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Lucio Moretti
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thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Jeu 16 Fév - 12:02


THINKING ABOUT WORDS TO SAY ✸ s’il y avait bien une chose qui ne lui avait décidément pas manqué à Lucio, c’était l’organisation de l’université. un joyeux bordel. ça faisait bientôt trente ans qu’il arpentait ces couloirs ensoleillés, qui sentaient un peu le renfermé. trente putain d’années que ses paluches effleuraient les murs boisés et les sculptures où il était très clairement inscrit ‘ne pas toucher’ (c’est un rebelle que voulez-vous). trente ans que ses pieds traînaient le parquet parce qu’il arrivait jamais vraiment à refermer sa sacoche correctement entre deux cours, ni même à tenir une conversation et son café dans le même temps. trente ans de bons et loyaux services, et pourtant, même son sourire irrésistible ne lui permettait pas de passer avant tout le monde au secrétariat. d’ailleurs, le secrétariat, même après toute ces années, c’était encore un mystère quasi entier pour lui. jamais Barbara ne l’avait laissé traverser le paillasson usé, gardant son fief comme une lionne, armée non pas de griffes ni de crocs mais d’une paire d’yeux acérées et d’une sacré langue de vipère. et s’il était plus tout jeune lui-même, la frigide elle avait, elle, plutôt l’air en cours de momification. Lucio glousse comme un gamin en l’imaginant rentrer le soir chez elle pour se coucher à côté de Ramsès II, mais il reprend vite contenance quand elle l’incite enfin à approcher.
officiellement, ça faisait deux semaines qu’il était de retour « d’Oxford », officieusement, largement le double. mais il était pas prêt, Lucio, à retourner dans son repaire. il était pas prêt à affronter les regards de compatissance de ceux qui savaient et les interrogations innocentes de ceux qui pensaient savoir. mais après trois relance, il avait bien été obligé de se rendre à l’évidence. fallait se remettre au boulot. et mentir à la face du monde et de ses chers élèves. enfin, est-ce qu’on pouvait considérer ça comme un mensonge ?
t’es con Lucio, bien évidemment que c’était un mensonge. et même si c’était pas dans la liste des sept péchés capitaux, c’était loin de faire de lui un bon samaritain.
il soupire et resserre son manteau autour de ses épaules, en marchant le regard rivé sur le sol abîmé. et c’est là qu’il l’entend. on l’appelle. il l’appelle.
il reconnaîtrait cette voix entre mille, à force de l’avoir entendu se plaindre en cours ou chantonner des airs incompréhensibles comme si l’amphithéâtre était une salle de karaoké coréenne. Andrea.
le professeur s’enfonce un peu plus dans son manteau à mesure qu’il entend l’étudiant se rapprocher. peut-être qu’il passera inaperçu comme ça. peut-être qu’il a confondu, que c’est pas lui qu’il appelle, mais un camarade un peu plus loin. ouais, peut-être qu’il a pas à affronter la réalité en face. peut-être qu’il peut continuer à être lâche.
mais la voix répète son prénom alors qu’une touffe colorée envahit son champ de vision.
raté.
Andrea Giacometti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Jeu 16 Fév - 18:59


ça.
ça laisse un peu con. ça. ça le laisse béat. ça fait l'effet d'une rafale en pleine figure, d'un spectre qui déboule sans prévenir. d'une sorte de hantise qui revient pour le sortir de son sommeil réparateur. sur l'instant, andrea, il percute pas, sur l'instant seulement il analyse pour être sûr de qui il voit, quand il le voit, où il le voit. il en laisse tomber de la cendre sur sa veste en cuir, elle va être flinguée. ça lui traverse pas de suite l'esprit. trop concentré à entrevoir, à percevoir. des longues jambes, des cheveux aussi gris que le pelage d'un chat affalé, un menton marqué, une mâchoire vaguement avancée. une barbe bien garnie, une moustache aussi lustrée que celle d'un colonel. ça. ça le laisse silencieux. étrangement. alors qu'il aurait pu jurer qu'il ouvrait toujours sa grande gueule d'apôtre durant ses cours, qu'il posait des questions ou menaçait de s'endormir. que le désir de réussir était pas là. confiance non plus. puis il l'a vu, ce désespoir un peu latent, cette fatigue constante. il a décidé de le prendre sous son aile. il avait décidé, monsieur moretti, de croire en lui. c'était digne d'un mauvais film, d'une série pour les ménagères qui savaient pas quoi foutre, qui avaient besoin de bons sentiments. à revoir ça sous cet angle, c'est ridicule.
- LUCIO !
ça sort tout seul, presque semblable à une invocation. il s'attarde plus trop sur sa cigarette, il la laisse tomber sur le sol et grimpe les escaliers vitesse grand v, quitte la cour intérieure. reste plus que le couloir, quelques étudiants qui révisent. c'est l'heure vaguement creuse où les amphithéâtres accaparent trop. il presse le pas. il le rattrape, il est déjà devant lui, avec mille questions qui se défoulent dans son crâne. il hésite, il se retient de le serrer, mais il veut pas tendre la main dans une entente cordiale.
- vous êtes rentré quand ?! j'étais pas - au courant. enfin - hu. froncement de sourcils. sourire qui vient à grandir de plus en plus. le repère reprend ses droits après son fameux voyage, après son détour par oxford. longue absence. vous avez pas d'compte à m'rendre c'est vrai mais... ah putain, j'suis content d'vous revoir. pas de sermon, pas de déception. ça fait battre son coeur plus vite, ça lui refile un noeud dans le bide. pas vraiment un père, plus un mentor bien qu'à côté de ses pompes, bien qu'à côté de tout. lucio de toute façon, il a débarqué d'une autre époque, il a sauté de siècle pour découvrir la moderne. celle qui sert à rien, celle qui mélange tout, celle qui permet les folies les moins monstrueuses. y se tait andrea, il sait plus trop quoi rajouter, il tape un peu de la pompe sur le sol ancien qui grince une fois sur deux. il voudrait, tout dire, tout faire, tout raconter, tout entendre. il avait manqué lucio, manqué à ce tout qui fait trois fois rien.
Lucio Moretti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Jeu 16 Fév - 23:56


ah. Andrea ne l’avait visiblement pas confondu avec quelqu’un d’autre. c’était bien lui qu’il interpelait. merda. Lucio colle un sourire poli sur sa trogne. il comptait pas, en venant ici, tomber sur lui. il avais volontairement ciblé une heure creuse, histoire d’éviter au mieux les va et vient des élèves. et voilà que le destin le mettait sur le chemin de celui qu’il aurait préféré, entre tous, éviter en premier.
parce qu’il tient trop à lui, pour le confronter. parce que ça lui fait mal, de devoir lui mentir comme ça, l’air de rien, d’lui faire croire qu’il était allé simplement brouter du gazon anglais et cracher sur des services à thé comme on prétend que ‘si, j’vous assure, ce pull c’est du cent pour-cent cachemire pur origine indienne certifiée éco-label’. mais maintenant qu’il a engagé la conversation, Lucio peut pas reculer. ce serait juste impoli de faire marche arrière sans rien dire.
puis, il va pas se mentir plus longtemps, il lui avait manqué quand même, son petit Andrea. sa bouille exotique qui lui rappelait tous ces voyages qu’il n’avait jamais fait, ses yeux qui puaient la malice autant que la clope, sa tignasse qui changeait de couleur plus vite que la météo.
et puis, y avait cette aura qui flottait perpétuellement autour d’Andrea. c’était comme si le soleil était absorbé par l’opalescence de sa peau et que son petit coeur malaxait les rayons célestes et les étiraient comme du caramel mou, pour mieux les irradier par la suite. - Moi aussi, je suis très content de te revoir, Andrea. qu’il lui avoue enfin, après un moment de flottement qui devait paraître interminable.
il hésite, Lucio. il hésite sur beaucoup de choses à la fois. il coule un regard sur sa montre, pendue à son poignet et il soupèse sa sacoche. est-ce qu’il est vraiment prêt à revenir d’entre les morts ?
oh, et puis merde. - Dis moi, t’es toujours aussi assidu en classe ? Ou t’aurais le temps de boire un petit quelque chose pour nos retrouvailles ?
sur le moment, il s’en fout pas mal des conventions sociales, Lucio. il s’en fout d’avoir été son prof pendant des années consécutives. parce qu’au-delà d’être celui qui juge, il veut être celui qui aide, l’appui. il veut parler à l’ami, pas à l’élève.
il marche à ses côtés, un petit moment durant, jusqu’à décider de leur destination. ils s’arrête finalement devant chez Mario, le petit café bagatelle à deux pas à peine de l’université, qu’il avait l’habitude d’arpenter avant.
le Mario en question, ne tarde pas à le reconnaître et ils s’installent confortablement à l’intérieur, posant leurs pattes sur la nappe vichy à carreaux rouges. - Un café allongé pour votre retour, m’sieur Moretti ? Lucio regarde le serveur et réfléchit. - Plutôt une bière blonde pour moi et un un chocolat viennois pour le petit. il jette un regard malicieux à Andrea. l’alcool résoudra peut-être pas ses problèmes, mais bon, après tout, le lait non plus.
Andrea Giacometti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Ven 17 Fév - 11:50


assidu.
la bonne vanne, la bonne blague. on reprend un peu des anciennes habitudes, on essaie de passer outre la brume qui s'est interposée. on voit clair. ou du moins andrea tente en vain de renouer, de se faire petit, quitte à passer pour un mi-coréen relou de poche. lucio avait au moins ce mérite : de le faire se taire quand il le fallait. d'être capable de bouleverser le temps, de faire tomber toute une classe dans une ambiance plus étrange qu'elle ne l'était déjà. il parlait avec passion, il disait, perdait parfois de sa grandeur de mots, pourtant il rebondissait. sec parfois dans ses notes, franc dans ses remarques. il retournait ce qu'il voulait, la jouait petit ouragan de la faculté. puis il avait pris ses clics, ses clacs, avant de se tirer pour oxford. encore maintenant il en pige pas trop les raisons : voyage initiatique, besoin de se mettre au goût du jour. les raisons sont diverses. la réalité moins. il a pas le temps de dire amen qu'il se fait embarquer sans préavis. il capte enfin qu'il a laissé du gris sur sa veste sombre, il grince des dents, dégage la cendre du bout des doigts. au pire, il dira qu'une météorite junior s'est écrasée dessus, ça expliquera le trou.
ça passera pas.
personne gobera, sauf lui. silencieux jusqu'au bout, il s'affale mollement contre la chaise alors que le professeur balance quelques ordres. déconfit, le plus jeune fronce des sourcils. le petit. chocolat viennois. pardon ? il secoue un peu la tête, il ouvre la bouche, y'a cette envie de l'ouvrir, de dire, de contredire, de faire l'insurgé. il apaise ses hardeurs. c'est pas bien méchant, fallait s'en douter - il passe pour une adolescente en plein trouble identitaire.
- merci. mais - hu. j'ai 26 ans, mine de rien ? 'fin, on s'en tape. il secoue un peu sa tête, attrape quelques rayons solaires dans sa tignasse trop colorée et trop décolorée. il inspire profondément, dégage sa veste et croise ses mains sur la table, sourire. sourire toujours plus grand alors qu'il le dévisage, essaie de percevoir les changements, ces petits détails qui font de lui ce qu'il est maintenant. il a juste l'air plus fatigué. bon parlons beaucoup, parlons bien. pour c'qui est de l'assiduité, étrangement je l'suis plutôt. pas toootalement - hu. n'empêche que v'là, j'suis pas au bout du trou, ni d'ma vie, ni d'tout ça. dernière année donc gros projet... à voir si j'y arrive haut la main. haussement d'épaules, il fait pianoter ses doigts sur sa propre peau, pince sa lèvre inférieure une seconde ou deux. au pire des cas, être artiste incompris qui s'pique ça m'plairait plutôt bien. ouais, disparaître dans l'néant, l'désespoir, les larmes, le sang. éclat de rire. humour pas forcément adéquat. andrea dans toute sa splendeur qui resplendit. ah. lucio a peut-être maigrit aussi, il est pas sûr. ses joues sont plus creuses, plus frappées à la pioche. voilà. rien d'fou sous l'soleil... et vous, oxford, tout ça ? vous en parliez pas des masses.
Lucio Moretti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Ven 17 Fév - 17:29


‘j’ai vingt-six ans mine de rien’
ah, qu’il est mignon. toute cette innocence en un seul regard. Lucio avait envie de lui dire que l’âge c’était qu’un chiffre sur le papier. que pour lui, il serait toujours le petit Andrea, cancre prodige qui manie les pinceaux aussi bien sur une toile que sur ses cheveux. il se rappelle Lucio, qu’à son âge, il débordait d’entrain, d’une joie qui lui était parue inébranlable, ce genre d’émotions qui vous font ressentir indestructible. le genre d’énergie qui te pousserai à te jeter du haut d’un volcan, persuadé de t’en sortir aussi bien que si tu t’effondrais dans un nuage duveteux. Lucio lui offre un sourire contrit à entendre le coréano-italien douter de lui-même. - Tu réussiras. Et quand bien même ce serait pas le cas, tu réessaieras. Encore et encore. parce qu’y avait rien d’autre de plus beau et fort dans la vie que la hargne qui peut habiter un être humain. c’est d’ailleurs un des principes qui nous sépare des animaux. le libre-arbitre. la volonté. la rage de vaincre. - De toute façon, si au bout du cinquième essai tu ne l’obtiens pas, ils te le donneront rien que pour se débarrasser de ton cas. ça, c’était assuré. le cas Andrea Giacometti, c’était une affaire à part, un rejeton atypique qui demandait simplement à ce qu’on croit en lui. le rictus sur les lèvres du professeur s’étire encore plus devant cette petite boutade. ça lui avait manqué. mais sa trogne amusée s’efface en un instant pour céder à une paire de sourcils froncés et une mâchoire crispée. - Moi vivant, la seule chose avec laquelle je t’autoriserai à te piquer c’est une aiguille à tricot. et il était sérieux, lulu. même si son ancien élève racontait ça sur un ton léger comme on blague sur un canard unijambiste. il sait ce que c’est, de sombrer. une fois qu’on commence, on peut plus s’en passer. et puis tout devient gris, les contours deviennent flous, comme un vieux film des années soixante et on se perd dans sa propre réalité. il veut pas ça pour Andrea.
d’autres paroles du monsieur-quart-de-siècle l’arrache à ses pensées.
ah. oxford.
parfois, quand il y pense, lucio, il se dit que ça fait un peu nom de mission d’espionnage. « opération oxford », comme un prequel de James Bond façon série b. sauf que le navet en question, c’est sa vie. et le scénario est assez hasardeux, ces derniers temps. il passe une main dans ses cheveux et machinalement se gratte le lobe de l’oreille en haussant les épaules.
vite, lucio, répond.
trouve quelque chose.
calme les battements de ton coeur.
garde l’air innocent.
Disons que c’était pas véritablement prévu comme escapade. Mais l’occasion s’est présenté alors -ahem, j’ai foncé. C’était une expérience. ah bah ça. -Une bonne expérience.
c’est le serveur qui vient à sa rescousse, en déposant devant eux les deux brevages. lucio le remercie d’un signe de tête et s’empresse de boire une gorgée.
il peut pas lui dire à Andrea. même si c’était lui l’aîné, ça lui faisait le même effet que d’annoncer à sa mère qu’il avait échoué à accomplir ses rêves. ça lui brisait le coeur rien que d’y penser. mais fallait bien lui donner quelque chose à se mettre sous la dent. - Bon, c’est vrai qu’il y fais nettement plus frais et pluvieux qu’à Vérone et que selon les rues ça sent la pisse de chat et les égouts. Mais c’est très cosmopolite comme endroit. Surtout Londres. Tu aimerais beaucoup. Très débridé et ouvert.
son pouce se met à trembler, un tic nerveux qu’il a justement acquis de son séjour en Angleterre. il se pince les lèvres faisant mine d’enlever la mousse de ses moustaches. il espère sincèrement qu’Andrea gobera ces mensonges nerveux. et surtout qu’il lui posera pas trop de questions détaillées.
parce que les seules choses qu’il sait de londres, il les a vu dans des reportages arte.
Andrea Giacometti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Sam 18 Fév - 14:53


se relever.
se relever, encore et toujours. même si c'est dans la boue, même si c'est dans la merde la plus infâme, même si c'est dans des circonstances foireuses digne d'un enfer interminable. même si ça vaut pas le coup. se relever quand même. parce que finir à genoux devant cette grognasse qui fait un doigt d'honneur, c'est trop humiliant. il est optimiste, lucio, et à bien y songer, andrea il se dit qu'un jour ça lui jouera des tours plus de que raisons. c'est pas tragique, seulement logique. ça va dans la continuité des choses. c'est ce qui est bien chez ce genre de personnes ; ce côté double, ce côté tranchant qui s'abat quand le dos est tourné. c'est violent, c'est brutal, tellement que ça peut laisser des séquelles grandissantes. ce jour-là, il sera peut-être là andrea, à ramasser la bombe qui vient d'exploser, à prendre avec des pincettes les organes décomposés. faut pas le mettre trop contre la réalité, ça pourrait lui être fatal. quant à lui, lui, il sait plus trop sur quel pied danser. il se butte à y croire sans trop s'avancer, il se dit que qui vivra verra, ce genre de conneries à deux balles qui viennent de gâteaux chinois. c'est soit ça, soit percevoir d'éventuelles images qui lui plairont pas. solitude peut-être. chômage sans doute. manque d'inspiration. page blanche. blanche, blanche, blanche.
blanche.
sa tête se secoue sous la pensée qui s'attarde trop longtemps, il chope la cuillère offerte pour enlever une grosse partie de la chantilly glissée sur le chocolat. c'en est risible, étrangement touchant aussi. le tableau serait pas trop mal à immortaliser, l'instant avec un grand i des retrouvailles retardées. retardées par la fuite. inspiration profonde, il se délecte du sucre qui fond sous sa langue et plisse les yeux en se concentrant sur les paroles de l'aîné. oxford c'est qu'un nom pour lui, c'est que quelques lettres à taper sur internet pour découvrir des images glorieuses et à la fois fades. pourtant londres ça reste une destination qu'il se doit de faire avant de partir les pieds devants, la fleur au bout des doigts. parce qu'ils sont pires là-bas, pires qu'ici. et le pire, andrea, ça l'attire.
- ah parce qu'en plus vous faites du tricot ? définitivement, j'aurais tout vu. le rictus toujours présent, le coeur qui s'arrache légèrement de son torse. y'a tellement à dire qu'il sait pas quoi siffler. il reprend un peu du surplus à se damner, le dos de la cuillère collé contre son palais. réflexion intense de deux secondes. il reprend, les iris rivés sur la tasse. très débridé, elle est bonne. y se marre, le zieute à nouveau. on m'a dit ça ouais, dès qu'j'aurais assez d'argent y'a moyen que j'fasse un tour par là-bas. y pourront p'tête m'inspirer pour... j'sais pas. pincement de lèvre inférieure, il glisse une jambe sous son corps, la ramène sous ses fesses sans gêne. j'ai entendu quelques trucs dans les couloirs... 'savez, l'mec qui vous remplaçait. bah putain vous manquiez à vos étudiants, y'avait pas plus chiant qu'lui. j'me suis demandé si j'allais pas faire un crash-test dans un de ses amphis pour voir si effectivement, il vous arrivait pas à la ch'ville. faute de foi et d'courage, vous m'en pardonnerez hu, j'l'ai pas fait. haussement d'épaules anodin, fierté dans les pupilles qui se dilatent. amen, lucio moretti revient parmi les siens.
Lucio Moretti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Dim 19 Fév - 21:01


c’est seulement quand il le remarque à nouveau que Lucio se rappelle combien ça lui avait manqué. l’éclat de malice qui pétille dans les yeux d’Andrea. tout son visage qui perspire l’espièglerie. clairement, dans un autre monde, une autre dimension, il aurait été un elfe, ou un lutin. peut-être même un hobbit, vu sa taille, mais Lucio se risquerait pas à aller vérifier si les pieds concordent. mais il dégage ce même air mutin et mièvre, les mêmes paillettes au coin de ses yeux quand il sourit. et cette même propension à passer du sourire aux larmes, à rire de bonne voix. même pour n’importe quoi. - Il y a encore beaucoup de choses que tu ignores sur moi. Andrea, en bon public, se bidonne un peu plus sur son siège, une moustache de crème fouettée au-dessus des lèvres. il se joint à son rire, Lucio, c’est qu’il avait même pas fait exprès, le couillon. il sent son diaphragme, qui était plus trop habitué à la sensation, qui se soulève et il tousse un peu pour reprendre de l’air. le rire, c’est comme la bière blonde posée devant lui, ça fait du bien par où ça passe. Lucio soupire, faussement ennuyé. - Ne me dis pas qu’ils ont eu le toupet de me faire remplacer par cet incapable de Rodrigo ? autant laisser Barbara la secrétaire mal léchée faire cours à sa place. il tourne la tête de gauche à droite à cette idée, un demi-sourire qui ourle ses lippes.
revenu parmi les siens.
amen.
il parle de lui comme du saint christ ressuscité. mais Lucio, c’est pas le messie. il sait pas marcher sur l’eau, multiplier les pains et changer l’eau en vin -même si ça, ça lui changerait la vie de bien des manières. Lucio, il est pas revenu saluer ses apôtres dans son petit amphi qui pue le renfermé.
Lucio, il est plutôt revenu d’entre les morts. et il sent bien qu’y a une partie de lui qui manque encore à l’appel. qu’il sera plus jamais vraiment le même, plus jamais vraiment lui. il est pas revenu dans un linge blanc, innocent comme l’archange Gabriel.
non.
il est revenu en se crapahutant depuis le bas d’une falaise escarpée.
il a chopé mille égratignures, partout, sur son corps et son cœur. il a échangé des cheveux contre des cernes. du poids contre un teint livide. même ses paumes sont encore abrasées de cette remontée inachevée
il en a gardé des bleus dans la mémoire et cette gaucherie dans la démarche.
comment il pourrait être le saint berger, s’il arrive pas à obtenir sa propre rédemption ? comment il pourrait vouloir guider quelqu’un, si lui-même, il était perdu au milieu de sa vie ?
et comment même pouvait-il encore regarder Andrea dans le fond des yeux ?
lui dire, sans ciller, ce qu’il voulait bien lui faire croire.
lui mentir en pleine face. de façon plus éhontée encore qu’à un gamin à qui on fait croire que le père-noël existe.
peut-être qu’il comprendrait, s’il lui avouait.
non, impensable.
il aurait honte de son ancien professeur. il serait déçu.
et la déception, c’est pire que tout. ça détruit, la déception.
mais si, finalement, la seule personne que ça allait détruire, c’était pas Lucio lui-même ?
il se rend compte finalement du blanc qu’il crée entre eux, à regarder dans le vide comme un con. il sait pas depuis quand il a l’air absent comme ça. ça lui arrive de temps en temps, depuis son retour. il pense trop, à trop de choses. et pouf, c’est comme si on débranchait la prise de son cerveau. il se secoue les méninges en frissonnant tout le long de son échine et il met un petit moment encore avant de pouvoir croiser à nouveau le regard du plus jeune. - Mais toi, alors ? Tu, hem, tu manques d’inspiration, si j’ai compris ? Qu’est-ce qui te bloque, dis moi.
Andrea Giacometti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Mar 21 Fév - 10:40


dans le fond.
dans le fond andrea sait rien. dans le fond andrea sait jamais rien. particulièrement à son sujet, lui qui incarne une forme tout autre qu'un simple humain. il pourrait, et petit à petit c'est le chemin qu'il entreprend. pourtant, et avant de l'être, il est surtout le professeur qui ramasse les dépités au bord de la rue, leur offre une chance sans rien demander en retour. il fait samaritain qui veut faire un bon cv pour entrer au paradis. avec un cas comme le sien, il aura sa place sur un nuage, c'est certain. de lui, il sait que son prénom, son nom, son âge reste sujet à quelques débats, et si de sa famille il en sait les quelques grandes lignes, c'est surtout lucio qui peut se vanter de savoir pas mal de choses. c'est un amoureux des connaissances, que ce soit dans le passé ou dans le genre humain. à voir en revanche si ça lui servira, un jour, d'avoir en tête les tendances au vol du plus jeune, son savoir en danse et son manque certain de concentration. il s'explose tellement que, le but de l'autre est de recherche les morceaux, semblable au verre pilé dont il faudrait redonner la forme. c'est pas facile, c'est même impossible sous un certain angle. pourtant, à bien le regarder, c'est qu'il perd pas espoir, c'est que c'est un truc qui fait partie de ses principes, de son être. sorte de.
de détermination.
de détermination que personne peut égaler dignement, ni refaire sans en subir des conséquences déplorables. elle est sienne. il le regarde, il l'admire, il inspire profondément, se sent basculé par une onde réconfortante qui libère ses muscles et ses nerfs. il pense, andrea, oui il pense, au rien particulièrement, ce qui a le chic de pouvoir le faire relativiser sur à peu près tout. même ce qui est censé finir à la poubelle. même ses tares. même ses retards. alors ici, avec lui, il est un peu raccord avec lui-même. pincement de lèvre, il boit la mixture sans se préoccuper des traces vagues autour de sa bouche.
- ah si si, rodrigo en chair en os et en calcaire. il en dira pas plus, de toute manière il se tirera bientôt dans les tréfonds poussiéreux. non pas qu'il lui souhaite le malheur, il le remercie seulement de s'être occupé du trône majestueux du professeur précédent. il compte bien la reprendre, cette place, à moins que ce ne soit qu'un grand mensonge et qu'il fasse trop de plans sur la comète. haussement d'épaules. peu importe, tant qu'il est présent à vérone, ça simplifie déjà pas mal de choses. j'sais pas trop, c'est pas vraiment un blocage juste... m'ouais, vous savez un genre de ras-l'cul général en presque fin d'course. ça lui passera, ça passe toujours, et si ça veut pas passer, ça passera quand même. il se l'est juré. tout va bien, j'en suis pas encore aux crises de larmes. faux. ni au stress carrément présent à chaque fois que j'ouvre les yeux. à moitié faux. j'pense que ça pourrait être pire. alors j'prends du recul, j'regarde mes potes qui sont dans la même merde que moi, ça m'rassure étrangement. l'malheur des uns fait l'bonheur des autres, hein ? vrai, totalement vrai. il fait tourner la cuillère dans le chocolat, une fois, deux, trois, quatre. ça fait des tours complets sans s'arrêter.
- donc bon. à quoi bon s'foutre dans un sale état ? pis c'pas comme si j'étais en droit. l'souci c'est que... j'veux p'tête trop faire. et bordel de dieu ça vire en psycho' d'comptoir.
il rit.
comme il sait si bien le faire.
il rit.
parce que c'est tout ce qui lui reste.
il rit.
la bonne barrière pour empêcher les malaises, la déception, le jugement. rire ça dissipe, rire ça fait pitié, rire c'est pas que pour oublier. aussi pour se rappeler les menteurs, les plus grandioses de cette humanité.
Lucio Moretti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Sam 25 Fév - 13:10


lucio, il regarde. il observe. il analyse. il laisse pas passer un seul détail. le petit coin de nappe à carreaux déchiré, la mousse qui coule le long de sa pinte, faisant rouler les perles dorées jusqu’au pied du verre. le petit bruissement de la brise qui s’engouffre au travers de la porte et qui vient caresser les suspensions florales, l’odeur des fougères et de l’aloe vera sur le comptoir. la petite musique folk qui s’échappe des enceintes, le raclement des chaises sur le sol, la déflagration de la tireuse quand la pression s’évade en même temps que l’alcool. et andrea. son petit visage poupon, qui lui donne l’air d’avoir treize ans alors qu’il en a le double. ses pommettes toujours rehaussées d’un sourire ou d’une grimace, la petite fossette sous son menton. et ses yeux. toujours, les yeux. c’est le plus important.
c’est ce qui brille dans le noir et qui irradie dans le jour. c’est mille reflets de soleil qui dansent, synchro avec les battements d’un petit coeur fougueux. c’est une palette de couleurs plus large encore que l’univers. lucio, il a toujours trouvé qu’on pouvait lire beaucoup dans un simple regard, un coup d’oeil.
il les compare souvent à deux portes. chez certains, elles sont bien transparentes, limpides, facile à passer. on peut lire au travers comme si elles étaient faites de verre. et souvent, soit ça larmoie, soit ça pétille. peut-être même les deux en même temps.
mais y en a d’autres, leurs pupilles, c’est deux blindées qui se dévoilent pas tout de suite. faut avoir le digicode pour rentrer. s’approprier la confiance du proprio, avant de débarquer comme ça et de poser ses valises.
andrea, lui, c’était un mélange des deux. il avait une double sécurité, le con. les battants semi-lucides, qui laissaient se refléter les propres émotions des autres, ces plaques de verre qui montraient que ce qu’il voulait bien montrer. des émotions assez primaires. joie, tristesse, colère.
mais lucio, il s’y fiait pas trop. il le connaissait depuis assez longtemps pour s’avoir qu’au-delà des iris marron, y avait deux putain de coffres-forts.
et lucio, il regarde. il observe. il analyse.
il sait plus lui-même si c’est l’historien ou l’artiste en lui qui détaille et prend note.
mais il le sent, gargouiller au fond de lui.
c’est comme un écho, comme si le corps du petit lui répondait inconsciemment. comme deux chiots qui se reniflent et qui finalement, posent leur popotin d’étonnement en se disant « oh toi aussi ? »
le mensonge.
il le sent.
il sent bien qu’andrea lui dit pas tout.
mais il se tait, il écoute et il le laisse finir. autrement, ce serait l’hôpital qui se fout de la gueule de la charité, clairement.
mais lucio, il donne pas dans la charité.
il donne dans la passion, dans l’amitié, dans le soutien et la confiance. il donne tout ce dont les autres ont besoin, et surtout tout ce qu’il a pas lui-même.
alors il fait semblant, encore un peu. il partage son rire. et puis, très vite, il reprend son sérieux, lucio.
et il regarde. dans le fond des yeux. il sonde. et puis, il fait ce qu’il a de mieux à faire. il babille. il radote. il se nourrit d’un espoir qui ne l’habite plus pour essayer de faire germer la graine chez l’autre. - Ne t’en veux pas trop, ça arrive à tout le monde, ce genre de doute. Ça m’arrivait même un jour sur deux, à ton âge, pour te dire. et il se rappelle bien, toutes ces nuits blanches à s’arracher les cheveux, à ravaler sa rage devant la toile blanche, à déchirer les clichés développés, à fumer et fumer et boire et encore fumer. - Mais faut que tu rebondisses. Faut que tu cherches -et que tu trouves surtout- un truc, ton truc. C’est pas grave de se disperser, tant que tu sens que ça te convient, que c’est comme ça que tu t’épanouis. il a les coudes appuyés sur la table et il gesticule des doigts machinalement. parler avec les mains, c’est pas qu’un truc de rital, c’est un truc de lucio, aussi. il sent l’énergie des mots qui se déversent entre la pulpe de ses paumes. - Mais si y a bien un truc que je peux te dire, c’est d’arrêter de faire ce qui t’intéresse. il se repose contre le dossier de sa chaise et boit une gorgée d’or liquide. il profite de sa petite pause pour semer la confusion. il voit que ça fait un peu mouche quand même, ce qu’il dit, vu la mine déconcertée d’andrea. ou alors il a simplement de la salade coincée dans sa barbe. - Je veux pas que tu fasses des trucs qui t’intéresses. Il faut que tu fasses des trucs qui te passionnent. Pas les trucs que tu trouves cool, ou que tu voudrais faire parce que c’est tendance. Nan, si tu veux vraiment percer, réussir et apprivoiser l’art qu’y a là-dedans… il porte un doigt contre sa propre poitrine et il continue à regarder, observer, analyser. - Faut que tu te concentres sur ce qui te fait vraiment aimer ce que tu fais. Ce qui te fait vibrer, ce qui te fait frémir. Ce qui te file des frissons rien qu’à y penser. Ça peut être un objet, un lieu, une personne. lucio, un peu comédien dans l’âme, il accompagne ses paroles d’un grand geste en désignant tout le bar d’amples gestes de la main. il se dit qu’à philosopher, comme ça, il est peut-être né dans la mauvaise époque, dans le mauvais siècle. - Et une fois que t’as trouvé ce qui te fait battre, accroche toi. Lâche pas. L’inspiration, ça va, ça vient. Mais la passion, ça, ça te quitte jamais.
Andrea Giacometti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Dim 26 Fév - 12:59


il débite.
débite, débite, débite, ça s'arrêtera pas. ça étale de la bonne volonté, tellement de gentillesse que ça lui ferait presque douter de sa présence à vérone, sur cette même terre que lui. ça vient qu'un instant. parce qu'il sait que c'est du tout cuit, que c'est remâché, recraché, c'est comme un cours qu'il peut connaître par coeur. à force, ça se laisse aller seul sans qu'il fasse exprès. il suit un plan, une dynamique, une logique si claire qu'elle pourrait passer pour celle d'un convaincu. il est plus à emmener à l'église pour lui faire croire que dieu existe, en levant les yeux vers la sainte croix il pourrait se remémorer ses stigmates. andrea il sait plus trop. il a beau regarder ses propres paumes, y voir des trous à cause de clous rouillés, il sait plus comment y faire, où se placer. il est un peu ici, un peu là, un peu ailleurs. lucio lui, il est bien planté. il sait ce qu'il veut. n'empêche que ça a l'air trop beau, trop parfait pour pas avoir quelques foirages ici ou là. il fronce les sourcils, hoche vaguement la tête, purement intéressé par ses racontars qui prennent l'allure d'un conte pour mouflets. il veut lui souffler la sorcière d'un petit coup de pouce, la jeter dans les flammes pour pas qu'elle le bouffe tout entier. il veut l'envoyer à la mer et le protéger des sept mésaventures qui lui tomberont sur la gueule. le placer un peu en héros ou anti-héros, lui glisser que ça arrive pas qu'aux autres. l'espoir bête et méchant. l'espoir tellement con que ça lui file des palpitations, qu'il pourrait se sentir défaillir, là, maintenant. ce genre de messages tellement basiques que plus personne les entend. ce. une main passe sur son front puis vient terminer sa route dans sa tignasse. anxiété qui le rattrape, haussement d'épaules un peu anodin, regard fuyard au possible.
prendre de la graine.
ouais. assimiler tout, tout prendre, tout appliquer à la lettre parce que sinon ces commandements servent à rien. il pourrait faire le suivant, le coller dans ses retranchements et sans réfléchir le suivre dans cette petite guerre aux pessimistes. andrea, il est pas comme eux. andrea il est juste caché derrière trop d'étoffes, trop de faces, trop de ravages.
- si quelqu'un m'avait dit ça, j'me s'rais moqué d'lui. étrangement. ce genre de discours ça m'enchante autant que ça m'gave. parce que c'est facile, c'est tellement facile à dire. rire cassé dans l'antre de sa grande gueule éteinte. même un p'tit de six ans pourrait en faire le constat. c'est à la portée d'tous. gorgée de sa boisson pour apaiser les douleurs qui menacent de squatter. même l'alcool pourrait pas s'y lancer en duel, ce serait mort d'avance.
- mais c'est vous. redresse la nuque, faire face. et vous moretti, vous êtes pas dénué d'sens, ni d'pensées. vous dites tout ça alors que dans l'fond, vous savez que ça marche qu'une fois sur deux. qu'la passion, elle fait pas tout, qu'la passion c'est beau pour les grands genre picasso ou rimbaud. la passion ça anime, la passion ça peut vous étriper sur place aussi. la voix ferme, étrangement posée aussi. loin de l'énervement facile de ces couples qui tentent de se redonner une chance. il laisse aller le smile, le smile, smile, smile qui pourrait décrocher la lune tout seul s'il avait pas ses os pour l'empêcher de faire plus.
- au pire on s'la joue icare. mains plates sur la table, puis qui se joignent. sorte de prière à l'encontre des forces divines qui ont démissionné depuis une éternité. au pire, on aura pas c'regret de pas avoir vécu. on pourra l'dire dans des années ; messieurs, mesdames, j'suis à la dèche, j'suis rien, mais voyez moi au moins j'ai eu la chance de vivre putain.
secoue tout juste la tête, s'intéresse à un détail autour de lui. la décoration à la fois kitsch et bien déterminée. théâtre de pièces insolites.
- j'veux bien vous croire. j'veux bien, ouais. un temps. dites-moi juste qu'elle me perdra. et qu'elle vous perdra aussi.
Lucio Moretti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Lun 27 Fév - 19:23


il pensait pas, lucio. il s’y attendait pas.
que le plat des mots d’andrea tranchent autant. que de simples consonnes et voyelles assemblées pouvaient faire l’effet d’un block 9mm. il avait essayé, il avait tout donné, dans l’espoir faible et infime que ça suffirait.
mais andrea, il est pas comme ça. il a beau en avoir l’apparence, c’est pas un bisounours soleil coeur coulant chamallow.
c’est un humain. avec une vie, une expérience, une opinion. un humain.
et lucio, il a tendance à oublier parfois que c’est ce qui l’entoure.
des gens, des vrais gens.
pas des pantins inarticulés, malléables à souhait.
on peut pas dire de croire à qui ne veut pas. on peut pas insuffler l’envie à celui qui ferme ses bronches.
et il avait raison, andrea. c’est facile à dire.
putain, lucio, qui tu cherches à convaincre ? à prêcher comme ça, comme un vieux pasteur désabusé, pas certain lui-même, du sermon à faire.
qui tu cherches à rallier à une cause en laquelle toi-même t’as arrêté de croire depuis belle lurette ? qui t’essaies de convertir ?
et pourquoi ? pourquoi tu te caches, comme ça, derrière l’image propre et parfaite de l’artiste en plein expansion ? qu’est-ce que ça t’apportes de jouer les types réglo à l’histoire parfaite, le gars qui prétend que l’art c’est magique, que c’est un ressenti, que c’est synonyme d’espoir, que ça habite tout le monde pour toujours.
tu sais très bien que c’est faux, lucio. tu sais très bien que l’art, ça a jamais nourri personne. si ce n’est des rêves.
mais tu sais aussi, mieux que personne, que les rêves ne durent jamais.
la vie se charge de les écraser pour toi, de les étouffer dans le nid, de couper court au cordon qui te relie à eux.
alors pourquoi, lucio, pourquoi tu t’acharnes ?
parce que t’as honte, peut-être.
ou alors t’es juste sacrément con.
lucio, il a le visage qui se décompose un peu plus à mesure qu’andrea en rajoute. c’est pas contre lui, il le sait, il donne juste son avis, le petiot. mais le professeur peut pas s’empêcher d’entendre cet écho qui résonne tout près de son coeur, dans les rouages un peu rouillés de sa mécanique personnelle. - dans les faits, rimbaud était un sombre connard et picasso un grand coureur de jupons. alors peut-être que c’est ça, la clé, ne rien faire comme tout le monde.
ça, il savait y faire, lucio. c’était même sa plus grande spécialité. depuis gamin, il vivait toujours en décalé avec son temps, avec les autres. il était plus vraiment à ça près. - retiens, andrea, que celui qui se dit artiste dans l’espoir d’obtenir gloire et prestige n’en est pas un.
c’est plus qu’une envie, qu’un métier, l’art. sous toutes ses formes, d’ailleurs.
c’est une vocation. c’est cette pulsation au plus profond des veines qui augmente crescendo quand la créativité s’envole ou que l’imaginaire s’en mêle.
mais au fond, il lui donne raison, à son petit élève. « se la jouer icare » vouloir voler, toujours plus haut, tomber amoureux du soleil, si fort, si fort, et chuter si bas, si bas. c’était ça aussi, l’amour de l’art et du beau. c’était s’épanouir dans une forme nouvelle de souffrance ou selon une palette d’émotions paradoxales, dérangeantes.
y a de ces choses, comme ça, qui sont pas mal en soi, mais qui en causent.
tout est poison, finalement. faut juste respecter la dose.
lucio, il inspire par le nez, et il regarde d’un air abruti le verre devant lui. à moitié plein, à moitié vide, à moitié air, à moitié bière. il sait pas trop juger.
tout ce qu’il sait, c’est qu’il sent ses doigts qui tremblent.
comme avant. comme l’an dernier.
il cache sa main sous la table. faut pas qu’il voit ça, andrea. faut pas qu’il se pose des questions. - c’est, ahem, c’est une bonne façon de voir les choses, en un sens. parce que c’est ce qui devrait animer tout le monde au final, se demander ce que les gens diront de nous sur notre lit de mort. ça révèle beaucoup sur la personnalité de quelqu’un.
et ça révèle quoi sur la tienne lucio ? ils diront quoi, les gens quand tu seras plus là ?
instable, raté, incompris. toxico. père en retombée, mari en échec.
il voudrait bien rire, ouais. la passion.
il voudrait bien rire, mais il peut pas.
ça fait déjà longtemps qu’elle l’a perdu, cette chienne.
Andrea Giacometti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Mar 28 Fév - 10:59


se taire. regarder. regarder. regarder. puisque de toute façon y'a plus que ça à faire, puisque de toute façon y'a que ça qui reste. c'est pas les études qui aideront, c'est pas les buts qui sauveront. c'est rien de tout ça. vivre c'est pas ça. vivre c'est pas être là, vivre c'est pas être ici. vivre, c'est trop conceptuel. vivre c'est un concept de merde inventé par une société pseudo-intelligente, qui consiste en se lever, bosser et crever sans avoir été connu. c'est pas les héros. c'est que des fourmis. c'est que des insectes, que des restes. c'est pas la faute à tout ça, c'est leur faute, c'est leur grosse erreur taille géante qui prend beaucoup trop de place, tellement que plus personne la capte. et ça s'insinue sous les vaisseaux, ça laisse des marques sans vraiment qu'on ose y toucher. pincement de lèvres. lucio se tait, se tait beaucoup trop, et il a peur de l'avoir assassiné sur place, de l'avoir éventré, de l'avoir aidé dans son décès soudain et brutal. quelque chose qui le. le fatigue, le sature, le rature en croquis de professeur qu'a perdu ses horizons. peinture pas terminée. manque de. de. d'éclats. de quelques trucs. andrea vaut pas mieux, andrea c'est que le fake, que le résultat vomitif d'un condensé de tous les clichés de cette foutue planète. le mec déluré, le mec qui boit, le mec qui danse, le mec qui forcément est dans les arts, le mec qui se teint les cheveux, le mec qui court après d'autres mecs. le mec pas très mec. andrea genre idole pour adolescentes en rutes. andrea genre gros complot de vérone qui cause.
cause.
cause.
cause.
et cause de mal en pis la perdition de ses proches. y fait pas exprès. il dit juste. il pense pas assez loin, il réfléchit pas assez et c'est pas un reproche qu'est caché. c'est un constat qu'on lui laisse, là. et qu'il refuse de prendre, qu'il refuse d'accepter parce que c'est trop complexe de se dire que quelques phrases ça peut détruire. que quelques mots, quelques motivations et démotivations peuvent entraîner l'effet balle à ailes de papillons. il sourit. parce que ça reste, parce que c'est gravé, même quand lucio cache ses pattes sous la table, même quand il l'air résigné. y va pas brailler. c'est pas dans l'état actuel des choses. ça fait pas partie du bon déroulement.
inadmissible,
honteux,
déplorable.
- et pour quelle épitaphe ? ci-gît andrea giacometti, incompris de lui-même, pute de ces bonnes gens, danseur aux étoiles. hochement de tête par conviction. ça sort tout seul. ça disjoncte d'un coup. ci-gît lucio moretti, grande figure de la faculté, né à la mauvaise période, aventurier des âges perdus. ensemble, dans le même petit coin de terre. les reclus. les détestés. les oubliés. personne viendra les réveiller de leur long sommeil. et andrea se retient de dire que lui, quand il partira, ce sera sans doute jeune, à mille à l'heure.
il ravale le,
stress.
tout ça.
tout en retard. toute la confiance bafouée. tout ce qui pourrait coincer. andrea giacometti c'est celui qui reste debout, celui qui se bat, celui qui reste sur ses jambes. celui qui tombe pas, jamais. celui qui fait pour les autres, celui qui donne la motivation. celui qui.
qui se laisse.
- on a peut-être qu'ça dont on peut s'vanter : lever les armes. c'est presque triste. j'vais pas dire qu'on est des combattants, style barbares sur leurs tigres sauvages. on est loin d'tout ça. on est des genre de guerriers ordinaires. soupir, il en profite pour terminer le chocolat viennois, presque froid maintenant. ses iris s'attardent, pétillent encore un peu de cette lueur folle. j'veux vous aider à la récupérer.
sort de nulle part.
prise de conscience,
insouciance.
- cette grognasse de passion. elle est plus là, hein ? c'est ça ? j'veux vous aider. à en refaire une, à la reprendre, à la choper par la jugulaire et la faire tomber dans les pommes pour qu'elle se laisse faire. déglutit. et si ça t'nais qu'à moi, j'vous emmènerais sur les toits d'la fac pour que vous hurliez un bon coup. c'est libérateur c'genre de conneries, on nous traitera p'tête de fous après coup, mais à entendre les timbrés rigoler dans leurs asiles, ils sont p'tête plus heureux qu'nous.
silence.
un temps.
- ... j'suis désolé, oubliez. j'parle beaucoup trop.
se ravise.
à se laisser,
pourrir dans un coin.
Lucio Moretti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Lun 6 Mar - 10:14


il a encore la patte tremblante, lucio.
elle s’agite sans qu’il puisse faire quoi que ce soit. il la sent bien vibrer au rythme d’un métronome devenu fou. il passe sa paume gauche sur son poignet, pour essayer de calmer tout ça. c’est un simple réflexe primaire, l’instinct qui lui dicte ça. mais ça fonctionne pas. ça fonctionne jamais.
il passe juste le temps à blanchir ses phalanges, à étouffer son propre corps de lui même.
et il se contente d’écouter andrea. le côté positif de ce gamin, c’est qu’il parle pour deux. il pourrait être muet jusqu’à la nuit des temps, andrea, il trouverai toujours de quoi animer la conversation. il est comme ça, la langue bien pendue, parfois fourchue et pourtant, toujours juste.
il sait pas à quel point il a raison.
et lucio, il aime bien la mention aventurier des âges perdus. il trouve que ça sonne bien. ça fait un peu indiana jones, un peu jules vernes. mais, il a rien de tout ça, lucio.
même arsène lupin, il a plus d’honnêteté et d’intégrité que lui n’en aurait jamais plus.
il sent son petit coeur qui s’accélère, qui palpite.
c’est pas bon une tension pareille à son âge.
il cligne des yeux, une fois, deux fois, trois fois. il chasse le voile de larmes qui humidifie ses prunelles. il voit plus très clair, faut dire. c’est un peu comme si un nuage de brouillard épais s’étalait devant lui. un genre de flou artistique ambiant.
qui déforme un peu tout.
qui donne des couleurs éteintes, qui fait baver les traits du plus jeune, comme une vieille aquarelle trempée par la pluie.
y a les sons, aussi. autour de lui. il croit qu’il devient sourd d’une oreille, brutalement, lucio. il entend un cliquetis incessant, peut-être le bruit de la caisse enregistreuse. et un son plus aigu, perçant. il sait pas si c’est la voix d’andrea qui débite encore ou si c’est son souffle à lui qui grince.
mais ça emplit, ça monte crescendo. c’est un putain d’acouphène qui coupe tout le reste.
et puis soudainement, venues de nulle part, y a des petites mouches noires qui dansent à droit à gauche. elles essaient de l’attaquer, d’emplir son champ de vision.
la panique commence à l’envahir.
il respire plus fort, il a les yeux qui regardent à droit, à gauche, les deux en mêmes temps. il se perd à l’intérieur de lui-même.
la récupérer ? qui ? flo ? il va l’aider à récupérer sa femme ?
il a jamais rien demandé de plus, lucio. il supporte pas, ça. ça.
ce semblant de vie qu’il mène depuis, ballotté de long en large, cabossé, comme un gamin perdu.
ah non, pas sa femme, mais la passion.
l’ardente, la brûlante, celle qui est sensée animer ses orbes et couler dans ses veines.
la seule chose qui coule, c’est les perles de sueur froide dans son dos.
il est agité, lucio.
il est pathétique, lucio.
il s’en rend même pas compte, qu’il a reposé les mains sur la table.
ils lui avaient dit, les médecins.
ils lui avaient dit, qu’il fallait pas. qu’il fallait qu’il reste clean en tout point. mais il peut pas. il pourra plus jamais vraiment.
sans qu’il s’en rende compte, sa main dérape et sa chope se brise sur les tomettes au sol, déversant le reste de son contenu au pied de leur table.
le fracas de verre brisé le ramène à la surface, comme si on le remorquait du haut d’un bateau de pêche.
le vieux loup de mer désséché qu’il était.
il est pathétique, lucio.
t’es pathétique, lucio.
- je suis désolé, Mario, je, je payerai, pas de problème pour ça, je suis désolé, je-
il se confond en excuses, comme s’il avait buté quelqu’un.
ça va, c’est pas grave, c’est juste un verre, qu’on lui répond.
il ose pas regarder plus loin quand même, lucio.
il ose pas reposer ses yeux sur andrea.
alors il se lève, il valse un peu et il claudique. - je, euh, je crois que je vais prendre un peu l’air.
sa démarche gauche le porte jusqu’à la porte et il sort dans un tintement et une quinte de toux qui lui arrache les bronches.
il inspire l’air frais et il ferme les yeux.
putain lucio, ça fait quatre mois.
quatre mois que c’était pas arrivé, ce genre d’épisode névrotique.
t’es pathétique, lucio.
il tire son paquet de cigarillos de la poche et il s’appuie contre la façade de la trattoria.
c’était pas sensée être une mauvaise journée, au départ.
Andrea Giacometti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Mer 8 Mar - 23:53


il veut faire bien, andrea.
il veut vraiment faire bien. il voudrait tout découvrir, tout faire, tout réparer de ses dix doigts fins. il voudrait aider. il voudrait retaper ces coeurs brisés, les engluer dans une armure de titane. les rendre plus forts. les rendre imperméables. il veut faire bien, andrea. mais ça suffit pas. et lucio dit plus rien d'un coup, lucio se raidit tellement que ça en fait peur. il change de couleur. il pourrait virer au vert que ça l'étonnerait pas. alors ses sourcils se froncent, son estomac se serre bien profondément, ça se ressent et traverse sa colonne vertébrale comme un coup de couteau en traître. il se redresse. il fuit. parce que c'est pas toujours bon à entendre, c'était trop maladroit, trop mal agencé, trop mal foutu. et il percute pas trop bien où il a pu merder dans son discours. c'était pas assez optimiste. pas assez beau. pas assez lisse pour quelqu'un qu'a trop donné à la vie et qui pourra pas faire plus maintenant. c'est fait. il a rempli sa part du marché lucio, à quoi bon persister pour retrouver les encens de ruines perdues ? même si l'odeur sera familière, ce sera pas pareil. ce sera pas aussi sublime qu'avant. et sans doute qu'andrea regrette de pas l'avoir connu avant tout ça, avant son chemin de bon professeur, avant qu'il s'entasse dans des crasses. qu'il la perde. il ravale difficilement sa salive, paie sa part avant de le retrouver dehors.
enfile sa veste en cuir.
rajuste son sac sur son épaule. prend une bouffée d'air. il reste quand même à distance, il voudrait pas le provoquer, il voudrait pas qu'il lui tombe entre les doigts comme ça. il s'en veut. il plisse des yeux à cause des vagues rayons qui percent ses iris. il a les sourcils froncés. pas comme un type énervé, plus semblable à un bâtard abandonné sur une aire d'autoroute. il pince sa lèvre inférieure, mâche la peau morte avant de joindre ses mains.
- j'voulais pas... vous mettre dans un état pareil. l'est plus tout jeune, ça joue peut-être ? faut pas s'arrêter qu'à l'âge. y'a sans doute plu à creuser. il est pas le psychologue attitré. il pourra pas lui tendre impunément la paluche sans avoir peur de se faire mordre. il le regarde du coin de l'oeil, moue qui accompagne sa parole. j'suis désolé, vraiment. il en rajoute pas plus. il sait qu'il va repartir dans ses éloges, dans ses élucubrations qui veulent plus dire grand-chose. faudrait noter ça dans un carnet à la rigueur, les garder pour des nouvelles, des pensées pseudo-poétiques. ou pour personne.
à laisser se planter.
c'est bien. ça lui apprendra à l'ouvrir de trop. inspiration profonde, il redresse la nuque, enclenche un petit sourire. timide. gêné. malaisé. un peu dans ce registre, mais tout mélangé quand même.
- 'coutez faut qu'j'y aille mais... j'suis désolé, vraiment j'pensais pas qu'vous alliez... réagir comme ça. j'ai trop parlé. haussement d'épaules. c'est pas grave. y'a pire. il fera des exercices dès ce soir pour combler les lacunes. j'suis vraiment, vraiment... vraiment... désolé. et j'vais arrêter de l'répéter sinon vous allez m'coller des taloches en pleine face.
y recule d'un pas. de deux. regarde autour de lui. faut qu'il rentre chez lui. faut qu'il se fasse violence et qu'il bosse, qu'il donne une envergure nouvelle à son avenir, à son futur qui est un peu no et que dalle.
- j'reviendrais vers vous - si ça vous va, j'veux pas - emmerder. hm.
silence.
- bonne fin d'journée. j'suis content d'vous avoir revu.
faudrait arrêter les relations sociales. arrêter de faire souffrir l'autre. arrêter d'être tout court pour pas. pour pas tout ravager sur le passage. pour pas la jouer.
la jouer cyclone.
il voulait être une tempête tout petit.
y'avait déjà une merde dès le plus jeune âge.
bah putain, c'est réussi.
Lucio Moretti
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Re: thinking about the words to say (andy + lulu = love)
Jeu 9 Mar - 10:01


il tire sur son cigarillo. il laisse la bouffée s’insinuer jusqu’à l’aube de ses poumons avant de recracher la fumée qui se fond très vite avec le reste de l’atmosphère. il voit presque pas le petit brouillard auto-généré dans les rayons du soleil. il voit presque pas andrea non plus, qui sort le rejoindre. lucio, il sent le petit malaise qu’il a réussi à créer entre eux. il s’en veut beaucoup. il avait tenu bon tout ce temps. il sait même pas pourquoi ça lui est arrivé. la dernière fois, c’était encore à « oxford ». c’était pendant une thérapie individuelle. confronté à ses démons.
là, y avait rien.
rien, sauf les mots de son élève.
en général, des mots, il lui en faut beaucoup pour lui faire de l’effet. en général, ça glisse sur sa carapace comme des billes sur le béton. ça roule bien, sans cahots, sans se détourner.
mais là, les perles étaient rugueuses, âpres, elles accrochaient la surface de son esprit, la fleur de sa peau.
et il pouvait rien y faire.
y avait des jours avec et des jours sans.
il entend andrea se confondre en mille excuses. il aimerai lui dire que c’est pas grave, que c’est rien, que ça arrive. il aimerai le rassurer. c’est son rôle. en tant qu’adulte, en tant que mentor, en tant que professeur. même en tant qu’ami.
mais il peut pas, lucio.
pas parce qu’il veut pas.
parce qu’il peut pas. les mots refusent de sortir, sa bouche fait barrière.
il a peur que s’il l’ouvre, c’est pas des phrases qu’il va cracher mais toutes ses entrailles.
alors la seule chose qu’il laisse passer, c’est ce revolver long et court, couleur cannelle aussi incandescent qu’une bougie. il sait que c’est de la merde. il sait que ça change rien. il sait que c’est mauvais pour sa santé. sa grand-mère déjà le lui répétait quand elle l’avait surpris à se griller sa première clope y a bientôt quarante ans.
mais c’est comme un tic nerveux. ça l’apaise, étrangement.
alors il se concentre sur les paroles d’andrea. il se répète, un peu. mais lucio, il peut pas juger. c’est le roi des radoteurs.
et il se concentre, lucio. il se concentre. il essaie vraiment, de faire passer la boule qui pèse dans son estomac. cette peur du rien qui secoue ses boyaux. il inspire fort. fort. et enfin, il y arrive. à articuler deux trois trucs dans sa vieille barbe grise.
- ça va, andrea, ça va.
il a les yeux toujours dans le vide. il regarde un point flou au loin, il sait lui-même pas exactement quoi. peut-être le pot de fleurs, sur le côté, les traits blancs du passage piéton ou les fesses dandinantes d’un corgi qui se balade sur le trottoir d’en face. il voit pas trop andrea s’éloigner, mais il le sent, à la perturbation que ses déplacements créent dans l’air. c’est bien un truc de vieil artiste raté, ça, la perception des mouvements et de l’espace.
- à toi aussi, andrea. à toi aussi.
il souffle, sans trop s’en rendre compte. mais l’esprit embrumé, c’est tout ce qu’il trouve à redire. sa tête n’est plus qu’une coquille vide et son corps vu du dedans serait plus semblable à une loque déguingandée.
alors, quand il voit la tête du coréano-italien dégager de sa vision périphérique, il écrase son mégot et il retourne commander une pinte.
et il se fait la promesse, qu’à leur prochaine rencontre, il lui dira.
il lui dira tout, parce qu’il le lui doit bien.
il lui dira tout,
andrea, c’est pas toi,
c’est moi.

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