« Toi et moi, ce soir, 22h. Bien sapée. » Message, clair, concis, précis, voilà ce que Lisa avait envoyé à Lalla. Samedi soir, elle n’avait rien de prévu – outrage, elle n’avait même pas envie de lire ! – alors elle s’était laissée guider par son instinct. Elle avait envie de se changer les idées, de profiter de la chaleur estivale et pourquoi pas, de rencontrer quelqu’un. Elle n’y croyait pas trop, aux rencontres fortuites dans les bars. Ca se finissait plutôt en baisers imbibés d’alcool qui ne menaient à rien d’autres que d’autres baisers, parfois moins chastes d’ailleurs, et pas forcément sur la bouche. Enfin bref, pas forcément ce qu’elle désirait pour le moment. Mais toutes ses pensées étant tournées vers une seule personne, peut-être que quelques baisers chatouillés au cœur de la nuit ne lui ferait pas de mal. En plus de devoir se changer les idées, elle savait que la ravissante Lalla avait quelques peines de cœur pour le moment. Alors voilà, pourquoi ne pas aller boire un verre, discuter, raconter des conneries ? C’était déjà une bonne manière d’occuper leur soirée – si quelqu’un venait se glisser au creux de leur bras ou dans celui de leurs reins, pourquoi pas, après tout ? La vie était courte, disait-on, et peut-être qu’elles ne pourraient jamais profiter autant que ce soir-là. Et si un fiancé avait cru bon de jarter Lalla, c’est qu’il n’avait rien dans le crâne. Elles n’étaient pas spécialement proches, mais leur récente amitié était agréable, et très vivifiante pour Lisa. Un rayon de soleil, voilà ce qu’elle était. Et puis peut-être aurait-elle de nouvelles pièces dans sa boutique – elles auraient de quoi discuter. Les vacances étaient d’ailleurs si proches que Lisa n’avait presque plus de cours, passant ses journées à dévorer des romans en attendant que ses premiers extras commencent.

Enfin, quand Lisa disait bien sapée… C’était surtout pour rigoler, car elle ne prenait jamais vraiment le temps de choisir des tenues bien accordées. Elle prenait ce qui lui passait sous la main et sous les yeux, essayant de faire un petit effort pour que ce soit raccordé tout de même, mais sans grande conviction. C’était même à peine si elle se maquillait ou se coiffait, ce qui avait le don d’horripiler de nombreuses de ses amies – naturelle et plutôt simple, Lisa n’avait jamais cherché la complexité. Il y en avait déjà trop dans ses relations pour qu’elle s’impose d’autres carcans ailleurs. Et elle mettait aussi un point d’honneur à toujours être à l’heure. A 21h55 elle attendait devant chez Lalla que la jeune femme sorte. Lisa n’avait pas vraiment choisi de lieu encore où se rendre. Elle comptait sur l’esprit vif, l’originalité et les idées toujours gracieuses de son amie. Lisa ne comprenait toujours pas comment Elio avait fait pour délaisser un tel bijou, mais voilà – toutes les amies pensaient ça généralement quand quelqu’un rompait dans leur entourage. Lorsqu’elle aperçut finalement son amie, un large sourire fleurit sur ses lèvres. « Lalla la magnifique, te voilà. Tu n’as pas lésiné sur les efforts à ce que je vois. Quoi que même avec un sac poubelle en guise de vêtements tu serais magnifique. » Très tactile, la jeune femme attrapa les mains de la Sorabella, heureuse de pouvoir au moins en toucher un de la famille. « Je n’ai absolument aucune idée d’où on va, mais je pense qu’on va bien s’amuser. » Son regard pétilla un instant – elle n’avait qu’un mot d’ordre : s’amuser. Et elle espérait que son amie était dans la même optique qu’elle. De toute manière, Lisa était plutôt du genre à s’adapter à la situation qui s’offrait à elle : où Lalla voudrait