Une cigarette entre tes lèvres, la première de la journée, la première d’une longue série. Chapeau vissé sur la tête, les clefs dans une main ton téléphone dans l’autre. Tu quittes ton appartement, il faisait beau t’avais besoin de sortir, t’as toujours besoin de sortir au fond, t’aimes pas vraiment rester seule enfermée chez toi, peut-être parce que t’as jamais vraiment appris à être seule. T’as jamais appris à vivre autrement que dans des hôtels aussi, enfin t’apprends depuis plusieurs mois, bien obligée. Mais t’aimais ça avoir un chez toi. C’était cool, il fallait se l’avouer. Tirant sur ta clope, aspirant ta chère et tendre nicotine. Tu avançais vers le centre de Vérone sous le froid soleil du début d’année. T’aimais cette ville vraiment. Peut-être parce que c’était la première ville où tu te posais vraiment mais en tout cas tu te sentais chez toi, pour la première fois. Pour la première fois, tu n’avais pas à te demander combien de temps tu allais rester ici. T’avais un point d’encrage. Enfin. Déambulant sans réel du but dans les rues, t’avais envie d’un café. Ou d’une bière. Mais il était dix heures du matin. Non tu n’avais pas de problème avec l’alcool. Merde hein. Tu savais que c’était tôt. mais le fait est que tu n’aurais pas dit non si quelqu’un te l’avait proposé. Au fond t’avais envie d’une seule chose, te poser au café Latte. Tranquille. Être au milieu des gens, t’aimais sentir la vie autour de toi. t’aimais les cafés t’aimais écouter les conversations de personnes que tu ne connaissais pas comme ça. Te foutre d’eux intérieurement. ça t’aimais encore plus.
Tu termines ta clope en quelques minutes avant d’ouvrir la porte du Café Latte. Retirant ton chapeau et tes lunettes, tu soupiras. Visiblement pas mal de monde avait eu la même idée que toi et tu te demandais même si tu allais arriver à avoir une table. Le café était bondé à l’intérieur. Grouillant dans un brouhaha constant presque assommant. Tu repéras une table libre en terrasse en te retournant. Parfait. Tu sortis rejoindre celui, posant tes fesses sur la chaise dans un soupir de soulagement. Camille était là, en train de travailler, rayonnante comme toujours voguant de table en table avec une légèreté que tu lui enviais. Elle te sourit quand elle te vit, tu lui rendis son sourire alors qu’elle s’approchait pour prendre ta commande. «
Eurydice, Je te sers quoi ? » T’eus un temps de réflexion. Allais-tu prendre une bière ou pas. Tu te mordis la lèvre, quelques secondes avant de lui répondre. «
Un double expresso ma biche, merci » Après tout tu pouvais toujours commander une bière plus tard. Et puis la température relativement fraîche de l’hiver, te faisait préférer une boisson chaude. Elle nota ta commande et s’éclipsa. Tu la suivis du regard machinalement. Tu vis qu’elle prenait la commande de quelqu’un à deux tables de toi. Quelqu’un qui te paraissait familier. Tu ne savais pas pourquoi. Comme une impression étrange de le connaître. Peut-être l’avais-tu croisé à la fac ou à la salle de sport mais t’avais l’impression étrange que ça remontait à plus loin, peut-être parce qu’il ressemblait à ce garçon, le garçon de Rio. Ezio. Tu secouas la tête. Tu devais débloqué. Fallait que t’arrêtes de le fixer aussi. c’était mieux, histoire qu’il ne te prenne pas pour une fille à moitié timbrée. Au pire tu pouvais lui sortir que tu trouvais qu’il ressemblait à une vieille connaissance. Ça risquait de passer pour une vieille technique de drague pourrie. Oh merde hein. Qui drague à dix heures du mat’. Personne.