Ada, elle est tout et son contraire, le calme et la tempête, l’amour et la haine, l’indépendance et l’addiction. Elle se veut beaucoup de choses, mais n’en fais pas beaucoup pour les réaliser, terrifiée à l’idée que ses plans ratent autant qu’ils fonctionnent. Très sensible, trop émotive aussi, Ada a appris à gérer ses émotions, à canaliser sa fragilité maladive, craintive, à se faire plus dure, granite incassable qui s’effrite au toucher. L’Homme en général craint la mort, s’entête à vivre une vie décousue, dissolue, aventureuse, pour accueillir la faucheuse avec ce sentiment délicieux d’avoir accompli quelque chose, alors qu’Ada, elle, s’enferme dans sa tête parce qu’elle, elle craint la vie. Elle a peur de l’Homme, des hommes, de leur effet destructeur sur elle, de lui, d’eux, de sa famille et son influence sur ses choix, sur ses envies, elle a peur de ses envies, de ses désirs, de sa dévotion maladive pour sa fratrie, pour ses parents, pour les Sorabella. Le monde l’effraie et la passionne, la tourmente. Ada est un coeur gonflable, qui se remplit de tout ce qui la touche de près ou de loin, des émotions qui ne sont qu’à elle, des émotions qui appartiennent aux autres. Elle se veut cynique, forte, têtue et indomptable, mais elle n’espère que ça, qu’une main suffisamment puissante l’attrape et la stoppe, qu’on arrête de la relâcher, qu’on l’attende aussi. Cadette, elle subit la malédiction de l’enfant du milieu, celui toujours coincé entre deux choix, incapable de prendre une direction, attendant sagement qu’on lui pointe la route et qu’on la regarde passer devant, se retournant constamment pour vérifier qu’on la suit. Ada c’est beaucoup d’éléments, mais très peux de mouvements, pour s’éviter les bleus et les coups. Y a pourtant du mordant, de la dureté qu’elle sert aux membres de sa famille parce qu’ils sont supposés être les seuls à comprendre, à saisir. Aux autres, elle affiche une indifférence toute travaillée, une nonchalance qui agace, une franchise blessante qui éloigne. Ada est une enfant, aux portes de la vie d’adulte, attendant qu’on lui prenne la main pour passer le pas.

Elle est sérieuse, trop pour certains, suffisamment pour d’autres, mais à force de tanguer, Ada sait qu’elle finira par chavirer. Il faut des objectifs pour coller aux idées paternels, ne pas faillir, ne pas faiblir, ne pas ciller; l’hésitation n’a pas de charme, pas de saveurs, c’est une perte de temps et sans doute qu’en ça, Vittorio a réussi son éducation. On lui voit rarement un sourire, sur ses fines lèvres qu’elle ne maquille que rarement, seulement quand sa soeur lui en demande la permission, pour passer le temps et ça lui coûte un peu, sans doute. Il faut dire qu’on lui a appris que ce n’était pas avec le charme qu’elle réussirait sa vie, parce qu’il se fane, que la peau lisse finit toujours par se rider et que le regard se vide, s’éteint et qu’il n’y a surement rien de moins attirant qu’une pupille aréactive. Ada ne croit qu’en son potentiel intellectuel, qu’en son acharnement scolaire et sa volonté de fer pour atteindre l’objectif fixé, sans trop savoir où cela la mène, ce que cela fait d’elle. C’est ce qu’elle a toujours été; conforme aux idées, aux désirs et aux besoins de ses aînés, des hommes d’une famille nombreuse, répandue et parfois anxiogène. Ada est celle qu’on entend peu et, donc, qu’on voit peu, ce qui lui convient, de ce qu’elle en dit, de ce qu’elle en pense. Légère et discrète, elle évolue dans la sphère Sorabellienne sans hausser le ton, sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller les vieux curieux, les vieux fouineurs et c’est ce qu’on dit toujours d’elle; Ada elle ne brille que par ses résultats scolaires, autrement c’est une étoile, dans le ciel, parmi tant d’autres. Un soupir s’accroche à ses lèvres, se suspend dans le vide et ses doigts agrippent à nouveau un ouvrage, qu’elle range à sa place, à celle à laquelle elle appartient, un peu comme elle sans doute. Pas d’amertume, pas de regrets. Après tout, c’est en parti de son fait si elle s’efface, si elle se fond dans le décor et s’oublie autant qu’elle est oubliée, même si c’est faux. Elle teinte parfois la vérité d’un léger voile d’affabulation; sa famille ne l’ignore pas, c’est elle qui s’ignore. Elle seule. Clochette qui tinte en fond. Désarçonnée, chamboulée dans son élément qu’est l’orphelinat des livres en attente d’une adoption, comme elle aime visualiser la librairie, Ada remue, respire et récupère les livres qui s’échouent au sol. Quelques romans italiens, des oeuvres d’un romantisme qui la touche plus que de raison et les pas dans son dos qui réveillent sa pensée, agitent son coeur et emballe son imagination. Ada rêve, encore et la main de son frère sur son épaule lui fait l’effet d’un coup de poignard dans le dos. Cesar mis à mort par son fier Brutus. « Tu viens ? On devait rejoindre les cousins au cinéma. » Sa montre brille un peu, lui éclate la rétine et elle acquiesce. Elle y a cru quelques secondes, comme une sotte. Elle y a cru, qu’il allait apparaître, comme ça.


Il n’est pas fait de papier et c’est là son drame, sa torture. Parce qu’en serrant le poing, c’est elle qu’il froisse sans un effort, qu’il jette dans la corbeille. Elle est passive, animal docile qui courbe l’échine, embrasse le sol dans un sourire douloureux, une lueur d’admiration au fond des yeux, au creux du coeur. Lui marionnettiste, elle poupée vidée, retenue en l’air par les fils qu’il agite, qu’il coupe quand il se las, qu’elle l’épuise. Ce n’est pas le prince charmant, ni même cet homme qui l’a fait rêvé dans ces livres dans lesquels elle se noie, sans prendre le temps de respirer, ni même d’essayer. Il n’est pas beau. Il est bien plus que ça. Son Ange de l’apocalypse, chaos de ses pensées, aux baisers empoisonnés, aux sourires douloureux et aux chamboulements d’une vie réglée, minutée, brisant ses convictions d’un effleurement subtil, d’une caresse au détour d’un regard vibrant. C’est un passionné, un exalté, tout le contraire de l’endormie qu’elle se targue d’être, pourtant il a réveillé sa peau au contact de la sienne, affolé son palpitant en le malmenant de promesses éphémères soufflées au creux de son oreille. Au bord de son coeur. Il l’a crée, l’a modelé et l’argile sous ses doigts se durcit, s’affirme. Se brise. « C’est terminé ! » Les cordes vocales vibrent, tremblent, s’affolent devant l’éclat, ce cri qui vient du creux de ses entrailles. Ada s’époumone, se fait violence. « Je veux plus te voir ! Tu n’existes plus ! » Sa colère se gave, se goinfre de la sienne, qu’il lui renvoie dans un jeu de miroir presque parfait; à la différence que quand il hurle, Ada tremble, jusqu’à l’os. « J’espère bien qu’un bus te chauffera en route, parce qu’à mes yeux tu es un homme mort ! Je te hais, salaud ! » Et en écho avec ses genoux qui s’entrechoquent, la porte claque et son squelette se défait, le corps qui s’échoue sur un coussin. Souffle court, peau qui frémit. Elle tremble, encore, parce que l’absence lui fait déjà l’effet douloureux d’un poids sur la poitrine, d’un étau autour de son coeur. Elle s’acharne sur ce bout de haine qu’il lui reste, s’y accroche, s’y balance, mais quand la porte vibre sous les coups, la flamme d’un espoir vacillant et dégueulasse se remet à brûler. « Quelle sale mine, qu’est-ce qu’il t’arrive ? » A ce cousin qui s’invite, Ada ne répond rien, hausse les épaules et fulmine. « Quelque chose c’est passé ? » Les mains sur ses épaules, emprise tendre qui voudrait l’inviter à délier sa langue, lui font l’effet d’un électrochoc et l’enfant silencieuse sanglote un peu, dans un silence extérieur qui tranche avec la tempête intérieure. « Non. Rien ne s’est passé. Rien ne se passe jamais. Excuse-moi.. Je.. C’est juste que je ne peux pas t’expliquer quelque chose que j’ai moi-même du mal à comprendre. » Et sa main, pâle et minuscule, se pose sur le poignet sec pour ne pas trop dériver; bateau qui s’amarre et tangue, chavire. Se renverse. Ada est amoureuse et c’est terrible.


Ada étouffe, poitrine comprimée par l’ambiance lourde et pesante d’une famille réunie sous un même toit. Ils pullulent, s’agitent et s’enferment dans des discussions qui n’ont plus de sens, conversations discordantes qu’elle peine à suivre, fait mine de comprendre. Impuissante, son regard passe de Giovani, son oncle, à son père, admirative du combat de coq subtil qui se joue, fascinée par leurs postures. Il lui manque sa propre fratrie, alors à défaut d’un frère à ennuyé, elle cherche un cousin, une pair surtout. C’est de cette force tranquille qu’elle leur prête depuis toujours, cette alchimie particulière qui la fascine, la rend rêveuse. Ils ont ce quelque chose qu’elle n’a pas, qu’elle cherche pourtant; ce sentiment d’appartenance sans doute, de savoir lié, quoiqu’il en coûte, à un autre. Les hommes s’agitent, encore, abeilles qui bourdonnent bruyamment, lui vrillent les tympans et alors qu’elle se hasarde, qu’elle cherche, la main du père, protectrice, mais qu’elle sent surtout dominante, lui emprisonne l’épaule. Il parle de félicité, de fierté, étale son intelligence comme du beurre sur des biscottes, vante ses mérites et Ada se sent mourir, un peu. « Jago n’est pas là ? » Qu’elle s’entend demander, préférant ce prénom à celui qu’elle y associe, irrémédiablement. Le silence lui répond et on la libère. Elle hante les couloirs et s’échappe. Discrétion de voleuse. Au Sorabella, elle promet à la vie à la mort, mais le sentiment de solitude y est fort; perdue dans le flot continu, Ada boit la tasse. Alors se laissant porter par le courant, tombée à la dérive, elle regagne son cocon, minuscule boite à sardine qu’elle a la fierté d’appeler « son chez soi ». Ce lieu proscrit où ses secrets s’enfuient, s’échappent, se perdent. Le silence y est roi, sa peine aussi. A pas de loups, ses doigts cherchent l’interrupteur, le coeur qui se rompt quand sa silhouette se dessine et tranche avec la rougeur des murs, qui reflète celle de sa peau. « Qu’est-ce que tu fais là ! » Il la menace de partir, sans bouger et elle vacille, sombre et se raccroche à son cou. « Reste. Un peu. Encore. Ne pars pas. » Ne pars plus, crient ses yeux humides, qui ne versent jamais les larmes qu’il fait naître et qu’il apaise d’un baiser sur son front, au creux de sa nuque. Ada revit, existe; sa peau se chauffe à son contact et son souffle se cale sur le sien. Elle est un ogre, affamé, jamais rassasié. Peut être qu’elle finira par le dévorer, pour ne plus l'avoir que pour elle. Sorcière façonnée par la violence des sentiments qu'il fait naître.

Type de personnage : inventé sur la base de pré-lien de Jago  

A présent que tu es validée, n'oublie pas d'aller réserver ton avatar et recenser ton métier (ou tes études). Tu peux également t'inscrire au flood d'intégration afin d'apprendre à connaître les autres joueurs. Enfin, pense à faire une demande de logement afin de ne pas te retrouver à la rue ! Nous restons à ta disposition en cas de besoin, n'hésite pas à nous contacter. Bon jeu sur /LOVE