Hippodrome de Vérone, dimanche 26 juin. La bonne idée de Papa Armani. Tous vous réunir. Toi et tes frères. Tes cousins et cousines aussi. Tant qu’on y est, autant inviter tout le monde. Pourquoi pas ramener le chien de la voisine aussi ? T’es ravi. Clairement tu préférerais être partout sauf ici. Tous au même endroit. Tout un après-midi. Sur le papier c’est tentant. Ca fait presque rêver. Tous ensemble. La dynastie Armani au grand complet. Comme avant. Avant de perdre l’un des vôtres. Le parfait Lorenzo. Sauf que ça va être un carnage, tu le sais d’avance. La disparition de ton grand frère n’a pas arrangé les relations entre vous. Ton paternel se voile la face. Il ne sait pas tout ce qu’il se passe. Lui il se contente d’avoir un oeil furtif sur chacun de vous. Il s’assure qu’aucun scandale n’éclate, que la réputation de la famille est toujours intacte. Il ne se rend pas compte que vous réunir est une mise à mort pour l’un d’entre vous. Il pense bien faire. Il pense pouvoir ramener un peu d’harmonie dans cette famille. Il est naïf. Perché dans sa haute tour d’ivoire. Bien loin de votre quotidien et de vos querelles. Mais bon, aujourd’hui tu feras ce qu’il faut pour être irréprochable. Tu dois redorer ton blason après le fiasco au bar il y a une semaine. Le redorer auprès de ton paternel mais auprès de tous les Armani présents ce soir-là. Lucia, Marcio et Paolo. Alors aujourd’hui tu mets ta mauvaise humeur de côte et tu fais un effort. Tu arrives à l’heure à l’hippodrome. Tes parents sont déjà présents. Ils discutent avec le propriétaire du lieu. Evidemment. Tu n’en attendais pas moins d’eux. Tu tires sur ta veste et tu la remets bien en place. Tu as sorti la chemise. De toi-même. Sans que ton paternel ne te le souffle. Tu vas croiser les grandes familles italiennes. Les meilleurs partis de la ville. C’est classe et légèrement snob. Tu es blasé d’avance de passer plus d’une heure ici. Il n’y a que les riches pour aimer regarder des courses de chevaux. Parier. Gaspiller de l’argent sur un truc si futile. Tu t’approches de ta mère, tu l’embrasses sur la joue et ton père te donne une tape à l’épaule. Classique. Ils te demandent où sont tes frères et toi t’en sais rien. Ils pourraient être à l’autre bout du monde que tu t’en ficherais. Tu te contentes de dire qu’ils vont arriver. En supposant qu’ils le fassent… Une table entière est dressée pour vous. Loin des regards indiscrets de la foule. Vous êtes au premier étage et vous avez une vue splendide sur le lieu de la course. Tu t’assois et tu commandes un whisky. L’après-midi va être long alors autant avoir un verre à la main pour le supporter.
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