Tu regardes les deux hommes qui se trouvent dans cette cuisine. Un qui coupe les légumes. L’autre qui prépare une sauce tomate. Leur rire, résonne dans tes oreilles. Leur sourire, te fais sourire encore plus. Leur complicité, te donne envie de connaître cela aussi. Leur geste. Leur mot. Ils sont tellement en fusion. Tellement un tout. Tu ne peux qu’avoir des étoiles devant les yeux en les regardant. Tu ne peux que rêver à cela en les observant. Tu avais quatre ans. Quatre ans et tu le voyais déjà. L’évidence. Tes copains et copines ne comprenaient pas vraiment pourquoi tu avais deux papas. Et pas une maman et un papa. Mais pour toi c’était normal. Tu n’avais pas besoin de maman. Tu avais deux papas. Deux papas avec un amour à plus finir. Et c’était tout ce qui comptait.
Cette même année tu le rencontras. Tes papas avaient invités des amis avec leur fils d’un an ou deux de plus que toi, à venir dîner. Barbecue. Tu étais dans le jardin, sous la surveillance de papa numéro un. Pendant que papa deux s’occupait des grillades. Toujours sous surveillance. Il ne devait rien arriver à leur princesse de l’océan. Et puis tu ne comprends pas. Tes fesses rencontrent le sable. Tu allais te mettre à pleurer. Mais une main s’invita devant tes yeux. Tes yeux larmoyant. Une de tes mains attrapa sa main. Ce fut le début. Le début d’une grande histoire. Une histoire qui encore aujourd’hui est toujours d’actualité.

« debout la belle au bois dormant !! ». Tes lèvres se mettent à dessiner un sourire. Tu souris toujours quand il te parle. Quand il te regarde. Depuis ce jour où tes fesses ont touché le sol et qu’il t’a tendu la main. Vous vous n’êtes plus jamais quitté. Toi et lui. Lui et toi. Pour la vie. Pour toujours. Pour l’éternité. « je suis pas une belle au bois dormant, je suis une sirène d’abord ! ». Tu rigoles. Tu t’appelles « Ariel », t’es une sirène, t’es pas une belle au bois dormant. Toi tu es dans l’océan, elle, elle est dans les bois. Tu entends son rire à lui aussi. « bon alors debout belle sirène dormante ». Tu ouvres les yeux. Sourire amusé sur tes lèvres. Tu te lèves doucement. Et tu ouvres tes bras. Tu veux ton câlin du matin. Rectification : TU veux SON câlin du matin. Et tu l’obtiens. C’était important. C’était vital. Tu grimpes sur son dos. Tu t’accroches à lui. Comme si ta vie en dépendait. Il t’emmène dans la cuisine pour la p’tit dej’. Tu poses tes fesses sur un siège. Tes papas arrivent à leur tour. « bonjour les enfants ! bien dormi ? ». Oui tu avais bien endormi. Tes papas se fichaient que tu dormes avec un garçon. T’avais dix-huit ans. Et tes papas étaient assez ouverts d’esprit. Ils savaient aussi très bien qu’entre toi et lui il n’y avait que de l’amitié. Une amitié plus qu’amitié. Mais il n’y avait rien de plus. Quoi que ton petit cœur se posé parfois la question de la vérité des sentiments que t’éprouvais en sa compagnie. Mais tu ignorais ces questions. Tu profitais juste de ce que tu avais avec lui. Il était ton « âme sœur ». Ton double complémentaire. L’autre partit de toi-même. Comme pour tes papas qui c’étaient trouvés.

Il y a un an, un incident eu lieu. Qui bouleversa votre vie, mais vous rendit beaucoup plus fort. Vous rouliez tranquillement pour aller au cinéma. Quand tout d’un coup la voiture fut propulsée. Tu n’as pas réalisée sur le coup ce qu’il se passait. Ce qu’il venait de se produire. Juste un choc. Et une douleur. Puis la panique et l’inquiétude. Tu te tournes vers Eric. Tu vois du sang. Tu paniques encore plus. Tu ne sais plus. Tu ne comprends pas. Tu ne comprends plus rien. Tu sens des perles salées couler le long de tes joues. Tu as mal. Tu as de plus en plus mal. Mais tout ce qui passe dans ta tête c’est : est-ce qu’Eric va bien. Et puis trou noir. Tu te réveilles à l’hôpital. Enfin c’est ce qu’on t’explique. Que tu es à l’hôpital. Que tu vas bien. Que tes papas sont en salle d’attente. Qu’ils vont venir. Mais toi la seule chose que tu demandes c’est « eric ! eric comment va eric ? ». L’infirmière te réponds de ne pas t’en faire. Que tout vas bien. Que tu ne dois pas t’inquiéter de lui pour l’instant. Ton premier papa rentre dans ta chambre et te serre dans ses bras. « papa comment va eric, elle n’a pas voulu me le dire ! ». Tu croises ses yeux. Et les tiens se mette à paniquer. « eric est encore en chirurgie. On aura des nouvelles plus tard.. pour l’instant pense à toi ma puce ! ». Et pourtant tu n’y arrives pas. Les minutes sont des heures. Les heures une éternité. Tu demandes à tes papas chaque minute de prendre des nouvelles qui sont toujours les mêmes : stable. Une infirmière finit par rentrer dans ta chambre. « tu es la petite amie d’eric c’est ça ? ». Petite amie ? Qu’importe. « sa meilleure amie… comment va-t-il ? ». Elle te sourit. « il est réveillé… il veut te voir. ». On t’aide à t’installer sur une chaise roulante. Bien que te connaissant tu y serais allée en courant. Tu rentres dans sa chambre. Tu le vois dans ce lit. Endormit. Il avait l’air d’un ange. Tu t’approches. Tu attrapes sa main doucement. Tu aperçois un sourire au coin de ses lèvres. « ma belle sirène… tu vas bien ? ». Oui. Tu vas bien. Maintenant mieux qu’il y a une seconde. « oui maintenant que je te vois et toi comment vas-tu ? ». Il se met à rire. « comme quelqu’un qui vient de se prendre un bus.. ». Tu le regardes mauvais. « t’es pas drôle ! ». Mais tu ne peux t’empêcher de rire aussi. Vous étiez là vivant. Tous les deux.

Le temps à passer. Cela vous a encore plus rapproché. Aujourd’hui vous vivez en colocation. Tu n’as pas d’emploi stable mais tu survis grâce à tes papas. Tu es un électron libre. Tu vis comme la vie arrive. Tu ne planifie rien. Tu attends que ça passe. C’est comme ça. C’est ta vie. Ta vie avec Eric….