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Andrea Giacometti
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les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Sam 25 Fév - 14:55


- pollock. on est carrément sur du pollock.
qu'il affirme, qu'il dit, fier de sa redécouverte. il arrivait pas à remettre le nom dessus avant, même si c'était sur sa langue, que ça frétillait tellement que ça le faisait chier. c'est pollock, c'est donc ça. y se marre andrea, il reprend lentement l'air ambiant de l'appartement, apaise ses joues teintées de rose, hoche la tête. totalement convaincu. totalement refait. tout au long de ses doigts y'a la cigarette qui crame, qui se consume toute seule alors que la réflexion le tape de plein fouet. c'est juste de la connerie, dans le fond, c'est pas comme s'il allait donner une analyse claire d'une oeuvre. non parce que le support, c'est son mur, que ses vêtements ont pris cher et que d'avoir commencé une bataille de pigments c'était pas le bon plan. la passion celle de l'artiste qu'il aime à penser. juste le hasard, la bonne continuité des choses. un frisson le traverse, lui fait courber l'échine alors qu'il tire sur le bâton blanc et le tend à l'autre, cul posé sur le sol, presque affalé.
on se reprend.
on fait bien. on avait dit peinture murale. au final ça s'est transformé en une performance loin des indiscrets, loin des emmerdes, loin du reste de cette planète. elle a pas besoin d'eux pour tourner. ils ont pas besoin d'elle pour s'embraser. pincement de lèvre, un rire lui échappe alors qu'il baisse les yeux vers son propre corps. du bleu, du vert, du rouge, du noir, ça grimpe un peu partout sur son corps, ça retrace une ligne précise.
ses épaules,
son torse,
son ventre,
l'intérieur de ses cuisses.
énième frisson, il dévisage les fringues plus loin. flingués au possible. ça va être moche à enlever par la flotte, ça partira sans doute pas. pas avant quelques mois. même un an ou deux. ou une éternité, tiens, c'est pas mal comme alternative. il repose son attention sur l'oeuvre loin d'être sèche, là où eux ont eu le temps de se remettre à peu près convenablement de l'effort. de la bavure.
encore, et toujours.
- tu vois, à t'dénigrer comme ça... t'as du sang d'pollock qui coule dans tes veines. c'est beau bordel. c'est pas monstrueux, c'est conceptuel. c'est n'importe quoi, pire qu'un big bang qui se réclame du jour au lendemain sans crier surprise. il passe sa main osseuse dans sa propre tignasse. c'est défait, tellement qu'y'a plus rien à faire. ah, y'a du violet dans ses cheveux.
soupir.
- à quel moment on s'est dit que c'tait une bonne idée ? hm ? haussement de sourcils. interrogateur il penche sa tête sur le côté. manuele. l'analyse. dévisage. admire aussi. il retrace les tatouages présents sur ses bras du bout des cils, sans y chercher la signification. y sont pas glorieux, nus, posés sur du papier journal pour essayer de pas dégueulasser le parquet. y sont pas glorieux, avec des couleurs qui s'incrustent dans leurs muscles. c'était une idée.
une bonne idée, c'était celle du siècle.
c'était à refaire,
remettre sur le tapis,
recommencer,
comme une toupie.
Manuele Barzagli
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Mar 28 Fév - 3:38


y a plus un seul bruit, juste le bruit du papier journal froissé et desséché sous nos deux corps défaits. par endroit, c’est détrempé à la peinture. comme le reste. c’est pas seulement le mur qui ressemble à du pollock. le sol est pollock. il est pollock. je suis pollock. une conjonction invraisemblable de couleurs ici et là. dans la barbe. sur les fesses. la nuque. le bas-ventre. sous les ongles. il y a des mélanges évidents, puis y a les autres, un peu moins désirables. on flâne, on cherche la flamme, familière. le N de normalité à travers les coups de pinceaux. mais ça ressemble juste à. n’importe. quoi. à naïf ou à nicotine. neurotoxique. mais c’est peut-être l’odeur qui fait ça. peut-être que la composition est merdique mais j’suppose que ça restera comme ça. comme un nuage radioactif, on dira simplement qu’il s’arrête au trait qu’on a dessiné à la craie parce que c’est plus réconfortant. tant pis pour lui, tant pis pour eux.
les couleurs primaires sont trop vives.
et y a pas ma couleur sur la palette pour m’y retrouver. c’est peut-être mieux comme ça. ça veut peut-être dire que j’irais n’importe où pour ressentir l’truc. si c’est ça je préfère fermer les yeux. je ferais peut-être mieux de m’habiter aux cernes. ça fait beaucoup de peut-être que ci ou ça pour un sentiment aussi stupide. ça donne l’effet d’une contrepèterie. c’est amusant comme le pq sur la voiture du voisin. c’est comme tondre un chat. ça fait marrer, c’est beau. c’est rouler sans permis avec la gueule de bois. faire le mur. j’sais pas si c’est un pollock mais moi, j’vois ça, et ça me fait doucement sourire. je tire une latte, j’suis sur les coudes et les journaux me collent à la peau de leurs mauvaises nouvelles. et moi je m’en fiche de la situation du turkestan et de la disparition des grands singes, j’veux juste pouvoir profiter de ce qu’il se passe au 22 piazza trieste e trento. en l’occurence, tu peux tout aussi bien être un pollock. mais l’oeuvre, pas l’artiste. les poitrines ne se soulèvent plus, terminé le tetris des corps, ma main dans ses cheveux. les pigments façon phosphore. il ne reste plus que ce regard indisposé. à la fois souffrant et enjoué. c’est bien une petite mort, c’est comme j’avais dit la première fois. je ris.
c’est malheureux à dire mais j’pense que t’as pas mal contribué à me foutre à poil. je me tourne vers lui en souriant. ouais, c’est toi qui a commencé. je ris. et moi qui pensais naïvement qu’on était là pour refaire ce mur. je décalque le modèle, retrace du bout du doigt la spirale sur son corps. de l’intérieur de ses cuisses à sa joue. j’embrasse. je garde. plus je la fixe plus je sens qu’elle m’avale. j’ai la saison que je veux quand je respire et le goût de ta bouche sous un ciel d’été.
Andrea Giacometti
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Mar 28 Fév - 14:51


c'est pas le bonheur. c'est pas ça. ça peut s'en rapprocher à la rigueur. c'est un placebo qui fond sous la langue et qui fait éclater des bulles à gauche ou à droite. ça a pas vraiment de saveur, n'empêche que ça fait plaisir d'imaginer qu'il y en a une, fruitée, épicée ou encore introuvable. ça a pas de couleurs aussi, mais c'est bon de papillonner des yeux pour en faire apparaître une. c'est aussi apaisant. ça fait semblant et c'est pas si mal dans le fond, ça fait même quelques petits effets, même si la maladie, même si la tumeur elle reste. ça laisse songeur, un peu rêveur aussi. et sa respiration se désinstalle, se désintègre, s'apaise à mesure que les mots fusent, que les rires percutent.
ça comble les crevasses,
les vides.
les lèvres qui grimpent sur sa chair, qui laissent une trace de chaleur parmi les flaques sèches, ça laisse un frisson, deux ou trois. quelques sensations qui lui font serrer un peu les doigts, vaguement blanchir ses jointures. c'est plus les même. c'est plus les même qu'avant les deux ans. c'est plus pareil. c'est peut-être mieux ou pire. andrea il penche pour la deuxième alternative, parce que là y'a plus de porte de sortie, y'a même pas de panneau exit pour aider à en trouver une. c'est foutu, mal barré.
écrit.
- disons qu'y'avait le fond, pas la forme. grincement de dents, grimace ajoutée à un rire qui vient rompre toute logique à cette discussion qui de toute manière finira comme les autres : aux oubliettes. ouais bah oui bah bien sûr, va dire que j't'ai chauffé aussi en ronronnant, nan mais attends... roulement d'yeux. il reste à mi-centré sur le résultat catastrophique et catatonique. faudrait qu'il le prenne en photo une fois que ce sera bien encré dans la pierre. avant, à l'arrière, y'avait qu'une suite de formes disparates, des triangles, des ronds, des carrés. géométrique. trop propre. fallait y donner plus de contenance, d'existence. que manuele y laisse une marque indélébile.
- si j'vends mon corps aux enchères, sous-prétexte qu'un dérivé d'pollock m'ait bien bien bien rendu oeuvre d'art, on en retirerait combien tu crois ? il se gratte un peu le menton, il fait bouger ses jambes. ça colle. c'est pas franchement agréable et au prochain coup si ça continue, il pourra se faire un calbut en papier mâché.
- ah ! des milliards bien sûr. modestie en action. il déploie un gloussement léger avant de laisser s'attarder sa main sur le visage voisin, le retracer, encore et toujours. comme s'il allait pouvoir le redessiner. comme s'il avait peur, d'oublier. de zapper les quelques rides qui naissent lorsqu'un sourire vient pointer, ces vagues fossettes qui creusent. ça descend lentement, le long de l'épaule, le tatouage qui s'incarne, le bras, puis la main. il la tient, il la frôle, il fronce un peu les sourcils. rictus.
- j'aime beaucoup tes mains. on dirait - on dirait celles d'un pianiste, c'est tout long, et en même temps ça donne plus le genre à souvent former un poing. un mélange sublime et violence. les veinures, l'ossature qui ressort. il la retourne, zieute la paume. y pourrait essayer de lui lire les lignes, lui certifier un avenir sans lui et plutôt tranquille. y pourrait. mais andrea, il en veut pas de cet avenir. il est pas capable de lui accorder. 'tain ça colle va chercher l'côté positif à se tartiner la tronche de peinture. commentaire murmuré. le pouce vient remonter, s'attarder sur l'annulaire. mauvaise pioche à l'alliance brillante. il passe outre. y faut - même si ça lui arrache une aiguille du coeur.
- ouais... j'aime vraiment tes mains.
y raidit un peu son dos, fait face aux prunelles noires.
j't'aime vraiment aussi,
mais ça, on s'en branle.
Manuele Barzagli
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Mer 1 Mar - 4:04


y a la remarque, acerbe qui reste coincée en travers de la gorge. le piment, ça laisse toujours un goût piquant. la flotte c’est pas la peine, c’est l’arbre qu’on ne remarque plus. cloisonnée l’écorce, une minuscule parcelle d’oxygène pour deux, le récital fait suffoquer. y a l'ammoniac qui monte jusqu’aux sinus, ça ferait presque dévaler le sang par le nez. mais il y a déjà suffisamment de rouge sur cette fresque mouvante. et trop peu de sangles pour un garde-fou. pour prétendre être vieux et sage. pour délivrer le bon sens façon jésus à l’apéro, façon camping trois étoiles, façon les autres valent pas forcément mieux. donc je les emmerde. les autres. et je m’emmerde moi aussi. je t’emmerde manuele barzagli.
- je ronronnerai moi, pour satine 2.0. mais j’vais attendre encore un peu, c’est ça? je ris en repensant à son message, puis le sourire se gomme en un tintement distinct. on a passé l’âge des dessins édulcorés. ‘fin moi j’ai passé l’âge. lui sûrement pas. c’est amusant, mais ça ne peut pas être éternel. c’est pour ça qu’on a des papillons dans le ventre. c’est pas mignon. c’est simplement que ça crève en trois jours. un papillon. ça crève. on a quitté l’éden il y a un moment, faudrait penser à se renouveler. à effacer le tampon cucu-la-praline du poignet le dimanche matin. c’est pas aussi simple de le penser que de le vivre. les mots sortent, comme deux cylindres mal calibrés, rejetés à l’infini. autant mettre de la dentelle sur une peau de bête. ça sort jamais comme j’le voudrais.
- no offense mais si j’en retire une centaine d’euros, je serai déjà content de moi. j'essaierai de pas t’refiler à un vieux riche. sinon j’sers plus à rien, ça va de soi. j’hausse les épaules, désinvolte, façon crapule du western. avec l’effet comique série B. il faut que j’arrête de regarder ces conneries sur le câble après top chef.
c’est une photo sans flash, les yeux sont grands ouverts. j’aimerais pouvoir lui chanter quelques louanges mais ce n’est pas ce qu’on fait. c’est pas dans nos gênes. même si c’est une démonstration pyrotechnique. même si c’est un ballet de flammes où même les fleurs se font enfumées. j’ai pas inventé cette violence, et elle ne se cache pas là. sous le masque du bon père de famille. quelque part entre l’annulaire et le majeur. y a le violet de ses cheveux en rappel et l’anneau d’or que je ne regarde plus. c’est pas le moment adéquat. jamais. avec andrea. je ne veux plus mentir, je ne veux plus faire de fausses promesses. alors si ça doit lui briser le coeur, c’est tant pis. - j’sais pas si le piano est mon instrument mais j’sais jouer au clair de la lune comme un dieu. c’est peut-être à creuser. mélodie enfantine pas très difficile en somme. léger sourire, on fait bien, on feint d’être bien, c’est magnifique. ça ferait presque oublier le venin sous la peau qui cristallise la pitié. j’sais pas lequel de nous deux est le plus à plaindre, ça doit sûrement être lui, c’est lui l’amant. j’me redresse légèrement, balaie d’un revers la dernière une de la stampa dans mon dos. ma main se soustrait doucement mais sûrement de l’équation. de l’expertise, maladroite. j’tressaillis presque par anticipation. - j’vais toujours pas la quitter, tu sais. je ne fuis pas son regard, pas cette fois. j’me suis résigné à ça. à trois fois rien. parce qu’on n’bâtit rien sur de la poussière. même avec la meilleur volonté du monde. même avec l’envie d’en découdre, de serrer le poing.
Andrea Giacometti
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Mer 1 Mar - 20:22


- t'es con.
ça sort sans trop besoin d'épiloguer plus longtemps. ça se souffle en même temps qu'un rire léger alors que ça continue à s'attarder sur la peau. y se demande ce qui se cache en-dessous, outre les veines, outre les nerfs qui se battent en duel, outre les terminaisons qui font de lui ce qu'il est. ce qu'il y a, pour de vrai. peut-être qu'il l'a déjà croisé. mais de connaissances, il a que de vagues bases. et andrea, andrea se rend compte qu'il sait que dalle son propos. à pas capter si ça l'emmerde ou pas. après tout. après tout c'est pas comme si la notion de couple était envisageable, c'est pas comme si ça allait se finir dans une église, c'est pas comme si ça allait être idyllique. de toute manière, ça lui conviendrait pas. et quitte à avoir des histoires foireuses autant bien faire le taff. autant pas finir ça à la légère et s'appliquer jusqu'au bout, les dommages collatéraux ça se rend visible qu'à la fin, que quand le produit se dévoile sous un public pas forcément prêt à accueillir une telle horreur. y'en aura, c'est sûr. ça coupera dans les bras, dans les jambes, dans le ventre, ça ira dans les tripes pour remuer l'infâme viscosité, ça balafrera sa joue, agrandira ses lèvres pour en faire celui d'un ange. frisson. il arque un sourcil, il délivre tout son calme. il laisse là, sur un plateau d'argent sa conscience, son insolence.
il se penche, récupère la cigarette.
il tire, il lève la tête vers le plafond et retente de faire des ronds. y'en a un seul qui réussit, tellement minuscule qu'il est le seul à prendre conscience de sa petite victoire. pas plus. il retombe sur ses traits, reprend au vol ce regard, ce regard-là qui veut tout dire, ce regard pas trop fermé, pas vraiment ouvert aussi. déterminé. décidé.
- je sais.
et chaque voyelle, chaque consonne s'accorde parfaitement à sa langue. signature définitive de son pacte. pas besoin de se serrer les coudes, ni de se découper pour faire saigner. non, quelques accords suffisent, avec cette voix. beaucoup trop paisible. résignée. éternel second. troisième. ou quatrième. ou non, cinquième, puisqu'à considérer les enfants il passera pas au-dessus. cinquième, c'est pas si nul. faut relativiser, prendre du recul et se dire qu'il aurait pu être le vingtième sur toute la famille. ou plus loin encore. il évite de laisser la pensée s'attarder trop longtemps sur ce qu'il voudrait.
ce qu'il veut, maintenant,
ça va, ça passe.
ça a quelques fuites et ça galère à se faire boucher. n'empêche qu'il s'en sort et que depuis, il est pas reparti dans ses élucubrations malades, dans ses nuages. il est sur terre, bien sur terre, sur cette terre, dans cet appartement, avec ce type, avec ce manuele. et il voudrait pas que ce soit autrement. c'est pas logique.
il a jamais eu de logique, andrea.
il fonctionne pas mathématiques, ni quantiques, ni chimie. la physique véritable qui fait parler atomes qui s'accrochent, éventuellement. le reste, c'est que des étrangers. il fait passion, il respire de la même façon. tant pis pour la toxicité, il laisse aux intellectuels le soin de le faire pour lui.
- j'ferais plus ça, à d'mander. vu c'que ça m'a coûté. ni une gifle, ni une engueulade. une cassure nette digne d'un miroir sur lequel un poing se serait abattu. t'inquiètes, j'retiens d'mes erreurs. pas de celle-là, pas de celle qui a tout d'un être humainement humain. pas celle qui a un prénom, un nom, une identité propre. pas celle qui a son caractère. pas celle qui parle, charme, caresse, lacère. haussement d'épaules.
y se lève lentement.
bien sur ses deux pieds, dégage du bout des doigts le journal qui colle sur l'arrière de ses cuisses, ricane pour la forme alors que la cendre menace de venir flamber le papier. le cendrier pas loin, sur la table basse, il écrase le mégot dans le cimetière de ses congénères.
- pourquoi t'es rev'nu d'ailleurs ? ça pourrait être mal pris. mal interprété. surfait aussi. il racle le fond de sa gorge, animal farouche qui perd ses moyens. c'est pas une remise en question, hein. ni pour m'faire lustrer l'poil, d'toute façon il est tellement brillant que sous un soleil de plomb j'pourrais rendre n'importe qui aveugle. mais après deux ans... puis des minets tu peux en avoir à la pelle. passer avec du miel. faire semblant de pas être dans le besoin. ce besoin d'entendre. ce besoin de sentir. de ressentir. ce besoin. besoin.
viscéral.
besoin qui vient de lui. besoin qu'il a eu beau chercher ailleurs sans vraiment retrouver le même. c'était toujours différent. pas mieux, pas pire, juste différent. et j'ai pas envie qu'ça parte en scène foutoir style on se balance les assiettes à la gueule, on casse les verres, tout ça. nan vraiment pas, donc au pire si tu veux pas y répondre, bah, laisse tomber.
parle trop. pas assez. parle pour rien dire. parle pour tout dire. andrea il est pas doué avec, il est pas jongleur. alors à la place y préfère passer ses doigts dans sa tignasse, empirer en la rendant un peu plus chaotique. grimacer quand il se rend à nouveau compte de la peinture pas très sèche par endroit qui tente de se mélanger. et y reste. là.
debout.
au mieux ça l'aidera à garder l'équilibre sur lui-même,
au pire ça fait cible,
vise bien,
y'aura pas de second round.
Manuele Barzagli
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Dim 5 Mar - 5:11


au diable vauvert,
on pourra pas colmater les brèches. pourquoi? pourquoi? pourquoi t’es là?
pourquoi t’ignores les bombes juste au-dessus, manuele?
- parce que l’enfer est pavé de bonnes intentions. phrase toute faite. incandescentes sont les bonnes attentions. ça saute au visage sans virgule, avec un mot doux ou une insulte. le relief dans la défaite, ça existe pas. une baïonnette, ça égorge les porcs en tout temps et en tous lieux. sous un soleil de plomb, on recrache ses dents. blanchi sous le harnais, fourbu cheval qui boîte sur la piste. on ferait peut-être mieux de l’abattre. il était bon, il était bon mais c’était il y a trop longtemps. faudrait pas qu’il tombe encore.
deux ans.
deux ans pour voir le château s’évanouir dans un brouillard opaque. au détour d’un regard, d’un serment maquillé, le mensonge. j’ai fait l’amour, j’ai fait le mort. repu comme une pute. j’ai dans les bottes une montagne de questions. qui suit. qui suit l’écho, le frisson de ton corps contre le mien. j’ai pas les réponses, non.
on va pas s’alarmer, ouvrir le feu, que nos ombres s’accablent et s’étripent.
aucune raison à ravager un vestige. à nous saccager. y a rien à démolir. c’est vide.
vide de sens. transcription protocolaire d’un passé sans futur, ou d’un présent sans passé.
on rature et on r’commence. c’est beau comme une conjuration. un feu de forêt. brutus qui plante césar. un troupeau éventré par les rats, attaqué par les vers. l’aube infidèle. les draps qui engluent la peau quand vient la pluie.
- j’voulais pas oublier, et ça faisait deux ans. j’devais être nostalgique. je ris un court instant mais même ça, ça se dissout à force. c’est pas des retrouvailles, c’est de l’anéantissement, c’est ronger l’âme d’un baiser carnassier. pour récupérer. une vie. ça m’fait cinq coeurs.
et puis y a l’autre, celui aux betteraves dans les cheveux. l’autre qui a subitement cessé d’sourire, entre les mots, entre les lignes. ça a fait ploc, comme la peinture qui démange derrière l’oreille. un cheval fou ça recule pas, ça donne des coups de sabot. ça décharge. ça fait dresser le crin, ça fait dresser l’échine.
j’sais pas trop comme il pense andrea, j’ai du mal à suivre ses mouvements quand il danse. quand il enfile ses bas résille. quand il fait tourner les têtes. quand il m’plante une seringue dans l’coeur, dans la nuit.
- et avec le temps, on n’aime plus. ouais, le temps ça efface tout, même les chouettes moments. j’pense pas que c’est être dans l'sentimentalisme que d’les chérir et d’les regretter. même que j’les regrette encore là maintenant. ce qu’on a c’est toujours vide. ce qu’on a ça fait ploc sur le papier journal. ce qu’on a c’est une version parodique de ce que j’ai préféré enterrer. on recule par nostalgie, on avance en écorchant l’autre. l’autre qu’on adorait. ouais, c’est aimer. aimer à l’indicatif présent.
l’imparfait aurait été plus honnête.
le temps me perd, le temps m’empire.
c’est rien qu’un reflet déformé.
andrea, j’le mate traverser la pièce. écraser le filtre. écraser l’joker. j’me laisse pas abattre dans mon linceul, j’suis pas encore mort. même si son boule à de quoi t’foutre à terre pour l’éternité. va pas t’monter la tête cela dit, avec ton poil brillant de j’sais pas quoi. je fronce les sourcils, esquisse enfin un sourire. j’me relève et manque de glisser. t’as eu ta réponse? t’es content? tu penses que j’ai le droit à une gommette biquette? je fais semblant d’me gratter la joue mais j’étouffe, le rire revient. le rire revient toujours. on peut dire que je me moque gentiment, on peut résumer ça comme ça. je fixe ses cheveux, détourne le regard.
pollock, pour peu ça m’inspirerait. pollock, c’était bien. pollock, ça sauve de la routine. pollock, c’est le cheval de troie qui coupe en deux. j’veux pas m’en défaire. j’veux flâner et ne rien faire. accaparer l’espace, pas seulement un mur. monopoliser le canapé défoncé du petit salon. le regarder se préparer le soir, il y aurait pas besoin de parler. on aurait pas besoin de dire ça c’est ça et ça c’est du pollock. ça serait juste.
ça aurait pas de nom.
à défaut d'être nous.
si le jeu est pas truqué.
Andrea Giacometti
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Dim 5 Mar - 19:27


c'est se faire porter. c'est comme un cadavre qui flotte au gré de l'eau. ça se coince parfois dans des branchages, et pourtant ça continue son chemin un temps. ça voyage. ça sent rien, ça voit plus rien, mais ça continue, ça laisse une odeur pestilentielle, un sale souvenir à l'enfant qui passait dans le coin. ça reste. ça marque. ça marque si fort que ça peut pas avoir aucune incidence sur la suite, c'est tellement évident que ce serait bête de passer à côté, ce serait même sans mentir, très con. alors andrea il prend, il veut pas se débarrasser du souvenir, il veut pas se dire que ça valait que des breloques. parce qu'il est niais, parce qu'il est mielleux, parce qu'il est comme n'importe qui, et sans doute pire qu'une collégienne qui veut se prendre pour la nouvelle chanteuse du siècle. il est aussi infecte. aussi dans le déni. aussi édulcoré qu'épicé. illusionné. y reste debout et il sent les dernières effusions de sa clope qui tente plus de s'allumer et ce malgré les quelques crépitements microscopiques. la terre il la sent, il la sent tellement bien qu'il a l'impression qu'un poids s'écroule sur son dos, qu'il doit porter un astre pendant une centaine de mètres. qu'il doit pas se faire écraser. il se fait un peu atlas, et à voir l'autre sourire, ça devient contagieux. contagieux parce que quitte à pisser le sang comme un bestiau qu'on égorge, autant le faire en montrant les dents. autant continuer un peu, juste un peu d'adoucir le plus dur. apprivoiser.
reprendre.
reprendre beaucoup.
parce que sinon ça fonctionne pas trop. l'un va pas sans l'autre, ça fait une paire et ça lui arrache l'amusement habituel. ça se retrouve. dans ces détails, dans ces idioties qui valent pas plus qu'un vieux chewing-gum qui colle sous une pompe bien neuve. avec de la chance ça chopera une pièce au passage, un euro ou deux, on crache jamais dessus. sans bol, ça sèchera juste et ce sera chiant à enlever. y devrait le quitter. y devrait lui dire retourne chez toi. retourne là où t'es fait pour être. pas ici, pas plein de peinture, pas avec des étoiles éteintes dans les yeux, pas avec cette manière de dégainer un rire. retourne chez toi, va là-bas. pas ici. ici c'est la gueule de l'enfer cachée sous les ailes d'un ange en marbre. viens qu'on se sépare en plein milieu de la muraille de chine, et qu'on se revoit plus. allez. y devrait. y doit. il comprend pas, alors il préfère pas dompter ce qu'il peut pas gérer.
- biquette... et après c'est moi la tantouze hein. il faiblira pas. il laissera pas ses muscles s'atrophier sous les accusations muettes. il refuse. il laissera pas ses os se fouler sous l'avenir trop embrumé. c'est pas qu'il y croit. c'est que c'est comme ça. y secoue la tête, il fait craquer un peu ses poignets, réveille tout ce qui a été mis en pause le temps de la réponse. ça m'va. j'achèterais des gommettes en forme d'étoiles, genre bien glitter, j'te les collerais sur la joue au prochain coup. tu s'ras beau, très, très beau. il fait un pas ou deux vers lui. bordel, il est grand. il vient quand même se foutre sur la pointe des pieds pour se mettre bien à face. il lui chope les joues, tire dessus une ou deux secondes. et avec tes airs de princesse kawaii sicilienne, c't'encore mieux. il relâche. il laisse une main s'attarder sur la mâchoire, puis un peu en-dessous, son pouce glisse sur une tache grise. on va dire que tu t'situes entre rimbaud et romeo, ça paaaaasse, peut faire mieux. j'me sens floué, trahi. j'meurs de désespoir. mon kokoro il... ah. voilà, j'suis mort.
le ton détaché, le ton bien trop posé, monocorde. il pourrait encore étaler. il pourrait demander plus. il pourrait réclamer une scène bien théâtrale où les amants se dévoilent verbalement. ce serait faux. ce serait aussi fake que le pif d'un mannequin, aussi crédible qu'un chien qu'essaie de miauler. alors il roule des yeux, redescend bien tout à plat sur ses pieds. ça grince.
- maintenant qu'j'y pense, tu vas être dans la merde pour rentrer toi. r'marque ça fait paon qui dévoile ses plumes, c'est uh - original. passer du coq à l'âne, du gros problème au suivant. à pas préférer s'attarder, sinon ça va faire un massacre. sinon ça va se résumer en rond autour du même arbre, regarder ses propres pas dans un intérêt complet. c'est être fort et faible à la fois. plutôt le cas numéro deux pour lui. s'il était vraiment le premier, il se serait protégé. il aurait enfilé son bouclier massif, il aurait empêché les attaques, les lames, les flèches et les assauts. il a trépassé andrea, à un moment ou à un autre, il saurait plus dire à quel âge. ses iris se baissent, il en fait de même pour son corps, chope ses fringues. particulièrement son tee-shirt a l'effigie de nirvana quinze fois trop grand, pyjama des heures de grandes flemmes. on reconnaît plus rien dessus, ni l'écriture. yaaah c'est génial. heureusement qu'on a pas fait ça avec mes fringues du taff, j'aurais crisé.
et puis ploc, ploc, ploc.
plic. plac. plac.
contre la fenêtre. il serre un peu le tissu contre lui.
il fixe - ça pourrait faire une chouette photo qu'il se dit.
- il pleut...
tout gris dehors, tout gris dedans,
tout gris partout, même dans ses grands airs, même dans sa taille, même dans le timbre de sa voix qui résonne.
tout gris.
Manuele Barzagli
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Mer 8 Mar - 6:00


y a ses mains qui malmènent, qui subliment, qui martèlent le trop sérieux. cette façon d’élaguer les os, de les broyer lentement. y a toujours ce moment désagréable où il pense et où je pense. et on dit rien mais c’est logique, c’est déjà sous la peau en lettres capitales: D.É.G.A.G.E. c’est valable pour moi mais c’est valable pour lui aussi. invariable, en tous baisers. à sa place, j’tiendrais pas. à sa place, j’me serais déjà vengé à coups de pelle, la première fois. j’aurais fait de ma vie un enfer. littéralement. à sa place, j’aurais rayé la voiture, noyé le chien dans d’l’acide. je mérite pas ce mensonge qu’on se raconte. je mérite pas le vin d’honneur. j’demande beaucoup plus que c’que je vaux. il s’est vraiment fait arnaquer andrea, il a pas vu l’inflation à sa porte déguisée en caniche. un briquet c’est pas si cher, il devrait pourtant l’savoir. je m’en lave les mains moi, j’ai déjà creusé le trou, j’suis bien. c’est pas glorieux. y a bien que les cendres pour crépiter, pour danser dans le foyer sans se soucier de rien. ça ferait presque soulever la poussière de ces nuits dont il est la bande son. y aurait de quoi rincer pollock, lui faire les poches, le croche-patte perfide-pute. et on frapperait les morts. après tout, pourquoi pas?
mais andrea, il choppe presque toujours la tangente dans les temps. on s’dérobe plus, on attend la fin des haricots, d’voir lequel de nous deux craquera en premier. et en attendant, on prend le contre-pied, on n’se dispute plus. plus de doutes, plus d’soucis. on devrait apprendre à viser la tête un d’ces quatre. ça nous épargnerait l’agonie, la tête qui cogne contre le parquet grinçant, le filet de bave sur le menton. qu’est-ce qu’on se marre, c’est à s’en arracher les poumons. j’déroule des yeux. c’est quoi déjà, mignon?
ça ravive mais plus pour très longtemps.
effacer. effacer. le coeur pleurnichant. effacer. dégonflé. c’est inaudible, crypté façon chaîne pour adultes. c’est comme un mauvais album des clash. plus de nous demain. plus de nous. ça attaque les omoplates, les muscles qui se trouvent là de près ou de loin. il fait gris. y a plus un seul bourgeon. ça dérouille les tempes. le sourire est dérisoire, ça vaut pas un clou. pourtant ça fait l’effort. pourtant y a bien plus que d’la bienveillance dans l’regard.
- j’suis bien trop vieux, c’est toi l’rimbaud. de nous deux, t’es celui qui dit l’plus de conneries. et j’évite la comparaison avec verlaine. et on sait pertinemment comment il finit roméo. et merde, juliette. morts. tous les deux. c’est pas une fin enviable, ça devrait pas l’être. je zappe le chaos. j’enlève la lame tout doucement, ça m’atteint pas. ça m’atteint pas parce que c’est les conneries habituelles d’andrea. j’esquisse un sourire. et c’est l’bon moment pour clamser, j’te ferais disparaître dans le caniveau. en petits morceaux. avec des gommettes sur les joues. et d’la boue jusqu’aux genoux. c’est absurde oui. mais moi j’aime pas quand on m’tire les joues style j’ai cinq ans. y avait bien que ma mère pour faire ça. mais c’était y a trop longtemps et on s’en fout. et elle doit être morte d’puis le temps. et c’est même pas suffisamment triste parce que j’en ai rien à foutre.
je grimace. rictus sardonique. pour moi-même. tu vas avoir l’air bien con manuele barzagli, vêtu de guenilles. et ça sera même pas d’la faute aux gommettes. j’récupère mes fringues, en pièces. je tire un petit peu la gueule, c’est vrai. mais sans t’moquer j’fais comment? j’ai pas l’temps d’attendre que tu fasses une lessive moi. et on va croire que j’sors d’un cirque. ou d’une activité pour déficients. que j’ai un problème. quoique ça, à la rigueur.  
des problèmes.
j’en ai plusieurs, je les collectionne. je les empile. c’est comme quand on fout en l’air un rubik's cube pour la toute première fois. je soupire, j’regarde andrea et j’me dis qu’il doit vraiment s’emmerder pour s’préoccuper de la météo. ce que ça m’inspire? y a rien qui m’inspire. ça me déprime. y aura ni pollock, ni poètes maudits, ni roméo. j’vais juste sentir le clébard en prenant la flotte. et j’vais schlingué. c’est ça le constat, j’vais rentrer chez moi. retrouver femme et enfant(s). retrouver clôture rafistolée, chien qui gueule et dessins animés. alors, bien sûr que parfois, je préférais rester ici. même si c’est pour m’endormir comme un moins que rien devant la télé. je pourrais l’garder un peu plus longtemps contre moi, l’air de rien. on continuerait à se raconter des histoires, des choses pas importantes. on parlerait d’la météo pour pas parler du temps qui passe.
mais j’vais pas rester. y a même pas à épiloguer.
alors j’dis plus rien. j’me rhabille juste dans un silence de plomb. j’suis un peu le voleur débile qui s’tire sans le butin après le casse du siècle. c’est pathétique. alors j’lui pince une fesse, histoire de dire, oh, c’est pas si triste.
Andrea Giacometti
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Jeu 9 Mar - 11:45


la pluie ça l'accroche.
la pluie ça fait écho en lui comme. comme un retour de flammes qui vient faire fondre les pores de sa peau. la pluie c'est comme un retour à l'avant, un retour à l'antan. les pavés poisseux et glissants, les passants moindres dans tout rome. le défi à venir. le défi à faire. les oeillades complices avec le frère aîné, la main baladeuse dans le sac, voire dans la poche quand il se sentait plus courageux qu'en général. et la fuite. la fuite était toujours déconcertante autant que superbe. fallait déguerpir aussi rapidement qu'un lièvre pourchassé par un renard. fallait y donner du sien et sans échauffements - éviter les claquages, c'était parfois pas simple. pourtant il courait andrea, et il ressemblait plus à rien quand la flotte avait définitivement bien chassée la poussière de son visage. il aurait pu en avoir mal à la mâchoire, à l'estomac parfois parce qu'il avait cette manière de rire totalement douteuse et foireuse - maintenant c'est une partie de plaisir que de se marrer. puis y'avait romeo. y'avait son oeillade beaucoup trop fière. ils étaient les voleurs, les crapules débiles sorties d'un bouquin romantique. c'était cool. ça lui arrache une absence, tellement que les mots percutent et font sens juste après qu'il sorte de sa léthargie. un pincement sur la fesse le fait retomber dans ses priorités. et quelle priorité. il tourne un peu la tête, le toise sans trop se lasser des formes corporelles qui s'impriment dans son crâne. y pince sa lèvre andrea, un peu suspicieux, un peu blasé, un peu taquin aussi. il est pas totalement passé à autre chose, il a seulement fait comme si l'obstacle existait pas - en attendant il reste à marcher contre un mur gigantesque en espérant qu'un jour, il pourra y faire un trou pour s'y faufiler et passer à travers.
- c'est plus à prouver, c'est certain qu't'as un problème. à voir quel genre. si c'est plus en interne ou si c'est carrément externe. et il aime à se dire que ça doit être un hybride alliant les deux. tant ses déboires pseudo-amoureuses que ses propres tares à vaincre - dont son incapacité à faire un choix définitif, et là, andrea, il peut même pas l'aider comme il faudrait. même si, très sincèrement, sans croiser les doigts derrière son dos, il voudrait. mais c'est pas grave t'sais.
relativisation sur un sujet qu'il aborde qu'à moitié, il se baisse pour choper son calbut et l'enfile avec nonchalance. de même pour son tee-shirt qui reprend les formes de l'impatience consommée. il chope une mèche de cheveux, la tire vaguement et louche dessus.
- du gris... c'est bien comme prochaine couleur. constat sans plus de cérémonies, il racle le fond de sa gorge avant de froncer les sourcils. il se prépare à partir, à dégager, à fuir la scène du crime sans laisser aucune trace - ou peut-être le sentiment d'un baiser volé. la lessive tu peux la faire tout seul comme un grand, j'vais pas te t'nir la main uh. il écoute d'une oreille les gouttes qui tombent. c'est apaisant. même si ça peut se transformer en une tempête subitement et venir briser les vitres d'un seul coup de vent.
il se cale sur le pieu, en tailleurs et jambes bien ramenées contre lui-même. il penche la tête sur le côté, genre chien qu'a pas percuté ce qu'on lui disait, faut recommencer pour que ça rentre.
- t'as l'choix en fait ; t'assumes ou tu fais tout disparaître. ah. elle est bonne. elle résume un peu tout. elle fait tellement sens que ça lui serre l'estomac et forme une boule de noeuds à picots bien pointus. il baisse un peu les yeux. il inspire profondément. ou troisième proposition, tu restes ici. pas d'coup d'pute à l'arrière, j'te fous dehors dès que j'dois aller au bar. et la nuit personne fera attention à ta tronche. la nuit c'est quand les monstres sortent. et les regards veulent plus se croiser, ça non. comme si chacun avait deviné ce que l'autre faisait deux minutes plus tôt. entre cacher un cadavre, tromper sa femme, se vider une dizaine de binouzes et faire un autel à l'ode du kkk, les possibilités sont interminables. et manuele, finalement, il fait pas partie des pires. il est soft. il est même étrangement bien placé. dans la normalité.
- donc tu restes. et tu fais pas chier byeongsin. et fier d'avoir calé une injure en la langue de sa mère, il hausse un sourcil sur deux. j'veux qu'tu restes. au pire si tu prends trop d'place j'te fous sous le lit ou dans l'placard. mais ça devrait aller, j'pense.
il forcera pas. il obligera pas.
t'assumes, tu fais disparaître.
c'est un peu ça.
c'est toi.
pas moi.
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Lun 13 Mar - 4:20


et quel problème,
le genre tragédie grecque, tu peux pas prévoir la fin. tu sais seulement que c’est une tragédie aux masques tristes sur la scène. et parce qu’il y a des problèmes aussi, un tas de problèmes. comme ceux que j’accumule pour me rendre la vie impossible. j’ai l’impression de creuser ma propre tombe, j’veux pas tout perdre pour regagner ma liberté, le all-in ça m’intéresse pas. faire une mise avec une main merdique c’est pas mon style, j’ai pas ce courage. j’ai pas de courage. il a foutu le camp j’sais pas trop où.
au moins j’sais qu’il est pas là. dans cet appart. sous la peinture encore fraîche d’un pollock ressuscité. c’est même pas beau. c’est grossier, comme le reste. les restes qu’on garde précieusement contre soi. c’est beau. c’est bon.
c’est un beau terrain vague. c’est radioactif jusqu’aux entrailles. drôle comme un sanglier à deux têtes. une balle dans la tête. et l’autre terrorisé qui cavale. ouais, il faudrait que je cavale moi aussi. il faudrait que je fasse le mort peut-être. aussi facile à faire qu’une panna cotta. les bonnes intentions. la logique implacable. le martèlement de la raison. la raison c’est d’le laisser sur la touche. encore et toujours. comme à chaque fois. le chien reste au chenil, grisé par sa petite vie fastidieuse, trompé par les beaux vêtements et les regards allumés. c’est tout plein d’envies. c’est beau oui c’est beau. c’est injuste, la comparaison est injuste. mais j’ai pas mieux. pas mieux qu’une petite vie étriquée dans laquelle je peux me laisser bercer. c’est doux oui c’est doux. c’est facile de rester. c’est pas comme si. comme si on se disputait elle et moi. y avait pas la place pour un andrea. et y a toujours pas la place pour.
mais c’est pas grave.
tout va bien.
tout va bien, comme une boîte à musique, comme une maison témoin. c’est pas grave, rassurons-nous. embrassons-nous. on peut continuer à faire semblant de vivre. balancer le mauvais sort dans le trou. avoir la terre sous les ongles. et de la peinture. et ta peau sous mes doigts. ça peut pas être pire que le dernier tube de kanye west.
- non, t’as raison, c’est pas grave. peut-être que c’est pas si important. on devrait totalement s’en foutre.
j’laisse andrea se rhabiller sans dire quoi que ce soit. moi j’ai déjà mon fute sur le cul. j’suis limite prêt pour me tirer.
même si mon impatience, elle, est mesurée. j’y tiens pas plus que ça. comme je tiens pas à revivre ça. à refaire tel ou tel choix. elle ou lui. partir ou rester. freiner ou embrayer.
- je la ferai chez moi. avec mon linge sale. petit pic dans la voix. je me demande pourquoi c’est là. peut-être que c’est son petit choix. ou carrément son ultimatum qui me met les nerfs en pelote.
mais c’est pas grave,
puisque tout va bien.
- assumer quoi? que j’suis une tantouze? que j’me tape un minet? que je fréquente andrea giacometti qui se trémousse tous les soirs en bas résille? tu veux que j’te signe un papier? tu racontes n’importe quoi putain. et on revient à la case départ, et on allonge un peu plus le café pour avaler les ‘je veux, je veux’. pour sûr que j’vais pas le rejoindre sur son pieu maintenant. je reste debout, juste en face, à frotter la peinture de mon froc. j’espère que ça va partir au lavage.
- si t’as la mauvais place, bah c’est con. c’était con aussi, y a deux semaines, quand j’ai dû faire mon coming out à mon boulot. mais ça aussi c’est pas grave, c’est ça? évidemment.
j’me demande pourquoi je perds mon temps à compter les points. pourquoi j’me suis attaché à cet imbécile. pourquoi je suis là. pourquoi je suis revenu. je suis sacrement con. peut-être parce que je suis comme ce putain de moustique. je tourne autour comme un satellite en orbite autour de la terre. juste parce que ça semble lumineux. mais c’est pas lumineux. c’est juste que les couleurs sont plus vives. mais c’est que des couleurs. la première couche c’est que du gris. soupire.
- je vais pas aller sous ton pieu ou dans l’placard pour te satisfaire. d’ailleurs, c’est plus ta place que la mienne. et schlass. les chiens sont lâchés. c’était pas.
c’était pute.
mais c’est pas grave.
Andrea Giacometti
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Re: les attaches, les os, tout ça je connais / manuele
Lun 13 Mar - 13:24


d'accord.
d'accord.
très bien.
alors pour commencer ça s'attaque à la première couche, ça cogne contre les pores et ça s'incruste tellement fort que ça brûle. juste un peu. seconde couche ça commence à se faire bien sentir. jusqu'à la huitième qui se propage jusqu'au plus profond de sa carcasse. ça fait, ça fait comme des millions d'insectes qui dévorent ses entrailles, des asticots qui s'attaquent aux crevasses dans ses yeux, des vautours qui viennent lui arracher ses veinures. ça fait boom. boom, juste boom. c'est pas tant comparable à une explosion nucléaire, ni à un attentat. c'est plus une tentative de suicide à deux. genre d'accord passé au préalable sans avoir eu besoin de prendre un petit post-il et de le laisser là, sous le regard paumé des concernés. il accuse pas le coup andrea. il accuse rien du tout. il reste. reste bien assis même si ça tremble sous ses guiboles, même si la chute est pas très loin. il laisse chaque mot arriver à son point culminant, faire l'effet escompté. c'est pas agréable. ça donne même envie de tout frapper, de laisser les poings s'abattre sur un mur, un meuble, une gueule aussi. il perd de sa grandeur, andrea, de toute sa splendeur caractéristique d'une folle sous les néons.
monte. monte. monte.
monte. ta place. ta place.
ta place. ta place dans le pieu. ta place dans le placard. ta place dans le coin sombre qu'on voudrait pas illuminer. ta place ici. pas ailleurs. ta place bien définie, bien déterminée, bien posée, bien placée. on discute pas. on en parle pas. c'est comme ça et va chier, va chier si ça va pas. va profondément te faire foutre si le bonheur sous bouteille oxygène ça te va pas. va. va. va. casse-toi, juste et ça ira très bien. on reprend les mauvaises manies, c'est comme conduire avec une dizaine de verres dans le pif : c'est pas conseillé. et ça. ça. bat, pulse, pulse, pulse. ça veut expulser toute la gerbe que ça a emmagasiné. ça veut dire les choses. vouloir. pouvoir. pouvoir. qui l'a ici ? c'est lui, lui qui se lâche, lui qui lâche du leste et qui veut plus avoir à pardonner, se faire pardonner. qui fait. qu'est aussi délaissé qu'un petit coup vite fait dans une station balnéaire. qui retrouve pas. qu'a perdu la raison. manuele.
manuele.
manuele. putain ça tourne. putain ça lui file le tournis tellement ça percute et ça se répercute, ça fait scarabées qui s'enquiquinent à vouloir tout laver, tout délaisser. alors andrea, andrea il inspire profondément. il ouvre la bouche. il la boucle. boucle tellement fort qu'il se lève mollement, y chope un pantalon. peu importe. il a envie de.
de courir.
de fuir.
prendre la poudre d'escampette, la fuite la plus magique de sa foutue existence. même houdini pourrait l'envier. il complète avec des pompes et un sweat. il sent la baise, il sent la peinture, il sent la sature, il sent la censure, la rature. il remonte la capuche.
- okay.
gueule. gueule. gueule bordel. laisser les cordes vocales se vriller en une symphonie massacrée. la respiration elle se décale déjà, elle est pas raccord avec ce qu'il veut laisser transparaître. mauvais menteur. mauvais amant qui reste pas à sa place. c'était pas fait exprès. c'était pas décidé. à la rigueur, lui il voulait juste qu'il se foute de sa gueule pendant qu'il essaierait d'enfiler ses fringues pour la nuit à venir. qu'il se marre. qu'il le juge. qu'il se moque sans doute. ç'aurait fait réunification de berlin. ç'aurait été beau putain.
- j'vais - y se coupe. il hausse les épaules. bah.
courir. ouais. sous la pluie. carrément. comme ça.
y se penche pour choper les clefs sur la table, les cale dans la poche de son pantalon. il a l'air stupide avec ses taches sur la face. les poings se serrent. c'est pas qu'il a tout gâché. c'est juste pas autrement. c'est juste la bonne et belle simplicité des choses.
alors il se barre, andrea.
il claque la porte.
il dévale les escaliers.
pas se retourner. pas regretter. pas. pas. pas.
les pas claquent sur le bois, ça va emmerder deux-trois voisins qui vont peut-être regarder à travers leurs portes pour voir ce qui se passe. seulement un coup de vent. un courant d'air. un truc qui s'oublie. une mémoire à pas élever sous les grandes lumières.
sous la pluie.
qui vient l'accompagner. il veut s'époumoner, il veut cracher toute la fumée de clope inhalée jusque-là. ça varie d'une envie à une autre. et quelques gouttes viennent se glisser sur ses joues, son front, sur ses poignets à peine dévoilés.
dégage.
y'a encore quelques rayons de soleil sur sa bouche.

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