperçait par les baffes. Avec plaisir, Lorenzo apprit que Antonio était content de le revoir. Il continua de sourire, sans mot dire, le laissant s'approcher puis se coller à son corps frêle et menu. Attentif et alerte, Lorenzo le laissa se placer derrière lui et chose faite, il recula d'un demi pas pour sentir son dos contre son ventre finement musclé. Effectivement, les deux hommes ne s'étaient pas échangés leurs numéro si bien qu'ils n'avaient pu se recontacter et Lorenzo en avait crevé d'envie bien qu'à l'origine, il ne soit qu'une histoire d'une nuit. Pourquoi pas deux ou trois, où était le mal à se faire plaisir et se donner du bien ? Il était jeune. Il n'avait que dix-sept ans et tant qu'il n'avait pas rencontré l'amour, il pouvait bien s'octroyer du plaisr avec de beaux hommes comme cet Antonio. Passant sa main en arrière, Lorenzo tatonna, sans grande difficulté, pour trouver la poche du jean de l'homme et s'emparer habilement de son téléphone portable. Lorenzo enregistra son numéro accompagné de son prénom sans préciser son nom de famille, par précaution. Il ponctua simplement le contact de son initial, un simple A. Lorenzo se retourna pour lui faire face, cherchant son regard. Il posa sa main sur la nuque d'Antonio, ses doigts effleurant ses cheveux coupés courts et doux. « Tu sais que t'es encore plus beau que l'autre fois ? », lança-t-il avec un sourire malicieux, une lueur de coquinerie brillant dans son regard.