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Andrea Giacometti
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dollhouse / manuele
Jeu 2 Fév - 10:41


ce soir.
ce soir il a peut-être plus le courage andrea, ni la foi. parce que tout à l'intérieur le pousse à se poser dans un coin, à soupirer, à attendre, fermer un peu les yeux et s'embarquer tout seul ailleurs. ce soir il a peut-être plus l'envie de brailler, de cramer les planches sous ses pompes bien lisses. trop à faire, trop à penser, comme un trop plein qu'il arrive pas à évacuer. c'est toujours pareil. un long moment d'accalmie qui suit une lente descente dans le chaos. des projets, des croquis, des idées. c'est tout ce qu'on lui demande. et le regard de son patron lui a dit, lui a affirmé que c'était plus la peine de s'emmerder. c'est bientôt la fin de service, et là de suite, il a juste envie de dormir mille ans tout au plus. fond de la gorge raclé, il frotte ses paupières d'un geste totalement hasardeux, déjà dans les vestiaires pour se changer. tout termine dans un sac de sport, lui, lui il a perdu de sa grandeur d'un coup avec tout ce noir. plus de couleurs, plus de maquillage sur la face pour cacher les imperfections comme le reste encore un peu rouge sur sa lèvre inférieure - souvenir d'une altercation de la semaine d'avant. sweat sur le dos, il enfile une écharpe qu'il serre, serre, aussi utile qu'une cravate pour la pendaison. il ricane, il sort de son paquet de clopes une cigarette qu'il cale dans sa bouche avant de se diriger vers la porte arrière. il est deux heures du matin.
et ce putain de briquet veut pas s'allumer.
- putain d'ta race.
ce connard d'enfoiré d'ordure de briquet veut pas. mais c'est pas ça le fond du problème, c'est pas ça qui coince entre la première et la seconde artère. c'est comme un air de déjà vu, comme un froid dans le dos qui paralyse. comme un goût d'avant dans le creux des lèvres, un bonbon acide qui brûle le palais. la porte est ouverte, il appuie frénétiquement pour faire sortir la flamme. pour qu'elle crame. qu'elle fasse fumée, pour qu'il puisse enfin se tirer. et andrea, il veut pas se résoudre à partir sans en avoir grillé une sur le chemin. c'est pas possible, c'est pas faisable. et pourtant là, il se résout à regarder autre chose. un peu figure spectrale, trop vraie aussi pour en avoir frôlé certains détails. sourcils froncés. manuele, il a le visage terminé au fusain, trop sombre pour convenir à une matière très légère. manuele, il a des couleurs un peu délavées, pas vraiment pastel, surtout grisâtres, c'est contrasté autrement. il capte les joues plus creusées, la présence aussi. dévisage un instant. partir, fuir, fuir, fuir, fuir, démolir sans doute. même s'il a aucune chance. inspiration profonde, en deux ans ça fait comme une catastrophe à retardement, c'est maintenant qu'il se bouffe la vague qui va le noyer.
- ton briquet, s'te plaît.
voix sèche, il tend la main dans le vide en attendant l'objet de ses désirs. il reste droit, droit, bien ici, bien debout, sans fléchir, sans trembler. même si ça lui fait capter à quel point sa propre plaie a pas eu le temps de prendre, de se rattraper. y'a du sel dessus. ça fait vriller, ça casse sa respiration. une envie. une envie de. de fumer, c'est tout.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Jeu 2 Fév - 19:41


le café est avalé froid. dans un gobelet. dans ma voiture merdique de papa cool. avec des griffes. des traces de doigts sur les carreaux. j’efface. j’efface vite mon existence rangée. les coins arrondies. la couleur habituellement chatoyante du pare-soleil, à l’arrière. encore cette pute de reine des neiges. j’en peux plus. une barrette rose, une toupie du mcdo made in china, un livre provenant de la bibliothèque municipale, oublié là depuis deux mois. j’en ai ma claque de faire le ménage. j’arrête, donne un méchant coup dans le volant. je crois que j’me sens mieux. ça dure une minute à tout péter. je soupire, je ramasse mes clefs sur le tapis. je me gare pas sur le parking de ce bar ‘underground’ qui se donne des grands airs, j’hésite encore à m’y rendre parce que j’sais pertinemment que c’est une connerie. que je si j’y vais — et je vais forcément y aller, je vais me prendre la foudre. que je vais foutre en l’air deux ans et pourquoi? parce que j’ai soudainement pensé à lui en baisant un type aux yeux bridés? que ça m’est soudainement revenu en pleine gueule? non, bien sûr que non. je l’ai pas oublié andrea, quand je tourne à gauche et pas à droite au carrefour, j’sais. j’ai un pincement au coeur. je me revois le descendre, des mots plus violents q’un beretta. et j’ai pas appuyé qu’une fois, sur la gâchette. je regrette. résigné. le pas lourd peut-être mais je file droit, ça ouais. jusqu’à la porte arrière. l’arrière-cour près du parking. je ne suis pas particulièrement tendu, je connais déjà la fin du conte.
lui il arrive, il se doute encore de rien. son attention est retenue par sa clope qu’il peine à allumer. par ce briquet qu’il malmène juste pour une flamme. sur la chute qu’il entraîne, malgré lui. une année dépeinte, on aimerait repeindre au-dessus, l’oublier, sauf qu’on ne peut pas. ça reste une belle pièce. de la craie blanche, grinçante sur un tableau noir, griffé, paragraphé d’insultes. il me dévisage, je l’imite. mes convictions s’effondrent et mon sourire enjoué s’efface alors qu’il me demande du feu. je tire de mon jeans la petite pièce d’acier destiné à produire la flamme tant désirée. c’est un zippo sur lequel l’inscription ‘meilleur papa du monde’ commence à s’effacer. je le lui file. dans le creux de sa main. retrousse ses doigts.
- il s’appelle reviens celui-ci.
je pioche une clope dans mon propre paquet. nostalgique yes. ça ressemble étrangement à un rituel. inachevée. un truc qui manque mais qui marque. c’est comme se jeter à la mer sous un soleil brûlant. ça pourra pas être pire que ce soir. cette nuit. ce matin. le temps c’est pas une enclume, le temps c’est comme une vague qui repousse toute la merde sur la plage d’en face. ça fait pas des miracles. les traits sont tirés, les cernes visibles. il est deux heures du matin. il n’est plus pearl, juste un étudiant qui galère à joindre les deux bouts à la fin du mois. pas de feu d’artifice. juste un flash, la peau qui ronge l’acier pour une étincelle.
- je voulais venir plus tôt. essayer d’arranger le truc tu vois.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Jeu 2 Fév - 20:07


la honte.
la honte c'est ce qu'il a tendu à lui apprendre. la vraie, celle qui chope à la gorge et qui lâche pas avant d'avoir saigné. celle qui pisse. celle qui râle. celle qui laisse ses marques et veut pas abandonner. c'est peut-être les soirées à chialer, mais c'est aussi les regards contre le miroir. à plus se voir pareil. pas comme avant. pas avant qu'il ouvre sa grande gueule, qu'il déverse le venin, qu'il crache toute sa rancoeur. c'était pas. c'était pas croyable. et andrea, andrea il voulait pas y croire, il voulait se marrer, exploser dans un rire quoi faire frémir un horizon tout entier. à la place y'avait que du pétrole, un miasme noir qui grimpait, grimpait. il étouffait. et maintenant ça lui revient, ça lui coupe le souffle au moment où sa voix retentit. elle fait l'effet d'un coup de feu. bang bang. en plein dans la tempe. bang bang. en plein dans le reste de cervelle ou de dignité. il garde sa mine déconfite, un peu fermée, déboussolée aussi. il allume, il écoute sans écouter. peut-être que tout tremble, peut-être que tout est flou. mais il veut pas le montrer. ce serait trop plaisant à voir, ce serait trop drôle aussi. y'a comme de la furie, y'a comme tout un déferlement qui prend, qui arrache. y se revoit andrea, y se revoit se nicher dans son cou, lui chourer sa clope sans délicatesse, lui foutre un coup de coude complice. c'était con. mais c'était bien. et la force de s'énerver, c'est un peu derrière, c'est caché sous un délire aux couleurs trop vives.
il mène pas large.
bien sûr que non. il pourrait. pourrait lui coller son poing à la gueule, lui arracher les yeux, lui mettre un coup de pied. il pourrait. il voudrait. il garde, à la place, il fixe le sol en tirant sur sa clope, de suite ça sait déglinguer ses poumons. de suite ça le mène vers le cercueil. plus loin y'a une bouteille en verre, totalement brisée. y'a de ces détails un peu nazes qui font évidence quand ça va plus. quand l'horloge cardiaque elle a décidé de retourner, de passer en arrière, de transpercer l'organe. silence. rire sec.
- arranger l'truc ? manuele, tu t'fous d'ma gueule ? faut pas tout avouer, faut pas plaquer les cartes. faut pas dire le mal. faut pas dire l'addiction. faut pas, tout ça, tout ça c'est bon pour les autres. il inspire profondément, soupir, essaie de faire un rond avec la fumée. sans succès. passer à autre chose. mais à la place il le défie, il le regarde droit dans les yeux. coupure, ça électrise, ça fait serrer son poing avec le zippo. ton degré d'puterie... mon chéri, ça a atteint des niveaux. il essaie de reprendre le dessus, il essaie de la jouer grand garçon, il essaie de se donner allure. de pas faire petit. de pas se faire écraser. il sent des battements contre sa bouche, elle rougit sous le tic nerveux de la morsure. il envoie un coup de menton dans l'air, vers la lune. pour t'dire à quel point, r'garde ou pas mais on va illustrer ça d'façon plutôt claire. la lune c'est d'jà assez loin. il se met sur la pointe des pieds, lève son bras tenant le bâton blanc en hauteur. j'peux pas l'atteindre, c'est tendu, hein ? mais au d'ssus t'as encore dieu. et t'vois ton niveau d'saloperie, d'puterie intense, bah c'est encore plus haut qu'ça. reste sur la pointe des pieds. puis de nouveau à plat. il lui redonne l'allume-feu avant de lui balancer en plein front. c'est pour les gonzesses, ça. c'est pour les cinglées qui savent plus comment aligner deux phrases, et andrea, andrea il a trop à dire. c'est wah, j'en ai connu des sombres connards, mais dans ton genre... t'es assez unique, t'peux t'en féliciter. rictus en coin. sourire. pour pas oublier ça. j'vais pas gueuler, on est des gens civilisés. pas vrai ? des restes plutôt que des hommes.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Ven 3 Fév - 1:19


je me demande si c’est une blague. là-haut ça tourne pas rond, c’est plus des pensées c’est des ellipses. les sourires en coin. clins d’oeil. complices. déclin. fin de l’acte I. je prends mes cliques, j’évite les claques. arranger ouais. c’est con à dire mais nécessaire, j’aurais dû me taire ce soir-là, rien promettre ce jour-là. je me sentais tellement important, tout-puissant. j’écoute sa rancoeur. j’peux pas dire que c’est pas justifié. que j’ai pas mérité. il a du plomb dans l’aile, cheval fou impétueux qui charge. il est le premier à dégainer. je m’y attendais un petit peu, j’peux pas lui en vouloir d’aboyer. j’ai laissé faire les choses, aujourd’hui tout m’échappe. je l’écoute déblatérer sa merde, déverser sa haine, me montrer la lune et puis quoi? je vais pas devenir un homme meilleur parce que wow, ce discours est vraiment impactant. je m’en bats cordialement les couilles merci andrea. je soupire, les yeux plissés. pas d’ennui non. fiu, bien envoyé. cette fois-ci, ouais, on peut dire que je me fous explicitement de sa gueule. j'agrippe le tissu blanc que je porte au niveau de ma poitrine. exagérément. j’en fais des caisses.
- tu fais vraiment du mal à mon petit coeur là, andrea. j’hausse les épaules. je ramasse mon zippo sur le béton. goudron. je tire sur ma cigarette. j’ai l’impression d’être au far west. je devrais pas me foutre de sa gueule c’est sûr, mais voilà, je le fais quand même. je respecte mon titre de connard de l’année. ou plutôt d’il y a deux ans, faut bien se renouveler pour perdurer. je pensais pas. j’étais pas. je pensais pas me faire démonte comme ça, d’entrée. je suis quand même sacrément naïf. il y a un peu tout qui s’effondre, et moi j’suis con, j’ai besoin de ça pour comprendre que c’était pas l’idée du siècle de me pointer ici en demandant mon reste. ça me dépasse.
- écoute je suis le plus sombre des connards. c’est sûr. mais j’suis désolé là. je sais bien que tu t’en branles mais j’te le dis. je tire une latte, je m’aligne sur son regard. je m’y noie, je le regarde s’emparer de mon âme et j’ai les crocs. le trou béant dans la poitrine et les sirènes dans la tête. j’ai arrêté de réfléchir pour faire fuir les mots, les maux. c’est pas une balle c’est des coups de crosse que j’envoie par signaux. je baisserai pas la tête, j’veux pas sombrer à cause du phare. souffrance déraisonnée mais silencieuse. sans remous, sans rien, à peine le temps de lui transmettre le message. en morse, sinon c’est pas drôle. tu. me. manques. voilà ce que moi je te dis ducon. je baisse les yeux, détourne le regard. reprend la main, chanceuse. caresse les cartes en espérant tirer un meilleur jeu.
- t’as le niveau d’puterie que tu mérites chaton. j’esquisse un sourire moqueur mais franc. mais je retiens quand même que ouais, je suis au-dessus de dieu. je trouve ça pas si mal, je m’attendais à pire comme compliment. je lève la main au-dessus de mon épaule, amusé, pour me situer dans l’espace invisible, sur cette échelle d’puterie comme il dit. fais comme ça t'arrange, gueule, dégueule je m’en fous. tu te sentiras peut-être mieux après va savoir.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Ven 3 Fév - 17:48


c'était sûr.
c'était sûr, si sûr, si évident, si logique quelque part. il croyait peut-être trop, andrea, il croyait sans doute que même les plus grands morceaux de vie peuvent s'éclater d'un coup, comme ça, sans trop réfléchir. c'est possible. mais lui, lui il l'avait pas fait, même s'il promettait quelques mensonges à l'oreille, même si c'était vrai quelque part. il était ça, il était l'amant, il était de quoi sortir du quotidien. il était important, quelque part, ou donnait cette impression de l'être. il se sentait pas complet. juste à l'aise, dans un élément qui pourtant le vouait à se foutre en l'air. et en un an, il avait pas senti le sable couler entre ses doigts, il avait pas percuté la violence, il avait pas prévu le coup. il avait même pas une poche de sang de quoi l'aider à bien récupérer. dans le fond, c'était sûr, si sûr, si évident, si logique qu'il allait mettre un arrêt définitif. déclarer une sorte de petite guerre, une révolution organique qui reprend de plus belle. surtout. surtout quand il parle manuele, ça fait l'effet d'un endormissement soudain, d'une injection létale. étrangement douce, provoquant par ailleurs un arrêt de tout ce système. de tout ce qui lui permet de mordre, de griffer, de gueuler plus fort qu'il le faudrait. pourquoi lui en vouloir ? c'était écrit, c'était normal, c'était joué depuis le départ. mais andrea, andrea il aime s'illusionner jusqu'à s'en intoxiquer, il aime croire l'improbable. pas conte. juste réalité modifiée, annexe, détériorée ou améliorée.
désolé.
désolé, désolé, désolé, désolé, ça résonne ici, et là, là, là, particulièrement là dans son crâne. il l'entend rarement s'excuser, manuele, même plus, c'est tout neuf, ça sonne comme d'étrange mots, au même titre que la façon dont il prononce son prénom. toutes les voyelles sonnent, un peu brutes, un peu cassantes aussi - bienveillantes. il se mord l'intérieur de sa joue, il tire à nouveau sur la clope, il souffle la fumée beaucoup trop nerveux. parce qu'il sait pas, pas, pas et plus ni rien ni que dalle, ça tourne et ça retourne, ça lâche des souvenirs vitesse world trade center.
- j'fais quoi alors ? je m'allonge et j'couine un bon gros "notice me senpai" ? rire léger, de gorge, ronron qui fait vrombir sa peau alors qu'il tapote du pied. bordel ça gèle. constat pour lui-même, il enfonce la moitié de sa tête dans on écharpe, continue de frapper de la semelle. il essaie de faire ordre dans le chaos. il essaie d'éluder. de pas se laisser avoir, choper. sa main libre glisse dans sa propre tignasse, il sait pas ce qu'il fout. c'est pas coordonné, c'est fatigué. il cherche à l'achever. c'est certain.
- si t'es désolé ça efface l'ardoise, c'est sûr. moue à mi-convaincue, haussement d'épaules qui l'accompagne. y'a une distance de sécurité, un mètre tout au plus. il doit garder son calme, se diriger vers la sortie, et surtout, surtout casser les lois. alors il inspire à nouveau bien profondément pour décrasser sa gorge, il se rapproche, face à face. manuele il fait au moins dix centimètres de plus, il surplombe, il avale toute la lumière des réverbères. c'est comme les gosses, on s'fait la gueguerre et pouce. pause. on fait la paix. non clair, c'est d'une putain de simplicité, merde mais j'suis bien con de pas y avoir pensé. la voix posée. la voix toujours pareille. terne. dénudée. la cendre se barre, ses doigts osseux viennent passer sur la mâchoire du fantôme, la barbe un peu grise, un peu noire aussi. retracent, touchent sans toucher. de peur qu'il revienne jamais. c'est quoi ton problème, hein ? t'as vu un documentaire sur la situation en chine et t'as pensé à moi ? murmure, la vapeur sort de sa bouche. c'est sans doute le bon moment pour faire un arrêt cardiaque, ou pour se faire la malle, planter la lame. sans doute. mais andrea, andrea il est pas téméraire.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Ven 3 Fév - 22:22


je vois pas comment faire face, vraiment pas. une boutade, ouais, ça se termine forcément comme ça quand j’ai rien à dire. quand le son s'étouffe au fond de ma gorge, désincarné. je suis pas triste non, juste résigné, juste dégoûté. un clebs attaché à sa vie tout ordinaire. paralysé. sous sédatif. à chaque fois que je mens, que je dis que ça ira, chaque pièce que je brise de mes deux mains. ça m’apprendra. andrea, c’est pas lui qui est venu me chercher. c’est moi. et c’est ce même abrutis qui l’a jeté. le nez dans la boue ou dans la neige. contemplatif de ma propre connerie de ma propre pensée. facile. lâche. c’était ça le deal: pas de battements, pas de sentiments. rien. juste l’illusion de pouvoir choisir un corps. une nuit où se perdre, un grillage que je taillade. tailladais à la pince coupante. ça c’était avant, c’était andrea. maintenant j’ai plus qu’les entailles pour me rappeler. ça fait chier. ça fait réfléchir et réfléchir j’aime pas ça. la grande vérone m’ennuie maintenant, c’est chiant à mourir ici, ça pue la pisse. ça pue l’hypocrisie. ça donne envie de dégueuler. de raturer le monde, les couleurs ont foutu le camp.
c’était pas un sourire.
à peine un pincement de lèvres.
un tic nerveux pour les indécis. contemplatif. désespéré. je regarde nos âmes s’évanouir dans un sanglot arraché au pinceau. si je pouvais, j’arracherais la toile. j’inhale la fumée. je me souviens que c’est ma dernière. je recrache avec rage et remords. regard perdu, sourire désuet. enfin. je fixe la lune. bienveillant. - me tente pas. j’dis ça pour déconner, bien sûr. j’ai pas le cran de faire le premier pas. pas cette fois. moi j’suis juste là, sur le parking ou à la rue. j’hoche la tête, silencieux. faut dire qu’il gèle à faire du sur place. je calme mes ardeurs. j’ai déjà donné. j’évite la blague. le voir en face de moi ne congédie pas mes doutes. ils sont encore là. comme il y a deux ans. je le savais bien, au fond, que la surface était trop lisse.
- je sais pas si ça l’efface ou pas mais j’peux te jurer que c’est pas une manoeuvre pute et lâche pour te la mettre à l’envers. je la jette sur le sol, l’écrase d’un coup sec, sonde son regard alors qu’il s’approche. la lumière a faibli, nos visages ont vieilli. amochés par les coups, par la vie. le feu crépite, c’est agréable à l’oreille. j’ai pu voir la vague m’emporter cette fois-ci. le dessein n’est pas net, les traits sont hésitants. c’est pas une oeuvre d’art mais c’est honnête. ça ne paie pas de mine même si c’est triste et sans couleur. donc quoi? tu préfères faire la guerre que l’amour? j’sais pas. dis-moi. éclaire-moi. et encore que ça m’aiderait pas beaucoup. je campe sur mes positions. lesquelles j’sais pas. j’dis pas ça sèchement parce que je lui demande rien à andrea. je voulais le voir. peut-être même une dernière fois avant qu’on reparte tous les deux, l’air de rien, le fusil à l’épaule. avec des fausses promesses, des mots qui font du bien mais qui sont traîtres. on se reverra peut-être pas. mon optimisme est mis à mal parce que ouais, cette fois,  j’arrive plus à voir au-delà du champ de bataille. je peux sentir ses doigts, si proches de me faire capituler. je sais différencier la corée de la chine gros malin. qu’est-ce que tu veux? la vérité? tu veux pas essayer de deviner? je le défie du regard, c’est pas le meilleur des plans mais j’ai rien à cacher, pas de quoi avoir honte. j’esquisse un énième sourire, pour la forme, pour le jeu. j’aimerais avoir la force de le repousser, vraiment, de toutes mes forces. ou de foutre sa cigarette en l’air, de presser mes lèvres contre les siennes en envoyant tout péter. je caresse du bout du doigt ce rouge, teinté carmin sur son visage. pourquoi tu t’entêtes à faire ce boulot de chiotte?
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Ven 3 Fév - 23:23


c'est répétitif.
c'est fait pour revenir, pour retomber avec toujours l'odeur de cigarette qui monte au nez, ce même visage-paysage qui tire ces mines changeantes, la rue pas vraiment propice à l'implosion dans un éclat de rire, la musique silencieuse, les battements ratés, échoués. l'acte manqué. et andrea, andrea il en a vu des trucs passer sous son pif, des trucs tout simplement disparaître du jour au lendemain. c'est pas le meilleur. c'est juste le pire. passer la main, ici, là, comment vouloir réapprendre à retracer dans le noir les traits imparfaits, cassés, brimés par le temps. c'est ici, sous son nez. c'est vingt ans trop tôt, vingt ans trop tard. le décalage si grand qu'il fait crevasse sur lequel il la joue funambule, balle sur le nez et crocodiles au fond de la fosse. c'est pas bon. c'est pas superbe. c'est un peu tragique sans doute. et il parle, parle, parle, il dit beaucoup manuele, tellement que ça fait un flux d'informations qu'il peine à bien discerner. il se défend. il fait de sa cervelle une bouillasse dégueulasse qui menace de s'étaler dans le moindre pore de sa peau. ça touche, ça frôle aussi. ça récupère des marques qui se sont effacées en deux ans. deux ans c'est qu'un chiffre. deux c'est rien. deux c'est tout un art, de savoir revenir, de comment mettre les formes pour bien tacler dans le creux du bide. il gagne, il pose juste, il fait ça bien. l'expérience, la grandeur d'âme, une connerie autour de la sagesse. ou pas. c'est juste sa bonne manière de prononcer les mots, de faire arme. de récupérer ce qu'il reste.
et sa clope pend à sa bouche.
elle fume encore, elle relâche de la cendre, se consume alors que celle de l'aîné est au sol bien défoncée, bien écrasée. frisson à nouveau, ça touche, ça fait courant électrifié qui pourrait surchauffer ses nerfs. faible, faible, faible. putain faible. deux grands crétins, deux types, deux êtres pas vraiment grands, pas vraiment petits non plus. des bidules qui se débattent. des humanoïdes. si faut bien définir. tire une latte, encore, se délecte de l'infecte pétrole qui le dézingue avec minutie. sourire sincère, discret.
- la corée, ouais, ça t'fait un bon point, j'te filerais une gommette la prochaine fois. à quoi ça joue, à quoi ça fait. à quoi ça. quoi ça mène. pourquoi ça coince, pourquoi ça passe ou ça trépasse, pourquoi ça merde dans les rouages alors que ça pourrait fonctionner. ça a. pas parfaitement, pas de façon coordonnée, mais ça a. tire encore, souffle à droite ou à gauche. parce queee - heh, j'ai pas trouvé d'sugar daddy pour s'occuper d'moi. va pas dire que j'suis superficiel, juste feignasse. m'fin remarque, les rares que j'ai trouvé étaient pas commodes. ou étaient nuls au pieu. haussement d'épaules, grimace pour ajouter une touche à sa parole. en attendant d'trouver mieux. j'me sens bien. même si - y'a des bleus, des fois. y'a des poings qui s'abattent, y'a des grands malades qui veulent refaire le monde à leur façon. c'est pas l'sujet. 'tain tu m'embrouilles, t'as choisi ton heure.
inspiration, encore un an. encore un an et le diplôme viendra lui offrir des opportunités. ou ce sera toujours comme ça, à apprendre à garder les dents blanches, à faire face. à la jouer un peu héros du quotidien sans vraiment le faire. à accepter. à ravaler, ravaler. encaisser, surtout. éponge, punching-ball, cannette, c'est au choix. faible, faible, faible, putain de faible. clope balancée, éteinte du bout de la pompe.
- la vérité, la vérité... la vérité c'est que tu m'manques sale con. rejette, sa main se niche dans sa nuque. se souvient, se souvient de cette mémoire de la chair qui s'entrelace, qui s'attrape, qui s'étripe, qui s'embrasse. il se rapproche, il sent sa respiration plus chaude, d'un calme qu'il soupçonnait pas y'a encore deux secondes. murmure. mais j'suis insipide. se rappeler, se rappeler pourquoi la rage, pourquoi la haine, pourquoi le dégoût. se rappeler de ça. pas passer pour l'idiot dans l'histoire qui se fait avoir. et j'en ai plein l'cul d'passer pour celui qui sait pas, celui qui dit amen, qui s'fait des promesses à lui-même et qui peut pas les t'nir. parce que... bordel manuele, j'ai juré sur tout c'que j'ai de pas, retomber, de pas, faire ça. regarde les lèvres. retenue. ça lui serre les entrailles, ça fait des papillons quelque part il sait pas trop où, ça s'estompe, ça revient en force. t'es un genre d'aimant à emmerdes, ou un serpent j'sais pas trop. silence, provocation, fatigue. et on a raté l'coche, à vingt ans près. relâche, abandonne brutalement. ses bras retombent le long de son corps, plus de contact. ne pas, laisser. ne pas, faire. ne pas, reprendre goût, à ça. ne pas, laisser aller dans les veines.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Sam 4 Fév - 3:23


je m’y attendais pas à celle-là. j’pensais pas qu’il aurait le cran pour ces mots, pour me les reprendre moins d’une minute plus tard. c’est un coup de poignard, pas une blessure superficielle mais un truc qui attaque les tripes direct. qui partira pas. je vois enfin ce qu’il a dans le bide andrea, à quel point j’ai cogné fort la dernière fois. (insipide). c’est exactement ce que j’ai dit. qu’est-ce que je pouvais dire? qu’est-ce qu’on dit quand l’amour c’est pas suffisant? comment on explique ça? j’avais pas le choix putain, que de tirer à bout portant sur ta pauvre gueule. je devais m’empêcher d’revenir, me couper l’herbe sous le pied, que tu me détestes. suffisamment. c’était tordu mais j’ai trouvé que ça pour t’éloigner, j’suis pas psy, j’ai pas la science infuse. toutes les réponses. pourquoi je serais aussi malheureux sinon, de vivre avec ce choix, d'avoir seulement eu à le faire? je suis même pas revanchard, je compte même pas répliquer, j'ai presque envie de lever les bras et de lui donner le feu vert pour qu'il frappe une seconde fois. là, ce que je vois, c'est en train d'me pourrir de l’intérieur. le plus dur c'est pas ses mots, c'est de savoir qu'il les pense, qu'il a gardé ça pour lui pendant tout ce temps. je m’attendais pas à un miracle mais ouais, évidemment que la réciproque est vraie, je peux pas me résoudre à le détester. même pas à l’ignorer. même quand il est pas là, j’pense à lui. mais j’peux pas dire que j’ai fait le mauvais choix. j’peux pas assumer cette relation auprès de mes enfants, quitter ma femme après vingt-cinq ans de mariage. j’peux pas. je me fiche de savoir qu’elle se tape d’autres mecs. je sais que c’est moi qu’elle veut, je sais que c’est moi qu’elle aime et je me sens chanceux, ouaip. on sera jamais comme ces couples qui se déchirent pour une vague histoire de fesses. on habitait dans la même rue, gamins. ça remonte à trop loin. je me souviens juste qu’elle avait volé mon vélo. j’peux pas lui faire ça, je pourrais jamais lui faire autant de mal. j’en suis incapable. je suis peut-être un connard. c’est certain, mais je j’peux pas me réjouir de la détresse d’andrea; au contraire. ça me brise le coeur. j'agrippe ses épaules comme pour le secouer mais j’ai plus rien, je me sens vidé, j’arrive même pas à le regarder droit dans les yeux. c’était pas ta faute. c’était pas ta faute ; c’était ma faute. ma putain de faute. je veux pas qu’il se sente coupable, qu’il prenne les coups à ma place. je veux qu’il revienne ou simplement qu’il reparte. comme un fantôme du passé qu’on aimerait conjurer, une faute qu’on voudrait pouvoir expier. j’sais que je t’ai traité comme d’la merde mais t’es pas insipide. t’es tout sauf insipide andrea. t’es rien de tout ce que j’ai pu t’dire ce jour-là. je serre les dents pour m’empêcher de mordre dans la chair encore fraîche. vautour carnassier amaigri, faiblard, malade. j’ai plus qu’à le regarder de mes grands yeux tristes parce que cette fois-ci j’peux pas faire barrage. je peux pas faire comme si je m’en foutais. j’peux pas lancer une boutade et fuir ce regard indéfiniment. j’accours, muet, foutu. j’peux pas prendre mes distances. impossible. je l’attire vers moi, en souriant parce qu’il me reste que ça, que cet instant pour le prendre dans mes bras et le serrer. désespéré. je me fais pitié.
c’est mieux qu’une clope ou qu’une douche post-coït. ça m’étreint le coeur, lavé à froid, étouffé, chauffé à blanc. les montagnes russes d’un couple qui n’existe plus. deux ans. c’est plus un souvenir c’est un vestige. un site historique, un temple dans lequel on ferme sa gueule pour surtout pas réveiller les morts. je relâche. presque. j’ai pas vraiment envie d’me retirer. de disparaître. d’être oublié. je presse pas mes lèvres contre les siennes, je les plaque sans vraiment lui demander son avis, j’enlève même son écharpe au passage. j’aurais eu tort de m’en priver d’ce baiser. c’est sûrement le dernier que j’aurai pour moi. dont j’me souviendrais dans deux ans. il sera maqué ce con. ça sera un artiste. il aura plus besoin de moi. je lui rends son écharpe. tourne le dos, déjà, je me prépare au futur. je m’assoie sur les escaliers. devant la porte de sortie. ça tombe bien. c’est celle que je comptais prendre. t’as raison. j’peux pas t’contredire t’sais. t’es bien trop intelligent pour un chinois. je rigole, comme un gamin. c’est pas mon genre de faire la chialeuse même si là, c’est pas le feu. bon, j’vais pas t’retenir. tu dois avoir d’autres trucs à faire de bien plus passionnants. puis il est tard. il fait froid. je vais juste m’en griller une dernière. seul. oui j’veux plus de lui dans les parages à me tourmenter. j’ai pas envie d’espérer quelque chose. j’sais que l’étincelle est toujours là. que je lui manque. à moi aussi il me manque. j’vais pas lui dire. c’est trop tard. c’est trop tôt. je pourrais jamais comprendre mais ça ne fonctionnera pas plus cette fois-ci. on va éviter le drama. déjà que j'ai plus une seule clope à flamber.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Sam 4 Fév - 14:53


un homme qui se décharne.
un homme qui. qui abandonne les armes. qui brise, qui casse, qui s'entasse et qui laisse sa peau se barrer pour faire apparaître les os. un homme qui en a marre. un homme qui a déjà trop donné des années auparavant. un homme pas vraiment détruit, pas vraiment complet non plus. juste un homme, bêtement un homme, pas un dieu ni quelconque divinité. ce qu'il y a de plus sublime, de plus infecte aussi. et ça tombe sous les yeux d'andrea, ça lui arrive comme un uppercut dans les joues, ça fait mal, ça chauffe, ça gonfle et ça lui file le tournis. il écoute, écoute, écoute, percute, prend comme ça vient sans comprendre ce qui se fait, ce qui se prépare sous ses iris. regret, casse-gueule, dominos empilés qui veulent atteindre les étoiles. et ça, ça, ça, d'un coup, ça rappelle, d'un coup ça rattrape aux lèvres, ça chope, ça arrache, ça veut pas faire dans le niais, ni dans la tendresse. ça fait comme c'est. baiser-carton, baiser-chiffon, baiser éphémère qui tire sur le faux et un peu de vrai. putain de dynamite qui irradie ses doutes, ça lâche un soupir, ça répond, ça prend du plaisir, ça voulait ça. à la gorge, en plein coeur, dans les entrailles, dans toute sa foutue panoplie d'être à peu près bien proportionné. expiration, ça lui monte du rouge aux joues, un peu rose, ça coupe sa respiration, ça prend du temps à reprendre. une seconde ou deux, trois ou quatre. il saurait pas dire, il a du mal à percevoir, il a encore les paupières closes. le nez qui se plisse, l'écharpe dans les mains, le froid dans son cou le réveille alors qu'il l'enroule à sa bonne place. ça revient.
ça revient comme.
comme une obsession, comme un besoin de dire encore, de réclamer, comme un besoin de faim pas satisfait. ça continue de siffler à côté, ça s'assoit, ça veut se griller une clope alors qu'andrea il sait plus faire la part des choses. il veut pas tirer un trait. il en est pas capable, il en est pas certain. il va retaper dedans, il va refaire ses retords, ça va reprendre le chemin inverse, ça va pas avancer. ça va. ça fait mal. de le voir ainsi, de le voir abattu, pas loin de quémander à ce qu'on lui assène le coup fatal. mais il se marre, manuele, parce que c'est tout ce qui les réunit, ce besoin de se foutre de la gueule de l'univers, de faire un doigt d'honneur à la galaxie. long silence.
- ...fais pas genre c'est la dernière, comme si t'allais arrêter d'fumer. j'suis pas ton gosse t'sais, c'pas la peine de me raconter des cracks. sourcils froncés, il bouge pas des masses. ça ressent encore. ça revient. ça lui colle sur le bout des lèvres, c'est agréable. il en pince l'inférieure d'une dent, la relâche avant de chercher contenance, de trouver l'appui et l'équilibre qu'il a perdu. t'sais c'qui serait une bonne idée ? que j't'appelle papa et toi fiston, ce s'rait assez glauque pour qu'on se dégoûte. ricanement. ses doigts passent sur son propre front, glissent sur l'arête du nez, s'arrêtent. réflexion. partir, partir, partir, partir. partir. partir bordel de dieu et plus revenir. partir pour plus faire face. partir pour plus se fatiguer. partir parce que c'est ce que la logique veut.
y se retourne. il le regarde, il le dévisage un peu. pour une fois, pour une fois andrea est plus grand que quelqu'un. il se niche dans son tissu sombre, il est trop noir cette fois. ça colle pas avec les habitudes. y'a que sa chair pour trancher avec le reste, pour pas lui donner la dégaine d'une ombre. peut-être que les faux-semblants, ça marchait un temps. plus sérieusement... hu, tu pourrais m'déposer ? les extrémités se détendent, ça crame encore sur ses pommettes, ça fixe. il veut pas. veut pas qu'il parte. veut pas qu'il fasse les adieux. j'ai toujours pas d'bagnole, ni d'permis. ni d'vélo. et ça fait une trotte, et hu... ça caille sa race. la chique coupée, il se sent terriblement con. il voudrait tout refaire, tout revivre. il sait pas ce qu'il veut exactement. lui. oui. tout ce qu'il transporte, pas forcément. j'ai pas envie d'savoir dès d'main qu'on aura trouvé ton cadavre dans l'coin d'la ruelle, style gros suicide passionnel tu vois. j'pourrais pas assumer. ses lèvres s'étirent en un sourire. pas radieux. pas fabuleux. là, c'est déjà ça. une chance. un foutu trou dans le vitrail qui laisse passer l'extérieur. ça s'effrite, ça s'étiole. passe à autre chose. oubli.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Sam 4 Fév - 19:49


là-haut ça grince, ça accepte pas d’tourner la page. l’info remonte pas jusqu’au cerveau, le coup a été porté au coeur. depuis, plus rien. le silence. regard dans le vide. vague à l’âme. je m’en veux d’être revenu, d’avoir remué toute cette vase au fond d’la mer. maintenant je m’embourbe. je m’enfonce mais j’ai plus la force d’remonter. j’peux pas me permettre d’me laisser glisser pourtant. j’peux pas faire voir le chaos qui règne, la gauche sur mes phalanges. les bouts bousillés. le virage dangereux, celui que j’voudrais pouvoir prendre à 200km/h, le soir. quand je vois deux chiffres semblables sur mon portable. quand j’hésite à effacer le nom. le numéro. les photos qui vont avec. j’en ai supprimé quelques-unes déjà. j’le regrette sûrement à hauteur d’un jour sur deux. j’sers les poings. j’ferme les yeux. j’serre les dents. ça va passer, j’ai qu’à compter jusqu’à dix. le faire disparaître. une deuxième fois. j’suis fort à ça. j’ai qu’à recommencer: lui dire que c’est qu’une sale pute ‘underground’ faire les guillemets avec les doigts. lui dire que si je claque des doigts il reviendra ramper à mes pieds. lui dire que c’est un mauvais coup, qu’il peut se taper tout vérone. même ma femme. que j’en ai rien à foutre de sa tronche de tenpura. mais on peut pas remettre ça non plus, hein? je lève mes yeux vers lui. c’est pas si fréquent. mes deux mains viennent caresser cette barbe clairsemée, comme si ça allait m’apporter une réponse. comme si je m’appelais aristote ou platon. mais non, ça fuse toujours pas. j’entends juste le vent hivernal siffler à mon oreille, s’engouffrer à travers mon perfecto. me donner un putain de sursaut.
- et t’sais c’qui serait une autre bonne idée? que tu fermes ta grande gueule. ouais, je me roule pas par terre, ça m’fait pas spécialement rire. je lui réponds sèchement, je m’en fous. j’passe une main dans mes cheveux, je me redresse, je reprends d’la hauteur sur cet imbécile. t’es vraiment emmerdant. je relâche les épaules. commence à l’insulter. dans ma tête. pourquoi il s’barre pas? qu’est-ce qu’il attend? j’vais pas copiner avec lui, rire à ses blagues débiles pour faire semblant que ça va. qu’on oublie tout, je vais pas lui raconter mes plans cul, on se retrouvera pas pour boire un verre et parler de l’ancien temps. là où c’était bien, facile, là où on pouvait se permettre de lever le majeur. de transformer un coeur en bite et une bite en coeur. dans la buée. et qu’on se marrait. c’était pas à vingt ans près. c’est juste que j’ai renoncé. on pourra jamais savoir, rejouer la scène pour espérer une meilleure fin.
j’hoche la tête, j’vais pas dire non. il s’doute bien. évidemment que j’vais le ramener jusqu’à chez lui. jusqu’à la porte de sa résidence universitaire merdique. ma voiture est en contrebas. à l’extérieur du parking. je commence à avancer, les mains dans les poches en prêtant une oreille attentive à ses élucubrations. c’est laborieux mais ça m’arrache un rire franc. j’me retourne vers lui pour me retrouver face à ce sourire. c’est comme une petite décharge électrique qui me rappelle que j’peux plus l’avoir et ça m’agace. ça m’irrite le palais. moi j’pense que tu te montes la tête. j’vais certainement pas louper la prochaine journée du calcio et le derby de rome pour tes beaux yeux. on arrive à la voiture, je bipe nonchalamment sur mes clefs. passe une main sur le toit avant de dévisager andrea. qu’est-ce que j’dis maintenant? en route fiston? j’ouvre et claque ma portière sans attendre une réponse de sa part. j’veux juste qu’on en finisse, que j'puisse rentrer chez moi tranquille. je m’installe sur le siège conducteur, allume la radio. augmente le volume. je me rappelle le bordel dans la boîte à gants. j’espère qu’il fera pas sa fouine. c’est bien son genre. le raccompagner chez lui, c’est un peu une petite mort en-soi, ça m’donne envie de mettre ma main dans son froc tout en conduisant. tout en sachant pertinemment qu'il m’invitera pas à monter.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Sam 4 Fév - 20:58


c'est pas constant.
ça tremble, ça fait des vibrations, ça change de route d'un coup alors qu'il imaginait peut-être autre chose. alors que, finalement, toucher la plaie du bout des doigts, c'est la faire saigner encore plus plutôt que de la panser. il le voit, il l'entend, il le subit quelque part et ça l'emmerde. ça l'emmerde parce que ça casse, ça se craquèle dans ses doigts sans qu'il puisse y mettre de la colle. c'est un peu un vase, ou un objet en verre. manuele c'est ça, c'était ça un genre de bibelot qui s'admire, n'empêche que quand ça se casse, ça laisse des traces, ça fait pisser le sang. pourtant, pourtant, ça fait chialer, ça fait serrer tout l'intérieur. parce qu'il a envie de se faire récupérer, de se faire réparer, de finir là où il était. y'a tout ça en même temps. en même temps que la rage, que tout ce qui se perd dans des litres de pensées infâmes. c'était pas ma faute, c'était la sienne. j'aurais pas dû, il aurait pas dû. tout ça à la fois. andrea il se ment plus, andrea il se voile plus la face quant à sa capacité à s'auto-détruire, quant à son envie de finir dans des embrouilles qui se terminent dans une catastrophe made in hiroshima. l'alliance elle était pas là au début, elle est venue par la suite. l'aveu aussi. pourtant il avait accepté, il avait hoché la tête sans broncher. il s'était dit que ce serait que ça, qu'un cocon dans lequel se lover, qu'une peau dans laquelle mordre à foison, dans laquelle se perdre une fois puis deux, puis trois. il a arrêté de compter, ça a possédé tous ses doigts. alors manuele, manuele il se traîne comme un boulet remplis de sable, il a plus le courage, ni l'envie d'essayer.
ça se comprend.
ça se ressent jusqu'au plus profond de sa moelle. et sans ciller, il s'installe dans la bagnole alors qu'il songe aux longues minutes. une trentaine de minutes pour rentrer chez lui à pieds, ça équivaut à une quinzaine par voie rapide, en comptant les feux rouges. ça va pas être long. ça va être perfectionné, ça va être délectable, ça va être les derniers instants d'un condamné. inspiration profonde, ses muscles endoloris se détendent, paisible. étrangement. honteusement. outrageusement paisible. il cherche un peu les détails, c'est juste un peu plus le foutoir. une voiture de mec respectable, de mec bien. et peut-être que des deux, c'est le supposé artiste qui vaut pas le coup. qui foire. qui engendre la discorde sans raisins. l'horizon, la fenêtre. les songes qui s'échappent, le rictus, toujours présent. nostalgique, sans doute. ses jambes se ramènent sous sa carcasse, en tailleurs, nonchalant.
- on est quand même très cons. j'veux dire, vraiment cons. l'un pas plus que l'autre, sur un pied d'égalité. il est fasciné par les lignes blanches qui défilent sous ses iris concentrés. à chaque fois que j'te r'garde, j'ai l'impression d'sauter dans l'vide. et d'attendre. attendre. attendre l’atterrissage. dans tous les cas j'vais finir en tas d'rien. ça sort tout seul, ça veut peut-être rien dire. de toute façon il se retient de comater, il se fait violence pour pas se laisser bercer par le moteur, par la proximité. par un tout, qui lui rappelle pourquoi il s'était donné la peine, pourquoi il avait fait ça.
- t'es un peu mon super suicide. le timbre léger, les paupières lourdes, l'arrière de la tête pour regarder le plafond de la bagnole. rien d'anodin, rien de particulier. tu prends ça comme tu veux, j'sais plus c'que j'dis d'toute façon. plus maint'nant. paraît que y'a que les gosses qui disent la vérité, les poivrots aussi. ça oublie souvent de parler des insomniaques, des bestiaux de nuit qui dorment quatre heures. qui se réveillent, qui creusent leurs cernes à la pelle. il laisse se caler un peu de néant un moment. il pince sa lèvre inférieure, il arrache la peau malmenée. il doit se faire ça, pour se sortir de ses lubies, pour échapper à ce qui le rattrape rapidement : cette envie de déconner. faut parfois dégueuler un morceau de mécanique cardiaque. pour planter, pour pas être laissé de côté. pour garder une présence indistincte dans l'esprit. il se sent petit. comme un adolescent, comme un enfant auquel on aurait enlevé toute envie de se mettre à imaginer. j'ai - hu - hm. ça coince, y'a des clous rouillés dans sa gorge. j'ai pas envie qu'tu partes, définitivement. c'est niais putain. j'te jure faut sortir les violons. renferme. découvre. c'est - compliqué bordel. de - je. veux pas. que tu partes. pour se le faire comprendre. pas de je t'aime mielleux, pas de déclaration enflammée - ça s'est jamais vu entre eux. juste un constat, un triste constat. on fonce droit dans l'mur, hein ? fixe le sol. il supplie. prie pour un non. il avait raison manuele, faut définitivement qu'il la boucle. quitte à se coudre la bouche.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Dim 5 Fév - 0:51


c’est comme s’il avait appuyé sur le bouton mute. ou enclenché l’mode avion. j’ai la bouche ouverte, ouais, mais je suis ni béat ni admiratif. je suis totalement sur le cul. heureusement que j’suis assis. j’arrive plus trop à me concentrer sur la route alors je fronce les sourcils. ce qui ne change, bien sûr, absolument rien au problème. j’sais pas ce qu’il veut andrea, si c’est un jeu. si je dois mentir ou dire la vérité. si c’est un test pour calculer mon taux d’puterie. s’il va m’le relancer en pleine gueule comme un boomerang, l’air de rien, avec un sourire triomphant. j’sais pas. j’sais vraiment pas. je passe mes nerfs sur le cuir du volant, j’essaie de ne surtout pas y penser. je prends pas sa sortie. je fais un détour. je rallonge le trajet. je fais genre j'me suis trompé. - putain. ça sonne faux, clairement. la voix est étranglée. trop claire. trop douce. j’peux plus le déposer devant chez lui maintenant. prétendre me débarrasser d’un colis devenu trop encombrant. je vais être obligé de lui parler. potentiellement passer pour un salop. ou un blaireau. c’est ça mes choix. j’peux pas savoir ce qu’il pense, j’peux même pas sonder dans son regard un semblant d’indice pour m’éclairer. pour colorier les étoiles au-dessus de mon crâne qui fonctionne plus bien. j’me racle la gorge comme pour m’donner du courage, pour me débarrasser d’ce sentiment. ressentiment. ce minuscule pansement qui recouvre à peine le manque d’ces deux dernières années. j’essaie d’me rappeler pourquoi je suis là. pourquoi je me suis pointé ce soir. qu’est-ce que j’veux? pourquoi je continue de racler le fond du pot. y a plus rien à gratter merde. je devrais pourtant le savoir. je suis vraiment très con. tu m’manques. j’voulais pas t’le dire pour pas compliquer les choses. - mais. c’est trop tard c’est ça? j’ai l’impression d’avoir une cible sur le coeur, j’fais plus que de l’apnée. je crois que j’ai peur de la suite. de la tournure des évènements. parce que c’est trop tard. j’ai perdu le contrôle. j’peux le sentir sous mes doigts vibrer alors que je tourne le volant, couler comme un poison à travers ce petit os crochu qui relie toutes ces phalanges. j’appuie. je sers fort. le plus fort possible sur ce cuir bon marché. parce que j’ai les mains qui tremblent. j’aimerais dire que c’est la surdose de caféine mais c’est pas ça. j’ai plus de tempes j’ai des tambours. je vois l’université au bout de la rue, j’arrête la voiture. décroche ma ceinture pour finalement déglutir dans mon siège. je caresse mes deux accoudoirs avant de planter mon regard dans le sien. tu peux pas m’empêcher. de partir. c’est comme ça... on se fracassera toujours contre c’putain de mur. on s’approchera toujours trop près de la lumière. on s’y brûlera. dire la vérité. hésiter. mentir. mais avant d’plus savoir marcher, de tituber avec peine sur la chaussée, j’te jure - même si c’est - ça sera pas la joie. c’est même sûr - que je serai là pour te prendre par la main. je me pince les lèvres, ça doit ressembler plus ou moins à un sourire. un poil désabusé. j’essaie de faire illusion. d’garder mes doutes parce que moi non plus j’veux pas disparaître. et j’veux pas non plus qu’il disparaisse d’un claquement de doigts andrea. j’veux pas voir sa silhouette disparaître pour toujours à travers le brouillard épais du petit matin. tirer une croix. lui dire au revoir. et quand je dis au revoir je pense adieu. j’peux pas décider à ta place. et j’vais pas te supplier d’me jeter ou d’me reprendre. t’es un grand garçon maintenant paraît-il. je décroche enfin d’son regard. je décroche des abysses. c’est comme être au bord du précipice sans pouvoir rien n’y faire. voir l’accident arriver mais foncer quand même. passer la cinquième pour le fuck. subir. donner des coups de pieds dans la machine à laver. par frustration. subir. subir. subir cette double vie dont j’veux pas. quoique j'fasse, j’aurai toujours l’air coupable.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Dim 5 Fév - 1:51


problème.
problème de. problème de connexion entre les différentes parties. problème moteur. problème mécanique qui traduit une emmerde monumentale. problème au stade encore minime, qui pourtant prend des proportions encore plus gigantesques. problème, juste problème qui fait dérailler, qui fait tomber le train dans le ravin et qui ravage, qui dégage. ça se ressent dans sa conduite, ça se ressent à travers les injures qui sortent, la bouche qui sort aucun son. muette. muette sauf pour cracher - parce que ça fait partie de ce siècle à moitié neuf. muette et pourtant horriblement parlante. suffit qu'à lever un peu le nez. tourner la tête, zieuter tout juste. là, là, il va décocher le volant, le retrouver dans l'air et pas savoir quoi faire alors qu'ils heurteront un arbre, et passeront à travers. ça fait son effet. ça sort de la léthargie profonde dans laquelle il veut se consumer, s'arrêter pour mieux se protéger. c'est risible en un sens, c'est logique aussi. il l'a cherché, il l'a trouvé. y'a trop de trucs qui s'avouent ici, dans cette bagnole où sa femme se posait à côté, siège passager. où ses gosses étaient à l'arrière. dans cette bagnole où y'a des mémoires qui traînent, des souvenirs heureux et malheureux. un endroit où il a pas le droit de mettre sa marque. où il y glisse une tâche malgré tout, petite, pourtant assez sombre pour qu'elle se fasse remarquer. tout ça, ça, ça le tétanise, paralyse. injection qui empêche les nerfs de se dégonfler. le sol est beau, le sol lui aura rarement parut aussi magnifique. y'a de la terre, y'a des ténèbres aussi parce qu'il fait trop sombre cette nuit pour permettre à l'esprit de créer autre chose que des horreurs. il joint ses mains.
aider.
aider. aider. aider. pas abandonner. aider. aider. aider. ne surtout pas abandonner. on jure, on promet, on la joue enfants sous un arbre qui se font le serment du petit doigt. on essaie. on tente. malgré les maux qui remontent, qui font bile acide. ça fait tout battre, ça fait débattre, ça se désincarne. ça baisse l'armure qui s'est construite, ça découvre les blessures ; y'a encore du sang ici ou là. c'est pas si grave, à bien y penser, c'est pas dramatique. c'était pas sa faute. si ? non. peut-être. ça redevient flou. puis ses yeux lui font mal à andrea, comme si ça allait sortir d'un coup. alors il se frotte les paupières avec le dos d'une main, il papillonne des cils.
- justement, j'suis trop vieux pour ces conneries. ironie, petit rictus narquois. j'devrais faire les choses... bien, tu vois. m'prendre en main, m'caler un avenir clair, net, bien tracé ici ou là. pas la jouer pseudo-casanova ou un bail du genre avec hu, bah toi. j'devrais m'écouter, ouais. j'devrais imaginer la bicoque, la putain de haie taillée chaque matin par monsieur ou madame, le clébard style berger allemand qui chope le frisbee. inspiration profonde, ses jambes se resserrent un peu sous son poids. mais j'devrais juste. j'dois pas. c'est pas - duh t'façon c'est beaucoup trop con. c'est pas ça, c'est pas vrai. j'veux juste, le là, le tout d'suite, le maint'nant. c'est bien, l'épuisement, ça déshinibe aussi bien l'alcool, ça aide dans la formation des phrases difficiles. il dégage sa ceinture à son tour, ça lui compresse la cage thoracique. il hausse les sourcils, style agneau de dessin-animé. j'ressemble à une connasse d'ado' de seize balais, bien greluche d'vant son crush. 'tain... ricanement nerveux. il serre ses doigts entre eux, plante ses ongles dans sa propre peau. elle va rougir. elle va reprendre vie, c'est pas plus mal.
il repose son attention.
putain il est beau. il a gardé ça, tout ça, tout ce qui était présent y'a encore trois ans, au tout départ, au départ de pas grand-chose, d'un chouette déclin qui aurait pu prendre l'allure d'un renouveau. y'a tout qui fait écho, comme une évidence, y'a tout qui l'appelle, y'a tout qui le marque au fer rouge. et y'a tout qui suppose ; abîme-moi, c'est pas grave.
- j'peux pas t'en empêcher. ouais. j'vais pas t'supplier mais j'peux te l'demander. vague silence. dieu le déteste, on se fout de sa gueule dans les cieux célestes. on va le détester. on va le juger. briseur de ménages, fouteur de merde. pars pas, s'te plaît. murmure. s'te plaît. honte. honte. honte. putain de honte qui décrédibilise toute une rage sourde. il ose pas le frôler. il veut pas tenter. il a peur que ça fasse trop, qu'il dégage sa tentative. que ça recommence. y'a que ses billes noires qui tapent causette, y'a juste une vague qui déferle dans ce pétillement à mi-désespéré.
à la base, andrea, il voulait juste une clope.
juste, allumer, cette foutue clope.
...
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Dim 5 Fév - 8:53


je donne mentalement des coups de gants dans ce mur. j’essaie de briser la glace. que ça devienne limpide. que je puisse distinguer les couleurs chaudes. le sang sur le rivage, la mer qui ramène les morts. l’écume façon globules rouges. je suis terrorisé - défiant. j’ai pas confiance. ça respire le mensonge. c’est pas forcément volontaire. c’est un peu ce qu’on se dit avant de s'écrouler. on se raconte des cracks. on s’dit que ça ira mieux demain mais dans l’fond. on sait pas. les fleurs se fanent demain. les regards s'évitent. les humains s'offensent puis se défoncent demain. yeux vers le ciel. dépit. j’serai toujours mal foutu. claudiquant. j’me suis jamais accompli autre part qu’à mon boulot. je regrette. je regrette d’être tombé sur lui dans ce bar. le rire. forcé. j’rigolais pas vraiment. j’étais fasciné. je regrette d’avoir insisté, d’être revenu encore et encore. d’avoir ressenti les papillons; les ouragans. de m’être laissé entraîner par la marée. pearl quoi. il devrait rajouter le préfixe - de cupidon parce qu’il tire pas ses flèches dans le vide ce con. émotions passives, goûtant pour la première fois à la contemplation. chaque minute de ces journées avait son émotion, émotion connu, attendue, d’avance espérée. il y avait cette atmosphère de simplicité qui flottait dans l’air; on pensait pas à l’abandon, irrémédiable, on voulait bien faire. même moi. même moi j’suis tombé dans le panneau. c’était comme une étincelle. de l’or brut. de l’élan. un putain de combustible pour cramer, pour noircir les traits, arrondir ces sentiments écornés. même deux ans plus tard. ça partira pas. ça partira plus. j’peux pas asphyxier les mots. quoique peut-être les miens mais andrea. andrea j’peux pas l’faire taire. parce qu’andrea, il insiste. il s’casse pas. il en démords pas. il creuse là où je m’efforce d’abattre la terre. de recouvrir une vérité qui fait trop mal. j’sais que cette relation est vouée à l’échec. j’le sais et il le sait. on peut pas s’apprivoiser comme les autres. il y a trop de différences. de dissidences. on restera à la marge, incompris, frustrés. malheureux surtout parce qu’il y aura plus d’élan pour nous porter.
battements cataclysmiques dans un murmure, le verre se brise. il y a des petites fissures qui se font. en plus des autres. c’est la toile la plus triste que j’ai jamais vue. j’comprends pas comment on peut s’infliger ça. comment on peut se tirer une balle comme ça. pas dans le pied mais dans le coeur. pourquoi tu fais ça? pourquoi tu l’fais pas? pourquoi. pourquoi tu fais comme si c’était pas important? on n’est pas fait l’un pour l’autre. bordel. andrea. tu veux que j’te dise, t’es en train de t’enfoncer et ce que tu fais, c’est que tu m’entraînes avec toi. j’peux pas revenir comme ça. j’peux pas juste couper le moteur. prétendre qu’une conversation comme celle-ci suffise. même si sa franchise m’irradie l’esprit de la plus belle façon qui soit. j’peux pas être là, ça peut pas être ici, maintenant. même demain. j’pense pas. regard abattu. gorge nouée. même pas un sourire. même désolé. je m'étends, suffisamment pour ouvrir la portière. sa portière. je frôle sa joue, c’est comme une lame dans la carotide qui tranche à l’horizontal. ça pisse le sang, c’est dégueulasse. je me rassois à ma place. j’me tourne vers lui, j’dis rien. j’vais pas lui répéter que j’suis désolé d’avoir coupé le cordon. que j’fais plus ça pour lui que pour moi. tu l’as dit toi-même. j’suis un connard. je vais pas changer en deux ans, faut être con pour penser le contraire. silence. j’sais pas quoi lui dire moi à andrea. j’peux pas conclure sur un ‘à plus dans le bus’ mais j’peux pas faire durer cette attente indéfiniment non plus. c’est insupportable pour moi, ça doit forcément l’être pour lui. le front sur le volant, j’attrape mon téléphone du bout des doigts dans la poche intérieur de ma veste. il ne me faut pas plus de vingt secondes pour écrire un message à ma femme. j’le serre dans mon poing. je m’en veux déjà. j’suis en train d’la prendre pour une conne, de succomber; parce que je suis trop lâche pour aller au bout d’ma pensée. j’le savais. j’ai envie d’me coller un pain pour la forme. j’arrive pas avec les adieux. je me jette dans cette eau glaciale. corps perdu. âme défaite. esprit faible. je sors de la voiture. j’pars pas. - j’espère que t’as un lit deux places cette fois.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Dim 5 Fév - 13:06


faut partir.
faut arrêter le génocide avant que ça fasse la une des journaux, faut arrêter le massacre avant qu'il y ait vraiment des morts qui s'accumulent sur un monticule. il faut juste savoir couper, savoir dire stop au moment opportun. et à bien le voir, il pige, il capte, il percute enfin que c'est sans doute à cause de ça qu'il s'est barré la bouche en coeur et le doigt d'honneur levé. parce qu'il voulait plus morfler. parce qu'il saturait. parce qu'andrea il demandait, demandait trop, demandait l'exclusivité un peu étrangère d'une notion qui lui échappe encore. que pour la baise, que pour les baisers, que pour la baiserie. que pour ça, que pour prendre son pied et finir déglingué sur un pieu, la clope au bec, le soupir qui déchire toute envie de la jouer romantique. rien de déterminant. rien de fatigant. rien qui pousse à la bague au doigt. c'était pas censé prendre cette tournure, c'était pas voulu. pourtant c'est arrivé, ça a percé les pores, ça a gratté tout ce qu'il y a de bon à l'intérieur. ça a rendu mauvais, méfiant. ça se disait rien pour autant, ça agissait juste. et ça lui refait, ça lui laisse un frisson. parce que des deux, andrea c'est sans doute le moins futé, celui qui préfère la jouer passionné plutôt que de s'emmerder à réellement se cacher derrière un mur, se faire emballer par des briques jaunes ou rouges. andrea, il est pas malin. andrea, c'est juste une boule émotionnelle en pleine effusion, c'est juste de quoi alimenter le mythe du type-qui-s'en-branle mais pas tant que ça. faut pas croire. faut pas rêver. puis forcément y'a la porte qui s'ouvre et ses espoirs avec, ça fout le camp, comme ça. courant d'air, adieu sous-jacent qui lui fait secouer la tête. non. non. non. non. putain pourquoi il est revenu à la base. pourquoi il a pas tout simplement passé son chemin. pourquoi il l'a pas laissé dans son état complètement passif, à juste aller. sans pousser trop loin. juste aller. juste marcher. aller d'un point a à un point b, suivre la ligne continue du bar à la fac, de la fac à chez lui, de chez lui au bar. c'est son triangle des bermudes. il se volatilise pas pour autant.
c'est autre chose qui l'amène au centre.
le point où tout se chahute, où tout se percute. manuele est aussi grandiose qu'un accident de bagnoles, aussi probant qu'une tornade qui ramène. genre de katrina deux point zéro. il voudrait s'attacher au siège, andrea. la jouer gosse chiant qui se fout de la colle super forte dans le dos, pour gratter quelques minutes en plus. il se mord, mord si fort la lèvre, ça va pisser à un moment s'il continue ses conneries. déjà que sur ses côtes il reste un peu d'ecchymoses d'une rencontre foirée à la sortie du bar. ça date de quelques jours. quelques nuits. quelques ennuis. il va faire qu'empirer son cas, passer pour le martyr en chef qu'a plus que des perles à la place des larmes. lumière. tapote. il sort, balance. et andrea le suit, sans prendre en considération. il se sent lourd, il sent toute la gravité l'appeler. il reste debout. portière fermée, main sur le toit de la dad-car.
- j'ai - jamais dit qu'j'étais intelligent. tu devrais l'savoir, et la fac c'est que pour dorer l'blason. puis en arts, sans déconner, tu pensais vraiment tomber sur une putain d'lumière ? ampoule grillée à la limite. sarcasme, auto-dérision. il a rien de mieux pour s'aider dans sa décision. ce serait bien de tout casser, de lui dire qu'en fait il déconnait. mais andrea, andrea il a pas la foi de rire. il a tout qui s'active en interne, qui lui fait creuse son ventre. ses doigts se crispent légèrement. petite voix, petite voix, t'es où quand on a besoin de toi. tu m'prends pour qui. j'ai changé d'appart' depuis l'temps, j'suis pas bien grand mais vivre dans un dé à coudre, c'est plus possible. il bouge, enfin. un pas devant l'autre. il réapprend à marcher. il fait le tour, il enroule ses doigts autour de son poignet. pas la main, jamais, c'est trop vomitif de bons sentiments. et y'en a pas ici. tu t'débats pas. t'aimes bien m'suivre au final et - hu - tu dois faire une crise existentielle ou quelque chose du genre. moi ça m'va. ça m'va très bien. nouvel itinéraire à suivre. il l'embarque dès que la voiture est sous contrôle. ça devient mécanique, robotique, il se cache encore derrière son écharpe. il a plus que ça pour se dire qu'il a une dignité. honte. honte. putain de honte. un homme marié, un homme qu'a une gamine de dix ans, qu'a une femme sublime sans doute, qu'a tout pour couler des jours heureux. gauche, droite, gauche, tout droit, ça fait labyrinthe. les clefs tintent devant l'immeuble un peu vieillot. il ouvre la porte qui mène sur le hall.
- j'te préviens y'a d'la peinture partout, et des feuilles partout. et du partout partout. et - merde. deux étages à gravir, c'est peu pour la jouer héros sur l'olympe. puis y'a le bois de la porte, de la vraie. il sait plus ce qu'il fait. il va le regretter. ou pas. ouverture, lumière allumée. caverne aux merveilles éparpillées. à gauche un mur sur lequel est peint un corps dans différents mouvements. à droite un éclat bleu qui la joue mélange spatial et océan. c'est pas stable, c'est pas concret. sans commentaires, ni sur ma sale gueule à la lumière. il le relâche pas. il voudrait lui dire barre-toi tant que tu peux, au pire y'a mon matelas pour m'accueillir si je braille. il voudrait lui dire que c'est clair, que ça vaut pas le coup. il se tait. il reste muet. pense qu'à sa gueule, qu'au soin qu'il peut prodiguer.
ça, recommence.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Lun 6 Fév - 11:17


quitte à crever, autant crever ensemble. autant se prendre plusieurs fois les doigts dans la prise. autant y revenir. une fois. deux fois. c’est pour ça que je suis là. c’est pour ça que j’reviens. j’veux sentir le vide sous mes pieds. les paillettes dans la poitrine qui étouffe. la lune. orange sanguine. l’odeur de la peinture fraîche. de la couleur. partout. de la couleur. ça fait tourner la tête. ça fait vriller le coeur. ça se tord. coupable. coupable. coupable. pommette écharnée. muscles endolories. je ressens déjà plus rien, j’suis dans les cordes. je m’y accroche mais c’est pas suffisant. je marche plus droit. je crache le sang par le nez. vulnérable. c’est d’une banalité incroyable. ça devient un regard de mourant, défiant. ça demande une balle dans la nuque façon exécution rapide. ça demande le contact. implicite. ça demande à finir en pièces avec le sourire. ça enlève les gants de boxe pour mieux toucher. pour mieux sentir la peau sous les doigts. se tendre. se détendre. s’illuminer surtout. vibration qui martèle. vibration qui dit non. pas encore. message reçue. ça tire à deux et pas à trois. ça se trompe de cible, c’est certain. j’éteins. j’veux surtout pas lire. j’suis suffisamment lâche. quelle chance d’être une raclure finalement. un rat. un rat qui attaque les restes. les boyaux. qui broie les os. - t’as vraiment une sale tête mon chéri. ça pique un peu. j’le regarde amusé et j’me dis pour moi-même qu’il est vraiment trop con. j’attrape sa mâchoire. me penche. dépose un baiser. mais tu restes baisable. j’crois. j’le cherche à peine. faut pas se leurrer. faut pas se mentir. on reste deux bêtes sauvages. diamétralement opposées. certes. on ne va pas se contenter d’faire suivre des dominos dans son bordel. encore moins à cette heure-ci. même si je viens d’baiser mao zedong. c’est pas une course de fond. y aura pas de fioritures entre nous. y aura peut-être pas d’demain. y aura peut-être pas d’réveil pour nous rappeler la faute. ce bras d’honneur qui frôle l’indécence. l’inconscience. cette forme exquise de suicide. j’arrive toujours pas à comprendre le processus. qu’est-ce que je fous là?
j’avance. je suis. je stagne. je reste. j’observe. j’imprime sa gueule d’ange dans ma rétine. j’le bouffe pas encore des yeux. j’le détaille pendant qu’il parle. j’fais semblant d’écouter. l’endroit est bordélique. c’est pas dérangeant. c’est comme rentrer dans sa tête. c’est voir au-delà d’la façade. j’me dis que c’est une façon comme une autre d’se foutre à poil. faut être sacrément barré pour s’livrer comme ça. même sans notice. je jette les clefs de la maison. j’y pense plus vraiment. c’est trop loin. c’est trop tard. trop tard pour éviter son regard. trop tard pour se frotter les yeux. c’est comme le tonnerre, ça gronde. ça tape les 40 000km/s. les mains sont encore froides. ça s’effleure pas vraiment. c’est trop rapide. ça se plaque sous un ciel en acrylique. ça se regarde longuement sans s’embrasser. sans se dire quoi que ce soit. pas besoin de mots pour parler. ça dénude les fils. l’envie. la frustration. l’appréhension. l’ardeur surtout. ça attrape le col. enlève le sweat. baisse le pantalon dans un vrombissement inespéré. ça mélange des couleurs qui n’ont rien à voir entre elles. y a détérioration. c’est pas aussi bon qu’il y a deux ans. c’est un fait. c’est comme ça.
clope. clope. clope. j’vais pas pousser un long soupire satisfait pour masquer la déception. j’me refais le film dans ma tête pour voir où ça a merdé. c’est pas d’sa faute. c’est pas d’la mienne. j’pige pas. j’ai encore plus envie d’me barré putain. mais j’reste. pas le choix. j’en ai marre d’me taper le rôle du salopard.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Lun 6 Fév - 12:02


c'est pas.
c'est pas comme. c'est trop d'attente, c'est trop de. de quelque chose. trop de rien. trop de vide. y'a comme un problème de. de quelque part qui vient reprendre, qui arrache, qui dégage. et y'a tout qui s'enlève, y'a tout qui dégage, y'a les peaux qui se frôlent, qui s'embrasent, qui gèlent aussi. y'a comme une mécanique habituelle qui se met en place, comme si c'était obligé, comme s'il le fallait. parce que c'est comme ça que ça a commencé, c'est comme ça que ça devra se terminer. il sait pas où il a entendu ça, il l'a entendu, c'est tout. et y'a le souffle qui se coupe, le souffle qui se bloque, le dos qui se cambre. le dos qui, se craque. le ventre qui, se creuse. les yeux, qui, se ferment. la sensation de. d'être un peu seul. de plus savoir, de plus pouvoir. d'avoir raté. raté l'opportunité, le bon moment. la rancoeur qui passe sous les doigts, le malêtre qui s'interpose. c'est pas. pas bien. ni normal. c'est pas dans la logique des choses. et les soupirs qui s'échappent, la lèvre inférieure qui se pince, la fatigue qui rattrape. les doigts. qui. serrent les draps. la chaleur qui se communique pas. la main dans la tignasse qui garde, qui veut. veut garder. veut pas partir. qui s'accroche, qui. tombe d'un coup. les joues un peu rougies, la respiration caillassée. les regards. qui fuient. le frisson après qui s'étale lentement des bras jusqu'aux jambes. y'a pas de mots à mettre, y'a pas de phrases à siffler. juste un malaise, là, dans les tripes qui se contorsionnent dans leurs boîtes.
c'est terminé.
terminé. ou à refaire. ou. et il en sait rien. ça fait des tours et des retours. c'est le lien qui a craqué, c'est le fil qui s'est soudainement ravisé. c'était peut-être simple. trop simple. c'était rituel, c'était passage obligatoire. c'était. et le dos bien enfoncé dans son matelas, il garde entre ses ongles le tissu comme accroche, fixe le plafond. sa carcasse de moineau menace de lâcher. il est un peu plus de trois heures du matin. manuele, il a envie de prendre la poudre, de reprendre ses fringues, de se tirer. déception. déception parce qu'il sait pas, parce qu'il pige juste pas. parce que, c'est comme ça. inspiration profonde, soupir, le dos de sa main droite vient se caler sur son propre front.
- t'as envie d'te barrer, ça s'voit. sourire en coin de lèvres. c'est que de la chair. la chair raconte pourtant des tas de nouvelles, c'est la chair qui permet de. de. il sait plus. il déglutit, se redresse, s'assoit en tailleurs, délesté de tout ses fringues. de toute sa, dignité. y'a que la lumière lunaire pour éclairer un peu la pièce. manuele, il est fait d'ombres et de cauchemars, de reflets aussi. j'commence à te connaître un peu, j'crois. manuele, il est demandeur, manuele il a rien gagné au change à récupérer l'étudiant. il a rien, gagné. même pas un orgasme à en faire pleurer son épouse. même pas de quoi se vanter. soupir. y regarde le mur en face, y se dit qu'il pourrait de nouveau changer de paysage s'il le voulait. j'suis désolé.
coupable, coupable d'avoir trop voulu. d'avoir trop souhaité. d'avoir prié peut-être aussi, un peu. alors qu'il avait dit non, alors qu'il voulait une ouverture. andrea il voulait la combler, andrea voulait la jouer comme une personne bien. rattraper les pots fissurés, en faire quelque chose de mieux. c'est ce que font les artistes. y doit pas en être un, au fond.
- c'est - inutile si on s'dévisage comme ça jusqu'au matin. j'vais pas - t'insulter ou quoi. c'est pas dans mes cordes. j'veux pas que - être un boulet. confession rapide, ça bat trop fort dans son torse, ça menace de sortir, de souiller tout autour. ça saigne. tu tires la tête d'un condamné à mort.
Manuele Barzagli
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Re: dollhouse / manuele
Mar 7 Fév - 11:44


se casser. pas demander à s’élever. non. jamais. disparaître comme une ombre. s’évaporer dans un songe. une publicité quasi mensongère. peut-être que c’est du vent. peut-être que c’est du vent depuis le début. peut-être que c’est un message. un avertissement un peu bâtard pour me pousser à dégager du paysage. c’était pas bien. c’était pas bien et il faudrait être aveugle pour pas capter la frustration. la mâchoire serrée. le regard vide qui balaie la forme irrégulière des draps. froissés. absent. dubitatif. je devrais arrêter d’y penser mais c’est juste. là. sous mes yeux.
- tu m’as demandé d’pas partir. c’est ce que je fais. t’es pas obligé d’y aller de ton petit commentaire tout le temps. t’es pas psy putain. je ferme les yeux. pousse un soupire. pas de plaisir mais d’ennui. c’est pas juste une histoire de sexe plus ou moins bien. un truc qu’on pourrait graduer. enfin si. c’est ce que j’fais. tout le temps. c’est ce que je fais là tout de suite. inconsciemment. j’ai l’impression que la nuit est tombée une deuxième fois. que le ciel s’est soudainement assombri. que c’était trop beau. qu’on m’a tiré de force de mon nuage. c’est à peine un 6/10.
fin du rêve. on retourne dans le vrai monde. noir et blanc. noir et gris. un rouge ici et là. un bleu parfois. un ciel qui s’estompe. une mer qui se noie. andrea il voit pas l’abîme, la fosse aux lions juste en-dessous. il crache sur l’après. il préfère s’accabler. il préfère s’accabler pour être sûr que j’reste. là. sous ses draps. c’est pas une surprise. c’est pas étonnant. c’est pour ça que la corde s’est rompue la première fois. c’est ce qu’elle fera demain. c’est ce qu’elle fait de mieux cette pute. c’est moi. je suis désolé de m’être pointé. visiblement c’était pas l’idée du siècle. faut croire que j’suis pas une flèche non plus. sourire. placide. la voix est posée. d’un calme apparent. y a juste encore cette frustration de perceptible. rien de plus. rien de moins. j’me redresse à mon tour, j’pique quasiment du nez mais j’regrette pas. y a pas la place pour t’façon. j’ai plus qu’à nager jusqu’à la berge, reprendre moi-même le phare. serrer moi-même la corde autour de nos cous. faire ce que j’fais de mieux. plaquer mes mains sur son visage. embrasser sa joue. son front. consoler. prix consolation. on n’a plus qu’à s’endormir l’un à côté de l’autre. l’un sur l’autre. faire semblant que c’est normal. mentir sur le mal. c’est pas une chienne de cure. c’est la chair. celle dans laquelle on devrait mordre pour raviver la douleur. ressentir la furie. s'fustiger de vérités pas toujours bonnes à dire mais bonnes à prendre. parce que c’est excessif. parce que c’est pas raisonnable. parce que c’est pas seulement de l’amour. y a aussi une grande violence. des coups qui se perdent. y a pas l’intelligence des mots. c’est pas un magnifique ciel étoilé. y a pas d’étoiles filantes. y a pas de voeux à formuler. ça servirait à que dalle. la finalité, c’est pas de s’allonger l’un contre l’autre et d'attendre que l'jour se lève. c’est d'se tourmenter. toujours. tout le temps. à toutes heures du jour ou de la nuit. j’embrasse même pas ses lèvres. mais je nie le renoncement. c’est ça que j’fais. j’parle pas. j’en ai marre d’me sentir comme un con à tirer dans un sens puis son contraire. il voulait m’appeler papa. on y est. - en même temps, j’veux pas t’foutre la pression mais si tu m’insultes j’me casse. c’est logique. t’es con. j’sais bien que c’est pas son genre. andrea, c’est un emmerdeur. andrea, il prendrait pas les ciseaux pour m’planter avec. il s’adresserait pas à dieu non plus. c’est un trublion. et j’suis peut-être naïf. crédule aussi. mais j’espère qu’il me pardonnera la désertion. d’avoir intoxiqué l’air. empoisonné l’eau. j’veux pas qu’il puisse repeindre par-dessus la toile. j’veux pas qu’il en fasse quelque chose de mieux. j’peux pas prétendre à mieux. j’me laisse mourir contre l’oreiller. caresse son dos du bout du doigt. je réfléchis plus. j’me dis à quoi bon partir pour aller nulle part.
Andrea Giacometti
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Re: dollhouse / manuele
Mar 7 Fév - 12:20


désolation.
désolé, désolé, désolé, c'est tout ce que ça répète, c'est tout ce que ça veut dire. et pourtant le regret, le véritable regret, il est pas vraiment là. andrea, il se sent égoïste, il se sent dépassé aussi. c'est du domaine du fantasme, de celui du rêve aussi. c'est pas cohérent avec la réalité qui déballe autre chose. c'est comme tendre la main vers quelque chose, s'attendre à un cadeau, y trouver que des insectes. c'est comme retomber d'un coup. et pourtant vouloir transformer, vouloir changer l'image mauvaise. vouloir en faire quelque chose. ça s'abandonne pas comme ça, ça peut pas. parce que ça lui fait mal, mal, mal à l'intérieur. c'est comme. comme des ongles fourchus qui se plantent, comme des chimères qui bouffent ses entrailles. ça le travaille partout, ça l'arrache. ça l'écartèle tout entier. il a plus qu'à admirer les morceaux. pas essayer de les recoudre ensemble, ça vaudrait pas le coup. alors il écoute, il dévisage et il se sent compressé par tous les coups. manuele, manuele il évite la bouche, fait tout le visage, le retrace de ses lèvres. sauf là, ici, ce petit coin un peu rose, rouge aussi. ça met un genre de point final, une gifle monumentale. ça remonte sous sa peau, comme un serpent, ça s'enroule autour de son cou et il a plus qu'à sauter du tabouret. ça l'énerve. ça le gave. ça lui fout la rage, celle qui intoxique tout son beau monde. il a pas la force de se battre, il a plus tout ce qu'il faut dans son squelette, ni sur sa chair trop grande qui habille les muscles. il se tait sur l'instant, il vient se nicher.
il.
il essaie ou. ou peut-être pas finalement. il va dans la suite des choses, il fixe le mur devant lui, encore et encore. ça devient de plus en plus indistinct, débordé. il voudrait que les couleurs dégueulent de partout, que ça claque sur sa face, que ça vienne, que ça le possède. peut-être, peut-être qu'andrea il est plus que les restes d'un jean passé sous de l'eau de javel. ça le fait sourire un peu, il lui colle une frappe sur le torse, légère. noir, noir devant ses yeux, paupières closes.
- ta gueule. murmure, il reprend, le timbre plus léger. juste ta gueule. à peu de choses près. ouais. ce serait la solution, se taire et faire. ou pas du tout. parler plutôt que de faire. dévoiler ce qui se dit pas forcément au grand public, faire un méga plot-twist. vomir de sincérité. comme des gens, normaux. qui s'aiment, normalement. ça, faudrait encore lui arracher de la gorge, faudrait encore qu'il l'avoue sans confession à l'église. et andrea capte pas trop à quel moment il s'endort, cinq minutes, dix minutes après. l'un, l'autre, ça change rien. de toute façon c'est pas comme si c'était foutu. c'est pas comme si.
comme si ça allait.
ça allait s'arrêter.
pas vrai ?
hein ?
pas vrai ?
...

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