Je pensais que c'était la meilleure solution. Une décision s'imposait et pour le bien de tous. Je n'étais pas certaine que cela allait fonctionner mais il fallait essayer et Luciano était d'accord avec moi. On ne pouvait plus rester assis à ne rien faire. Il fallait la faire réagir. Au début, je croyais comme le reste de la famille, qu'il fallait juste un peu de temps pour qu'elle puisse s'en remettre. Mais là, cela faisait déjà trois mois qu'elle restait dans cet état léthargique. Et je ne le supportais plus. Je n'aimais pas qu'elle s’apitoie sur son sort, qu'elle traîne des pieds comme elle le faisait en ce moment. Elle qui était toujours de bonne humeur. J'avoue que ma petite sœur, souriante, fofolle et exubérante me manquait. J'avais besoin d'elle, besoin qu'elle me tape sur le système, qu'elle me traîne pour faire les boutiques. Tout ça me manquait. Les garçons étaient parfois trop occupés pour s'en rendre compte mais la maison avait changé avec ce qui s'était passé. Terriblement.

Dans la voiture qui les emmenait jusqu'au parc, j'avais gardé mes yeux sur le paysage qui défilait. Emi avait posé sa tête sur mon épaule. Elle aussi, elle a abandonné ses études... tout comme Eros. Deux personnes intelligentes pourtant... Et du temps de perdu. Ils savaient à quel point la vie pouvait être courte. Malgré tout, ils ont abandonné leur rêve. Pour quoi faire ? Pas grand chose. J'aimerai les secouer tous les deux. Leur dire que je comptais sur eux pour sauver des gens... et peut-être moi. Mais au lieu de ça ils s'enferment dans leur malheur. Et moi, je me tais. Parce que je ne sais pas comment lui dire. Les mots ne venaient pas. Dana avait raison mais je ne pouvais pas. Eros faisait la tronche sur le siège passager. Il avait du se disputer une nouvelle fois avec Lucky... Luciano toujours égal à lui même et Emi qui se laissait porter. Non ce n'était pas le moment.

Arrivés au parc, Emi et moi installons la nappe. Les garçons déchargeaient la voiture. Je m'installais sur le tissu. Je n'avais pas très faim mais j'étais décidée à passer un bon moment avec eux. Aux mots d'Emilia, j'esquissais un sourire. Ses mots me faisaient du bien. Un fin sourire s'afficha sur mes lèvres et je m'approchais d'elle pour déposer un baiser sur sa joue. « C'est le but. Je crois qu'on a tous besoin de prendre l'air. N'est-ce pas les garçons. » Demandais-je en jetant un œil aux deux ronchons qui s'approchaient de nous.

Cela faisait quelques jours que Sia était venue me chercher dans cette ruelle sombre après l'un de ses combats dont j'avais l'impression d'être en vie pour une fois. La douleur dans les côtes se faisait moins sentir et malgré les quelques bleus sur le visage, j'étais plutôt en forme. La preuve, j'avais accepté de faire cette sortie dites familiale... Bon je ne pouvais pas dire que cela me plaisait mais je faisais l'effort pour mes sœurs. Je n'avais pas la tête à cela surtout après la leçon de moral que m'avait fait Luciano. Comme souvent monsieur ne supportait pas que je me batte et pensait que c'était à cause d'une histoire de fille ou un mec qui m'avait cherché dans un bar... Il était loin de la vérité mais ça il ne pouvait le savoir et pour le moment, je n'avais pas envie pas qu'il le sache surtout si c'était pour entendre ses cris et insultes. Pour lui, je me doutais que je n'étais qu'un gamin prétentieux qui ne pensait qu'à sa gueule.. Peut-être avait-il raison pour cette partie de ma vie mais pas pour le reste, pour ma famille je donnerai ma vie entière ça c'était sûr. Pour le moment, voilà que nous étions tous les 4 assis dans la voiture, il fallait qu'Emilia se change les idées, elle avait vécu l'une des plus horribles choses qui puisse arriver, perdre la personne qu'on aime le plus sur cette terre. Dans un sens, je comprenais sa détresse et son mal, je le vivais depuis 3 ans sans que personne ou presque le sache. J'avais mis des distances avec des personnes auxquelles je tenais vraiment parce que je n'y arrivais plus. Je repoussais l'aide des autres simplement parce que j'avais l'impression que je ne le méritais pas mais heureusement que j'avais ma famille, à leur façon, il m'aidait même Luciano. Dans la voiture, je restais silencieux, je n'avais pas envie de prendre la parole, à quoi bon de toute façon. Une fois au parc, je restais en retrait avant de décharger la voiture avec notre frère puis de rejoindre les filles qui venaient d'installer la nappe sur l'herbe.« Ca fait tellement longtemps, ça fait du bien vous savez. » Elle n'avait pas tort, oui ça faisait du bien dans un sens, car pour le moment aucunes tensions se faisaient ressentir. « C'est le but. Je crois qu'on a tous besoin de prendre l'air. N'est-ce pas les garçons. » . Je déposais les sacs sur le sol avant de poser mon regard sur mes soeurs « Si tu le dis Sia, c'est que c'est vrai » Un léger sourire s'afficha sur mes lèvres avant de venir déposer un baiser sur le front de mes sœurs avant de regarder Luciano.

Vous aviez pris la décision, avec Sia, vous deviez faire quelque chose, peu importe quoi mais fallait agir. Mais quoi faire dans ces cas-là, comment remonter le moral de ta petite sœur quand la mort est venu frapper à sa porte, comment guérir une blessure trop profonde et douloureuse, quand toi même tu n'as pas pu panser les tiennes, quand tu souffres toujours d'un manque inassouvi. Mais tu devais faire quelque chose pour Emilia, parce que tu ne supportais plus de la voir errer tel un fantôme depuis la mort de son fiancé, si jeune est déjà meurtrie. Tu as toujours protégé ta famille du mieux que tu pouvais mais tu ne peux rien contre la volonté de dieu, contre la nature, contre la mort. Alors tu t'es levé tôt ce jour-là pour préparer des en-cas, et avec l'aide de Sia vous avez réunis la fratie Caesari pour partir en balade au jardin public. Ce n'est pas grand chose mais sortir avec ses frères et sa sœur sera sans doute bénéfique pour elle au moins le temps d'une journée. Tu roules à vitesse modérée, pour profiter du paysage des rues de Vérone en cette matinée ensoleillée. Tu restes muet, Eros assis à côté en fait de même, vous avez du mal à parler ces derniers temps, tu as l'impression de passer ton temps à lui faire la morale, mais tu ne veux que son bien, mais tu sais bien que ce n'est pas ton rôle, pourtant tu as du le jouer depuis le départ de votre père, bien trop tôt. Lorsque vous arrivez enfin au parc, tu vide la voiture avec l'aide d'Eros alors que les filles installent le pique-nique. « Ca fait tellement longtemps, ça fait du bien vous savez. » tu souris aux paroles d'Emilia, ça te rassure de savoir qu'elle est contente de cette sortie, tu as au moins réussis cette mission. Tu passes près d'elle et la prend dans tes bras en embrassant ses cheveux. « Ravie que ça te fasse plaisir, ma puce. »  tu repars à la voiture pour finir de prendre les affaires. « C'est le but. Je crois qu'on a tous besoin de prendre l'air. N'est-ce pas les garçons. »  tu lèves le regard vers Sia pour approuver ses paroles. « Si tu le dis Sia, c'est que c'est vrai » tu regardes ton frère embrasser tes sœurs et tu souris devant ce spectacle et croise son regard lorsqu'il revient prendre les sacs restant, tu hoches la tête, simplement, tu es heureux, tout simplement et tu espères que la journée restera sous le signe de ce moment de joie. «Tu as raison, Sia, on a tous besoin de se ressourcer un peu, on l'a bien mérité je pense. » tu reportes ton regard sur Eros. « Et puis ça fait longtemps qu'on a pas pris le temps de discuter, tous ensemble »